Un siècle de boxe anglaise dans le Nord
p. 81-101
Texte intégral
1En ce début de XXIe siècle, l’espace français des sports de combat s’est complexifié. En effet, le ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative recense plus de 180 sports de combat, arts martiaux… dont la plupart ne sont pas agréés par les pouvoirs publics (krav-maga, bando etc.).
2Les pratiques traditionnelles occidentales telles que la lutte, l’escrime, la boxe française et la boxe anglaise sont concurrencées par la montée des arts martiaux d’origine asiatique comme le judo, le karaté, le taekwondo, le muy-thaï… et par l’apparition de nombreux syncrétismes (ultimate, free-fight, vale tudo etc.).
3Dans le cadre de cet article, nous allons nous centrer sur les conditions socio-historiques d’émergence et de développement de la boxe anglaise dans l’hexagone afin d’éclairer le contexte régional avec ses formes historiques d’existence et d’expression, révélatrices de l’importance de la situation d’ancrage dans le Nord-Pas-de-Calais.
4Notre démarche qui tente de s’inscrire dans une histoire moderne, vise à replacer un objet technique, la boxe anglaise (B. A.) dans une évolution des pratiques physiques et des conditions sociales, à dépasser l’histoire événementielle et la vie des grands boxeurs pour aller vers une histoire plus compréhensive et contextualisée.
5Si les sources relatives aux données nationales sont abondantes, par contre, les difficultés d’accès aux informations régionales limitent l’ambition de cet article1. Alors que le Nord est le berceau d’un grand nombre de jeux traditionnels, qu’il dispose d’un patrimoine sportif conséquent, il n’existe à l’heure actuelle aucune politique de recherche et de valorisation des archives produites par le milieu sportif régional2. Ces dernières sont dispersées, d’autres sont en possession de particuliers3 mais aussi d’organismes privés (clubs, associations…) ou publics (archives départementales du Nord, du Pas-de-Calais, bibliothèques municipales de Lille, de Roubaix, d’Arras…) tandis que de nombreuses sources demandent encore à être localisées. La mise en place progressive du programme MEMOS (mémoire du sport) qui a pour objectif la recherche, la sauvegarde et la valorisation du patrimoine sportif et l’implantation au Centre des Archives du Monde du Travail de Roubaix des archives du sport (convention nationale entre le Ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports et le Comité National Olympique du Sport Français) devraient permettre à terme, une véritable politique de valorisation de la mémoire sportive et ludique afin de reconstituer les aspects essentiels de l’histoire locale.
6Notre corpus est construit à partir de la lecture d’ouvrages spécialisés dans les sports de combat, de journaux et périodiques régionaux4 et d’entretiens avec quelques rares « témoins » des transformations significatives de la B.A. régionale5.
Le noble art ou l’invention anglaise du combat aux poings
7Sans remonter au pugilat antique et à Thésée, héros grec fils d’Égée et roi d’Athènes, considéré comme l’inventeur de la boxe il y a plus de 2000 ans, la boxe de combat dans un ring ne remonte qu’au XVIIIe siècle en Angleterre avec un certain James Figg. Pour mettre hors d’état de nuire son adversaire, il se sert de ses poings, de ses pieds éventuellement, le plus souvent d’un bâton. Donc chez lui, il y a les linéaments de trois formes de pratiques pugilistiques : la B.A. où on se limite à faire usage de ses poings, la Savate avec les coups de pieds et enfin la canne d’arme. Le premier champion, ce sport étant réglementé, fut l’Anglais Jack Broughton qui fonde une Académie de boxe en 1742 et invente les premières règles : « London Prize Ring Rules » (combats à poings nus, durée des rounds limitée uniquement par la chute d’un boxeur, repos de 30 secondes alors accordé…). Les Anglais se passionnent pour ce sport violent. Lord Byron, grand amateur, s’est plu à raconter dans ses mémoires nombre de duels à coups de poings livrés par de grands seigneurs anglais. L’art du « boxing » donne lieu alors à des spectacles publics très courus où des champions se disputent une certaine somme fournie par des souscriptions d’amateurs. Les règlements pour les combats au finish restent en vigueur jusqu’au moment où furent appliquées, en 1891, les règles du marquis de Queensberry (port de gants obligatoire, durée des reprises limitée à trois minutes séparées par une minute de repos, catégories de poids…). Cette humanisation de la boxe va permettre sa diffusion planétaire et l’organisation de championnats du monde.
Les balbutiements de la boxe en France
8Malgré la présence de quelques boxeurs britanniques à Paris dès le milieu du 19ème siècle, la boxe anglaise a du mal à s’implanter car elle a un redoutable adversaire à battre : la Boxe Française (B.F.). Cette pratique, issue des techniques de bagarre populaire, la Savate utilisée par les mauvais garçons des « barrières » de Paris, s’est développée à partir de 1848 grâce aux frères Lecour qui, en combinant les pieds de la Savate et les poings de l’anglaise, créent une nouvelle discipline de combat, la B.F. Née à la fois du ring et du pavé, elle va se diffuser à l’armée, à l’école, dans les cercles mondains… pour atteindre son apogée à la fin du XIXe siècle grâce aux efforts de J. Charlemont qui en fait une pratique académique où l’assaut « courtois » est de rigueur : pas de corps à corps, arrêt à chaque touche réussie qui doit être annoncée…
9Les spectateurs français, adeptes de cette escrime des pieds et des poings, dénoncent la « barbarie » des rencontres de B.A. qui passionnent tant l’Angleterre et l’Amérique. Le poète Béranger stigmatise les sauvages combats des athlètes d’Outre-Manche :
Non, chez nous point. Point de ces coups de poings. Qui font tant d’honneur à l’Angleterre.
