Écrire « à l’instant de l’éclair » : Du domaine (1977) d’Eugène Guillevic et la poétique des « quanta »

Vincent Zonca

doi:10.4000/books.septentrion.12715

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Écrire « à l’instant de l’éclair » : Du domaine (1977) d’Eugène Guillevic et la poétique des « quanta »

Vincent Zonca

p. 87-100

Extrait

Introduction. Poétique et physique du quanta : l’aboutissement d’un lyrisme minimal

1Depuis le recueil Terraqué, publié en 1942 tout comme Le parti pris des choses de Ponge, Guillevic n’a eu de cesse de rechercher une économie spectaculaire de l’expression, l’éclat d’une forme minimale. Cette démarche s’inscrit dans la modernité poétique. Dès le romantisme, en passant par Baudelaire ou Laforgue, le poète a cherché à travailler le lyrisme au rabot, à trouver un nouveau souffle dans la syncope. « Dans le domaine que je régis, / On ne parle pas du vent1 », pose le premier poème du recueil Du Domaine (1977).

2Ce travail du chant contre le chant, contre l’effusion de la subjectivité, caractérise précisément l’écriture guillevicienne en ce qu’elle cherche à traduire objectivement le réel perçu ou rêvé. Ce lyrisme de la « marée basse », de la rugosité minérale de la Bretagne originelle, impliquant l’« effraction » du sujet, est revendiqué :

J’ai commencé à écrire contre le lyrisme. […]

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1 Du Domaine. Euclidiennes, Paris, Gallimard, « Poésie », 2011, p. 9 (quanta 1).

2 Vivre en poésie. Entretien avec Lucie Albertini et Alain Vircondelet, Paris, Stock, 1980, p. 185.

3 Jean-Marie Gleize, « Brièvetés », dans André Delteil (dir.), Le haïku et la forme brève en poésie française, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, 2001, p. 39.

4 Du Domaine, op. cit., p. 19 (quanta 31).

5 Bernard Fournier, Le cri du chat-huant. Le lyrisme chez Guillevic. Essai, Paris, L’Harmattan, 2002, p. 175.

6 Vivre en poésie, op. cit., p. 218.

7 Les sciences (physiques, chimiques, mathématiques, botaniques) sont omniprésentes chez Guillevic et participent de cette attention objective au réel et à la nature (il publie Euclidiennes en 1967).

8 Les rapports à l’enfance bretonne sont prolongés dans les deux sections qui ouvrent Creusement : « Source » et « Bretagne ».

9 Vivre en poésie, op. cit., p. 219.

10 Ibid.

11 Voir le texte de Philippe Jaccottet daté de mars 1960 dans La Semaison, Paris, Gallimard, 1971, p. 47.

12 Vivre en poésie, op. cit., p. 220.

13 Jean-Marie Gleize, Poésie et figuration, Paris, Seuil, « Pierres vives », 1983, p. 198.

14 Vivre en poésie, op. cit., p. 183.

15 Ibid., p. 181.

16 Jean-Marie Gleize, Poésie et figuration, op. cit., p. 200.

17 Ibid.

18 L’Abeille, Montréal, Estérel, 1979, p. 24 (section 28).

19 Jean-Marie Gleize, Poésie et figuration, op. cit., p. 211.

20 Du Domaine, op. cit., p. 11 (quanta 7).

21 Vivre en poésie, op. cit., p. 69.

22 Du Domaine, op. cit., p. 142 (quanta 398).

23 Ibid., p. 45 (quanta 111).

24 Ibid., p. 14 (quanta 16).

25 Guillevic, Boris Lejeune, Du pays de la pierre, Paris, La Différence, « Littérature », 2006.

26 Vivre en poésie, op. cit., p. 10-11.

27 Du Domaine, op. cit., p. 98 (quanta 268).

28 Ibid., p. 75 (quanta 201).

29 Ibid., p. 120 (quanta 336).

30 Jean-Marie Gleize, Poésie et figuration, op. cit., p. 201.

31 Du Domaine, op. cit., p. 83 (quanta 223).

32 Ibid., p. 83 (quanta 228).

33 Charles Baudelaire, Correspondance, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1973, t. 1, p. 676.

34 Vivre en poésie, op. cit., p. 170.

35 Du Domaine, op. cit., p. 24 (quanta 48).

36 Ibid., p. 30 (quanta 66).

37 Bernard Fournier, op. cit., p. 175.

38 Du Domaine, op. cit., p. 22 (quanta 40).

39 Vivre en poésie, op. cit., p. 219.

40 Ibid., p. 183-184.

41 Ibid., p. 170.

42 « Je l’ai un peu considéré comme une sorte de bréviaire », déclare Guillevic dans un entretien avec Raymond Jean (Choses parlées. Entretiens, Seyssel, Champ Vallon, « Champ Poétique », 1982, p. 130).

43 Ce type de titre avait déjà été utilisé dans l’avant-dernière section d’Étier, « Analyses », méditations lucides sur la nature et les saisons.

44 Le psaume met précisément en jeu une musique minimale : il recourt au style simple de la psalmodie. De plus, le psalmiste dialogue souvent avec lui-même, notamment à la deuxième personne.

45 La forme du quanta est prolongée dans les recueils Creusement (1987), Maintenant (1993) et Possibles futurs (1996) avec « Du silence ». Dans les années 1980 et 1990, elle est aussi convoquée nommément dans des séquences de « quanta adressés », tels Cinq quanta pour Natacha Liébaux, Quanta pour Édith Clavet et Quanta pour Arnaud Desarzens (réunis dans Accorder, Paris, Gallimard, 2013).

46 Étier, Paris, Gallimard, 1979, p. 85-86 (« Encore »).

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Zonca, V. (2017). Écrire « à l’instant de l’éclair » : Du domaine (1977) d’Eugène Guillevic et la poétique des « quanta ». In M. Andro-Ueda, T. Takemoto, & J. Wilker (éds.), Poésie brève et temporalité (1‑). Presses universitaires du Septentrion. https://doi.org/10.4000/books.septentrion.12738

Zonca, Vincent. « Écrire « à l’instant de l’éclair » : Du domaine (1977) d’Eugène Guillevic et la poétique des “quanta” ». In Poésie brève et temporalité, édité par Makiko Andro-Ueda, Toshio Takemoto, et Jessica Wilker. Villeneuve d’Ascq: Presses universitaires du Septentrion, 2017. https://doi.org/10.4000/books.septentrion.12738.

Zonca, Vincent. « Écrire « à l’instant de l’éclair » : Du domaine (1977) d’Eugène Guillevic et la poétique des “quanta” ». Poésie brève et temporalité, édité par Makiko Andro-Ueda et al., Presses universitaires du Septentrion, 2017, https://doi.org/10.4000/books.septentrion.12738.

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Andro-Ueda, M., Takemoto, T., & Wilker, J. (éds.). (2017). Poésie brève et temporalité (1‑). Presses universitaires du Septentrion. https://doi.org/10.4000/books.septentrion.12715

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Andro-Ueda, Makiko, et al., éditeurs. Poésie brève et temporalité. Presses universitaires du Septentrion, 2017, https://doi.org/10.4000/books.septentrion.12715.

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