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Un scrutin en camaïeu

p. 139-156


Texte intégral

1Les 15 et 22 mars 1998 les électeurs des cantons renouvelables étaient appelés aux urnes pour élire 41 conseillers généraux dans le Nord et 38 dans le Pas-de-Calais. Les résultats des élections cantonales dans la région Nord/Pas-de-Calais n’ont guère constitué une surprise, même si l’ampleur de la victoire de la gauche dans le Nord, mesurée en nombre de sièges, n’était pas attendue (+ 15). A l’issue du scrutin, les présidences des deux conseils généraux sont à nouveau à gauche. Dans le Nord, la gauche détient désormais 49 sièges alors que la droite républicaine en totalise 30. Dans le Pas-de-Calais, la gauche confirme son implantation avec 50 conseillers généraux, tandis que la droite conserve 27. sièges.

2Mais l’analyse d’un scrutin ne se réduit pas au seul constat du nombre de sièges détenus par chaque force politique, susceptible de traduire un rapport de force politique à un moment donné. Elle révèle aussi les mouvements, les dynamiques temporelles et spatiales, plus complexes que ne l’indique le seul bilan départemental. Pour cela il importe de s’arrêter successivement sur les deux étapes du processus électoral. Les résultats du premier tour seront comparés à ceux enregistrés dans la même série de cantons en 1992, tant à l’échelon départemental qu’à celui intradépartemental, permettant de tester la permanence des structures d’implantation territoriale. Ceux du second tour seront lus au regard des résultats obtenus le dimanche précédent. D’un canton à l’autre, les reports de voix sont susceptibles de varier, et ces variations peuvent dépendre du contexte local mesuré en terme de configurations électorales.

I – Le premier tour, des structures pérennes

3En termes de voix, l’évolution politique des deux départements nordistes est moindre que celle enregistrée en termes de sièges. Elle confirme cependant les écarts à la France, observés lors des scrutins précédents. A l’échelon départemental, les structures des différentes forces politiques restent donc stables. Cette relative stabilité n’empêche pas les mouvements au sein de chacun des départements.

A la veille du premier tour

4Le 15 mars, les électeurs étaient appelés aux urnes dans les 41 cantons renouvelables du Nord, et les 38 du Pas-de-Calais. Lues sous l’angle de la compétition électorale, ces élections n’ont pas suscité un grand nombre de candidatures. Si, en 1992, 6,5 candidats en moyenne étaient en compétition dans le Nord, ils ne sont plus que 5,9 au dernier scrutin. De la même façon, dans le Pas-de-Calais, 5,8 candidats se présentaient au suffrage de 1992 contre seulement 5,5 en 1998. Ce rétrécissement du nombre de compétiteurs au premier tour des élections cantonales est pour partie induit par la disparition des candidats GE de la scène électorale régionale (1 candidat en 1998 contre 23 en 1992 dans le Nord ; aucun candidat contre 7 en 1992 dans le Pas-de-Calais). Il est aussi le fait d’une compétition moins importante des candidats DVD, face aux candidats investis par la droite républicaine, UDF-RPR. Ces chiffres ne constituent cependant qu’une moyenne. D’un canton à l’autre, l’offre numérique change, variant de 4 à 9 pour le Nord et de 4 à 8 pour le Pas-de-Calais, département où, généralement, la gamme des choix est plus étroite, et ceci quel que soit le type de scrutin.

5La consultation de 1998 interrompt donc un mouvement général de prolifération des candidatures, observé depuis une quinzaine d’années1.

L’ancrage à gauche confirmé

6Le premier tour des élections cantonales confirme l’ancrage à gauche des deux départements. Rapportés aux scores réalisés à l’échelon national, ceux de la gauche plurielle dépassent cette moyenne de près de 8 points dans le Nord, et de plus de 15 points dans le Pas-de-Calais (tableau 1). De plus, chacune des composantes de la gauche participe de ces différences puisque, hormis les Divers-gauche, toutes obtiennent des scores départementaux nettement supérieurs à leur moyenne nationale (PC : + 4,1 % dans le Nord et + 6,6 % dans le Pas-de-Calais ; PS respectivement + 4,4 % et + 7,3 % ; Verts + 2,3 % et + 3,2 %). La_région est donc triplement plus à gauche que la France. Le cumul de ces situations conduit la gauche plurielle à être majoritaire dans les deux départements. Elle rassemble au soir du 15 mars 51,6 % des suffrages exprimés dans le Nord, et 59,1 % dans le Pas-de-Calais.

