1 Commencée le 17 décembre 2010, la « révolution de jasmin » tunisienne a rapidement inspiré l’Égypte, comme en témoignent les slogans, les chants, les banderoles et les drapeaux référant à ce précurseur révolutionnaire.
2 Yves Gonzalez-Quijano, Arabités numériques. Le printemps du Web arabe, Arles, Sindbad, 2012, 192 p. Voir notamment le chapitre 3 : « Cyberoptimisme et révolutions de légende : Tunis et Le Caire ». De nombreux sites sont consacrés à l’apologie de l’usage des TIC, voir <http://irmc.hypotheses.org/194> et <http://cpa.hypotheses.org> consultés le 18 décembre 2012.
3 Voir Youssef Courbage, « Le temps de la jeunesse arabe. À l’encontre de certaines thèses, le poids des jeunes ne s’est pas traduit par une flambée de l’islamisme. », Le Monde diplomatique, <http://www.monde-diplomatique.fr/2011/06/COURBAGE/20665>, juin 2011, consulté le 12 novembre 2012.
4 Notamment en raison de l’importance des processus d’urbanisation et des pratiques urbaines comme espaces constitutifs du débat politique : Stéphano Simiz (dir.), La parole publique en ville : des réformes à la révolution, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2012, 282 p. Voir le colloque « Révoltes et transitions dans le monde arabe : vers un nouvel agenda urbain ? », <http://calenda.org/224996>.
5 Didier Baisset (dir.), Le Maghreb, l’occident arabe. Les enjeux de la transition démocratique et les acquis de la coopération internationale, vol. 2, Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, 2012, 223 p.
6 Image vue dans « Quelle portée des réseaux sociaux dans le processus révolutionnaire ? », Le carnet de l’IRMC, <http://irmc.hypotheses.org/194>, 16 avril 2012, consulté le 18 décembre 2012.
7 Voir Manuel Castells, Ni dieu ni maître : les réseaux, FMSH-WP-2012-02, février 2012, <http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/67/72/25/PDF/WP-2012-02_Castells.pdf>, consulté le 11 novembre 2012.
8 Michaël Béchir Ayari, « Non, les révolutions tunisienne et égyptienne ne sont pas des “révolutions 2.0” », Mouvements, 2011/2, no 66, p. 56-61.
9 Romain Lecomte, « Révolution tunisienne et Internet : le rôle des médias sociaux », L’Année du Maghreb, 2011, no VII, p. 349-418.
10 Vincent Geisser, Michaël Béchir Ayari, Renaissances arabes. 7 questions clés sur des révolutions en marche, Paris, Les Éditions de l’Atelier, 2011, 159 p.
11 Voir en ce sens, V. Geisser et M. Béchir Ayari, Renaissances arabes…, op. cit.
12 Voir le numéro « Printemps arabes. Comprendre les révolutions en marche », Mouvements, 2011/2, no 66. Un numéro fait dans l’urgence de l’actualité, ce qui est un avantage, mais aussi un défaut…
13 Jean-Marie Cléry, « Printemps arabes », in Bertrand Badie, Dominique Vidal (dir.), Nouveaux acteurs, nouvelle donne. L’état du monde 2012, La Découverte, coll. « État du Monde », 2011, p. 97-107.
14 Voir, sur la question routinière de la fracture numérique, Abdelfettah Benchenna, « Les TICs dans les pays des Suds : Quarante années de recherche – 1970-2010 », tic&société, 2011, vol. 5, no 2-3, mis en ligne le 21 juin 2012, <http://ticetsociete.revues.org/1130>, consulté le 11 décembre 2012.
15 Myriam Catusse, « Présentation », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, 2006, no 111-112 (Les partis politiques dans les pays arabes, tome 2, Le Maghreb), <http://remmm.revues.org/2861> ; Jean-Claude Santucci, Les Partis politiques marocains à l’épreuve du pouvoir. Analyse diachronique et socio-politique d’un pluralisme sous contrôle, Rabat, Publications de la Remald, 2001, no 24, 112 p.
