Introduction
p. 143-144
Texte intégral
1Je propose ici une théorie dérivationnelle qui tentera de répondre aux problèmes exposés dans la Première Partie. Elle s’appuie sur les principes suivants :
Les matériaux observables, notamment lexicographiques, dont dispose le morphologue pour construire sa théorie ne peuvent pas être utilisés tels qu’ils sont, ou tels qu’ils paraissent être, mais demandent un travail d’épuration et de reconstruction (cf. Première Partie, Chapitre 2, § 1.).
Les intuitions métalexicales sont à utiliser avec précaution, étant donné l’emprise du savoir lexical conventionnel sur la compétence dérivationnelle (cf. Première Partie, Chapitre 2, § 2.).
La morphologie à construire est synchronique, c’est-à-dire que l’histoire ne peut y jouer qu’un rôle limité et contrôlé (cf. Première Partie, Chapitre 3, § 1.).
La morphologie à construire doit dépasser le niveau des évidences toutes faites et se dégager à la fois des outils d’analyse hérités de la tradition et du sens commun représenté en la matière par les principes de la morphologie concaténatoire (cf. Première Partie, Chapitre 3, § 2.).
2Il s’agit donc d’une morphologie hiérarchisée et stratifiée, au double niveau des matériaux auxquels elle s’applique et du modèle construit pour les représenter. Le lecteur pourra se reporter par anticipation à la représentation de ce modèle (Troisième Partie, Chapitre 1, p. 417), à laquelle il sera inévitablement fait allusion dans les chapitres qui suivent.
3Le chapitre 1 exposera les principes de stratification des données indispensables pour établir un partage linguistiquement adéquat entre les régularités et les irrégularités. Il proposera les fondements d’une théorie des exceptions lexicales, et étudiera les traitements disponibles pour celles-ci dans la morphologie lexicaliste. Les chapitres suivants proposent une stratification des irrégularités observables, parmi lesquelles sont distingués les "irrégularités de façade" (Chapitre 2), les sous-régularités partiellement prédictibles relevant de l’application de règles mineures (Chapitre 3), et les différents types d’idiosyncrasies (Chapitre 4).
4Les objectifs fixés à ce travail sont les suivants :
Opérer un tri et une redistribution des irrégularités observables.
Démontrer qu’une dichotomie régularités / idiosyncrasies est inefficace dans le domaine des mots construits si elle ne repose que sur l’observation des "données" du lexique attesté.
Cerner les domaines de faits dont les modèles lexicalistes disponibles sont inaptes à rendre compte.
Préparer une stratification des données lexicales propre à servir de fondement au modèle alternatif proposé dans la Troisième Partie.
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