Herriot ministre pendant la Grande Guerre : rupture et amnésie

1Il existe à Villeurbanne un établissement scolaire dont le nom entretient la mémoire d’un singulier couple, l’école Prévert-Herriot. Pourquoi donc, dans cette dénomination dont on soupçonnerait le premier d’être l’auteur, associer ces deux hommes qui sembleraient ne rien avoir en commun1 ? Rien en commun si ce n’est La Bataille de Fontenoy, cette pièce pacifiste du groupe Octobre qui dénonce les discours guerriers de 1914-1918 à travers des propos fictifs attribués à Georges Clemenceau, Raymond Poincaré, Paul Déroulède, le tsar Nicolas, Raspoutine, Guillaume II, le général Weygand, Krupp et Schneider, et Édouard Herriot : « Mesdames, Messieurs et chers petits-enfants […] Et l’on s’étonne que la morale et la justice, inutilement sévères pour l’homicide, se montrent si négligentes et si oublieuses pour les chefs politiques coupables de décider le massacre des peuples… »2. Si le poète a choisi Herriot, c’est parce qu’elle a été écrite en 1932, au moment où il était président du C