1 Entretien avec une élue en charge de la nature en ville et l’alimentation, Strasbourg.

2 On entend par jardins partagés des espaces créés et/ou cultivés collectivement par des habitants d’une ville ou d’un quartier.

3 D’après Olivier Schwartz (1998), les classes populaires regrouperaient des individus occupant d’une part une position subalterne dans la hiérarchie sociale, économique et professionnelle et d’autre part entretenant un rapport distancié à la culture dominante. Afin de tenir compte de la diversité des profils et des trajectoires des personnes rencontrées, nous parlerons par la suite des habitants des « quartiers populaires ».

4 Financé dans le cadre du programme national Cit’in – Expérimentations démocratiques pour la transition écologique, par le ministère de la transition écologique et solidaire. https://www.cit-in.fr/ (consulté le 17 mai 2021).

5 L’enquête de terrain fait ressortir le rôle important joué par une habitante du quartier, également membre d’un organisme de conseil en environnement dans l’apparition du premier jardin. Elle a fortement œuvré à la structuration d’un collectif d’habitants et à l’établissement d’un lien pérenne avec les services compétents de la Ville.

6 Sur son portail dédié à la végétalisation de l’espace public « Strasbourg ça pousse », la municipalité précise qu’elle soutient « les habitants qui souhaitent s’investir dans la fabrique d’une ville résiliente, plus verte, plus ouverte, plus durable ». https://www.strasbourgcapousse.eu/ (consulté le 17 mai 2021).

7 Entretien avec une élue en charge de la nature en ville et l’alimentation, Strasbourg.

8 L’accès aux jardins partagés est réservé aux habitants des mailles en question. Dans le cas de Hautepierre, le critère résidentiel est circonscrit aux habitants du quartier. Il s’agit donc en majeure partie de personnes vivant dans des logements sociaux, qui représentent 67 % des habitants d’un quartier lourdement frappé par le chômage (près de 30 % des 15-64 ans sont sans emploi).

9 Ibidem.

10 Entretien avec un agent du service des jardins familiaux de la ville, Strasbourg.

11 Ibidem.

12 Historiquement, les jardins familiaux en Europe se développent au XIX^e siècle à l’initiative du patronat qui enjoint les populations ouvrières à l’autoproduction alimentaire. D’après Florence Weber (1998), cette entreprise est motivée par des raisons économiques et sanitaires (l’hygiène de vie des travailleurs), mais aussi disciplinaires, car il s’agit de maintenir les ouvriers dans la sphère domestique et à l’écart de toutes velléités politiques.

13 Ce cadrage opéré par les décideurs publics correspond aux analyses de D. Cérézuelle (2003). Celui-ci souligne que la création des premiers jardins partagés en France vient répondre à des problématiques sociales, à la différence que celles-ci relèvent surtout de l’insertion sociale (avec les jardins d’insertions) et de la sociabilité urbaine, et non de problématiques vivrières.

14 Extraits d’entretiens avec plusieurs habitants du quartier, Strasbourg.

15 Par dépolitisation nous entendons ici la dénégation de la propension des habitants à entretenir un rapport politisé à l’activité de jardinage ainsi qu’aux enjeux alimentaires associés.

16 On se réfère ici aux militants nord-américains de la justice alimentaire qui souhaitent une nourriture qui soit « culturellement appropriée » aux minorités, c’est-à-dire à laquelle ces derniers sont habitués, qui est dans leur culture.

17 Par « logique d’activation », on entend l’exhortation faite aux « groupes à problèmes » (Carrel, 2013) de participer à l’amélioration leurs conditions de vie et de se responsabiliser de sorte qu’ils « s’aident eux-mêmes » (Chevallier, 2018).

18 Nous nous inspirons ici des travaux de Michel Foucault (1975) pour qui la discipline renvoie à une technique de gestion consistant non pas à réprimer ou à sanctionner, mais à orienter les comportements. Celle-ci « ne porte pas sur des faits, mais sur des virtualités, elle est destinée à encadrer l’individu, à orienter ses potentialités d’action » (Ottaviani, 2003).

19 Entretien avec une chargée de mission à la direction de territoire, Strasbourg.

20 Le travail de cette chargée de mission prolonge celui d’un groupe de travail déjà constitué dans le cadre des ATP – mentionnés plus haut – dont l’objectif consistait déjà à lancer des projets permettant de replacer « l’adulte » au centre de la vie du quartier.

21 Entretien avec un agent du service des jardins familiaux de la ville, Strasbourg.

22 Comme le rappelle Pauline Desgranchamp (2020), chercheuse et membre de l’association Horizome, cette dernière est amenée à composer avec des attentes souvent contradictoires : l’approche émancipatrice fortement portée par l’association, via la participation des habitants, est parfois rattrapée par des prescriptions antagonistes.

23 Entretien avec un habitant du quartier, Strasbourg.

24 Il s’agit d’un bailleur communautaire, dont la gestion est liée à la collectivité locale. L’agent dont il est ici question entretient de « bons rapports » avec Nassim dans la mesure où ce dernier tolère ces expériences horticoles et se montre de façon générale à l’écoute des habitants (par exemple, suite à une requête des jardiniers du quartier, l’accès à un local d’entrepôt a été accordé, qui a été transformé en atelier de bricolage et sert à l’occasion de lieu de réunion).

25 Entretien avec un habitant du quartier, Strasbourg.

26 Le « texte caché » selon James Scott, « désigne l’ensemble des discours et pratiques qui prennent place “en coulisse”, en deçà de l’observation directe des dominants, et qui peuvent confirmer, contredire ou infléchir ce qui apparaît dans le texte public » (2006).

27 Entretien avec un habitant du quartier de Hautepierre, Strasbourg, avril 2019.

28 Incroyables Comestibles est à une initiative lancée en 2008 par trois habitantes de la ville de Todmorden en Angleterre. Elle consiste à faire pousser sur l’espace public urbain de plantes comestibles (légumes, arbres fruitiers, baies) et à les rendre accessibles à tous, renouvelant ici l’idée des « communs » (Zask, 2016). Les initiatives se sont multipliées et se constituent aujourd’hui en réseau : https://www.incredibleedible.org.uk/ (consulté le 19 décembre 2019).

29 Le jardinage dans les jardins partagés lie « le commun, le social, le personnel et l’individuel ». Il implique certaines qualités sociales telles que le partage, la transmission ou la coopération, et permet d’expérimenter différentes formes d’autogouvernement démocratique, dans l’assemblage entre l’individuel et le collectif (Zask, 2016).

30 Par centralité populaire, nous désignons des formes d’organisation du quotidien ainsi que de construction du sens et de la fonction attribuée à un territoire par les classes populaires. Ce concept permet d’analyser la dimension spatiale des rapports sociaux.