Tableau 1 Les résultats des cantonales de 1998 (en % des exprimés)

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7Les écarts séparant la droite républicaine de sa moyenne nationale ne sont pas le simple négatif des scores de la gauche plurielle. Le Front national participe aussi à la compétition électorale. A l’issue de ce premier tour, la droite républicaine et les Divers-droite sont très nettement en dessous de leurs scores nationaux. Avec 30,8 % des suffrages exprimés dans le Nord et 27,6 % dans le Pas-de-Calais, les écarts avec la France sont respectivement de -9,4 et de -12,6. Le Front national, auquel ont été ajoutés les scores des candidats d’Extrême droite, connaît un ancrage territorial plus contrasté. Il fait mieux dans le Nord que dans le reste de la France (17,1 % soit 3,2 points de mieux), mais, dans le Pas-de-Calais, ses scores demeurent inférieurs à la moyenne française (12,2 %, soit 1,7 points de moins). L’inégale implantation du FN dans ces deux départements n’est pas une caractéristique propre aux élections cantonales. Les élections régionales, mais aussi les scrutins législatifs et présidentiels, conduisent au même constat d’un ancrage encore plus faible du Front national dans le Pas-de-Calais, département plus rural que ne l’est celui du Nord.

8Les résultats électoraux de 1998 ne remettent guère en cause ceux de 1992, dans la même série de cantons. Toutefois, la comparaison temporelle n’est guère aisée, en raison de l’évolution politique de certaines forces politiques, et plus précisément des écologistes. En 1992, les Verts, sous le slogan « ni Droite ni Gauche », refusaient, à la veille des consultations régionales et cantonales, toute alliance nationale et optaient pour des accords précis et circonscrits2. Génération écologie, l’autre composante principale du mouvement écologiste était dirigée par Brice Lalonde, alors ministre de l’Environnement. Le regroupement en familles politiques conduisait à associer Génération écologie à la droite modérée, tandis que les Verts ne pouvaient l’être à la gauche. La préparation des législatives de 1997 a profondément remis en cause ce clivage. Les Verts en s’alliant avec d’autres composantes de la gauche participèrent de ce que Lionel Jospin appellera la gauche plurielle, tandis que Génération écologie se rapprochait de la droite républicaine. La comparaison de la gauche ou de la droite en 1992 et 1998 est donc en partie artificielle. Cependant, dans la mesure où, au moins dans le Nord et le Pas-de-Calais, les deux composantes écologistes étaient présentes et concurrentes dans de nombreux cantons, il est possible de recomposer, à partir des alliances de 1997, une Gauche plurielle « fictive », puisque sans alliance, et une Droite républicaine, qui ne comprend pas Génération écologie. Ces recompositions permettent de construire, pour chacune des familles politiques, un « potentiel » de voix 1992, qui pourra être comparé aux suffrages obtenus en 1998.

9La gauche plurielle progresse à l’échelon français (+2,5 %), mais aussi dans les deux départements. Certes, les mouvements ne sont pas de même intensité. La progression est plus importante dans le Nord (+3,5 %) que dans le Pas-de-Calais (+ 1,8 %), où la gauche est de tout temps plus forte. Mais le sens des mouvements est identique (tableau 2). Il en est de même de l’évolution de la droite républicaine (UDF-RPR et Divers-droite) qui, dans tous les cas, atteste d’un recul par rapport à 1992 (respectivement – 2,7 %, – 2,4 %, – 3,6 %). Enfin, le Front national est en croissance, quel que soit le niveau d’analyse. Cependant la progression est plus importante dans la région qu’elle ne l’est à l’échelon français (France + 1,6 %, Nord + 2,6 %, Pas-de-Calais + 2,4 %). Au-delà de ce premier constat de mouvements s’opérant dans le même sens, ce tableau met aussi en évidence plusieurs phénomènes. Il témoigne tout d’abord, de la progression simultanée de la gauche plurielle et du Front national, qui pourrait laisser entendre, au moins à ces échelons agrégés, que la montée du FN n’est pas due, lors de ces élections, à un transfert des électeurs de gauche vers le parti de Jean-Marie Le Pen, ou son contraire. Le tableau met aussi à jour le recul de la droite républicaine à laquelle ont été ajoutés les Divers-droite et, dans le même temps, la montée du FN. Ce double mouvement pourrait suggérer que le renforcement du FN s’est opéré au détriment de la droite traditionnelle, hypothèse qu’il faudra vérifier à un échelon plus fin. Enfin, il faut noter le déclin de la catégorie des Divers, comprenant pour l’essentiel les forces qui ne sont pas clairement inscrites dans des stratégies d’alliances électorales telles l’Extrême-gauche, Génération écologie, ainsi que les diverses candidatures isolées, et, pour la France, les candidats régionalistes, dont l’on ne trouve pas trace dans la région. En 1998, la présence de ces « Divers » sur la scène électorale s’est fortement atténuée, en particulier dans le Nord où seuls 6 candidats relèvent de ce classement, à comparer aux 26 candidats de 1992 (dont 23 Génération écologie). Dans le Pas-de-Calais, où les « Divers » ont toujours été moins nombreux que dans le Nord, ils ne sont plus que 7 contre 10 en 1998. L’organisation le même jour de deux scrutins a conduit les petites formations à privilégier l’élection régionale, dont le mode de scrutin, proportionnel par département, leur est sans doute plus favorable. Comme en 1992, où un double vote était organisé, elles n’ont pu mobiliser suffisamment de candidats et de moyens financiers pour assurer une représentation aux deux scrutins ; elles ont laissé vacant le terrain des cantonales3.