10Les assauts de B.A. sont peu goûtés du public en général en raison de leur violence et des dangers inhérents à cette pratique. J. Charlemont écrit :
La boxe telle qu’on la pratique en Angleterre et en Amérique ne peut dès à présent s’acclimater en France, notre tempérament s’y oppose. Quant à nous, nous ferons tous nos efforts pour qu’elle ne prenne pas racine chez nous. La boxe n’a rien à gagner du point de vue de son développement et de sa propagation en exhibant des spectacles aussi écœurants que ceux que l’on donne en exemple de l’autre côté du détroit. (1899, p. 26)
11Alors que les tireurs de boxe française sont applaudis et les boxeurs qui ne servent que de leurs poings sifflés et traités de brutes par les spectateurs, Louis Lerda, boxeur qui a passé son enfance en Amérique, va s’efforcer d’implanter la B.A. à Paris dès la fin du XIXe siècle en organisant des galas, combats où figurent des vedettes étrangères, à la salle Wagram. Cette mise en spectacle, alliée à une anglomanie et une sensibilité populaire aux nouveautés américaines, se combine avec une nouvelle sociabilité populaire (essor du music hall par exemple) et coïncide avec la diffusion des journaux qui utilisent le sport à des fins promotionnelles. Quelques journalistes spécialisés dont Léon Sée et Henry Dispan « éclairent » la foule sur le noble art et la virtuosité des actions sur le ring qui, au début, n’avaient soulevé qu’une curiosité générale puis rapidement un vif enthousiasme. L’acceptation de cette violence tient au changement de contexte de ce début de XXe siècle : la B.F., avec ses affrontements euphémisés et conventionnels, symbolise l’aristocratie et l’idéologie « Vieille France » qui est supplantée par la B.A., modèle de l’action, de l’endurance physique et du dépassement de soi encouragés par le capitalisme bourgeois triomphant. Suite à la loi 1901 sur les associations, la boxe anglaise, sous l’impulsion de quelques sportsmen anglophiles (Victor Breyer, Théo Vienne…) va jouer la carte de la sportivisation et du professionnalisme. Le 15 février 1903, la Fédération des Sociétés de Boxe est créée sous la présidence de Paul Rousseau et elle englobe la B.A., la B.F. et la Canne.
Une montée en puissance
12Des grands matchs de boxe sont organisés à la grande Roue et au Cirque de Paris. Dès lors, la B.A. est lancée en France et de nombreux champions vont assurer son succès populaire. On s’est habitué à ce qui semblait inadmissible et avec une soudaineté un peu déconcertante, les Français se sont épris de ce qu’ils avaient ouvertement réprouvé. Ils veulent voir des boxeurs, beaucoup de boxeurs venus tout exprès d’Outre Manche ou du nouveau Monde. La boxe amateur fait partie des Jeux Olympiques à partir de 1908. Des managers avisés tels que F. Descamps et M. Eudeline s’occupent des pugilistes professionnels et le premier championnat pro. a lieu en 1909. La Fédération Française de boxe remplace la F.S.B. et la B.F. qui a refusé le virage du sport spectacle et du professionnalisme périclite et ne constitue plus qu’une commission. À l’aube de la première guerre, quand on parle de boxe, il ne s’agit plus que de boxe anglaise !
13L’implantation des clubs en province s’explique par l’imitation du modèle des spectacles parisiens et par l’ambition d’une ascension sociale par le biais de la boxe. Comme le souligne A. Rauch :
Le succès créé autour de ces novices conditionne la formation d’un club ou d’une salle de boxe. Les soirées se multiplient et alternent les grands combats de champions nationaux avec ceux qui opposent des jeunes de la région, sortis des mines ou des ateliers avoisinants. (1992, p. 119)
14L’habitus des travailleurs manuels, le prestige de la force, l’espoir d’une promotion sociale les rend aptes à endurer les contraintes de l’entraînement et les affrontements du ring. Georges Carpentier, le plus grand pugiliste national, né à Liévin le 12 janvier 1894, illustre bien ce mouvement. Issu des corons, dans un décor plus proche de Germinal que du Moulin Rouge, ce galibot va s’illustrer en B.F. en devenant champion de France à 14 ans. Sous la direction de F. Descamps, son professeur à la Société de gymnastique de Lens « la Régénératrice », il se tourne très vite vers la boxe anglaise car elle est plus rémunératrice (il gagne 900 francs en 1909, 261 000 en 1913, 2 400 000 en 1921 lors de son championnat du monde contre J. Dempsey).
15Si Jean Desruelle qui développe la boxe française dans le Nord en ouvrant une Académie rue Saint-Georges à Roubaix en 1901, bénéficie d’une grande notoriété auprès de la bourgeoisie industrielle locale6, c’est son frère Hubert qui déclenche la liesse populaire en devenant champion de France de B.A. le 21 juillet 1907 au vélodrome Buffalo à Paris. Cet extrait du Journal de Roubaix du jeudi 25/07 l’atteste :
Environ 1500 personnes s’étaient portées à la gare, au devant du brillant champion… C’était à qui aurait adressé ses compliments et serré les mains au nouveau champion qui a été escorté par une foule nombreuse d’admirateurs jusqu’à l’Académie de Boxe où Hubert Desruelle a été de nouveau l’objet de chaleureuses ovations et de sympathiques félicitations.