16 L’analyse de la dimension juridique est encore à élaborer, voir quelques propositions juridiques qui pourraient être étendues aux pays concernés : Marie-Charlotte Rocques-Bonnet, Le droit peut-il ignorer la révolution numérique ?, Paris, Michalon, 2010, 606 p.
17 Charles Saint-Prot, « De la religion à l’idéologie », Islam : l’avenir de la tradition entre révolution et occidentalisation, Monaco, Éditions du Rocher, 2008, p. 409-453.
18 Selon l’expression très éclairante de Marc Valeri dans Le sultanat d’Oman, une révolution en trompe-l’œil, Paris, Éditions Karthala, 2007, p. 232-249.
19 Nizar Messari, « À propos de la complexité des révoltes dans les pays arabes », Cultures & Conflits, 2012, no 85/86, p. 187-212.
20 Selon les outils mis en évidence par Charles Tilly et Sydney Tarrow dans Politique(s) du conflit. De la grève à la révolution, Paris, Presses de Sciences Po, 2008, p. 101-121.
21 Monique Selim, « La production numérique du réel, perspectives anthropologiques », Variations, 2012, no 16, §3, mis en ligne le 20 février 2012, <http://variations.revues.org/148>, consulté le 17 décembre 2012.
22 Au sens où l’entend Jacques Ellul, dont l’œuvre (de La technique en 1954 au Bluff technologique en 1988 en passant par Le Système technicien en 1977) est traversée par la question de l’humanité techniciste, et développe l’idée selon laquelle la technique est le fait caractéristique de la modernité plus que tout autre, et qu’elle se meut dans une dynamique propre, autonome. La Technique fait du système l’agent d’une inévitable société d’abondance, mais elle suppose l’intégration de chaque élément, y compris l’homme en tant qu’objet.
23 André Leroi-Gourhan, Le fil du temps. Ethnologie et préhistoire, Paris, Fayard, 1983, 316 p.
24 Alain Wisner, Vers une anthropotechnologie, Paris, CNAM, 1979, 155 p.
25 Jean-Pierre Olivier de Sardan, Anthropologie et développement, Essai en socio-anthropologie du changement social, Paris, Apad-Karthala, 1995, 221 p.
26 Philippe Geslin, L’apprentissage des mondes. Une anthropologie appliquée aux transferts de technologies, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1999, 254 p.
