Le feu dans les villes grecques et l’attitude de la cité : aspects pratiques et mises au point

Giorgos M. Sanidas

p. 17-32

Résumés

Cette contribution ne vise pas à un traitement exhaustif d’un ou plusieurs aspects de l’utilisation du feu dans les villes grecques antiques. Son but principal consiste à proposer, d’une part, une vision globale sur la question, en guise d’ouverture au présent volume, d’autre part, un examen de seconde main de certains aspects pratiques du fonctionnement des appareils culinaires portatifs et des installations de combustion. Après une interrogation concernant les genres de problème liés au feu en agglomération et la réaction de la communauté, le rapport entre le domestique et l’artisanal est envisagé à travers l’exemple du mot grec ipnos et de ses usages dans les contextes anciens. Au terme de cet examen, il s’avère que le feu « privé », domestique et/ou artisanal, en Grèce antique n’est une cause de désordre urbain (risque, nuisances, etc.) que très secondaire par rapport aux énormes chantiers de statuaire ou encore aux hécatombes sacrificielles que l’État et ses collectivités engagent souvent intra muros.

Fire in Greek towns and the attitude of the city: practical aspects and clarifications. The use of fire in ancient Greek towns is a complex issue in the study of urban life. This paper, acting as an introduction to the present volume, aims to offer a global view on the issue on one hand, and on the other, presents a closer examination of some practical aspects of the operation of portable cooking appliances and hearth devices. However, the present work is not to be considered an attempt to a more comprehensive treatment of one or more aspects of the use of fire in ancient Greek cities. Toward the aforementioned aims, after presenting an approach of various problems related to fire in urban agglomerations and the reaction of the community, the relationship between the domestic life and the craft production is considered through the example of the Greek word ipnos and its uses in the ancient literary contexts. It turns out that the “private” fire, domestic and/or artisanal, in ancient Greece is only a small cause of urban disturbance (risk, nuisance, etc.), far less significant that that of the bronze statue foundries or sacrificial hecatombs that the state and its communities realise often intra muros.

Entrées d’index

Mots-clés : Grèce, ville, cité, urbanisme, feu, fours, foyer, réglementation, sanctuaire

Keywords : Ancient Greece, town, city, urbanism, fire, furnaces, hearth, regulation, sanctuarie


Extrait

1. Introduction : aspects idéologiques et pratiques

1Depuis la domestication du feu1, son emploi devient un moteur de développement des sociétés humaines puisqu’il intervient dans l’élargissement des capacités techniques et dans l’amélioration des conditions de vie. Concernant la zone égéenne, la néolithisation, vers le milieu du viie millénaire, implique l’existence de foyers permanents2. Des formes monumentales de foyers construits apparaissent dans les palais minoens et mycéniens3. Les cultures grecques ont souvent élaboré des visions pratiques et symboliques du feu à travers des mythes et des traditions : la triade mythologique Prométhée, Dédale et Héphaïstos représente, entre autres, le courage du manieur du feu, la créativité du technicien et le savoir-faire du métallurgiste. La déesse allégorique Hestia représente, comme la traduction de son nom l’indique, le foyer domestique et communautaire. Une foule de divinités locales et de démons surgissent dans les différentes tra

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