16Des écoles de boxe apparaissent dans toute la région : le Sporting club de Lille, rue Sainte Catherine, est créé en 1909, Hubert Desruelle fonde dans les locaux du Gymnase Sébastopol une salle de boxe la même année, Oscar Staessens dirige une école de boxe à la Madeleine, Raoul Desquin entraîne au Boxing Club d’Anzin, le Boxe Club de Boulogne sur Mer ouvre ses portes en 1912…
17Le club phare de la région est l’Académie des Sports de Roubaix fondé en 1910 sous la présidence d’A. Bayart, avec comme professeur Édouard Dubus, et qui organise des galas tous les quinze jours et forme de nombreux compétiteurs. Ce « club doyen » rayonne dans la région jusqu’après la 2e guerre mondiale. Son influence est reconnue par le journal « la Boxe et les Boxeurs dans le Nord » où nous pouvons lire :
Il ne fait aucun doute que si la boxe a pris une telle extension dans le Nord, le mérite en revient pour beaucoup à nos grands promoteurs régionaux dont les marquants sont l’Académie des Sports de Roubaix depuis 23 ans sur la brèche et Cœur de Vey pour la région de Valenciennes. (n° 3, nov. 1933)
18Les meetings pugilistiques qui attirent une foule grandissante salle des Ambassadeurs à Lille, au Wonderland lensois, au Wonderland roubaisien, au Kursaal à Boulogne… mettent en scène des vedettes étrangères (José Jeannette, Franck Erne…), des champions régionaux (Van Paemel, les frères Gydé, Heintz) et la plupart du temps des exhibitions de lutte ou d’haltérophilie :
Après les épreuves des poids et haltères, trois belles exhibitions de boxe furent faites et emballèrent le public qui ne ménagea pas les applaudissements. (Artois Sports, mars 1913)
19Le public nordiste recherche et apprécie l’intensité des émotions provoquées par la durée des spectacles pugilistiques, les qualités « d’encaisseur », de courage et d’engagement physique des protagonistes.
20L. Trénard et Y.-M. Hilaire dans leur Histoire de Lille constate l’engouement pour la boxe :
Un troisième spectacle apparaît dans les années qui précèdent la guerre : la boxe. Les premières rencontres publiques sont organisées en 1909… Les organisateurs multiplient les rencontres de boxe à l’Hippodrome lillois, dans la salle de l’Orphéon de Fives-Lille. En 1913, la boxe est devenue aussi populaire que le football et le cyclisme. (1999, p. 145)
21La première guerre mondiale va bloquer temporairement l’essor de la boxe. Les rencontres sont interdites mais à Paris quelques réunions ont lieu à l’Académie Maîtrot, 31 rue Vivienne, où des combats sont disputés par des boxeurs réformés ou permissionnaires. L’entrée est gratuite mais les spectateurs se cotisent pour donner des primes aux boxeurs. Notre région, quant à elle, est le théâtre de combats qui n’ont hélas rien de sportifs…
La grande époque de la boxe
22Après la victoire, la boxe reprend ses droits et figure au programme des Jeux Interalliés organisés au stade Pershing.
23L’irrésistible ascension du boxeur lensois G. Carpentier va servir de « moteur ». L’ancien galibot, déjà champion d’Europe en 1912, traverse pour la première fois l’Atlantique pour disputer et remporter le championnat du monde des poids mi-lourds le 12 octobre 1920. Sa défaite, le 2 juillet 1921, contre le poids lourd Jack Dempsey est vécue comme un désastre national :
À Paris, dans toute la France, toute une nation interrogeait le ciel où des avions devaient signaler notre victoire ou notre défaite. Car ce n’était plus sa victoire ou sa défaite : c’était notre victoire, notre défaite… Lorsqu’une petite étoile bleue qui signifiait la défaite, tomba du ciel, les visages se durcir et des larmes brillèrent dans bien des yeux. (G. Peeters, 1944, p. 60)
24La création de la Fédération Internationale de Boxe Amateur (FIBA qui deviendra A.I.B.A. en 1946) marque la prise de distance de la boxe amateur et s’inscrit dans le droit fil du courant coubertinien et des Jeux Olympiques, vis à vis de la boxe pro.
25La diffusion par la radio (TSF) des reportages des grands matchs et les titres de la presse écrite qui met en jeu le star système autour de quelques vedettes (G. Carpentier, B. Siki puis E. Criqui « le roi du K.O. ») attisent la popularité de la boxe.
26Dans le Nord, cette dernière connaît une nouvelle ère de prospérité. De nombreux clubs ouvrent leurs portes : le Boxing Club Lillois, l’Étoile des mines d’Ostricourt, le Club Pugilistique Courrierois, l’Athlétique Boxing Club de Calais etc. Cette effervescence qui fait du Nord une région phare de la boxe est marquée par l’émergence des « mineurs – boxeurs ». Facteur d’intégration toujours, de promotion parfois, la boxe joue un rôle social encouragé par les municipalités et les Houillères. « Il fallait être courageux pour descendre à la mine et cela se voyait sur le ring. » observe le journaliste de la Boxe dans le Nord. Certains embrassent la carrière professionnelle, certes très loin des mirifiques conditions des vedettes internationales. Le salaire de boxeur représente un complément pour les mineurs du coin. À l’image plus tard des « footballeurs ouvriers » de Sedan, ces boxeurs jonglent alors entre la mine et la salle. Pas d’entraînement ou presque au menu de ces boxeurs. Comme le reconnaît E. Trisset du Boxing Club d’Arenberg-Wallers :
le physique venait du boulot. On allait au charbon de bon cœur.