Tableau 2 Evolution 1992-1998 France/Nord. Pas-de-Calais (en % des exprimés)

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* Cette catégorie regroupe l’Extrême-gauche, Génération écologie, autres écologistes, les régionalistes, les candidatures isolées...

L’impact du local

10Si les cantonales de 1998 n’ont que peu modifié les écarts entre la France et les départements du Nord et du Pas-de-Calais, en revanche, elles ont contribué à modifier les structures d’implantation territoriale des différentes forces politiques au sein de chaque département. L’analyse infra-départementale révèle que, dans le temps, les contrastes internes se sont accentués, tant dans le Nord que dans le Pas-de-Calais (tableau 3). Cette tendance n’est pas propre aux deux derniers scrutins. Elle confirme la spécificité des élections cantonales. En effet, d’autres types d’élection, tels les présidentielles ou les législatives, se caractérisent par un mouvement inverse, de réduction des particularismes locaux, qui conduit à l’homogénéisation des comportements électoraux4.En divisant l’espace départemental en de multiples cadres, les élections cantonales renforcent le poids du contexte local, et contribuent à la relocalisation des votes.

11Le constat de la relocalisation des votes est manifeste dès lors que sont calculés les écarts-types, outil statistique permettant de mesurer l’importance de la dispersion des suffrages entre les cantons5. Comme le montre le tableau 3, en 1998 les écart-types sont supérieurs à ceux établis en 1992, et ceci quelle que soit la force politique analysée. Cette croissance, même légère, des écart-types entre deux scrutins témoigne de l’accroissement des particularismes locaux au sein des deux départements. Pour autant, le dernier scrutin ne bouleverse pas les structures d’implantation des formations politiques. Le plus souvent, les transformations de chacune d’entre elles sont liées à une partie du département, géographiquement limitée. Ainsi, la dispersion des suffrages du PC dans le Nord, mesurée par les écarts-types, était de 11,1 en 1992. Au dernier scrutin elle est de 12. L’augmentation de l’écart-type est principalement le fait du valenciennois, zone de force communiste traditionnelle, où le PC gagne plus de 3 points, et plus particulièrement des cantons de Saint Amand rive droite (+4 points) et de Bouchain (+10 points) (tableau 4). La conquête des chefs lieux de canton aux municipales de 1995 explique en partie cette croissance localisée, et témoigne de la dynamique électorale engendrée par les différents scrutins. Dans l’ensemble des autres arrondissements du Nord, le PC régresse ou se stabilise (Dunkerque), augmentant ainsi les contrastes internes au département du Nord. De la même façon, l’accroissement des écart-types du PS, auquel ont été ajoutés les résultats des candidats DVG, (10,2 en 1992, mais 11.2 en 1998), est induit par une progression plus que proportionnelle de leurs scores dans trois zones de force : le dunkerquois, où ils gagnent près de 12 points, l’avesnois (+ 6,7 points) et la région de Lille (+ 6,3). Dans l’arrondissement de Dunkerque, la compétition fut vive puisque 4 des 9 conseillers généraux ne se représentaient pas, ce qui a ouvert des appétits tant à gauche qu’à droite. Plus précisément, dans le canton de Grande-Synthe, 5 candidats de gauche affrontent le suffrage des électeurs. Au total, dopés par cette compétition, les électeurs leur accorderont près de 22 % de plus qu’en 1992, contribuant ainsi à accroître les différences d’implantation entre cantons. Les Verts connaissent aussi une évolution électorale territorialisée. Les écarts-types passent de 2,9 à 3,7 dans le Nord, et de 2,9 à 3,2 dans le Pas-de-Calais. Dans le Nord, leur recul touche l’ensemble des 6 arrondissements. Mais ils perdent davantage dans l’Avesnois (– 4,1 points) que dans l’arrondissement de Lille (– 1,2 points). Les cantons des villes de Lille et de Roubaix connaissent une évolution contraire (+ 5,4 points à Lille Est, ou + 3 points à Lille Nord Est) : cette dernière commune ayant permis, compte tenu des alliances PS-Verts aux législatives de 1997, l’élection d’un député écologiste, Guy Hascoët. Cependant, cette bonne performance des écologistes n’est pas propre aux cantonales. Elle est aussi le fait des élections régionales, puisque la métropole lilloise est l’épicentre du vote Blandin6. Il n’est donc guère étonnant que les Verts, aux cantonales, y progressent là plus qu’ailleurs. On peut encore illustrer cette relocalisation des votes en prenant l’exemple de la droite républicaine (RPR + UDF + DVD) dans le Pas-de-Calais. En 1992, l’écart-type était de 14,0 mais il atteint 15,1 en 1998. Si le recul de la droite est généralisé, il est cependant très marqué dans certains cantons situés sur le littoral, tels Calais Nord-ouest (– 15,2 %), Bercq (– 16,8 %), ou encore Boulogne Sud (– 16,3 %). Elle ne parvient à contenir le déclin que dans le seul arrondissement d’Arras (– 1,9 points), sans doute en raison de la conquête de la mairie en 1995, qui se traduit par une forte croissance de ses scores dans le canton d’Arras Ouest (+ 12,2 %), ou dans ses confins, tel Vimy (+ 8,7 %). La droite républicaine dispose en ces lieux de nouvelles ressources, dont les retombées sont visibles d’un scrutin sur l’autre. C’est encore la même évolution qui caractérise le FN (auquel ont été ajoutés les quelques candidats d’extrême droite), même si la variation de l’écart-type est plus faible. Dans le Pas-de-Calais il ne s’accroît que de 0,5 point (3,0 % en 1992 contre 3,5 % en 1998). Mais, une fois encore, un seul arrondissement explique la quasi-totalité de l’évolution, celui de Lens, où la progression du FN atteint le double de la croissance départementale (+ 4,0 % contre + 2,3 %). A Montigny-en-Gohelle, l’un des quatre cantons de cet arrondissement, il gagne même plus de 7 points.