27 Serge Agostinelli, Les nouveaux outils de communication des savoirs, Paris, L’Harmattan, 2003, 210 p.
28 Jean Chesneaux, Une lecture politique de Jules Verne, Paris, Maspéro, 1971, 195 p.
29 Patrice Flichy, L’imaginaire d’internet, Paris, La Découverte, 2001, 272 p.
30 Armand Mattelart, La communication-monde, Paris, La Découverte, 1999, 356 p.
31 Paul Mathias, Qu’est-ce que l’internet ? Paris, Vrin, 2009, p. 7.
32 P. Mathias, Qu’est-ce que l’internet ?, op. cit., p. 13.
33 Henri Oberdorff, La démocratie à l’ère numérique, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2010, 205 p.
34 Dominique Cardon, La démocratie Internet. Promesses et limites, Paris, Seuil, 2010, 101 p.
35 Timothy Mitchell, Petrocratia. La démocratie à l’âge du carbone, Alfortville, Éditions Ère, 2011, 113 p.
36 Dominique Bourg, Kerry Whiteside, Vers une démocratie écologique, Paris, Seuil, 2010, p. 18.
37 Les politiques redistributives participent aussi de ce mécanisme d’accès aux biens produits en masse.
38 Jean Baudrillard, La société de consommation, Paris, Gallimard, 1970.
39 Ivan Illich, « L’histoire des besoins (1988) », La perte des sens, Paris, Fayard, 2004, p. 71-105.
40 On retrouve la même logique de recherche de la modernité (notamment technologique) dans la première partie « Incarner l’image d’une Chine “moderne” » de l’ouvrage de Séverine Arsène, Internet et politique en Chine. Les contours normatifs de la contestation, Paris, Éditions Karthala, coll. « Recherches internationales », 2011, p. 93-196. Il ne s’agit plus seulement de contournement de la censure, mais plutôt de construction d’une audience susceptible d’influencer les autorités. Il amène aussi à réfléchir, dans une perspective comparative, S. Arsène interroge le rôle effectif de la communication numérique dans le monde contemporain, loin des nombreux fantasmes nés au cours du « Printemps arabe »…
41 L’imaginaire transgressif des internautes n’a guère de limites, à condition de développer un certain savoir-faire, voir : S. Arsène, Internet et politique en Chine…, op. cit., notamment « La clôture du domaine public », p. 233-262 ou encore Séverine Arsène « De l’autocensure aux mobilisations. Prendre la parole en ligne en contexte autoritaire », Revue française de science politique, 2011/5, vol. 61, p. 893-915. Cet article détaille l’intérêt de la notion goffmanienne de « cadres » pour l’analyse des mobilisations en ligne en contexte autoritaire. Comme la plupart des travaux existants présupposent une opposition des citoyens par rapport à l’État, ils peinent à expliquer autrement que par la censure la relative faiblesse de la contestation des régimes politiques. Le concept de « cadres » permet de dépasser cet apparent paradoxe d’une manière nuancée, en attirant l’attention sur la participation des individus à la définition et au maintien de l’ordre social, mais également sur les malentendus, doubles sens et conflits d’interprétation, ou encore sur la dramaturgie des mobilisations. Cette idée est illustrée par une série d’entretiens en Chine.
42 Les données empiriques viennent souvent contredire le caractère systématique de l’interprétation de René Girard (critique formulée par Philippe Descola par exemple).
43 V. Geisser, M. Béchir Ayari, Renaissances arabes…, op. cit., p. 27-33.
44 Farhad Khosrokhavar, « Les révolutions arabes : révolutions de justice sociale et de liberté », Cultures & Conflits, no 83, automne 2011, p. 108-112.
45 À propos du désir d’accéder, comprendre : le désir de fuite important d’une partie de la jeunesse tunisienne après l’ouverture des frontières…
46 Pierre Puchot, La révolution confisquée. Enquête sur la transition démocratique en Tunisie, Paris, Actes Sud, 2012 ; Lucien Bianco, La révolution fourvoyée. Parcours dans la Chine du XXe siècle, Éditions de l’Aube, 2010, 228 p.
47 Pour la frustration comme ressort de mobilisation, voir Doug McAdam, Political process and the development of black insurgency: 1930-1970, Chicago, University of Chicago Press, 1982, p. 51.
48 Dans M. Valeri, Le sultanat d’Oman…, op. cit., p. 333.
49 « Entre ennui et absence d’illusions », in M. Valeri, Le sultanat d’Oman…, op. cit., p. 327-331.
50 Séverine Arsène, « Quand les internautes chinois prennent la parole : les nouveaux repères de l’identité », Hermès, 2009, no 55 (Société civile et internet en Chine et Asie Orientale), p. 17-22.
51 « Il est ainsi courant d’entendre les jeunes déplorer vulgairement la “société des garçons” à laquelle ils sont condamnés jusqu’à leur mariage. » L’auteur détaille ainsi les loisirs entre garçons, et les différentes échappatoires, dont le chat : « je fais du chat pour passer le temps. Je prends un pseudonyme de fille, comme ça, les filles discutent plus facilement. Mais il y a un problème : beaucoup de garçons font ça ! Et je tombe souvent sur des garçons quand j’appelle. » in M. Valeri, Le sultanat d’Oman…, op. cit., p. 330. Sur une approche ethnographique, voir Matthew Carey, « Entre rencontres et rendez-vous : stratégies marocaines de sexualité hors mariage », L’Année du Maghreb, 2010, no VI, p. 171-187.
