De l’exigence de boire le vin au litre à la défense de la République sociale : les Voraces lyonnais au début de la Deuxième République

1Dans ses Confessions d’un prolétaire, le républicain socialiste Joseph Benoît, figure importante du mouvement ouvrier lyonnais sous la monarchie de Juillet et la Deuxième République, élu à la Constituante en 1848 puis à la Législative de 1849, brosse le portrait des Voraces :

Les Voraces dont le nom a tant effrayé la France, n’étaient pas, à l’origine une société politique ; ils n’étaient pas non plus une société secrète, dans l’acceptation du mot et le sens qu’on y attache ordinairement. C’était simplement une réunion d’ouvriers ayant quelques articles de règlement, quelques signes conventionnels et aussi quelques formules ; mais sans avoir le caractère de société politique et secrète cette réunion était réellement l’une et l’autre1.

2La définition qu’en donne Joseph Benoît est révélatrice d’un préjugé récurrent chez les contemporains mais aussi chez certains historiens2 qui ont entrepris de faire l’histoire rapide de ce groupe d’ouvriers. Celle-ci consiste à réduire les Vorace