Avant-Propos

1Les français prennent goût à l’alternance. Depuis 1981, la majorité sortante a systématiquement été sanctionnée lors des élections législatives. Après la gauche, qui avait subi une déroute lors du scrutin de 1993, c’est au tour de la droite de connaître la défaite en 1997. Le Nord-Pas de Calais n’échappe pas au mouvement national : la terre de Jules Guesde, de Roger Salengro, de Guy Mollet et de Pierre Mauroy avait basculé à droite en 1993, puisque celle-ci avait conquis 24 sièges sur 38 ; elle accorde cette fois ses faveurs à la gauche, qui dispose désormais de 31 députés, contre 7 à la droite.

2Le Centre de recherches administratives, politiques et sociales (CRAPS) a toujours observé les phénomènes électoraux avec le plus grand intérêt, en consacrant régulièrement un de ses Cahiers à l’analyse des résultats. L’intérêt d’un nombre croissant d’universitaires et de chercheurs pour les phénomènes électoraux nous autorise, cette fois, à publier un ouvrage, dont l’ambition est d’éclairer toutes les facettes du dernier scrutin. Il était naturel de se tourner vers les Presses Universitaires du Septentrion, dont le catalogue accorde une place de choix aux ouvrages électoraux, et qui publièrent notamment trois atlas électoraux relatifs à la région Nord-Pas de Calais.

3Les premiers chapitres de ce livre sont consacrés à la préparation des élections. J.-M. Blanquer rappelle une vérité oubliée : dissoudre est un pari risqué. Au-delà des péripéties électorales, la dissolution nous invite à réfléchir sur la nature et le devenir de nos institutions. Après être descendu lui-même dans l’arène électorale, Alexis Massart énonce les difficultés « d’être candidat » : portant les couleurs de la majorité présidentielle, il explique pourquoi la dissolution l’a handicapé dans son combat contre Alain Bocquet (PCF) dans la 20^e circonscription du Nord. Après avoir suivi Bernard Roman (PS) pendant six semaines dans la première circonscription du Nord, Rémi Lefebvre nous livre quelques secrets de fabrique d’une campagne électorale. Bruno Villalba met en évidence les incidences de la dissolution sur les stratégies électorales des partis politiques. Quatre études sont consacrées aux résultats : Christian-Marie Wallon-Leducq traite du « Nord » et Bernard Dolez du « Pas-de-Calais ». L’un et l’autre insistent sur la part irréductible du « local » dans une élection législative. Régis Matuszewicz se penche avec minutie sur un vieux fief communiste, le valenciennois. Il montre que, en dépit des apparences, le Parti Communiste n’a pas réussi à inverser la logique de déclin auquel il est confronté. Annie Laurent, enfin, s’est attachée à apprécier la dimension nationale et la dimension locale du scrutin. Elle met en évidence le rôle du cadre départemental dans la structuration de l’offre électorale et des comportements politiques.

4Enfin, il nous a semblé utile de faire figurer à la fin du volume les résultats électoraux eux-même, en rappelant ceux de l’élection présidentielle de 1995, circonscription par circonscription.

5Dans le Nord-Pas de Calais plus qu’ailleurs, les élections législatives de 1997 sonnent bien comme la revanche de la Gauche.