Les sujets de la lettre à pythoclès

11. Introduction

22. La méthode

33. Définition d’un monde

44. Origine des mondes

55. Formation des astres

66. Grandeur du soleil et des autres astres

77. Levers et couchers

88. Mouvements des astres

99. Retours du soleil et de la lune

1010. Phases de la lune

1111. Lumière de la lune

1212. Visage de la lune

1313. Éclipses du soleil et de la lune

1414. Ordre des révolutions

1515. Longueurs des nuits et des jours

1616. Premières épisémasies

1717. Nuages, Pluies et Vents

1818. Tonnerres

1919. Éclairs

2020. Vitesse de l’éclair

2121. Foudres

2222. Prestères

2323. Séismes

2424. Vents sous la terre

2525. Grêle

2626. Neige

2727. Rosée et Gelée

2828. Glace

2929. Arc-en-ciel

3030. Halo

3131. Comètes

3232. Rotation du ciel

3333. Planètes

3434. Retard des astres

3535. Étoiles filantes

3636. Secondes épisémasies

3737. Conclusion

381.

39Pythoclès a demandé à Épicure un résumé, facile à se remémorer, de ce qu’il faut savoir sur les phénomènes célestes. Épicure accède à sa demande : la Lettre, qui est cet abrégé, doit être utile à Pythoclès et à deux catégories de lecteurs, ceux qui sont instruits en physique et ceux que leurs occupations empêchent de s’y consacrer.

402.

41Ce domaine, dont l’étude a pour finalité la vie bienheureuse, ce qui doit la retenir dans le champ du possible, se distingue de celui de la morale et de la physique de l’invisible ou du visible proche par la pluralité des mécanismes capables d’expliquer les phénomènes en accord avec les données des sens. Il serait arbitraire d’en retenir un seul au détriment des autres. Épicure appelle « mythe » toute explication qui se prétend unique. Les signes, qui constituent, par analogie, les éléments de l’étiologie céleste, sont fournis par les apparences proches, seules susceptibles d’être expliquées chaque fois d’une façon simple. L’image du phénomène lointain, conservée telle qu’elle nous apparaît, sera divisée en ses constituants, et ceux-ci rapprochés des phénomènes proches, dont la cause, tant qu’il n’existe pas de témoignage contraire, pourra leur être rapportée1.

423.

43Un monde est séparé de l’illimité par une épaisseur dont la limite interne est de consistance ou bien rare, ou bien dense, et dont la limite externe, qui tourne ou qui est en repos, peut avoir n’importe quelle forme.

444.

45Les mondes, infinis en nombre, naissent tous, dans un monde ou dans un intermonde, lorsque des atomes appropriés affluent dans un espace relativement vide, qu’ils se groupent et se différencient. Un monde se stabilise quand le réceptacle est comblé par l’apport extérieur.

465.

47Les astres ont commencé à se former, avant qu’un monde ne les enferme, par accumulation et tourbillon de particules ou bien d’air, ou bien de feu, ou bien des deux.

486.

49La grandeur du soleil et des astres doit être appréciée selon l’analogie des feux terrestres, que l’éloignement ne diminue pas dans les mêmes conditions que les autres objets. Elle est ou bien plus grande, ou bien un peu plus petite, ou telle qu’elle nous apparaît.

507.

51Les levers et les couchers du soleil (le jour), de la lune et des astres (la nuit) ont lieu ou bien par allumage et extinction, ou bien par apparition et occultation.

528.

53Les mouvements des astres s’accomplissent ou bien parce que le ciel les entraîne dans sa révolution, ou bien parce que, après une impulsion initiale, ils progressent par eux-mêmes suivant le mouvement du feu.

549.

55Les retours du soleil et de la lune s’effectuent ou bien parce que leur course est la résultante d’une double rotation, le ciel tournant selon un plan oblique par rapport à leur mouvement propre, ou bien parce qu’ils sont repoussés, soit qu’une masse d’air leur fasse obstacle, soit que le même effet résulte d’un défaut de nourriture, ou bien parce que ce mouvement hélicoïdal particulier leur a été communiqué par une impulsion originelle.

