1 Grâce aux financements accordés par le Scientific Advisory Board de la Fondation Nationale des Sciences Politiques (FNSP), le Programme formation – recherche (PFR) du Centre interdisciplinaire d’étude et de recherche sur l’Allemagne (CIERA) et l’Université Sorbonne-Paris Cité (USPC), plusieurs séminaires et journées d’études internationales ont été organisées dans ce projet conjoint entre le Centre d’histoire de Sciences Po, le CEREG de la Sorbonne Nouvelle et le Zentrum für Antisemitismusforschung de l’Université technique de Berlin. Citons en particulier : « Sources for Historians of Love, Sex and War » (mai 2015), « Masculinities in Times of (Post)War (1870s-1970s): The German Case » (novembre 2015) et « Liens familiaux dans le Berlin d’(après-)guerre (1939-1961) » (avril 2016, en coopération avec le Centre Marc Bloch à Berlin). Nous tenons à remercier toutes ces institutions pour leur soutien sans faille, ainsi que la Historisch-Kulturwissenschaftliche Fakultät de l’Université de Vienne et Clark University (Massachusetts) pour leur généreuse contribution au financement de ce recueil. Enfin, nous aimerions tout particulièrement remercier Odile Demange, qui a traduit les textes de nos auteur·e·s anglophones et germanophones avec une égale finesse.
2 Claire Andrieu, « Nouveaux regards sur le système d’extermination nazi. Introduction », in Violence de masse et Résistance – Réseau de recherche [en ligne], publié le 8 mars 2017, http://bo-k2s.sciences-po.fr/mass-violence-war-massacre-resistance/fr/document/nouveaux-regards-sur-le-systeme-d-extermination-nazi-introduction (dernière consultation le 28/06/2020).
3 Sur l’« intersectionnalité », voir Patricia Hill Collins, Sirma Bilge, Intersectionality, Cambridge, Polity Press, 2016 ; Elsa Dorlin (dir.), Sexe, race et classe : pour une épistémologie de la domination, Paris, Presses universitaires de France, 2009.
4 Patrick Farges, Elissa Mailänder, « Des “conditions masculines” au sortir de la Seconde Guerre mondiale ? Perspectives transnationales », in Françoise Berger, Anne Kwaschik (dir.), La condition féminine en France, en Allemagne et en Europe : regards croisés (XIXe et XXe siècles), Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 2016, p. 153-166.
5 Anne-Marie Sohn, « Sois un homme ! » La construction de la masculinité au XIXe siècle, Paris, Seuil, 2009, p. 8.
6 Raewyn (R. W.) Connell, Masculinities, Cambridge, Polity Press, 1995. Voir aussi Raewyn Connell, James W. Messerschmidt, « Hegemonic Masculinity. Rethinking the Concept », Gender & Society, 19/6 (2005), p. 829-859.
7 Voir Victoria M. Basham, Aaron Belkin, Jess Gifkins, « What is Critical Military Studies? », Critical Military Studies, 1 (2015), p. 1-2.
8 Klaus Latzel, Deutsche Soldaten – nationalsozialistischer Krieg? Kriegserlebnis – Kriegserfahrung 1939-1945, Paderborn, Schöningh, 1998 ; Thomas Kühne, Männergeschichte – Geschlechtergeschichte. Männlichkeit im Wandel der Moderne, Francfort/M., Campus, 1996 ; id. & Benjamin Ziemann (dir.), Was ist Militärgeschichte?, Paderborn, Schöningh, 2000 ; id., Kameradschaft. Die Soldaten des nationalsozialistischen Krieges und das 20. Jahrhundert, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2006.
9 Il y a eu le travail pionnier d’Annelise Maugue, L’identité masculine en crise au tournant du siècle, 1871-1914, Marseille, Éditions Rivages, 1987, puis : Patricia Mercader, Laurence Tain (dir.), L’Éternel masculin, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2003 ; Régis Revenin (dir.), Hommes et masculinités de 1789 à nos jours, Paris, Autrement, 2007 ; Bruno Benvindo (dir.), Masculinités, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2009 ; Anne-Marie Sohn (dir.), Une histoire sans les hommes est-elle possible ? Genre et masculinités, Lyon, ENS éditions, 2013.