52 Sihem Najar, « Les pratiques sociales de l’Internet et les transformations des identités et des liens sociaux au Maghreb », Méditerranée, 2011, no 116, p. 49-57.
53 M. Selim, art. cit.
54 D. Cardon, La démocratie Internet…, op. cit., p. 30.
55 Fabien Granjon, Julie Denouël, « Expression de soi et reconnaissance de singularités subjectives sur les sites de réseaux sociaux », Sociologie, 2010, no 1, 2010, p. 25-43.
56 Voir en ce sens Wilhem Reich, La Révolution sexuelle, Paris, Bourgois, 2003 (1970) sur l’importance des pulsions sexuelles dans la construction des processus révolutionnaires. Dans une dimension moins marxiste et psychanalytique, voir Anthony Giddens, La transformation de l’intimité sexuelle. Amour et érotisme dans la société moderne, Paris, Le Rouergue/Chambon, 2004, 265 p.
57 D. Cardon, La démocratie Internet…, op. cit., p. 40-42.
58 J. Baudrillard, chapitre « Pour une théorie de la consommation », La société de consommation, op. cit. : « La vérité de la consommation, c’est qu’elle est non une fonction de jouissance, mais une fonction de production – et donc, tout comme la production matérielle, une fonction non pas individuelle, mais immédiatement et totalement collective. »
59 Voir Jacques Ellul, De la révolution aux révoltes, Paris, Éditions de La Table Ronde, 2011 (1972), p. 43-70. Le constat d’une jeunesse qui se caractérise avant tout par sa dépossession à être – exister en autonomie – fera le sel du situationnisme, voir Laurent Chollet, Les situationnistes. L’utopie incarnée, Paris, La Découverte, 2004, p. 52-53.
60 Frédéric Rognon, « Préface », in J. Ellul, De la révolution aux révoltes, op. cit., p. 8.
61 J. Ellul, De la révolution aux révoltes, op. cit., p. 47.
62 Mais il est probable, une fois parfaitement intégrée au système de production, et donc en mesure de consommer pleinement, que les velléités révolutionnaires de la jeunesse s’estompent. Voir J. Ellul, De la révolution aux révoltes, op. cit., p. 43-70.
63 L’immolation de Mohamed Bouazizi le 17 décembre 2010 est le résultat d’une désespérance sociale – l’absence de toute perspective, le refus d’une exploitation outrancière par des personnes corrompues, etc. La dimension politique n’est pas, semble-t-il, prioritaire dans son geste…
64 Atlas des pays arabes. Des révolutions à la démocratie ? Paris, Éditions Autrement, coll. « Atlas/Monde », 2012, 96 p. Cet atlas propose une synthèse efficace sur les conflictualités, les rivalités de pouvoir, les peuples, le développement et les (r)évolutions. Il rappelle l’unité du monde arabe (autour d’une histoire commune et de l’arabité) et ses fragmentations internes (Machrek, Maghreb, Golfe). La seconde partie, « Pouvoir et politique », propose une typologie des régimes en place.
65 Herbert Marcuse, L’Homme unidimensionnel, Paris, Les Éditions de Minuit, 1968 (1964), 281 p.
66 Jacques Tarnero, Mai 68, la révolution fiction, Toulouse, Éditions Milan, 2008, 63 p.
67 On trouvera une déconstruction de cette vision dans J. Ellul, De la révolution aux révoltes, op. cit. Avec une limite importante à l’utilisation des outils méthodologiques de ce livre, c’est que son analyse est élaborée essentiellement à partir d’une vision occidentale, celle d’une critique des aspirations « révolutionnaires » de mouvements issus des sociétés démocratiques actuelles.
68 J. Ellul, De la révolution aux révoltes, op. cit., p. 326.
69 J. Ellul, De la révolution aux révoltes, op. cit., p. 28.