1 Calvino, Un re in ascolto. in : Sotto il sole giaguaro, Milano, Garzanti, 1986. Trad. fr. « Un roi à l’écoute », Sous le soleil jaguar, Paris, Éd. du Seuil, 1995, p. 74.

2 Comme dit Stéphane Dequin (psychologue à l’EPM de Quiévrechain) le Jeu d’Orchestre « bouscule l’espace, les espaces. Il bouscule l’espace extra personnel et l’espace intra personnel. L’orchestre participatif bouscule ces espaces quelle que soit notre place : détenu, musicien, non musicien ». Après la troisième semaine de travail du Jeu d’Orchestre à l’EPM (Établissement pour Mineurs) de Quiévrechain (un stage d’une semaine par an à partir de 2012 jusqu’à 2014), j’ai proposé à Ingrid et à Stéphane DEQUIN – respectivement éducatrice et psychologue auprès de l’ÉPM de Quiévrechain – d’écrire à propos de l’espace et du Jeu d’Orchestre en détention à partir de leur point de vue et de leur propre expérience de l’espace. Ils ont accepté de collaborer autour de ce thème et ils m’ont transmis leur réflexion La question de l’espace, de la détention et du Jeu d’Orchestre. Cette réflexion intègre les matériaux de l’Archive du Jeu d’Orchestre et de cette publication.

3 J. Huizinga dans son œuvre Homo ludens expose la thèse selon laquelle le jeu est consubstantiel à la culture. Le jeu, affirme Huizinga, nous guide à la sortie de la routine, et, il met fin à une tension étrangère au cours ordinaire de la vie : « À l’origine de toute compétition, il y a le jeu, c’est-à-dire un accord tendant à réaliser, dans un temps et un espace déterminés, suivant certaines règles et dans une forme donnée, quelque chose qui met fin à une tension étrangère au cours ordinaire de la vie. Ce qui doit être accompli et ce qui est acquis de la sorte, voilà qui n’intéresse le jeu que de façon secondaire ». (p. 176-177). Huizinga clarifie aussi le statut spatial du jeu : « La limitation spatiale du jeu est plus frappante encore que sa limitation temporelle. Tout jeu se déroule dans les contours de son domaine spatial, tracé d’avance, qu’il soit matériel ou imaginaire, fixé par la volonté ou commandé par l’évidence. De même qu’il n’existe point de différence formelle entre un jeu et une action sacrée, à savoir que l’action sacrée s’accomplit sous des formes identiques à celles du jeu, de même le lieu sacré ne se distingue pas formellement de l’emplacement du jeu. L’arène, la table de jeu, le cercle magique, le temple, la scène, l’écran, le tribunal, ce sont là tous, quant à la forme et à la fonction, des terrains de jeu, c’est-à-dire des lieux consacrés, séparés, clôturés, sanctifiés, et régis à l’intérieur de leur sphère par des règles particulières. Ce sont des mondes temporaires au cœur du monde habituel, conçus en vue de l’accomplissement d’une action déterminée » J. Huizinga, Homo ludens, proeve eener bepaling van het spel-element der cultuur (1938), trad. fr., Homo ludens, essai sur la fonction sociale du jeu, Gallimard, Paris, 1988.

4 À côté du concept de jeu (notion centrale dans la pratique du Jeu d’Orchestre), Huizinga met celle de temps libre, (scholé en grec) qui indique le temps libre que nous consacrons à la connaissance de nous-même et des autres sans préoccupation d’aucun avantage ou revenu. Les notions de jeu et de temps libre illustrées par J. Huizinga, seront ensuite reprises par Guy Debord et le Situationnisme dans l’élaboration des pratiques de la dérive et du détournement et plus généralement de la transformation du milieu humain. J. Huizinga, Homo ludens, op. cit. G. Debord, « Potlach » n. 7, 1954, et Écologie, psycogéographie et transformation du milieu humain, (1959).

