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Des disparus aux furtifs

p. 127-134


Extrait

1Commençons par affirmer que le roman n’est pas mort, ni même moribond, qu’il n’est pas voué à un romanesque de contrebande, marge qui lui serait réservée entre les facilités de l’autofiction et la séduction documentaire des écritures de terrain. La parution en 2019 des Furtifs d’Alain Damasio1 en est une preuve éclatante, et c’est autour de ce livre que je construirai ce petit éloge du roman en général, et de celui de Damasio. Je proposerai d’y voir une solution proprement romanesque au thème majeur de la disparition.

2En vérité, on voit mal pourquoi la « machine à histoires » du roman serait fatalement conduite à une impasse si l’on considère que ce genre littéraire est précisément celui qui travaille à l’articulation problématique de l’individuel et du collectif, en reprenant la définition qu’en a donné génialement Lukács dans La Théorie du roman2, où il voit le roman comme l’émergence même de l’individu problématique et de sa quête ouverte. Les romanciers ne cessent donc jam

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