27Le casque de boxe succède au casque de mineur… M. Pallier, journaliste, constate :
Le Pas-De-Calais a été de tout temps une pépinière de boxeurs, le rude travail de la mine prédisposant au dur métier de la boxe. (Les Sports du Nord, 26/12/194)
28Dans un contexte économique difficile, le mythe de l’ascension sociale grâce au sport fonctionne bien.
29De nombreux galas sont organisés et attirent la foule.
La salle du Cristal Palace avait été choisie et fut trop exiguë pour contenir la foule des « Calais – Nordais » avides de contempler un sport dont ils avaient été sevrés. (Calais Sports, 24/12/1921)
30La salle des Ambassadeurs, avec ses 1800 places en plein centre de Lille, est le théâtre de grands meetings pugilistiques, le Palais de la boxe à Valenciennes attire plusieurs milliers de spectateurs pour les galas organisés par Cœur de Vey dans les années trente. La multiplication des cinémas dans les grandes villes (Lille, Roubaix, Valenciennes) a développé l’habitude de se divertir en commun dans des salles bondées7.
31Les spectateurs apprécient l’opposition entre deux types de combattants : les « cherreurs », boxeurs teigneux, cogneurs qui font le forcing et dont les qualités pugilistiques moindres sont compensées par une combativité à toute épreuve et les « scientifiques », fins techniciens, calculateurs et méthodiques qui attendent une ouverture pour déclencher une frappe décisive. À titre illustratif, nous pouvons lire dans la presse sportive régionale, à l’occasion des épreuves éliminatoires des championnats de boxe amateur :
Les nombreux amateurs du noble art auront de quoi être satisfaits. Les fervents du cherrage et de la bataille seront servis à souhait et ceux qui préfèrent la boxe scientifique ne regretteront pas non plus leur déplacement. (Calais Sports, 10/12/1921)
32Cette opposition de styles se manifeste dans cet extrait du récit d’un combat entre deux novices :
La science lui fait encore défaut mais quelle combativité. Pendant quatre rounds, pas d’esquives ni de feintes mais une avalanche de coups. Son adversaire se prouva plus fin, plus « escrimeur » si l’on peut employer cette expression, son jeu de jambes fut particulièrement remarqué. On sent chez lui le désir de faire de la belle boxe. Ses poings frappent avec précision et ses esquives sont très scientifiques. (Calais Sports, 24/02/1922)
33Les nombreuses confrontations pugilistiques stimulent le sentiment d’appartenance en produisant de l’identité collective, en renforçant les liens communautaires. Ce campanilisme, qui s’exprime par le biais du supportérisme est parfois dénoncé par les médias :
Nous demandons seulement au nombreux public calaisien de se montrer, au cours des combats à hauteur de sa réputation de sportivité. Il est parfois difficile de réfréner ses ardeurs chauvines. Mais que chacun y mette un peu de bonne volonté (Calais Sports n° 70, juin 1922, à l’occasion de la rencontre Calais-Boulogne).
34Les rencontres interrégionales ou internationales (franco-belge, Nord-Kent…) permettent de défendre l’image du Nord, d’exalter les valeurs « chtimi » :
Serrons nous les coudes plus que jamais ; aimons et défendons nos régionaux, ils le méritent amplement et s’il faut avant être sportif, il ne faut jamais oublier non plus de rester « Nordistes ». (La Boxe dans le Nord, n° 2, nov. 1933)
35Le combat devient une métaphore de la rencontre intercommunautaire. La victoire n’est plus seulement celle de l’athlète, elle est celle de tous ses supporters dont il est le porte-parole et le symbole. Au-delà du cas de G. Carpentier qui a dépassé le cadre régional, C. Humez né à Hénin-Liétard, l’homme aux 400 combats amateurs, champion de France et d’Europe poids moyens (décédé en 1979) illustre les qualités septentrionales (courage, ténacité, simplicité, convivialité…) qui le font tant apprécier du public.
36Dans le but de maintenir l’essor de la boxe, indépendamment des championnats officiels, et de conquérir un nouveau lectorat, de nombreux challenges sont organisés : Challenge du journal l’Auto qui est l’épreuve de masse la plus importante mais aussi le Gant d’Or du Petit Parisien, le Critérium des As de l’Écho des Sports… Le Comité de l’Association Sportive des Flandres décide, en 1933, de créer le « Tournoi pour la ceinture des Flandres » réservé aux boxeurs seniors professionnels régionaux. Les rencontres se déroulent à Lille, au Palais de la Boxe, et le vainqueur touche 1500 francs.
37Certains boxeurs, avides de compétitions et soucieux de gravir rapidement les échelons de la notoriété, utilisent le processus des « défis » dont les règles sont fixées par l’article 16 des statuts de la F.F.B. :
Il est permis à tous les boxeurs qualifiés de lancer au tenant d’un titre des défis pour ce titre de champion. Ces défis devront être adressés à la F.FB. Chaque défi devra être appuyé, pour en garantir la sincérité, d’un enjeu caution dont le montant est fixé, pour les championnats régionaux à 200 francs.
