Refuser l’arrêt des combats ? Violences et politique en l’an II dans la marine républicaine

Olivier Aranda

p. 231-246

Résumé

En 1793 et 1794, les Conventionnels ont théorisé une véritable interdiction de la reddition en mer, sur des fondements politiques, la manière républicaine « régénérée » de combattre se devant d’être différente et plus efficace que celle des guerres d’Ancien Régime. La conséquence de cette innovation est la multiplication des refus de reddition aux motifs politiques, modifiant la nature de la violence militaire et consacrant un franchissement de seuil de violence en mer. Néanmoins les républicains ne parviennent pas à changer radicalement les formes du combat naval, la reddition restant tant offerte qu’acceptée par l’immense majorité des officiers de la marine républicaine, en l’an II et après, mais ils introduisent une rupture durable en affirmant que l’antagonisme national et politique doit prévaloir sur toute forme de solidarité maritime et militaire.


Extrait

1« La liberté ou la mort », cette devise révolutionnaire par excellence, porte en elle, en creux, le refus d’une troisième alternative : la reddition. Si son propos est d’abord strictement politique, cette expression se charge encore plus lourdement de sens lorsqu’elle s’articule avec la guerre européenne, et que les idéaux de liberté se confondent entièrement avec la défense de la France républicaine. Ce glissement a lieu à partir de 1792 et encore plus de février/mars 1793, lorsque la Grande-Bretagne et l’Espagne entrent dans le conflit. Les buts de guerre ne sont plus la domination d’un espace ou le règlement d’un conflit dynastique, mais bien la survie de la forme républicaine de la nation, ce qui rend toute reddition et même cessez-le-feu impossibles. Ou tout du moins est-ce l’idée que le gouvernement révolutionnaire tente d’insuffler à ses armées, notamment en l’an II.

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