1La décision prise par Jacques Chirac de dissoudre l’Assemblée nationale confère aux élections législatives de 1997 une place singulière dans la chaîne des consultations. En effet, si, sous la 5^e République, le calendrier électoral a été à plusieurs reprises modifié (1962, 1968, 1981, 1988), il n’y avait encore jamais eu de dissolution pour « convenance personnelle », autrement dit de dissolution tactique1.

2A la veille de la consultation, l’enjeu est de taille pour Jacques Chirac. Deux ans après sa victoire à l’élection présidentielle, deux scénarios sont possibles : soit il parvient à garder la majorité des sièges à l’Assemblée nationale, qui lui permettra pendant cinq ans d’asseoir sa politique, soit il est condamné à la cohabitation. Dans tous les cas de figure, l’enjeu est national. Cependant, l’organisation du vote reste locale. Les élections de 1997, comme tout scrutin législatif, s’organisent dans la région Nord/Pas-de-Calais au sein de 38 circonscriptions. Elles donnent donc lieu à 38 affrontements, qui sont aussi, et peut-être d’abord, des affrontements locaux. L’élection de 1997 n’échappe pas à la règle. Elle met aux prises deux dimensions, l’une nationale, l’autre locale.

3L’objet de cette communication consiste à étudier si le scrutin de 1997 a contribué à nationaliser tant l’offre électorale que les comportements électoraux dans la région Nord/Pas-de-Calais, c’est à dire à réduire leurs particularismes locaux. Etudier la nationalisation implique donc la prise en compte du temps. Pour cela, le scrutin de 1997 doit être mis en perspective avec les scrutins antérieurs, et notamment avec ceux de 1988 et de 1993 qui se sont déroulés selon le même mode de scrutin, dans le cadre d’un découpage électoral identique.

4Dans la mesure où le vote peut être considéré comme une réponse à une question, l’étude de la nationalisation de l’offre électorale durant cette même période est nécessaire (I). La nationalisation des comportements électoraux a surtout été étudiée lors des élections présidentielles, où la question posée est identique pour l’ensemble des électeurs. Elle l’est beaucoup moins lors des élections législatives où, en revanche, compte tenu de la fragmentation du territoire en de multiples circonscriptions, la question posée aux électeurs diffère selon les lieux. L’étude de la nationalisation mérite donc d’être élargie à des élections de ce type (II).

I – La nationalisation de l’offre électorale

5En France, 6219 candidats se sont présentés lors du premier tour des élections législatives de 1997, contre 5044 en 1993, soit une progression proche de 20 %. Chaque circonscription a vu en moyenne s’affronter 11,2 candidats, contre 9,1 au scrutin précédent. La tendance s’observe aussi dans la région Nord/Pas-de-Calais, même si l’accroissement est plus faible : 366 candidats en 1997 contre 314 en 1993, soit 14 % de croissance. En moyenne, dans chaque circonscription 9,6 candidats ont affronté les urnes, contre 8,2 en 1993.

6Il faut clairement y voir là un effet de la nouvelle réglementation sur le financement des partis politiques qui prévoit que les formations seront financées sur la base du nombre de suffrages recueillis, à condition qu’elles présentent au moins 50 candidats2. Chacun a donc cherché à profiter de cette manne financière, notamment les forces et mouvements politiques les moins organisés qui, jusqu’à présent, ne présentaient que peu de candidats.

7La prolifération du nombre de candidats en 1997 conduit à une étude numérique de la nationalisation de l’offre. Dans la mesure où la nationalisation est définie comme la réduction des particularismes locaux, on ne pourra conclure à la nationalisation de l’offre que si, d’un lieu à l’autre, les différences entre le nombre de candidats présents sur la scène électorale tendent à s’atténuer dans le temps.

8L’évolution du nombre de candidats peut être observée à deux échelons : celui du département considéré dans sa totalité, et celui des circonscriptions composant chacun des deux départements. Dans un premier temps, le processus de la nationalisation sera étudié en comparant, de 1988 à 1997, les variations du nombre de candidats d’un département à l’autre. Cette méthode permettra de mettre à jour l’ampleur des particularismes départementaux. Dans une seconde étape, on observera les transformations temporelles internes à chacun des deux départements, autrement dit l’évolution des particularismes infra-départemetaux.