38Ce procédé qui permet également de créer du battage publicitaire dans la presse, est déjà utilisé avant-guerre puisqu’en 1909, dans le journal l’Écho du Nord, F. Descamps qui désire accélérer la carrière de son « poulain » lance un défi à tout adversaire ne dépassant pas 52 k. Il offre une somme de 100 francs à qui battra G. Carpentier en B.F. ou en B.A. ! Sa réputation étant établie, F. Descamps réclamera 12 500 francs au manager de B. Blake qui lui a lancé un défi en mars 1914… Le bi-mensuel la Boxe dans le Nord, « organe sportif de boxe, lutte, poids et haltères », fourmille d’annonces de défis qui viennent pimenter les nombreux galas :
Wales du Boxing Club Hellemois lance un défi aux boxeurs Jablonski, Kid Jean, Chirez et Dubois. Pour conclure, écrire à M. Hilmoine Félix, professeur, 42 rue du Docteur Verhaeghe (n° 11, 1934).
39Ce mode d’interpellation directe, inspiré de la lutte et des spectacles forains, perdure mais de façon plus anecdotique jusqu’après la deuxième guerre puisqu’on peut lire dans le journal Artois Sports :
Eugène Lhoterie du Club pugilistique de Sous-le-Bois, lance un défi à tous les poids moyens du Nord et du Pas-de-Calais… Le boxeur Richard Henry de l’Avant Garde de Grenay relève le défi lancé par Lhoterie de Maubeuge. (11/03/1947)
40La boxe entre les deux guerres a donc pris, dans notre région, une place de choix. Son développement constant et son étonnante progression touchent villes et villages et pénètrent tous les milieux. Des « comingmens » se révèlent un peu partout tandis que des titres de champions de France et d’Europe (V. Deckmyn, P. Gydé, E. Mascart, C. Humery…) élisent domicile à Lille et Roubaix.
41Après l’armistice, le sport sous le régime de Vichy bénéficie d’une audience incontestée et la Fédération Nationale de Boxe profite de cet engouement. G. Peeters peut parler du :
prodigieux succès populaire et financier obtenu par le sport pugilistique en France durant les années d’exception qui ont suivi l’armistice. (1944, p. 137)
42À quoi attribuer cette recrudescence d’intérêt accordé à la boxe ? Tout d’abord au besoin de « légèreté » des Français dans cette période troublée (d’où le succès du music hall et du théâtre), à l’absence de rencontres internationales dans les sports d’équipe, à la volonté de favoriser le développement physique par le Commissariat Général aux Sports… Marcel Cerdan qui est la vedette numéro un du pugilisme français remporte le championnat d’Europe des mi-moyens en septembre 42 et établit le record de la recette pour une réunion de boxe en France (1 420 000 francs). Du fait du fractionnement du territoire français en deux zones quasi étanches, la F.N.B. instaure deux championnats professionnels par catégories : un championnat Z.O. (zone occupée) et un Z.N.O. (zone non occupée).
43En Province, la boxe connaît un succès sans précédent grâce à des matchmakers actifs comme Grémeaux dans le Nord qui recrée un esprit d’émulation parmi les nombreux boxeurs amateurs et professionnels de la région et plus particulièrement autour de Lille. Selon le journaliste des Sports du Nord :
Le sport pugilistique est sans nul doute, celui qui a repris le plus d’extension depuis les événements de juin 40 ; on ne peut nier, en effet, qu’il est certainement le seul à avoir reconquis une activité au moins égale à celle qui régnait avant-guerre. (30/01/42)
44La quarantaine de clubs nordistes crée un esprit de concurrence grâce aux nombreuses réunions qu’elle organise.
Le sport pugilistique compte de nombreux fervents dans notre région. Rien d’étonnant puisque de tout temps, le Nord fut une pépinière de boxeurs. On ne doit pas se montrer surpris que les réunions organisées depuis un an tant dans la région des Flandres qu’à Maubeuge, Cambrai, Valenciennes, aient connu le plus grand succès. (Les Sports dans le Nord, 10/01/42)
Un inexorable déclin
45Si dans l’euphorie de la Libération et de la starisation de Marcel Cerdan (champion du monde en 1949), la boxe continue à séduire les foules et à attirer des pratiquants, dès le début des années 50, la régression s’amorce. Quelques indicateurs nous semblent démonstratifs. Tout d’abord la saignée des effectifs tant amateurs que professionnels : le nombre de licenciés passe de 15620 en 1950 à 7201 en 1970 (alors que la tendance générale est à l’accroissement pour les autres fédérations). Le nombre de réunions décroît rapidement et le public se raréfie hormis pour quelques grandes affiches. L’espace occupé par les informations relatives à la boxe dans les journaux se restreint aux chroniques des combats de quelques champions.
La boxe ne fait plus recette à Paris. Bien qu’il y ait eu à l’affiche de la réunion de lundi soir, au Palais des sports, un ancien champion du monde, Alphonse Alimi, le public ne s’était dérangé qu’en très petit nombre. (La Croix du Nord, 13/04/60)
46Dans le journal La Voix des Sports, « Le grand hebdomadaire sportif régional (Nord, Pas-de-Calais, Aisne et Somme) », la boxe n’est plus présente qu’à la rubrique omnisports avec les boules, la marche, l’aviron… Nous pouvons y lire :
Les dirigeants berckois avaient mis sur pied pour ce samedi de Pentecôte un gala de boxe. L’affiche, pourtant alléchante, avait attiré un public restreint et c’est devant de nombreuses chaises vides que cet intéressant gala a eu lieu. (17/06/63)
47Quels sont les facteurs explicatifs de cette « descente aux enfers » ?
