Discours antagonistes sur la guerre civile : entre réprobation et exaltation (France, xixe siècle)

Jean-Claude Caron

p. 47-58


Extrait

1Réagissant au pamphlet publié à l’automne 2012 par Richard Millet et intitulé Langue fantôme suivi d’Éloge littéraire d’Anders Breivik1, Annie Ernaux en condamne le contenu à partir d’un argumentaire dont l’un des éléments est le reproche de détournement de la littérature, qui serait « enrôlée de force dans une logique d’exclusion et de guerre civile, dont la portée politique, à moins d’être aveugle, est flagrante »2. La guerre civile en question, c’est celle que l’extrême droite, s’appuyant sur les travaux de Carl Schmitt, prophétise, tout en l’appelant de ses vœux et qui s’inscrit dans une dimension européenne, voire civilisationnelle, pour reprendre le concept de « choc des civilisations » développé par Samuel Huntington3. Le surgissement de la notion de guerre civile au sein d’un éloge de la tolérance, du multiculturalisme ou encore de l’antiracisme témoigne de la persistance de sa portée répulsive. Ce faisant, Annie Ernaux s’inscrit dans une longue tradition de réprobatio

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