L’inflation romanesque de l’Histoire : deux exemples avec Emmanuel Carrère et Laurent Binet
p. 183-192
Extrait
1Les questionnements que le roman contemporain français de ces quinze dernières années adresse à l’Histoire ont largement été abordés par la critique. À titre d’exemple, on retiendra les analyses réunies par Gianfranco Rubino et Dominique Viart1 consacrées aux écritures de l’Histoire dans les fictions d’aujourd’hui. Ces études mettent en valeur des périodes de prédilection (1914-1918, 1940-1945) et des formes d’écriture propres à ces récits de mémoire, en particulier la notion d’enquête, comme le montre Dominique Viart2. De fait, les dix dernières années voient surgir un flot de textes hantés par la question historique et la problématique de la mémoire. Citons par exemple – sans que l’inventaire soit exhaustif, bien sûr – Pierre Lemaître (Au revoir là-haut, 2013), Éric Vuillard (L’Ordre du jour, 2017), Alice Zeniter (L’Art de perdre, 2017), Olivier Guez (La Disparition de Josef Mengele, 2017). Notons que tous ces romans ont reçu des distinctions très prestigieuses : plusieurs
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