Les particularismes départementaux

9De 1988 à 1997, l’offre électorale, du point de vue numérique, s’est considérablement transformée. Si le nombre moyen de candidats par circonscription dans les deux départements est toujours resté inférieur à celui observé à l’échelon national, en revanche, les contrastes entre le Nord et le Pas-de-Calais n’ont cessé de s’amplifier. En effet, en 1988, dans chacun des deux départements, le nombre moyen de candidats par circonscription était voisin, (respectivement 4,5 et 4,1 soit une différence de 0,4 candidat), et les chiffres différaient peu de la moyenne observée à l’échelon national (4,8) (tableau 1). L’élection législative de 1993 marque le début d’un processus de différenciation de l’offre numérique dans les deux départements. A cette date, 8,7 candidats se présentaient devant le suffrage des électeurs du Nord, mais seulement 7,6 dans le Pas-de-Calais, soit une différence moyenne de 1,1 candidat par circonscription. Ce processus s’amplifie encore lors du dernier scrutin de 1997, dans la mesure où le nombre de candidats dans le Pas-de-Calais reste stable (7,6 par circonscription), tandis qu’il s’accroît fortement dans le Nord, passant de 8,7 à 10,7. La différence entre les deux départements est alors de 3,1. Au cours de ces trois élections, l’écart entre le nombre moyen de candidats dans le Nord et celui observé dans l’ensemble des départements de la France métropolitaine est resté voisin (respectivement – 0,3, – 0,4, – 0,4), mais le Pas-de-Calais n’a pas suivi le mouvement d’élargissement de l’offre, constaté à l’échelon national (respectivement – 0,7, – 1,5, – 3,6).

10Ainsi, la période 1988-1997 a clairement vu les contrastes entre les offres électorales des deux départements s’accentuer. A cet échelon au moins, on ne peut que constater l’accroissement des particularismes départementaux.

Tableau 1 Nombre moyen de candidats par circonscription 1988-1993

L’évolution des particularismes infra-départementaux

11L’évolution interne à chacun des deux départements renforce encore les différences précédemment observées. Pour mesurer précisément les évolutions au sein d’un département, on aura recours à un outil statistique, l’ écart-type, permettant de calculer l’ampleur des variations du nombre de candidats, d’une circonscription à l’autre. Plus l’écart-type est élevé, plus le nombre de candidats, d’une circonscription à l’autre varie, au regard de la moyenne observée à l’échelon départemental. Un faible écart-type révèle, au contraire, que le nombre de candidats ne varie guère d’une circonscription à l’autre. Le calcul de l’écart-type sera réalisé par département, pour chacun des trois scrutins de 1988, 1993 et 1997. On ne pourra conclure à la nationalisation de l’offre au sein d’un département, que si, au cours de ces trois scrutins, l’écart-type tend à décroître.

12Au sein des deux départements, de 1988 à 1997, les évolutions ne sont pas les mêmes. Dans le Pas-de-Calais, les contrastes entre circonscriptions se sont fortement accrus, comme en témoigne l’augmentation des écart-types (tableau 2).

Tableau 2 1988-1997 : La nationalisation au sein des départements du Nord et du Pas-de-Calais

13En 1988, dans le Pas-de-Calais, les contrastes étaient extrêmement faibles : 0,34. Le nombre de candidats par circonscription était de 4 sauf dans les 3^e et 11^e circonscriptions, où 5 candidats sollicitaient le suffrage des électeurs (cf. tableau en annexe). 9 ans plus tard, en 1997, l’écart-type est de 1,23, pour une moyenne du nombre de candidats par circonscription de 7,6. Les 1^re et 13^e circonscriptions participent fortement à cet accroissement de la dispersion, puisque 10 candidats affrontent alors les urnes. Cette croissance des écart-types, confirmée par 1993, permet de conclure, sans hésitation, au fait que, au sein du Pas-de-Calais, l’offre électorale, se diversifie d’une circonscription à l’autre.

14Au sein du département du Nord, l’évolution est différente. En 1988, l’écart-type était de 1,01 pour une moyenne de 4,5 candidats par circonscription. Il n’est plus que de 0,50 au dernier scrutin, alors qu’en moyenne 10,7 candidats affrontent le suffrage des électeurs. En 9 ans, dans le département du Nord, la réduction des particularismes locaux est nette, même si 1993 avait été marquée par une dispersion plus forte de l’offre (2,03).

