Introduction de la troisième partie

1Pris dans les rets d’une hantise collective, le roman interroge aussi comme par contamination la représentation contemporaine de l’être humain, sa responsabilité morale face aux désastres du passé et sa place incertaine au tournant d’un millénaire qui s’ouvre sur un anthropocentrisme en crise. Alors que la modernité littéraire posait la question de l’identité du sujet, délayé dans un flux narratif introspectif et dispersif (de Proust à Joyce et Woolf, mais aussi chez Simon, Butor ou Sarraute), le surnaturel du roman contemporain problématiserait davantage l’identité de l’humain, et le soupçon latent qui plane sur sa propre déshumanisation.

2Dans L’Inhumain, Lyotard envisageait deux formes d’inhumanité. La première serait inhérente à la constitution même de tout individu, chacun portant en soi les restes d’une existence pré-humaine liée à une enfance encore animale, amorale, qui précède le langage et la pensée rationnelle. La seconde serait de nature sociale et aurait trait aux