Tableau 3 L’accroissement des particularismes locaux : 1998-1992 (mesuré par les écarts-types aux exprimés)

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12A l’issue du premier tour des cantonales, la structure électorale des départements reste stable ; le Nord comme le Pas-de-Calais confirment leur ancrage à gauche. Cependant, l’analyse infra-départementale témoigne de la relocalisation des votes et des retombées des conquêtes électorales à d’autres scrutins, notamment lors des municipales.

II – Le second tour, reports de voix et contextes politiques

13La liberté de choix de l’électeur au second tour est nécessairement plus réduite qu’au premier. Les règles électorales prévoient que la compétition électorale sera limitée aux seuls candidats ayant recueilli, à l’issue du premier tour, plus de 10 % des inscrits7. En outre, la gamme des choix qui lui est offerte peut encore être restreinte par les accords de désistements entre les compétiteurs potentiels. Les contraintes du second tour sont donc encore plus importantes qu’elles ne le sont lors du premier. L’électeur ne perd pas pour autant toute sa liberté, comme le montre l’analyse des reports de voix, dès lors que sont pris en compte trois critères : le type de configuration électorale, l’orientation politique du canton, le renouvellement du personnel politique. Cependant, avant d’étudier les ressorts des transferts de voix, il importe de rappeler la situation politique des deux départements nordistes à la veille de l’élection.

A la veille du second tour

14Comme en 1992, peu de candidats ont été élus à l’issue du premier tour. Dans le département du Nord, seuls 2 conseillers généraux sont dans cette situation (Le Quesnoy Est et St Amand-Rive-droite), contre 1 en 1992 (Le Quesnoy Est). Il restait donc dans le département du Nord 39 sièges à pourvoir. Le duel fut la règle sous la forme d’un affrontement soit Gauche/Droite républicaine (23 cas), soit Gauche/FN (6 cas). Mais, dans 10 autres cantons, les électeurs ont eu le choix entre trois candidats. Sept ont vu s’opposer la gauche, la droite républicaine et le Front national. Dans trois autres cas, il s’agissait de division interne soit à la gauche (Gravelines), soit à la droite (Cambrai Est, Solre-le-Chateau). Il fallait à la gauche du Nord gagner 7 sièges pour retrouver la Présidence du conseil général et les résultats du premier tour lui laissaient à penser que cette victoire était possible. A l’issue du second tour, elle en gagnera 15.

15Dans le Pas-de-Calais, la situation politique est moins complexe que ne l’est celle du Nord. Tout d’abord, les électeurs de 8 cantons n’ont pas eu besoin de retourner aux urnes (contre 7 en 1992). Ensuite, la plus grande partie des cantons est structurée sur la base d’un duel soit Gauche/Droite républicaine (22 cas), soit Gauche/FN (3 cas). Dans les 5 autres cantons restants, les situations varient : un seul candidat reste en lice dans 3 cantons (2 PC et 1 PS), la droite est divisée dans un duel Droite/Droite (Le Parcq) ou dans une triangulaire, sans que la gauche puisse se maintenir (Beaumetz-les-Loges). Enfin, contrairement au département du Nord, aucun cas de triangulaire Gauche/Droite républicaine/FN n’affecte le Pas-de-Calais. Les socialistes espéraient obtenir de nouveau la majorité absolue au conseil général. Pour cela il leur fallait conquérir 5 sièges. Les résultats du premier tour, certes laissaient entrevoir de nouvelles conquêtes, mais rendaient difficile la réalisation de cet objectif. De fait, le PS gagnera 2 sièges et le PC 1.