48La boxe professionnelle souffre jusqu’au milieu des années 80, selon le président de la F.F.B. de cette période B. Restout, de charges fiscales trop lourdes au regard de la taxe sur les spectacles (3e catégorie à partir de 1951), ce qui entraîne la presque totale suppression des rencontres professionnelles ou mixtes. Les grands organisateurs de matchs tels que G. Benaïm, J. Bretonnel, C. Michaelis… disparaissent du « boxing-business » et aujourd’hui, il ne reste plus que la société A.B. Stars des frères Acariès.
49La boxe pro. se décrédibilise par la faute de dirigeants irresponsables. Le grand public ne comprend plus rien à une discipline qui sacre des champions du monde un peu partout. On compte aujourd’hui une douzaine de fédérations internationales (à côté des trois fédérations majeures WBA, WBC, IBF, il y a les autres WBO, IBC, WBU…) sans parler de la prolifération des catégories de poids (17). Le ridicule est atteint avec les « lourds légers » (trop minces pour boxer dans la catégorie reine des lourds mais trop gros pour combattre avec les vrais mi-lourds ! )8.
50Même les spécialistes tournent le dos à la boxe pro. Considéré comme la « bible » de la boxe, Ring Magazine, fondé en 1922, a décidé de ne plus reconnaître aucune fédération et de décerner lui-même ses titres. En dépit de résultats sportifs probants (F. Tiozzo, M. Monshipour, J.-M. Mormeck, champions du monde actuels), la télévision9 ne diffuse plus que quelques combats (33 heures en 2002). La création d’une ligue de boxe professionnelle (moins de 400 boxeurs sous licence professionnelle) en 2005 sous l’impulsion de J.C. Boutier, va-t-elle sauver ce qui peut l’être ?
51La conjoncture de facteurs hérités de l’après-guerre entre aussi dans la compréhension de cette chute progressive : la montée de la tertiarisation, l’avènement des loisirs, le pouvoir de l’image… renouvellent les goûts sportifs et les rapports au corps face auxquels le sérieux de la boxe et la sacralisation de la force qu’elle intériorise n’ont plus guère de crédits. On assiste à une perte des valeurs du travail manuel et de la puissance physique. La montée des valeurs esthétiques, les transformations de la représentation du corps (beauté, minceur…) et l’euphémisation des affrontements interpersonnels renvoient la boxe à une « contre culture ». Comme le fait remarquer A. Rauch (1992), alors que les spectacles de boxe en France, au début du XXe siècle étaient porteurs de modernisme, teintés d’exotisme anglo-saxon, aujourd’hui cette culture de la force, cette morale de l’effort, cette acceptation de la douleur et de la mortification du corps… apparaissent ringardes dans une société « postmoderne » centrée sur les progrès du confort, la recherche de sécurité, l’hédonisme…
52La boxe ne peut plus séduire que les couches les plus populaires voire défavorisées (immigrés, minorités ethniques), celles qui n’ont que leurs poings pour lutter et leur courage physique pour se faire respecter. La violence des coups et les blessures sur le ring prennent alors l’accent d’une tragédie sociale. Le destin de Raymond Famechon, relaté par A. Philonenko, est exemplaire. Dernier-né d’une famille nombreuse, vivant dans le Nord au pied du terril, avec ses corons, ses pavés, ses maisons noires de fumée ; dans ce contexte social difficile, hormis le sport professionnel (football ou boxe) il n’y avait guère d’issue pour dépasser la misère. R. Famechon, paveur, choisit la boxe à Maubeuge. Plusieurs fois champion d’Europe poids plume, il meurt en 1974, à 54 ans, dans le dénuement le plus complet, quasiment aveugle ! L’origine populaire des boxeurs transparaît dans la profession des boxeurs amateurs qui remportent la finale des championnats des Flandres, salle R. Salengro à Lille, en 1963 : M. Vandomme (ACF Dunkerque) tourneur, B. Brunet (S. Hénin) cimentier, F. Macquart (BC Gamaches) verrier, J. Machrzac (EP Somain) ajusteur…
53Le succès du catch, à partir du milieu des années 50, relègue la boxe au second plan.
Dans une société de plus en plus tertiarisée, l’usage primaire de la force musculaire s’est effacé au profit de la dimension spectaculaire et expressive du corps et des gestes… le catch, pantomime de la violence alors qu’en boxe, un combat reste toujours un drame. (A. Rauch, p. 250)
54Le succès du catch montre que le public a acquis une distance à l’égard de la force brute et privilégie le simulacre et l’évitement du spectacle de la souffrance réelle. Le catch, descendant de la lutte foraine professionnelle, va forger sa notoriété grâce aux retransmissions télévisuelles de l’ORTF (et les commentaires truculents de R. Couderc et G. De Caunes) et « spolie » dans ses propres salles, la boxe de ses supporters. Il faut y voir un signe du temps, un contexte historique où la médiation des signes construit de nouveaux modèles corporels, gestuels, esthétiques, plus sensibles aux marques de l’apparence et aux fonctions de représentation. Comme le note C. Lamoureux :
dès lors ce serait à la violence jouée qu’iraient désormais les faveurs du public. (1993, p. 127)
55Nous pouvons certainement retrouver dans ce spectacle sportif populaire, proche du théâtre (les pratiquants s’apparentent autant à des athlètes qu’à des comédiens) quelques traits de l’éthos du sport ouvrier : exaltation du défi, apologie de la force (même mimée), éloge de la filouterie… Cela explique que la plupart des grands clubs sont implantés dans les zones fortement industrialisées et les villes moyennes du Nord, Nord-Est de la France (Dunkerque, Bruay en Artois, Valenciennes, Reims). Le public, qui boude les réunions de boxe, se précipite pour suivre des rencontres où le spectacle l’emporte sur l’authenticité des affrontements.
