Le Témoignage d’un Poilu des derniers combats : André Grappe (1898-2001), un « bleuet » dans les Ardennes

1L’historien spécialiste d’histoire contemporaine dispose d’un privilège unique : celui de pouvoir rencontrer ses « sources » et de discuter avec elles. C’est ce que nous est arrivé alors que, jeune enseignant, nous avons soudain pris conscience au milieu des années 1990 de l’inexorable disparition des derniers anciens combattants de la guerre de 1914-1918. Au cours d’entretiens menés entre 1995 et 2002, nous avons recueilli – essentiellement en Lorraine et en Alsace2 – les témoignages de plusieurs dizaines de vétérans des armées française et allemande, tandis que des centaines de lettres étaient envoyées un peu partout en France, et même à l’étranger, avec des questionnaires dont plusieurs dizaines nous ont été retournés, avec des documents divers : photos, lettres, textes (pouvant aller jusqu’à des récits de plusieurs centaines de pages). Parmi les personnes interrogées se trouvait André Grappe, professeur de philosophie retraité, établi à Strasbourg, mais originaire du Doubs