5610.

57Les phases de la lune ont lieu ou bien parce que son corps propre pivote, ou encore que son atmosphère prend diverses formes, ou bien parce que d’autres corps s’interposent.

5811.

59La lune brille ou bien de sa lumière propre, ou bien parce que le soleil l’éclaire.

6012.

61L’empreinte du visage sur la lune peut s’expliquer ou bien par des inégalités dans sa constitution, ou bien par l’interposition de certaines substances.

6213.

63Les éclipses du soleil et de la lune ont lieu ou bien par extinction, ou bien par interposition d’un corps, quel qu’il soit.

6414.

65L’ordre des révolutions doit être expliqué comme toute autre succession régulière d’événements. Il ne dépend pas des dieux, dont le concept doit rester pur et séparé du monde, si du moins l’étude des phénomènes célestes doit atteindre son but, qui est la félicité.

6615.

67La longueur des nuits et des jours varie ou bien parce que le soleil traverse avec une vitesse égale des distances inégalement longues, ou bien parce qu’il accomplit son parcours avec des vitesses inégales selon la nature des lieux.

6816.

69Un signe est l’apparition simultanée de deux phénomènes. L’interprétation qui en fait un signe du temps est liée à l’impossibilité de déterminer la cause de leur simultanéité.

7017.

71Le nuage est ou de l’air comprimé par les vents, ou un groupement d’atomes enchevêtrés, ou un faisceau d’exhalaisons montées dans l’atmosphère, rassemblés suivant des modes multiples. La pluie et les vents proviennent des nuages en mouvement en partie par écrasement, en partie par transformation.

7218.

73Le tonnerre se produit ou par l’entassement du vent, attisant le feu, ou par le déchirement du nuage, ou par le frottement de nuages glacés.

7419.

75L’éclair se produit soit par extraction des nuages ou quand leur heurt exprime les atomes de feu, ou quand le vent attise la matière ignée dans le nuage, ou quand les flammes sont éjectées par le heurt ou sous l’effet du vent, soit par la lumière du ciel se concentrant dans les nuages, ou par son propre mouvement et celui des vents, ou par le filtrage des tissus nuageux, soit par l’action du vent qui s’enflamme, ou bien en s’agitant dans le nuage, ou bien en rompant le nuage.

7620.

77Le fait que l’éclair précède le tonnerre s’explique soit par une différence dans le temps de la production, l’expulsion de la matière ignifiée coïncidant avec l’entrée du vent, soit par une différence dans le temps de la transmission, les images de l’éclair parcourant la distance plus vite.

7821.

79La foudre se produit par une compression et un embrasement violents du vent, soit que, par une différence de densité dans le nuage, une partie de ce feu se détache, soit que, à la suite d’un refoulement plus fort, le vent embrasé s’échappe tout entier.

8022.

81Le prestère se produit soit qu’un vent, enfermé dans un nuage, l’entraîne vers le bas, quand il est propulsé par les vents latéraux, soit qu’un vent tourbillonnant s’enrobe d’une enveloppe d’air dense qui en canalise la force. L’une et l’autre forme de prestère produit des ouragans sur terre ou bien des tourbillons dans la mer.

8223.

83Les séismes sont dus à l’action du vent, quelle que soit son origine, soit qu’il imprime un mouvement à des parcelles de terre, soit qu’il se serve, quand les effets sont plus puissants, d’une masse d’air condensée pour briser les parois ou les ébranler.

8424.

85Les vents souterrains se produisent à la suite soit d’une poussée progressive de certains éléments, soit d’un déferlement subit d’eau, quand l’air mis en branle tombe dans des cavités adaptées à la transmission de ce mouvement.

8625.