L’AGP organise un grand gala de catch au foyer communal, sous la présidence de Monsieur Pad, maire de Béthune. Il est incontestable que les combats de catch attirent toujours autour du ring de nombreux amateurs avides d’émotion et de plaisir. Cinq combats sont prévus au cours desquels défilera toute la gamme des manchettes et des clefs qui font le succès d’un sport aussi spectaculaire que le catch. (L’Avenir de l’Artois, 27/11/1955)
56Si la période des années 70 annonce le déclin du catch français10, la percée des arts martiaux japonais, judo puis karaté et le renouveau de la boxe française exacerbent la concurrence pugilistique au détriment de la boxe anglaise.
La boxe en France ne brille plus comme autrefois… la boxe nordiste a encore marqué le pas en 1974. (La voix des Sports, 6/01/75).
57Ce constat pessimiste est confirmé un peu plus tard :
Au moment où la boxe vit des jours difficiles, c’est devant un public restreint que s’est déroulé au Marché couvert, le premier gala de la saison à Berck… (La voix des Sports, 22/03/76)
58La compte région ne plus, en 1974, que 33 clubs et moins de 400 pratiquants…
59Pour essayer de relancer la boxe, Jean Letessier, Directeur Technique National de la F.F.B., va s’appuyer sur les enseignants d’E.P.S. pour mettre en place la boxe éducative (boxe sans recherche de puissance pour les enfants de 11 à 16 ans) et dynamiser les championnats de boxe scolaire et universitaire à l’UNSS. Après un démarrage difficile, c’est un succès et pour la saison 78 la boxe éducative représente près de 40 % des effectifs du Comité Régional des Flandres. L’Académie de Lille, sous l’impulsion de L. Batigne et de J.-M. Gibbal professeurs d’E.P.S. à l’Université, organise le premier championnat de France universitaire après-guerre11. Des enseignants d’E.P.S. sont nommés C.T.R. dans la région (F. Morin, C. Ambitte) et favorisent l’ancrage scolaire de la boxe.
60Malheureusement, dans les années 80, le nouveau D.T.N. Marcel Bertola croit judicieux de faire reculer la boxe éducative (B.E.) qui se porte alors très bien pour abaisser l’âge du début de la pratique de la boxe amateur à 13 ans afin de favoriser le haut niveau. Les répercussions engendrées par cette « réforme » sont catastrophiques, à savoir : une chute vertigineuse des licences de B.E. et aucune recrudescence (quantitative et qualitative) chez les amateurs. Durant la saison 88/89, la boxe éducative, sur le plan régional, ne compte plus que 79 licenciés !
Une sortie de crise ?
61Face à la montée des périls et dans un espace des sports pugilistiques recomposé12, la F.F.B., pour récupérer des « parts de marché », joue actuellement la carte de la diversification de l’offre en proposant des nouveaux produits à un public segmenté. Ainsi, la licence loisir permet à des adultes de bénéficier des bienfaits de l’entraînement sans passer par l’épreuve du combat. La boxe éducative a été relancée sur le plan national et attire de nouveau des jeunes. En 2001, elle représente 50 % des effectifs régionaux. L’ouverture de la boxe à la pratique féminine à la fin des années 9013, malgré les réticences initiales, commence à porter ses fruits : les féminines représentent déjà 18 % de l’effectif total des licenciés du Comité Régional des Flandres en 2003 (dont le président est une femme, Jacqueline Henouil). Le nombre de licenciés est en augmentation et les résultats sportifs sont encourageants : Boulhakras et Sow en équipe de France amateur, Ouabaali, Kétoum, champions de France professionnels…). De nouveaux clubs sont créés à Calais, Villeneuve d’Ascq, Avesne sur Helpe…
62Si Montherlant avait bien raison de dire que la boxe est un sport qui laisse une place au génie, notre article illustre son ancrage dans une culture locale et cet effort de contextualisation nous a permis de dépasser le stade des croyances, des anecdotes et de l’impensé pour tenter de saisir les évolutions de cette pratique avec ses latences, ses conflits, ses surdéterminations qui l’ont placée entre ombre et lumière.
63Pour paraphraser A. Malraux, le XXIe siècle sera sportif ou ne sera point. Mais, dans cette société post-industrielle et « informationnelle » qui se dessine, le futur sportif avec ses pratiques de glisse et autres cybersports laisse-t-il encore un avenir à des assauts et à des échanges de coups non-virtuels ?
Bibliographie
Sources et bibliographie
Ouvrages
Chemin M. (1991), La boxe dans son siècle, éd. la Sirène, Paris.
Devost C. (1885), Manuel de la Boxe Française et Anglaise, méthode Leboucher, librairies de J. Taride, 3e éd.