10 André Rauch, Histoire du premier sexe. De la Révolution à nos jours, Paris, Hachette, 2006 ; Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine, Georges Vigarello (dir.), Histoire de la virilité, 3 tomes, Paris, Seuil, 2011.
11 Trad. allemande : Der gemachte Mann. Konstruktion und Krise von Männlichkeiten, trad. C. Stahl, Opladen, Leske & Budrich, 1999. Trad. française : Masculinités. Enjeux sociaux de l’hégémonie, éd. M. Hagège, A. Vuattoux, trad. C. Richard, C. Garrot, F. Vörös, M. Duval, M. Cervulle, Paris, Éditions Amsterdam, 2014. Cette réception décalée entre la France et l’Allemagne a également eu lieu avec les ouvrages centraux de Judith Butler. Sur ce point, voir Patrick Farges, Anne Isabelle François, Perin Emel Yavuz, « Les Gender Studies entre transfert et institutionnalisation : une circulation des modèles et des pouvoirs », in A. Le Berre, A. Schober, F. Gabaude (dir.), Le pouvoir au féminin/Spielräume weiblicher Macht. Identités, représentations et stéréotypes dans l’espace germanique, Limoges, Presses universitaires de Limoges, 2013, p. 27-42.
12 Un discours médiatique puissant est apparu sur les hommes et la masculinité qui seraient prétendument « en crise ». Voir Francis Dupuis-Déri, La Crise de la masculinité. Autopsie d’un mythe tenace, Montréal, Les éditions du remue-ménage, 2018.
13 George L. Mosse, The Image of Man. The Creation of Modern Masculinity, Oxford-New York, Oxford University Press, 1996 (trad. française L’Image de l’homme : l’invention de la virilité moderne, trad. M. Hechter, Paris, Abbeville, 1997 ; trad. allemande Das Bild des Mannes: zur Konstruktion der modernen Männlichkeit, trad. T. Kruse, Francfort/M., Fischer, 1997).
14 Comme le précise Stéphane Audoin-Rouzeau : « George L. Mosse : réflexions sur une méconnaissance française », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 56/1 (2001), p. 183-186.
15 Klaus Theweleit, Männerphantasien, t. 1 et 2, Francfort/M., Verlag Roter Stern, 1977-1978.
16 Trad. américaine : Male Fantasies, t. 1 et 2, trad. C. Turner, C. Erica, S. Conway, Minneapolis, University of Minnesota Press, 1987.
17 Trad. française des deux tomes en un : Fantasmâlgories, trad. C. Lucchese, Paris, éditions de l’Arche, 2015.
18 Voir Sven Reichardt, « Klaus Theweleits “Männerphantasien” – ein Erfolgsbuch der 1970er Jahre », Zeithistorische Forschungen/Studies in Contemporary History, 3 (2006), p. 401-421. À ce jour, quelque 200 000 exemplaires de l’ouvrage circulent. Il a connu huit rééditions (notamment dans des grandes maisons d’édition allemandes comme Rowohlt et Piper), ainsi qu’une édition de poche au Deutscher Taschenbuch Verlag (DTV).
19 L’ouvrage et son succès public participèrent pleinement de la politisation du désir et de la sexualité. L’historien Sven Reichardt propose de lire ce livre comme un « document d’histoire du présent », qui doit beaucoup à l’intérêt pour l’histoire des corps et à la réception outre-Rhin des écrits théoriques sur la sexualité de Foucault et des écrits de Deleuze et Guattari sur les machines désirantes.
20 On peut toutefois critiquer le fait que ce texte fasse preuve d’une certaine complaisance avec l’idée d’une « crise de/dans la masculinité » expliquant à elle seule un processus historique complexe : comme l’a souligné la critique féministe de l’ouvrage, c’est, une fois de plus, une manière de remettre les hommes au centre de l’analyse. En cela, l’ouvrage est bien le témoignage de son époque : la fin des années 1970. Voir Jörg Lau, « Männerhaß und Männerselbsthaß als kultureller Mainstream », Merkur, 58 (2004), p. 934-943.