II – La nationalisation des comportements électoraux

15Du point de vue des comportements électoraux, la nationalisation se traduit, comme l’a montré Alain Lancelot, par la réduction des particularismes locaux. A l’élection présidentielle de 1969, constatant que, d’un département à l’autre, les différences entre les suffrages recueillis par la Droite se réduisent, il conclue alors à la nationalisation des comportements électoraux3. Pour Jean-Luc Parodi, la principale cause de cette réduction des contrastes territoriaux doit être recherchée dans l’organisation même de l’élection qui ne fragmente pas le territoire national : l’unicité de la question posée conduit à la proximité des réponses4.

16Par opposition au scrutin présidentiel, les élections législatives s’organisent au sein d’une multiplicité de territoires que l’on peut qualifier d’espaces d’agrégation. C’est à cet échelon que sont agrégés les votes, permettant de passer des choix individuels aux choix collectifs. Les élections législatives ont pour espace d’agrégation la circonscription ; celui de l’élection présidentielle est constitué par la France entière. Du point de vue de la sanction électorale, c’est un espace décisif, puisque c’est en son sein que seront élus ou battus les candidats ; du point de vue politique c’est un espace singulier, puisque à chaque espace d’agrégation correspond une offre électorale spécifique. Le fait que la question posée varie selon la circonscription peut contribuer à accroître les particularismes locaux. Dès lors, l’hypothèse de la nationalisation des comportements électoraux mérite d’être vérifiée pour les élections législatives.

17Ce sera l’objet de cette seconde partie que d’étudier si, dans la région Nord/Pas-de-Calais, l’élection législative de 1997 a contribué à la nationalisation des comportements électoraux, en réduisant au sein de chacun des deux départements les contrastes électoraux. Une telle vérification nécessite un instrument d’analyse et un détour par l’outil statistique. Etudier si, pour une force politique donnée, les particularismes locaux tendent à s’accroître ou à diminuer, c’est du point de vue statistique, analyser l’évolution de la dispersion des suffrages qu’elle recueille dans les différentes circonscriptions électorales à plusieurs scrutins. Pour ce faire, on peut, comme Alain Lancelot l’avait proposé, tout d’abord calculer, pour chaque scrutin étudié, l’écart entre le score maximal obtenu par une force politique et son score minimal. Dans un second temps, ces écarts absolus seront comparés. Mais on peut aussi recourir, comme pour l’étude de la nationalisation de l’offre, à l’écart-type. Il mesure à chaque scrutin les écarts, la dispersion des scores autour de la moyenne départementale obtenue par la force politique étudiée. Plus l’écart-type est grand, plus les particularismes locaux au sein d’un département sont importants. On ne pourra conclure à la nationalisation des comportements électoraux que si, dans le temps, les écart-types se réduisent

18L’étude portera sur la période 1988-1997. Les contrastes observés lors du dernier scrutin au sein de chacun des deux départements du Nord et du Pas-de-Calais seront comparés à ceux établis, selon le même procédé, lors des élections législatives de 1993 et 1988. Ceci permettra de tester la place de l’élection de 1997 dans le processus de nationalisation. Cependant, cette opération ne peut être conduite pour toutes les forces politiques. Elle exclue celles qui ne sont pas régulièrement présentes à ces trois scrutins ; elle exclue aussi, pour des raisons statistiques, les forces politiques présentes dans un nombre limité de circonscriptions électorales5. L’analyse portera sur quatre forces politiques. Le PC, le PS, la Droite (UDF-RPR) et le FN.

19Cependant, pour mesurer les effets des espaces d’agrégation sur la nationalisation des comportements électoraux, il importe d’introduire un autre type de scrutin, où l’espace n’est pas découpé. Les contrastes observés aux législatives seront donc comparés à ceux produits par les élections présidentielles de 1988 et de 1995.

La nationalisation aux élections législatives

20En 9 ans, les comportements électoraux dans le Nord et le Pas-de-Calais se sont nationalisés. Les écart-types se sont réduits, même si quelques nuances doivent être introduites. Cependant, chacun des scrutins ne participe pas de la même façon au processus de nationalisation.

De 1993 à 1997, des évolutions contrastées

21La comparaison des écart-types aux scrutins de 1993 à 1997, montre que, durant cette période, toutes les forces politiques ne se sont pas nationalisées (tableau 3).