Dorville C. (2004), Des pieds et des poings : la Boxe Française. La nouvelle jeunesse d’un vieux sport français, Revue du Nord. Pratiques et spectacles dans le Nord de la France, XIXe-XXe siècles, n° 355, 273-295.
Dorville C., GRESSER B. (2000), Femme et boxes : une mise aux poings, congrès mondial Sports de Combat et Arts Martiaux, Amiens.
Fleurigand C. (1910), Jeux, sports et grands matchs, Firmin-Didot et Cie imprimeurs éditeurs, Paris.
Lamoureux C. (1993), La grande parade du catch, P.U. du Mirail, Toulouse.
Moreau J. (1911), La Boxe Anglaise, Bibliothèque Larousse.
Peeters G. (1944), La Boxe, noble art, Vigot, Paris.
Philonenko A. (1991), Histoire de la Boxe, éd. Le Critérion, Paris.
Rauch A. (1992), Boxe, violence du XXe siècle, éd. Aubier, Paris.
Schira G. (1943), De la Boxe, éd. Jusse, Paris.
Trenard L., Hilaire Y.-M. (1999), Histoire de Lille, éd. Perrin.
Bulletins et Périodiques
La boxe dans le Nord (1933,1934), n° 1, 2,9-13
La Boxe et les boxeurs (1910), n° 9-15
Euro Boxe (1977-1982), n° 7-69
France Boxe (1952-1995), n° 34-152)
Flandres Boxe (1990), n° 1
Mondial Boxe (1979), n° 1-3
Uppercut (1984), n° 1-6
Journaux et Archives
Artois Sports (1946), E 43, A.D.P.D.C., (Archives Départementales du Pas-de-Calais)
Avenir de l’Artois (2000), 7446, A.D.P.D.C.
Calais Sports (1921), E 74, A.D.P.D.C.
Dunkerque Sports (1910) Jx 137, A.D.N.(Archives Départementales du Nord)
Écho du Nord (1914), Jx 248, A.D.N.
La croix du Nord (1960), Jx 1603, A.D.N.
La Voix des Sports (1963), Per 786, A.D.N.
Le Rush (1912), G 134, A.D. P. D. C.
Les Sports du Nord (1942), Jx 333, A.D.N.
Notes de bas de page
1 Ce constat avait déjà été établi pour une étude publiée dans la Revue du Nord, n° 355, relative à la Savate Boxe Française régionale.
2 Le Comité Régional des Flandres de la F.F.B. ne dispose d’aucune archive. L’informatisation des données il y a quelques années s’est traduite, hélas, par la destruction des archives papier qui avaient survécu aux déménagements… Les numéros d’affiliation à la fédération ou d’agrément des clubs à la D.R.J.S ne correspondent plus à leur généalogie.
3 Nous avons abondamment puisé dans l’extraordinaire bibliothèque privée de M. Lucien Batigne qui nous a ouvert généreusement sa collection de livres et de revues.
4 Outre les revues spécialisées telles La Boxe et les Boxeurs, France- Boxe, Euro-Boxe… nous avons « épluché » des journaux généralistes et sportifs régionaux tels que L’Avenir de l’Artois, Le Rush, la Voix des Sports, l’Écho du Nord… ainsi que les archives de quelques associations comme les Amis de Lille…
5 Notre implication dans le milieu fédéral des sports de combat nous a permis d’interviewer quelques « passeurs de mémoire » comme L. Batigne, S. Raynaud (C.T.R.), B. Huon, R. Descamps et G. Pochet dont les « aïeux » ont participé en tant qu’athlètes ou dirigeants à l’identité de la boxe régionale.
6 Il figure dans Le dictionnaire biographique illustré du Nord. Son influence sur l’évolution de la B.F. régionale est développée dans notre article cité en note 1.
7 C’est en 1907, à l’estaminet de la Table ronde, rue de la vieille Comédie, qu’on voit à Lille le premier cinéma permanent. Et juste avant la guerre, on compte déjà 24 cinémas qui peuvent recevoir 10 700 personnes et qui sont tous pleins le dimanche !
8 Certaines fédérations poussent même le « vice » jusqu’à reconnaître deux champions par catégories. La WBA sacre ainsi un champion « normal » et un « super champion ».
9 TF1 et France Télévision s’étant retirées de la boxe, il ne reste plus que Canal Plus et les chaînes pay-per-view.
10 La résurrection du catch aux U.S.A. est liée à la sortie du film « Rocky III l’œil du tigre », en 1981, où Sylvester Stallone livre un fameux combat contre un catcheur colosse, ce qui a permis de relancer la machine à spectacle.
11 L’Académie, qui est une région pionnière pour les sports de combat, organisera par la suite d’autres championnats de France universitaires en regroupant boxe anglaise, boxe française et lutte ainsi qu’un championnat de France scolaire à Saint Saulve.
12 De nouvelles formes d’affrontement plus « réalistes », plus efficaces ? (full contact et aujourd’hui boxe thaï) attirent beaucoup les jeunes des banlieux précarisés sur le plan économique et social qui constituaient le fonds de clientèle classique de la boxe anglaise.
13 Nous avons approfondi cette question lors d’un colloque à Amiens consacré aux sports de combat et dont le lecteur peut trouver la référence en bibliographie.
Auteur
Maître de conférences en socio-psychologie à la Faculté des sciences du sport, membre du laboratoire Sport, Identité, Culture, université de Lille 2.
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