87La grêle se produit quand à une forte congélation dans un milieu où se trouvent des éléments d’air succède une fonte modérée qui donne au grêlon sa structure feuilletée. La forme arrondie peut, quant à elle, résulter ou de la fonte des extrémités lors de la chute, ou d’une disposition régulière des constituants à l’origine.

8826.

89La neige se produit ou bien quand une eau fine et régulièrement découpée, expulsée en panache, traverse une couche froide qui la fait geler, ou bien quand, ayant subi dans les nuages mêmes un gel équilibré, elle est éjectée par la pression qu’ils exercent (dans ce cas, des grêlons peuvent ainsi se former), ou bien quand des râclures se détachent en tourbillonnant de nuages gelés à la suite de frottements.

9027.

91La rosée se produit ou bien parce que des éléments d’eau issus de l’air convergent et se déposent sous forme de rosée, ou bien parce que après s’être formés au sol, dans des lieux particulièrement humides, ces éléments d’eau s’élèvent, avant de retomber sous forme de rosée. C’est ainsi qu’on voit se former la rosée blanche, quand l’humidité est abondante et qu’elle a traversé une couche d’air froid.

9228.

93La glace se forme ou bien parce que l’expulsion des figures rondes de l’eau permet aux scalènes de s’enchevêtrer, ou bien parce qu’un afflux d’éléments appropriés saisit l’eau en expulsant quelques figures rondes.

9429.

95L’arc-en-ciel apparaît ou bien quand la lumière du soleil se heurte à un air chargé d’humidité, ou bien quand la teinte due à la qualité particulière d’un air lumineux, dans l’atmosphère, se communique aux couches avoisinantes qui deviennent visibles sous l’effet du soleil. La forme arrondie peut être due ou bien à un effet optique, ou bien à la disposition régulière des tranches.

9630.

97Le halo se produit quand de l’air se porte vers la lune de toutes parts, ou bien parce que les flux qu’elle émet le dissolvent sans l’évaporer complètement, ou bien à cause de l’air autour de la lune, quand il se mêle à l’autre air. Le halo se brise ou bien parce qu’un flux venant de l’extérieur pénètre jusqu’à la lune, ou bien quand la chaleur lunaire dissout la couronne en certains points.

9831.

99La comète est ou bien une concentration périodique de feu, ou bien un astre qui soit apparaît à la faveur de certaines positions du ciel, soit s’élance vers nous d’un élan propre. Elle disparaît quand l’une ou l’autre cause est empêchée de jouer.

10032.

101L’apparence de la fixité de certaines parties du ciel s’explique ou bien parce que la voûte tourne autour d’un centre, si un tourbillon d’air l’enveloppe à l’extérieur, ou bien à cause de la localisation variable de l’aliment des astres.

10233.

103Les mouvements irréguliers de certains astres s’expliquent ou bien par la combinaison de deux mouvements, selon l’impulsion originelle, ou bien par la nature variable de l’aliment selon les lieux.

10434.

105Les retards pris par une planète s’expliquent ou bien parce qu’elle progresse plus lentement sur une même orbite, ou bien parce qu’elle progresse d’un mouvement propre contraire à celui de la rotation générale qui l’entraîne, ou bien parce qu’elle parcourt plus lentement une plus grande orbite.

10635.

107Les étoiles filantes sont ou bien un fragment d’astre projeté par le vent, ou bien un conglomérat particulier d’atomes de feu emportés par leur élan, ou bien un fragment de vent qui s’est enflammé par son propre mouvement.

10836.

109Les signes qui se produisent dans le zodiaque sont fortuits. Ni ces animaux ni un dieu n’accordent leur apparition à un changement de temps.

11037.

111Pythoclès doit se remémorer les principes à l’œuvre dans la Lettre, mais principalement les fondements de la physique, de la canonique et de la morale, qui lui serviront à mieux comprendre les mécanismes du ciel d’une part, et à atteindre, d’autre part, la fin que ces études se proposent.