Les reports de voix au regard au type de configurations électorales

16Pour mesurer comment les reports de voix se sont opérés d’un tour à l’autre, on peut calculer pour chacun des candidats restant en compétition, la différence entre le score obtenu au deuxième tour et le potentiel de ses voix totalisées lors du premier tour, le 15 mars. Une différence positive indique que ces reports ont été supérieurs au potentiel prévu, que ce soit par transfert d’une famille politique à l’autre ou/et par mobilisation des abstentionnistes du premier tour. A l’inverse, une différence négative traduit la démobilisation et/ou la perméabilité vers une autre famille politique8. Pour la gauche, ce potentiel est constitué par l’ensemble des scores recueillis par chacune de ses composantes lors du premier tour ; pour la droite républicaine il comprend la totalité des scores des forces politiques et des candidatures se réclamant de la droite républicaine ; le FN lorsqu’il est présent au second tour, soit dans le cadre de duel ou de triangulaire, sera comparé à lui même. Toutefois, en cas de duels Gauche/Droite républicaine, les scores du FN au premier tour seront toujours rappelés, afin de mieux comprendre comment se sont opérés les reports de voix. De la même façon, lors de duels Gauche/FN, les scores de la droite républicaine lors du premier tour serviront à l’analyse.

Les duels

17Dans le Nord, en situation de duel les scores obtenus par le candidat de gauche restant au second tour sont nettement supérieurs à ceux de son potentiel du premier tour, et ceci quel que soit le type de duel (tableau 4). Toutefois, l’intensité de la mobilisation n’est pas insensible à la nature du duel.

18Dans les duels Gauche/Droite républicaine (23 cas), la gauche gagne en moyenne 2 points. La droite progresse de plus de 12 points (le FN totalisait lors du premier tour plus de 14 % des suffrages exprimés).

19Dans les duels gauche/FN, la gauche progresse de plus de 6 points (6 cas), et le FN de plus de 10. Mais, au premier tour la droite républicaine, totalisait plus de 17 % des suffrages exprimés. Pour exemple, à Grande-Synthe, le FN progresse de plus de 7 points, mais la droite républicaine, désormais absente, obtenait plus de 14 % des suffrages exprimés au premier tour. Le FN ne récupère donc qu’une partie de l’électorat, qui s’était porté sur la droite républicaine, le dimanche précédent9.

Tableau 4 Le Nord : les reports de voix au regard du type de duel

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(1) Scores obtenus par le FN au premier tour
(2) Scores obtenus par la droite républicaine au premier tour

20Dans le Pas-de-Calais, d’un tour à l’autre, la progression de la gauche est très faible, quel que soit le type de duel (tableau 5). Elle gagne en moyenne 0.2 point lorsqu’elle affronte un candidat de la droite républicaine (22 cas), et 0.5 point lorsqu’il s’agit d’un candidat frontiste (3 cas). Une lecture attentive des reports par canton témoigne cependant de différences selon le type de duels.

21Dans les duels gauche/FN, les reports de voix des électeurs de droite sur les candidats frontistes sont bons. Ainsi, à Carvin, le FN progresse de plus de 14 points, alors que la droite républicaine totalisait au premier tour 13 points. A Lens Nord-est et à Montigny-en-Gohelle, la progression du FN est proche de 10 points, tandis que la droite réalisait près de 9,5 % des suffrages exprimés.

22En revanche, dans les duels gauche/Droite républicaine (22 cas), la situation est plus complexe. Dans plus de la moitié d’entre eux (12 cas), la progression de la droite est supérieure au score du FN au premier tour. Ainsi, à Vitry-en-Artois, la droite gagne près de 16 points, alors que le FN totalisait 11 % des suffrages exprimés. Dans les autres cantons (10 cas), les scores obtenus par la droite au second tour sont inférieurs à ceux du FN au premier (Avesnes, Boulogne Sud, Audruicq...), et, d’un lieu à l’autre, l’intensité des transferts varie fortement. Pour exemple, à Audruicq le candidat UDF-RPR ne progresse que de 0.43 point alors que le FN recueillait près de 11 % des suffrages au premier tour. L’analyse des reports de voix du FN sur les candidats de la droite républicaine est donc plus complexe que celle de la droite sur le FN ; les transferts électoraux étant davantage soumis aux contextes locaux.