22En effet, si la nationalisation caractérise l’évolution des votes recueillis par la Droite, tant dans le Nord (puisque les écart-types passent de 9,9 en 1993 à 7,4 en 1997) que dans le Pas-de-Calais (15,3 à 10,6), en revanche, le PS connaît un mouvement contraire ; la dispersion des votes est plus importante au dernier scrutin qu’elle ne le fut en 1993. Cette évolution est commune aux deux départements (respectivement 6,2 à 6,8 et 4,8 à 6,0). Au PC, 1997 ressemble à 1993, puisque d’un scrutin à l’autre, les contrastes restent stables, tant dans le Nord (10,0 et 10,1) que dans le Pas-de-Calais (7,7 et 7,7). Au FN, les mouvements diffèrent selon les départements : si il se nationalise dans le Nord (4,3 à 3,7), la dispersion de ses votes est plus importante dans le Pas-de-Calais à ce dernier scrutin qu’elle ne l’était en 1993 (2,9 contre 2,2).

Tableau 3 1993-1997 : l’évolution des dispersions, analyse par département (mesurée en écart-types)

23En 4 ans, chacune de ces quatre forces politiques a donc connu des évolutions différentes : si la Droite s’est nationalisée, en revanche les contrastes électoraux sont restés stables ou se sont accentués à gauche. On ne peut donc conclure à la nationalisation des comportements électoraux durant cette période. Qu’en est-il des évolutions dès lors que la comparaison est élargie à 1988 ?

1988-1997 : la réduction des particularismes locaux

24La comparaison des écart-types aux deux scrutins de 1988 et de 1997 témoigne clairement de la nationalisation des comportements électoraux (tableau 4). La réduction des contrastes touche l’ensemble des forces politiques dans les deux départements, même si son ampleur varie selon les lieux.

Tableau 4 1988-1997 : l’évolution des dispersions, analyse par département (mesurée en écart-types)

25Dans le Nord, la réduction des contrastes est importante pour le PC, dont l’écart-type passe de 13,1 en 1988 à 10,1 en 1997. Il en est de même pour la Droite (respectivement 10,5 à 7,4), alors que leurs moyennes départementales respectives, lors de ces deux scrutins, sont restées sensiblement voisines. Le déclin des particularismes locaux est plus faible, mais néanmoins réel pour le PS (8,4 à 6,8), tandis que les contrastes restent identiques pour le FN (3,6 à 3,7). En 9 ans, trois de ces quatre forces politiques se sont nationalisées ; d’une circonscription à l’autre, leurs différences de scores se sont atténuées. De ce fait, les comportements électoraux dans le département du Nord se sont homogénéisés, par la nationalisation de chacune des forces politiques.

26Dans le Pas-de-Calais, les variations entre les écart-types observés en 1988 et ceux relatifs à 1997 sont moindres que dans le Nord, mais toutes confirment la réduction des particularismes locaux. L’ampleur du mouvement est plus importante pour la Droite (11,6 et 10,6) et pour le FN (3,7 à 2,9), que pour la Gauche. En effet, pour le PC (7,9 à 7,7) et pour le PS (6,4 à 6,0), les contrastes observés en 1988 et en 1997 restent voisins. Les comportements électoraux dans le Pas-de-Calais se sont donc également homogénéisés, mais dans des proportions plus faibles que dans le Nord.

Des présidentielles aux législatives, la relocalisation des votes

27Les élections présidentielles et législatives ont toutes deux le même espace institutionnel, la France, qui est l’espace de la compétence de l’organe élu. Mais, l’une s’organise sur un seul territoire, la France, l’autre le fragmente en de multiples espaces d’agrégation que sont les circonscriptions. Dès lors, pour mesurer les effets de l’organisation territoriale du vote, il devient nécessaire de comparer la nationalisation à deux types d’élection, dont l’organisation territoriale diffère. La nationalisation aux élections législatives sera donc comparée à celle observée aux élections présidentielles.

De la Présidentielle de 1995 aux législatives de 1997

28Pour comparer la dispersion des votes à l’élection présidentielle à celle observée lors des élections législatives, il faut, tout d’abord mettre à jour l’importance des contrastes à ce scrutin. La même méthode d’analyse, fondée sur les écart-types, a été reconduite. Les résultats obtenus ont été rapprochés de ceux calculés aux élections législatives de 1997

29La comparaison des contrastes à ces deux types de scrutin, présidentiel d’une part, législatif de l’autre, peut conduire à deux situations bien distinctes. Soit les écart-types aux législatives sont supérieurs à ceux enregistrés à l’élection présidentielle : on peut alors en conclure que la fragmentation du territoire conduit à un accroissement des particularismes locaux. Soit ils sont inférieurs : on peut alors en conclure que l’organisation du vote en de multiples territoires se traduit par une réduction des particularismes locaux.

