1 Cf. L. Sbattella, JeuD’Orchestre® : la méthodologie Esagramma en milieu carcéral, p. 71-93

2 Près de 160 personnes, musiciens ou non musiciens, se sont, au terme de ces trois années, engagées à intervenir, portées par une méthodologie au départ inconnue de tous, sauf de celle qui aura été notre principale chef d’orchestre, Licia Sbattella. Un certain nombre d’entre nous se sont formés à cette méthodologie, qui reste un objet de découverte, pour tous ceux, qu’il s’agisse de bénévoles et de professionnels extérieurs ou bien d’étudiants de l’Université en arts, musicologie ou psychologie, qui rejoignent le projet.

3 Le soin n’est pas une mission de l’institution carcérale. Il existe cependant dans chaque établissement au moins une UCSA (Unité Consultative de Soin ambulatoire) et dans les établissements de grande taille des SMPR (Services Médico-Psychologique Régional). Une UHSI (Unité Hospitalière Sécurisée Interrégionale) a également été construite à Lille et une UHSA (Unité Hospitalière Spécialement Aménagée) à Seclin, ces dernières dépendant du CHRU de Lille.

4 « I et S remarquent que nous sommes plus organisés et nous en félicitent, d’ailleurs, leurs consignes avant d’entrer seront, à l’image de cette future semaine, allégées… Il y a donc les “habitués” et les nouveaux intervenants […] Habitués donc, le chemin jusque la détention semble une “promenade de santé” : le passage du portique de sécurité est tourné en jeu : savoir qui sonnera/ ne sonnera pas, on re-lance les dernières réflexions entendues, à ce moment du passage vers la détention, en milieu carcéral adulte, comme par exemple “vla la troupe du cirque !” » (Récit du Jeu d’Orchestre, C., 2014).

5 L’atelier, dans un Établissement Pénitentiaire, est un espace dédié au travail rémunéré auquel les détenus peuvent, selon les conditions de leur incarcération, accéder. Ce type de travail s’inscrit dans le cadre d’un partenariat public/privé, une entreprise sous-traitant une partie de son activité.

6 « […] les épreuves ne nous ont pas été épargnées. Le premier jour, il nous avait été exigé d’arriver à 8 h 00, alors que notre atelier commence à 9 h 15 […]. Nous étions donc à 8 h 00 comme convenu devant la prison, quand on nous a fait attendre dehors une heure, sans savoir quand nous pourrions rentrer. […] Il ne faisait pas chaud ce jour-là. Heureusement, le CPIP stagiaire avec lequel nous avions déjà communiqué pour mettre en place l’atelier est resté attendre avec nous devant l’entrée, la discussion nous a permis de passer le temps en oubliant le froid […]. Une fois entrés, un surveillant voulait faire un inventaire particulièrement exhaustif du matériel emmené, alors que nous étions déjà en retard pour l’atelier. […] L’atelier s’est ensuite bien passé, mais nous ne travaillions pas dans la salle souhaitée. Nous voulions travailler en salle de sport, afin de pouvoir bouger, mettre nos corps en mouvement, et nous étions à la bibliothèque ; chaleureuse et bien chauffée, mais plutôt petite pour bouger. Par la suite, on nous a laissé penser que nous pourrions utiliser la salle de sport. Mais nous n’avons jamais pu y accéder. » (Récit d’un atelier artistique pluridisciplinaire, E., 2013).

7 La réponse de l’intervenante M., par exemple, témoigne plus de motivations sociales et personnelles que professionnelles : en effet, ce qui la motivait dans le Jeu d’Orchestre « c’est de rencontrer du monde », comme « dans n’importe quel projet. » M. travaille en IME (Institut Médico-Éducatif) depuis 10 ans. Elle a fait partie du GENEPI (« Groupement Étudiant National d’Enseignement aux Personnes Incarcérées »). Elle est intervenue à cette occasion à la prison de Loos (fermée depuis 2011). Dans le contexte du Jeu d’Orchestre, elle ressent une « curiosité mitigée » concernant le milieu carcéral, dans le sens où elle « n’avait pas envie de savoir les délits commis par les détenus ». Pour autant, elle ajoute « qu’en même temps », si quelque autre intervenant possédait ce type d’information, elle serait à son tour « curieuse » d’en prendre connaissance, bien qu’elle qualifie cette curiosité de « malsaine » ou « morbide ». (Transcription : C. Cormont).

8 Un bilan de cette étude a été réalisé et présenté en novembre 2012 par S. Zambrano et E. Duguet. Nous en reprenons ici les conclusions.

9 Michel Foucault, Surveiller et Punir, Paris : Gallimard, 1976, p. 258.

10 Philippe Lekeuche : « La dimension du contact dans la toxicomanie » in Le Contact, Jacques Schotte (éditeur scientifique), Paris : Éditions Universitaires ; Bruxelles : De Boeck, 1990, p. 159-166.

11 Ibid., p. 163.

12 Ibid.

13 Toutes les citations sont issues de la retranscription du débriefing.

14 J. Oury, « Pathique et fonction d’accueil en psychothérapie institutionnelle », In Le contact, op. cit., p. 111-127.

15 Ibid.

16 Ibid., p. 117.

17 Ibid.

18 Ibid.

19 Ibid., p. 118.

20 Emmanuel Belin, Une sociologie des espaces potentiels – logique dispositive et expérience ordinaire, Bruxelles : De Boeck Université, 2002.

21 E. Belin, ibid., p. 182.

22 Ibid.

23 Ibid., p. 193.

24 Ibid.

25 Kaës René, « Les médiations entre les espaces psychiques dans les groupes », in Les médiations thérapeutiques, Toulouse : éditions Érès, 2011, p. 49-60.

26 E. Belin, op. cit., p. 249.