5 À propos du thème de la prison en tant que fait urbain voir : Lefebvre H., Le droit à la ville, Anthropos, Paris, 1968 ; Michelucci G., Un fossile chiamato carcere, Scritti sul carcere di G. Michelucci, sous la direction de C. Marcetti e N. Solimano, Pontecorboli, Firenze 1993 ; Paone S., Città del disordine. Marginalità, sorveglianza, controllo. Edizioni ETS, Pisa 2012 ; Anne-Marie Marchetti, Philippe Combessie, La Prison dans la Cité, Desclée de Brouwer, coll. Habiter, 1996.

6 Pendant l’année 2012-2013 j’ai commencé à poser la question Qu’est-ce qu’une cellule ? Est-ce que tu peux dessiner une cellule ? aux experts de l’espace (surtout architectes et ingénieurs, médecins et biologistes, quelque fois avec leurs enfants) ; je suis italienne, et j’étais frappée par le fait que la langue française utilise le même mot pour appeler une cellule biologique et une cellule de détention. Quand je pose cette question je ne spécifie pas à quelle typologie de cellule je me réfère, les personnes choisissent donc librement et instinctivement quelle cellule dessiner. Au même temps j’ai commencé à observer des images des cellules biologiques et à les dessiner. Surtout j’ai commencé à regarder les formes finales des cartes collectives du Jeu d’Orchestre comme des cellules biologiques, à les confronter, et à observer ces espaces à côté des cartes des cellules de détention que les personnes détenues faisaient. Ce processus cellulaire est en cours. L’Archive Cartographique du Jeu d’Orchestre c’est donc en général une archive de l’espace cellulaire qui comprend, avec les autres, les Cartes des espaces cellulaires en tant que 1. cartes des déplacements dans ma cellule (A4, couleur ; cartes de cellules de détention faites par les mineurs de Quiévrechain) et en tant que 2. cartes/dessins en réponse à la question : Qu’est-ce qu’une cellule ? Est-ce que tu peux dessiner une cellule ? (couleur, A4, et 10 x 15 cm). Par rapport à l’aspect cellulaire de l’espace de détention j’ai développé le travail artistique Nuclei (Vitali), http://www.lemuratepac.it/nuclei-vitali/, installation sonore et visuelle (2013-2014) auprès des anciennes cellules de punition de la Prison de Le Murate de Florence, comprises aujourd’hui au siège du centre d’art contemporain Le Murate Progetti di Arte Contemporanea.

7 En faisant la carte avec A., fragment de rencontre, EPM de Quiévrechain, février 2013.

8 Voir à ce propos : Pignatti L. (sous la direction de), Mind the map. Mappe, diagrammi e dispositivi cartografici, Postmedia books, Milano, 2011 ; et : Harmon K., The Map as Art. Contemporary Artsists Explore Cartography. Princeton Architectural Press, New York, 2009 ; et : Orbis Terrarum. Ways of Worldmaking, catalogue de l’exposition dirigée par M. Kung et M. A. Brayer, musée Plantin-Morelus, Anvers, 2000.

9 J. M. Basse, Cartographier, Construire, inventer. Notes pour une épistémologie de la démarche de projet. CARNETS, automne 2001, p. 127.

