Des campements militaires aux « plaisirs » : la gestion des déplacements de la cour de France au xviie siècle

Bénédicte Lecarpentier-Bertrand

p. 261-282


Extrait

Introduction

1Combien de contemporains ont décrit la cohue et l’inconfort du moindre voyage à la suite des souverains ? En 1570 déjà, le cardinal de Lorraine se plaignait d’être « icy aux crottes et au froid jusqu’aux yeux1 ». Souverains et courtisans partagent alors des conditions de voyage rudes, à travers le royaume par les chemins cahoteux et boueux ; pourtant, tous doivent tenter de maintenir l’apparat intrinsèquement lié à leur qualité : partir « en campagne » implique d’accepter des conditions de vie fort différentes de celles que l’habitus2 propre aux souverains et aux courtisans crée lorsqu’ils vivent dans leurs résidences ordinaires.

2Au xvie siècle, plusieurs milliers de personnes, dix mille à quinze mille peut-être, suivent le roi3 ; à chaque déplacement réunissant les maisons royales, la cour ressemble à une immense caravane. Pour le xviie siècle, la connaissance des conditions matérielles de ces déplacements reste à préciser : encore effectués à cheval ou éventuelle

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