Tableau 5 Le Pas-de-Calais : Les reports de voix au regard du type de duel

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(1) Scores obtenus par le FN au premier tour
(2) Scores obtenus par la droite républicaine au premier tour

Les triangulaires

23Les triangulaires modifient profondément les reports de voix (tableau 6), mais cette configuration ne touche que le seul département du Nord. Le Front national peut se maintenir dans 7 cantons détenus par la droite. Ce sera l’occasion pour lui de tester sa capacité à fidéliser ses électeurs, mais aussi à prendre le relais des candidats de la droite républicaine.

24D’un dimanche à l’autre, dans ces 7 cantons, le candidat de gauche au second tour perd en moyenne 2 points. Ainsi, contrairement aux duels qui lui ont permis de mobiliser des suffrages, les triangulaires lui ont donc été défavorables, en termes de reports de voix, ce qui ne l’empêchera pas de gagner les 5 cantons détenus par la droite et de conserver les 2 autres, par division de ses concurrents. La situation s’inverse pour la droite républicaine qui progresse dans tous les cantons (en moyenne + 3 points), y compris dans celui de Maubeuge Sud, où, au premier tour, elle était devancée par le candidat frontiste. Quant au FN, il retrouve pratiquement ses scores du premier tour (en moyenne – 0,8 point). Cependant, d’une unité territoriale à l’autre, les reports ne sont pas identiques. Ils varient selon le niveau d’implantation de la droite républicaine. Le FN perd ainsi d’autant plus que la droite était forte au premier tour (Tourcoing Nord-Est, Tourcoing Nord, Lannoy) ; il conserve ou élargit son électorat là où les scores du candidat RPR ou UDF étaient plus fragiles (Maubeuge Sud, Armentières). Cette volatilité différentielle du vote frontiste, fonction du niveau de la droite républicaine, n’est pas propre aux élections cantonales. L’analyse des législatives de 1997 dans le Nord, lors de triangulaires, conduisait aux mêmes conclusions d’une volatilité différentielle de l’électorat FN, fonction du niveau d’implantation de la droite républicaine10.

Tableau 6 Le Nord : Les reports de voix entre les deux tours dans les cantons à triangulaires Gauche/Droite républicaine/FN

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* Il n’y a pas eu de triangulaire de ce type dans le Pas-de-Calais

Les reports de voix au regard de l’orientation politique des cantons

25Dans le département du Nord, l’orientation politique du canton n’interfère guère sur les reports de voix (tableau 7). La progression de la gauche, ou de la droite, entre les deux tours est voisine dans les cantons qu’elle détenait à la veille de la consultation, et dans ceux dominés par ses adversaires politiques. A chaque fois, la différence de report de voix est faible (0,5 % pour la gauche et 0,1 % pour la droite).

Tableau 7 Le Nord : Duels Gauche/Droite républicaine. Les reports de voix entre les deux tours au regard de l’orientation politique du canton

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26En revanche, dans le Pas-de-Calais, la situation est toute autre. La gauche gagne de près de 2 points dans les cantons de droite, mais elle recule de près de 1 point dans ses terres d’implantation (tableau 8). La différence est proche de 3 points. D’un tour à l’autre, la gauche a donc nivelé ses contrastes en progressant où elle était la plus faible, et en s’affaiblissant là où elle était la plus forte. Ces variations suggèrent que, selon l’orientation politique du canton, la gauche, comme la droite du Pas-de-Calais, ne mobilise pas de la même façon les électeurs. De fait, dans certains cantons de gauche, la concurrence PC/PS contribue à expliquer le déficit enregistré par le candidat de gauche. Pour exemple, à Béthune Est l’abstention croît de plus de 9 points, et de plus de 6 à Béthune Sud. Cependant, les différences de reports de voix ne se réduisent pas à cette seule situation de rivalité politique. L’une des hypothèses suggérées par le tableau 8 serait que, dans les cantons détenus par la gauche en 1992, l’électeur frontiste n’hésite guère à accorder son suffrage à un candidat de la droite républicaine, puisque, de toute façon, le canton est déjà acquis à la gauche. C’est ainsi que dans ce groupe de cantons, la droite gagne 13 points, alors que les suffrages frontistes du premier tour s’élevaient à 12 % des suffrages exprimés. En revanche, dans les cantons jusqu’alors détenus par la droite, le report de voix des électeurs FN du premier tour est plus difficile. Si, en moyenne la droite progresse de plus de 8 points, il faut rappeler que le score du FN au premier tour s’élevait à plus de 10 % des suffrages exprimés. Cette déperdition met en péril le maintien de l’orientation politique du canton. C’est ainsi que s’explique en partie la perte de 4 d’entre eux.

Tableau 8 Le Pas-de-Calais : Duels Gauche/Droite républicaine. Les reports de voix entre les deux tours au regard de l’orientation politique du canton

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Les reports de voix au regard du clivage ancien/nouveau candidat

27Comme à chaque scrutin, le nombre de sortants, qui ne se représentent pas, est faible. En cas de duels gauche/droite, seuls 7 nouveaux candidats affrontent le suffrage des électeurs dans le Nord, et 4 dans le Pas-de-Calais, toutes forces politiques confondues. En dépit de la faiblesse des effectifs, qui conduit à lire avec prudence les résultats, il apparaît que dans les deux départements, les reports de voix semblent avoir été favorables aux nouveaux présents sur la scène électorale.

