Être nourrice des enfants de France à la cour (XVIIe-XVIIIe siècle)

Pascale Mormiche

p. 143-162


Extrait

1L’histoire des pratiques d’allaitement est seulement connue par quelques études commençant avec le Moyen Âge1. Pour la période moderne, la question des nourrices à la cour est rarement traitée si ce n’est pour des cas individuels dans la littérature régionale correspondant à leur lieu de naissance, ou comme un métier particulier à Versailles2. À la fin du XVIIIsiècle, parmi les nourrices des enfants de France, émerge la figure de « Mme Poitrine ». Beaucoup pensent qu’il s’agit d’un pseudonyme identifiant cette femme à son emploi, alors que Geneviève Barbier a épousé M. Poitrine qui lui a transmis ce patronyme3. Outre le sourire qu’entraîne ce patronyme, il attire également une commisération à l’égard de ces femmes offrant leurs seins à la famille royale. L’allaitement des enfants royaux est alors envisagé comme une mission servile, quoique indispensable, dans le contexte de la pratique du non-allaitement par la mère au sein de l’aristocratie. Cependant la position sociale de

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