10 « Après tout, les enfants mettent longtemps avant de comprendre qu’ils ont un corps. Pendant des mois, pendant plus d’un an, ils ont seulement un corps dispersé, des membres, des cavités, des orifices, mais tout cela ne s’organise, ne prend littéralement corps, que dans l’image du miroir. Plus étrange encore, les Grecs d’Homère n’avaient pas de mot pour indiquer l’unité du corps. Aussi paradoxal que ce soit, en face de Troie, sous les murs défendus par Hector et ses compagnons, il n’y avait pas de corps, il y avait des bras levés, des torses courageux, des jambes agiles, des casques scintillants sur les têtes, mais pas de corps. Le mot grec qui signifie corps apparaît chez Homère uniquement pour désigner le cadavre. C’est ce cadavre, donc, ou plutôt, ce sont ce cadavre et ce miroir qui nous enseignent (qui ont donc enseigné aux Grecs et maintenant aux enfants) que nous avons un corps, que ce corps a une forme, que cette forme a un contour, que ce contour a une épaisseur, un poids, en somme, que le corps occupe un lieu. »Il s’agit d’un extrait d’une des deux conférences radiophoniques de Michel Foucault qui ont été diffusées les 7 et 21 décembre 1966 sur France Culture dans le cadre de l’émission « Culture française » de Robert Valette. Ces conférences radiophoniques font partie d’une série consacrée à « L’Utopie et la Littérature ». Au moment où elles ont été prononcées, elles avaient pour titre, « Les utopies réelles ou “lieux et autres lieux” » et « Le corps utopique » et étaient présentées comme des « essais littéraires de Michel Foucault ». Elles ont été archivées par l’Institut National de l’Audiovisuel, et rassemblées en 2004 sur un CD de la collection « Mémoire vive » sous le titre générique Michel Foucault, Utopies et hétérotopies. M. Foucault, tr. it. Utopie Eterotopie, Edizioni Cronopio, 2006, Napoli, p. 43-44.

11 « C’est dans la représentation, dans l’image et pas ailleurs, que la Terre comme totalité visible se révèle, se découvre aux hommes, à leur regard. La représentation cartographique, il s’agit de la mappe monde en particulier, mais en fait on peut facilement généraliser le propos, se justifie donc pleinement par le fait qu’il s’agit de montrer, en la figurant, une réalité à laquelle on ne peut avoir accès que par et dans cette représentation même ». J. M. Basse, op. cit. p. 132.

12 V. Flusser, Les Gestes, HC-D’Art, Paris 1999, p. 176 : « La création, c’est l’élaboration des idées par le geste de faire ».

13 « … D’une part la carte est un objet intermédiaire, un signe par l’intermédiaire duquel on peut avoir accès à une réalité extérieure, mais d’autre part cependant, cet objet, ce signe, sont les endroits mêmes où cette réalité peut être aperçue comme telle. Ce qui veut dire que la réalité vers laquelle la carte renvoie est une réalité, ou une entité, tout à fait singulière, qui n’existe que dans la relation de dépendance qu’elle possède avec la carte à laquelle elle renvoie, ou la visée. Cette réalité est, si l’on peut dire, la réalité-de-la-carte, son représenté (et non pas son référent). Et ce représenté de la carte est dépendent de l’acte cartographique lui-même, même si aux yeux de ceux qui regardent la carte, il vaut pour le réfèrent, la réalité à laquelle on fait référence. Pour dire la chose autrement, la carte institue par elle-même une entité intentionnelle qui est celle à laquelle on se rapporte comme étant la réalité. C’est en cela, c’est-à-dire parce qu’elle institue cette entité qui vaut pour le réel en soi, que la carte peut être considérée comme créatrice et comme l’expression d’un projet vis-à-vis de la réalité. La carte est la représentation de ce projet ». J. M. Basse, op. cit., p. 132.

14 J. M. Basse, op. cit., p. 129. ; J. B. Harley, The Map and the Developpement of the History of Cartographiy, dans J. B. Harley et D. Woodward, The History of Cartography, University of Chicago Press, Chicago, 1987, vol. 1, p. 1.

