Introduction

1Les révolutions se nourrissent de l’histoire, et particulièrement du souvenir des bouleversements qui les ont précédées. Comme en temps ordinaire, le passé y est fréquemment convoqué pour ses vertus pédagogiques. S’il sert parfois de référence ou de modèle, il peut aussi alerter sur de possibles dangers ; en observant les révolutions passées en temps de révolution, les hommes du XVIII^e au XX^e siècle s’interrogent sur de possibles convergences, tentent d’anticiper le déroulement des événements futurs, voire d’isoler des erreurs à éviter… Les temps de révolution, d’ailleurs, ne sont pas seuls à attirer l’attention ou les réflexions ; dans les années 1790, les acteurs de la Révolution française analysent leur époque en se référant certes aux révolutions anglaises du XVII^e siècle, à la Révolution américaine et, plus rarement, aux échecs des révolutions de Genève et des Provinces-Unies dans les années 1780, mais aussi à l’histoire des cités grecques, de la république romaine ou des