Tableau 5 La relocalisation aux élections législatives de 1997 (mesurée par la comparaison des écart-types à chacun des scrutins)

30La relocalisation des votes aux législatives de 1988 apparaît clairement dans le tableau 5). Quels que soient la force politique et le département étudiés, les contrastes sont toujours plus importants aux élections législatives qu’ils ne le sont au scrutin présidentiel. La fragmentation du territoire en circonscriptions conduit à accroître les particularismes locaux.

31L’ampleur de la relocalisation est voisine pour le PS dans les deux départements, comme le montrent les différences entre les écart-types calculés à partir des résultats de l’élection présidentielle et ceux de l’élection législative (+ 4,0 et + 4,7). L’intensité de la relocalisation diffère d’un lieu à l’autre pour le PC (+ 4,4 et + 2,6) et pour la Droite (+ 2,1 et + 4,2). Ces résultats confirment à un échelon global, les effets de la notabilité sur le vote, plus souvent observés circonscription par circonscription6. La dispersion du vote FN n’augmente guère (+ 0,7 et + 0,2). Il faut y voir là les retombées, sur les comportements électoraux, de l’absence d’élus et de la faible notabilité des candidats qui, souvent, d’une élection législative à l’autre, ne sont pas les mêmes.

32Si cette étude permet de conclure que la fragmentation de l’espace modifie les comportements électoraux, en revanche, il reste à analyser si ce processus se transforme dans le temps. Ceci nous conduit à prendre en compte les scrutins présidentiels et législatifs de 1988.

Un processus constant, une ampleur variable

33L’étude de la relocalisation des votes aux législatives de 1988 conduit à la même conclusion : la fragmentation de l’espace intervient sur les comportements électoraux (tableau 6). Là encore, les écart-types observés aux élections législatives sont toujours supérieurs à ceux constatés à l’élection présidentielle. Ceci est vrai pour toutes les forces politiques dans les deux départements du Nord et du Pas-de-Calais.

Tableau 6 La relocalisation aux élections législatives de 1988 (mesurée par la comparaison des écart-types à chacun des scrutins)

34Mais, si les deux scrutins de 1988 et de 1997 ont relocalisé les votes, leur contribution respective n’est cependant pas identique. Dans la région Nord/Pas-de-Calais, la relocalisation a été plus forte en 1988 qu’elle ne le fut en 1997. Ceci apparaît à la lecture du tableau suivant (tableau 7), construit à partir des tableaux 5 et 6, précédemment étudiés. Pour chaque département, les différences entre les écart-types aux élections présidentielles et aux élections législatives ont été isolées. Le tableau suivant permet donc de mettre à jour l’ampleur de la relocalisation en 1988 et en 1997.

Tableau 7 L’évolution de la relocalisation : 1988-1997 (mesurée par la comparaison des différences d’écart-types)

35Dans le Nord, la relocalisation est moins forte en 1997 qu’en 1988 pour le PC, (4,3 en 1997 contre 7,1 en 1988), pour le PS (4,0 et 4,9) et pour la Droite (2,1 et 4,3). Seul le FN fait exception (0,4 et 0,7).

36Dans le Pas-de-Calais, les choses sont plus contrastées. Le mouvement de relocalisation est moins fort en 1997 qu’il ne le fut en 1988 pour la Droite (4,2 et 5,6) et pour le FN (0,2 et 1,8). Il est en revanche plus fort pour le PS (4,7 en 1997 mais 3,3 en 1988) et pour le PC (2,6 en 1997 et 2,2 en 1988).

37La fragmentation de l’espace en de multiples circonscriptions relocalise donc toujours les votes. Cependant, l’ampleur de la relocalisation entre les présidentielles et les législatives est moins forte en 1997 qu’elle ne le fut en 1988. Serait-ce parce que le processus de nationalisation des comportements électoraux est en passe de s’achever ?

Annexe Evolution du nombre de candidats par circonscription 1988-1997