15 « Le premier fait remarquable concernant l’espace visuel est son vide, un vide à travers lequel les objets se déplacent et dans lequel ils sont. L’homme prend conscience du vide qui l’entoure et lui confère une forme physique et une expression. L’effet d’une telle transfiguration qui élève l’espace au niveau des émotions est la conception d’espace. C’est la description de la relation intérieure de l’homme avec ce qui l’entoure, témoignage physique de l’homme, des réalités qui se présentent à lui, qui sont autour de lui et se transforment. L’homme réalise alors, pour ainsi dire, son besoin de s’accorder avec le monde, de donner une expression graphique de sa position ». The eternal present: a contribution on constancy and change. The Beginnings of Architecture, 2 vol., New York 1962-64 ; (tr. fr. L’Éternel présent en deux volumes, Bruxelles 1965-1966. L’Éternel présent : constance et changement : une contribution [« The Eternal present »] (trad. Eléonore Bille-De Mot), Éditions de la Connaissance, 1965-1966, (trad. it. L’eterno presente: uno studio sulla costanza e il mutamento. Le origini dell’arte, Milano 1965).

16 À ce propos J. M. Basse cite G. Deleuze : « Dès le moment de l’élaboration et, pour ainsi dire, de la “Pensée” de la carte, celle-ci contribue à une action. C’est le sens même de la distinction deleuzienne entre carte et calque : “Si la carte s’oppose au calque, c’est qu’elle est tout entière tournée vers une expérimentation en prise sur le réel […] Une carte est affaire de performance […]” ». J. M. Basse, op. cit., p. 129. Et : G. Deleuze et F. Guattarri, Mille Plateaux, Minuit, Paris, 1980, p. 20.

17 Voir à ce propos : T. Devila, Marcher, Créer. Déplacements, flâneries, dérives dans l’art de la fin du XX^e siècle. Éd. Regard, Paris 2007 ; Careri F., Walkscapes, Einuadi, Torino 2006 ; V. Muledda, NoWHere ≠, No Where Now Here, in : Percorsi tra arte e ricerca, Éd. Naba, Milano 2012 ; et X. Bernier, Traverser l’espace, http://www.espacestemps.net/articles/traverser-lespace-2-2-2-2-2-2/, et Espaces et spatialités du traverser. http://www.espacestemps.net/articles/espace-et-spatialites-du-traverser/ (page web de la revue numérique Espaces Temps, Revue indisciplinaire de Sciences Sociales, http://www.espacestemps.net/).

18 Faire la base de ce plan à côté de la cheffe, le faire à la place du public, ou le faire en regardant l’orchestre de la dernière ligne par exemple, ce sont des expériences différentes.

19 La pratique de changer d’instrument et de rôle propre au Jeu d’Orchestre comprend aussi la possibilité de diriger l’orchestre en prenant la place du chef.

20 Toutes les cartes sont tracées par tous les membres du processus, sauf les Cartes des Espaces Cellulaires (1. cartes des déplacements dans ma cellule, et 2. cartes/dessins en réponse à la question : qu’est-ce qu’une cellule ?), tracées par 1. les jeunes garçons et les jeunes filles détenues à l’EPM de Quiévrechain, et 2. par moi et d’autres participants au projet cartographique mais qui n’ont pas pris part au Jeu d’Orchestre (voir la note n. 7).

21 Éléments de l’Archive Cartographique du Jeu d’Orchestre menés par Valeria Muledda / STUDIOVUOTO : – Cartes des déplacements des membres de l’orchestre dans l’espace du Jeu d’Orchestre (Cartes du Jeu d’Orchestre ; carte collective, couleur, A3) ; – Cartes des parcours de mon lit au Jeu d’Orchestre (membres du JDO, en détention et non ; couleur, A4) ; – Cartes des espaces cellulaires : 1. cartes des déplacements dans ma cellule (A4, couleur ; cartes des cellules de détention faites par les mineurs de Quiévrechain) et 2. cartes/dessins en réponse à la question : qu’est-ce qu’une cellule ? Est-ce que tu peux dessiner une cellule ? (couleur, A4, et 10 x 15 cm). – Cartes des déplacements des membres de l’orchestre dans l’espace du JDO (Cartes du Jeu d’Orchestre ; carte individuelle faite quelques jours après le Jeu d’Orchestre, membres du Jeu d’Orchestre en détention et non, blanc et noir, A3).