Tableau 9 Le Nord : Duels Gauche/Droite républicaine. Les reports de voix entre les deux tours au regard de la situation de sortant

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28Dans le Nord, d’un tour à l’autre, la droite gagne 11 points dans les cantons où ses sortants se représentent (12 cas), mais 13 points là où elle présente de nouveaux candidats (6 cas), alors que les scores du FN au premier tour sont identiques (plus de 14 % des suffrages exprimés) (tableau 9). Cette médiocre mobilisation, dans les cantons où le sortant se représentait, conduira la droite à perdre 7 des 12 cantons qu’elle détenait. Certes, ces pertes sont en partie imputables aux lieux conquis en 1992, dont les élus ne parviennent pas à enrayer le repli d’ampleur nationale. Ainsi, les cantons du Cateau-Cambresis et de Pont-à-Marcq retournent au PS. Mais l’absence d’ancrage de ces nouveaux élus n’explique pas tout. Le mauvais report des voix sur les candidats de la droite républicaine est aussi le fait des cantons qu’ils détenaient de longue date. Cette mobilité différentielle se retrouve bien sûr à gauche, mais dans de moindres proportions. Dans les cantons où l’élu s’est représenté, la gauche progresse en moyenne de 2,4 points. Mais, dans celui de Villeneuve-d’Ascq, seul canton de gauche où l’élue ne s’est pas représentée, Didier Manier, nouveau venu sur la scène électorale cantonale, accroît son potentiel du premier tour de 3,2 points.

29Dans le Pas-de-Calais, la droite gagne plus de 8 points en moyenne dans les cantons où le sortant se représente, mais seulement 3 points à Campagne les Hesdin, seul canton où un nouveau candidat affronte les urnes, l’ancien élu (DVD) ayant été devancé au premier tour par le candidat UDF (tableau 10). Cependant, il ne faudrait pas conclure trop rapidement à un effet systématiquement positif du sortant sur les reports de voix entre les deux tours. Dans certains cas, celui-ci ne peut empêcher une « déperdition » des voix. Pour exemple, la droite régresse de plus de 3 points à Calais Centre, et perd le canton. 11 est vrai que les résultats du premier tour n’étaient guère encourageants. Elle partait alors divisée, puisque 3 candidats s’affrontaient (2 DVD et un UDF, le sortant). Les divisions de la droite auront probablement eu raison de celle-ci, dans un canton inclus dans la 7e circonscription, où la droite ne cesse de reculer depuis 1988, et ceci quel que soit le type d’élection. Si les différentes élections ont leur propre autonomie, elles ne sont cependant pas indépendantes.

30La gauche est aussi touchée par ces différences de configuration, mais dans de plus faibles proportions. Elle perd en moyenne 0,7 point dans les cantons où les sortants sont de nouveau candidats et 1,6 points en cas de renouvellement. Si l’on s’en tient tout d’abord aux cantons où le sortant se représentait (7 cas), il apparaît que ces mauvais reports de voix sont, pour l’essentiel, localisés dans les cantons communistes (3 cas), en particulier à Vitry en Artois, où le sortant perd plus de 4 points entre les deux tours, mais aussi à Cambrin, où le recul est de plus de 3 points. Seul face à la droite républicaine, les candidats communistes ne font donc pas le plein des voix de la gauche plurielle. En revanche, le PS progresse d’un tour à l’autre dans une grande partie de ses cantons même si cette progression n’est pas uniforme. De fait, la mobilisation est forte dans les deux cantons du boulonnais, où le recul de la gauche aux élections législatives de 1997 s’explique en partie par la concurrence des Divers-gauche11. En l’absence de concurrent, le PS retrouve ici ses forces. Les reports sont aussi importants dans le canton de Montigny en Gohelle (+ 2,9 points) et dans celui conquis par la gauche lors d’une élection partielle (Le Portel). En 1998, le « jeune sortant » socialiste, M. Ducron, sera néanmoins battu par un candidat de l’UDF, M. Feutry.