21 Candace West, Don H. Zimmerman, « Doing Gender », Gender & Society, 1 (1987), p. 125-151.
22 Cette conception de l’hégémonie est en partie empruntée à Antonio Gramsci. Pour ce dernier, l’hégémonie a deux faces : elle est d’une part le processus de formation d’un consentement autour des idées et valeurs d’une classe sociale, d’autre part un certain mode de gouvernance défini par un équilibre entre coercition et consentement. Connell insiste sur la nécessité de fonder la définition du groupe des hommes sur le fait que certains perçoivent les « dividendes du patriarcat », en d’autres termes qu’ils tirent profit d’avantages matériels liés à l’exploitation du travail des autres, en particulier des femmes. Sur l’hégémonie chez Gramsci, voir Fabio Frosini, « De la mobilisation au contrôle : les formes de l’hégémonie dans les Cahiers de prison de Gramsci », Mélanges de l’École française de Rome – Italie et Méditerranée modernes et contemporaines, 128/2 (2016), http://journals.openedition.org/mefrim/2918 (dernière consultation le 01/07/2020).
23 Voir Stefan Dudink, Karen Hagemann, John Tosh (dir.), Masculinity in Politics and War: Rewritings of Modern History, Manchester, Manchester University Press, 2004 ; Julie Le Gac, « La virilité à l’épreuve des guerres », Encyclopédie pour une histoire nouvelle de l’Europe [en ligne], 2016, https://ehne.fr/fr/node/12513 (dernière consultation le 30/09/2021).
24 Voir Regina Mühlhäuser, Eroberungen. Sexuelle Gewalttaten und intime Beziehungen deutscher Soldaten in der Sowjetunion, 1941-1945, Hambourg, Hamburger Edition, 2010 ; id., « La violence sexuelle des soldats allemands pendant la guerre d’anéantissement en Union soviétique », in Raphaëlle Branche, Fabrice Virgili (dir.), Les Viols en temps de guerre, Paris, Payot, 2011, p. 43-69 ; Maren Röger, Wartime Relations: Intimacy, Violence, and Prostitution in Occupied Poland, 1939-1945 [éd. allemande 2015], Oxford-New York, Oxford University Press, 2020 ; Laura Fahnenbruck, Ein(ver)nehmen. Sexualität und Alltag von Wehrmachtsoldaten in den besetzten Niederlanden, Göttingen, V&R unipress, 2018.
25 Sur ce point, voir aussi Geoffrey J. Giles, « The Institutionalization of Homosexual Panic in the Third Reich », in Robert Gellately, Nathan Stolzfus (dir.), Social Outsiders in Nazi Germany, Princeton, Princeton University Press, 2001, p. 223-255.
26 Michael S. Kimmel, Aby L. Ferber (dir.), Privilege. A Reader [2003], New York, Routledge, 2018.
27 Voir Marion A. Kaplan, Between Dignity and Despair: Jewish Life in Nazi Germany, New York-Oxford, Oxford University Press, 1998.
28 Eve Kosofsky-Sedgwick, Epistemology of the Closet, New York, Penguin Books, 1990.
29 Sur ce point, voir Jennifer Evans, Elissa Mailänder, « Cross-dressing, Male Intimacy and the Violence of Transgression in Third Reich Photography », German History, 39/1 (2021), p. 54-77, https://doi.org/10.1093/gerhis/ghaa031 (dernière consultation 30/09/2021).
30 Sur les questions laissées ouvertes par cette historiographie, voir Michael Schwartz, « Verfolgte Homosexuelle – oder Lebenssituationen von LSBT*QI*? Einführende Bemerkungen zu einem Forschungsfeld im Umbruch », in id. (dir.), Homosexuelle im Nationalsozialismus, Munich, Oldenbourg, 2014, p. 11-18.
31 Voir aussi Gudrun Hauer, « Der NS-Staat – ein zwangshetersexuelles/heteronormatives Konstrukt? », in ibid., p. 27-34.
32 Lee Edelmann, No Future. Queer Theory and the Death Drive, Durham, Duke University Press, 2004, p. 1-31.
33 David Serlin, « Crippling Masculinity: Queerness and Disability in U.S. Military Culture, 1800-1945 », GLQ: A Journal of Lesbian and Gay Studies, 9/1-2 (2003), p. 149-179.
34 Eve Kosofsky-Sedgwick, Épistémologie du placard (1990), trad. M. Cervulle, Paris, Éditions Amsterdam, 2008, p. 89.
35 Ibid., p. 74.