22 « […] L’espace c’est le mouvement, c’est la qualité d’un volume, donc très difficile à noter ». Dans : L’Espace Gravitaire, entretien de L. Louppe et D. Dobbels à P. Virilio, dans : Danses Tracées. Dessins et Notation de Chorégraphes, L. Luoppe (sous la direction de), Éd. dis Voir, Paris 1994.

23 voir : T. Devila, Marcher, Créer. Déplacements, flâneries, dérives dans l’art de la fin du XX^e siècle. Éd. Regard, Paris 2007 ; Careri F., Walkscapes, Einuadi, Torino 2006 ; V. Muledda, NoWHere ≠ No Where Now Here, in : Percorsi tra arte e ricerca, Éd. Naba, Milano 2012 ; et X. Bernier, Traverser l’espace, http://www.espacestemps.net/articles/traverser-lespace-2-2-2-2-2-2/, et Espaces et spatialités du traverser. http://www.espacestemps.net/articles/espace-et-spatialites-du-traverser/ (page web de la revue numérique Espaces Temps, Revue indisciplinaire de Sciences Sociales, http://www.espacestemps.net/).

24 V. Muledda, NoWHere ≠ No Where Now Here, in : Percorsi tra arte e ricrca, Éd. Naba, Milano 2012, p. 50-52.

25 P. Brook, The Empty Space: A Book About the Theatre: Deadly, Holy, Rough, Immediate, 1968 ; trad. fr. L’Espace vide, Éditions du Seuil, 1977.

26 Le mot orchestre vient du verbe grec orcheo, qui signifie danser, sauter, cifr. in : Dizionario di Greco - Italiano, L. Rocci, Éd. Società Editrice Dante Alighieri, 1939.

27 Dans la Grèce ancienne l’orchestre était en effet la partie du théâtre destinée à la danse et aux mouvements du chœur, qui représentait le corps de la collectivité du vivre communautaire de la polis. Voir : P. Grimal, Le Théâtre antique, Presses universitaires de France, coll. « Que Sais-je ? » n° 1732, 1991.

28 Castells M., La question urbaine, Paris, 1972, Maspero ; trad. it. La questione urbana Marsilio Editori, Padova, 1974, p. 147.

29 Jackson J. B., Discovering the Vernacular Landscape, Yale University Press, New Havec, 1984.

30 AA. VV. Espace et surveillances en établissement pénitentiaire pour mineurs, G. Chantraine, D. Scheer, O. Milhaud, dans : Politix, Volume 25 – n° 97/2012, p. 125.

31 Dans L’Espace Gravitaire, op. cit., entretien de L. Louppe et D. Dobbels à P. Virilio, dans : Danses Tracées. Dessins et Notation de Chorégraphes, op. cit., D. Dobbels se demande comment inventer aujourd’hui dans le domaine de la danse « des systèmes de mouvement qui puissent créer des effets de solidarité entre des corps distincts et de morphologies distinctes, des rythmiques et des dynamismes distincts, sans que ça produise forcément, au bout du compte, un effet de masse au sens totalitaire de mot ? », p. 66.

32 Michelucci G., Un fossile chiamato carcere. Scritti sul carcere di G. Michelucci, sous la direction de C. Marcetti e N. Solimano, Pontecorboli, Firenze 1993.

33 J. Berger, Pendent que vous rêvez, lettre ouverte à M. Raymond Barre, Maire de Lyon, Le Monde Diplomatique, septembre 2000. ; Voir à ce propos : Il cosiddetto senso della pena, A. Sofri, dans Il corpo e lo spazio della pena, AA. VV., sous la direction de S. Anastasia, F. Corleone, L. Zevi, Ediesse, Roma 2011.

34 Lefebvre H., Le droit à la ville, Anthropos, Paris, 1968.