31Dans les trois cantons où la gauche présente un nouveau candidat, soit par retrait du sortant (Arras Ouest et Béthune Sud), soit par une victoire au premier tour d’un candidat investi par le PS (Béthune Est), ses scores au second tour sont de 1.6 point inférieurs à ceux du total de la gauche plurielle au premier. Cependant, la faiblesse du nombre de cas et la situation politique propre à chaque canton interdit de tirer des conclusions sur les reports de voix dans cette catégorie. Ainsi, à Béthune-Est, la démobilisation est massive. La gauche perd plus de 9 points. M. Delory, vainqueur au premier tour du sortant M. Vanrullen, désormais DVG, permet certes de garder le canton à gauche, mais ne parvient ni à retrouver le potentiel de gauche ni à limiter l’abstention qui croît de plus de 9 points. Le recul est aussi sensible dans celui d’Arras-Ouest (-1,1 points). En revanche, dans celui de Béthune Est, la gauche progresse de près de 7 points. Cette variation des reports de voix, d’un lieu à l’autre, met l’accent sur la dimension contextuelle du scrutin cantonal.

Tableau 10 Le Pas-de-Calais : Duels Gauche/Droite républicaine. Les reports de voix entre les deux tours au regard de la situation de sortant

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32En conclusion, si l’enjeu des cantonales est, en principe départemental, l’impact du local reste majeur. Certes, les structures départementales demeurent : les deux départements nordistes confirment d’une part, leur ancrage à gauche, plus marqué dans le Pas-de-Calais que dans le Nord d’autre part, la permanence des écarts à la France. Néanmoins, de nombreux indices nuancent l’idée de comportements électoraux départementalisés. Tout d’abord, les évolutions politiques restent territorialisées entre le premier tour de 1992 et celui de 1998, et ceci quelle que soit la formation étudiée. Ensuite, ces progressions ou ces déclins, très localisés, peuvent partiellement être expliqués par la conquête ou la perte de mairies, plus généralement, par les performances électorales réalisées à d’autres scrutins. Enfin, si, d’un dimanche à l’autre, les reports de voix semblent en partie obéir à des configurations politiques nationales (duels contre triangulaires, orientation politique des cantons, anciens et nouveaux candidats) en revanche, l’étude minutieuse des transferts dans les cantons nous confirme la relative liberté des électeurs, face à une offre électorale souvent contextualisée. A l’issue de 1998, la gauche préside de nouveau les deux conseils généraux. Son implantation n’est cependant pas étale, ce que montre ce scrutin en camaïeu.

Notes de bas de page

1 Parodi J.-L., « Proportionnalisation périodique, cohabitation, atomisation partisane : un triple défi pour le régime semi-présidentiel de la Cinquième République », R. ES. P., 1997, Volume 4-7, n° 3 et 4, pp. 292 -312.

2 Boy D., « Ecologistes : les frères ennemis », dans Perrineau P. et Ysmal C. (dit.), Le vote éclaté : les élections régionales et cantonales des 22 et 29 mars 1992, Paris, Département d’études politiques du Figaro, Presses de la FNSP, 1992, pp. 209-230.

3 laurent A. et Wallon-Leducq C.M., « La double inconstance : Partis, électeurs et double vote », dans Perrineau P. et Ysmal C. (dir.), Le vote éclaté, op.cit., pp. 231- 247.

4 Laurent A., « La revanche du local », dans Dolez B., Laurent A. et Wallon-Leducq C.-M. (dir.), La revanche de la Gauche : les élections législatives de 1997 dans la région Nord/Pas-de-Calais, Presses universitaires du Septentrion, 1998, pp. 137-149.

5 Le calcul des écarts-types ne peut être effectué que sur les forces politiques régulièrement représentées dans les différents cantons soit : le PC, le PS, les Verts, le FN et la Droite républicaine à laquelle ont été ajoutés les Divers-droite.

6 Voir le chapitre consacré aux élections régionales par Bernard Dolez.

7 A condition toutefois que la participation électorale au premier tour soit supérieure à 25 % des inscrits.

8 Ces transferts ont été effectués sur la base des suffrages exprimés du premier au second tour. On pourrait aussi, comme le fait Colette Ysmal, calculer les reports aux inscrits en utilisant la régression linéaire multiple, qui permettrait, notamment, d’estimer les déplacements des électeurs, le vote des abstentionnistes du premier tour et de ceux qui ont voté blanc ou nul. Ysmal C. « Le second tour : le prix de l’isolement », dans Perrineau P. et Ysmal C. (dir.), Le vote surprise, les élections législatives des 25 mai et 1er juin 1997, Paris, Presses de Sciences Politiques, 1998, pp. 285-301.

9 Cette situation n’est pas propre au département comme le montre Jérôme Jaffre, « Les électeurs de droite ont rejeté la tentative d’entente avec le FN », Le Monde, 6 avril 1998.

10 Wallon-Leducq C.M., 1998, « Retour à 1986 : le Nord », dans La revanche de la Gauche, op. cit. pp. 77-94.

11 Dolez B., 1998, « Retour à 1988 : le Pas-de-Calais », dans Dolez B., Laurent A., Wallon-Leducq Ch.-M., La revanche de la Gauche : les élections législatives de 1997 dans la région Nord/Pas-de-Calais, Septentrion, 1998, pp. 95-1 15.

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