1 Dirigé par Gilles Richard, ce projet de thèse s’intitule « Les organisations trotskistes françaises à l’épreuve des unions de la gauche entre 1972-1984 ». Il a pour ambition de comprendre la façon dont les organisations trotskistes françaises principales (Lutte Ouvrière, Organisation Communiste Internationaliste, Ligue Communiste Révolutionnaire) ont réagi à l’évolution profonde du champ politique à gauche au cours des années 1968 qui s’est caractérisée, outre par une insubordination ouvrière intense, par l’avènement de la stratégie d’union de la gauche à partir de 1972 incarnée par le Programme Commun de Gouvernement de Gauche. « Cette union sans unité » entre le Parti Communiste Français et le Parti Socialiste, acte sans précédent à gauche depuis le programme commun du Rassemblement Populaire dans la perspective des élections législatives de 1936, constitua une épreuve politique pour l’ensemble des organisations trotskistes.

2 Entretien réalisé le 15 décembre 2012.

3 Entretien réalisé le 19 septembre 2013.

4 Pierre Laborie, Les Français des années troubles : de la guerre d’Espagne à la Libération, Paris,Seuil, 2001, p. 8.

5 Danièle Voldman, « Définitions et usages », in La bouche de la vérité ? La recherche historique et les sources orales, IHTP-CNRS, Paris, 1992 ; Henry Rousso, La Dernière Catastrophe, Paris, Gallimard, 2012.

6 Marc Ferro, L’histoire sous surveillance, Paris, Gallimard, 1985.

7 Robert Frank, « la mémoire et l’histoire », in La bouche de la vérité , op. cit., p. 34.

8 Bien que le contenu d’un document écrit soit a priori fixé, son contenu aurait pu tout à fait être dissemblable s’il avait été rédigé à un autre moment, plus tôt ou plus tard, ou par les soins d’une autre personne qui aurait pu tout à fait utiliser d’autres mots pour décrire une même réalité. Ainsi, le document écrit est lui aussi le résultat d’une contingence certaine.

9 Robert Frank, « la mémoire et l’histoire », art. cit., p. 35.

10 La Ligue Communiste Révolutionnaire vit le jour en 1975, succédant à la Ligue Communiste née en avril 1969 de la fusion organique entre les militants du Parti Communiste Internationaliste et l’immense majorité de la Jeunesse Communiste Révolutionnaire, toutes deux alors dissoutes à la suite de la plus massive grève de l’histoire sociale européenne qui se déroula au mois de mai et juin 1968. Elle fut dissoute officiellement par le décret du 28 juin 1973 suite aux graves violences qui émaillèrent la contre-manifestation organisée le 21 juin 1973 par le Bureau Politique de la Ligue Communiste dans le but d’empêcher physiquement la tenue du meeting, Salle de la Mutualité, de l’organisation néo-fasciste Ordre Nouveau.

11 Marie-Claire Lavabre, Le Fil Rouge, sociologie de la mémoire communiste, Presses de la fondation nationale des sciences politiques, Paris, 1992.

12 Ibid., p. 21.

13 Paul Ricœur, op. cit, p. 145.

14 Robert Frank, « la mémoire et l’histoire », art. cit., p. 35.

15 Karel Yon, « Modes de sociabilité et entretien de l’habitus militant. Militer en bandes à l’AJS-OCI dans les années 1970 », Politix, vol.18, 70, 2005, p. 137-167.

16 Né officiellement le 8 février 2009, à la suite de son congrès de fondation, le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) avait alors pour ambition de réunir en son sein les différentes traditions révolutionnaires du mouvement ouvrier français, c’est-à-dire tous ceux qui avaient pour principal dénominateur commun de se définir comme anticapitaliste, dans l’espoir d’offrir un débouché organisationnel et électoral à ceux et celles qui se sentaient, selon les propres mots des dirigeants de l’ex-LCR qui furent à l’origine de ce processus constituant, orphelins d’une représentation politique crédible et désirable à la gauche du Parti Socialiste.

17 Robert Frank, « la mémoire et l’histoire », art. cit., p. 34.

18 Renaud Dulong, Le Témoin oculaire. Les conditions sociales de l’attestation personnelle, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 1998.

19 Ibid.

20 Il s’agit ici du témoignage dans sa forme orale, mais il faut rappeler, au risque de se répéter, qu’un témoignage écrit, tant qu’il est « provoqué » directement par l’historien, peut être confronté lui aussi à des modulations dans le temps.

21 Nous retrouvons ici le lien de causalité qu’entretiennent en permanence le passé et le présent.

22 Les autres facteurs pouvant influencer grandement le contenu d’un témoignage à un moment T peuvent être ce qui relève des conditions dans lesquelles se déroule l’entretien : le lieu de l’entretien, le rapport qu’entretient le témoin au chercheur interrogateur, la façon dont le chercheur est perçu par le témoin, l’état d’esprit dans lequel se trouve le témoin au moment précis de l’entretien, la forme même que prend l’entretien (libre, directif, semi directif), le choix des mots employés par le chercheur pour construire ses questions, le choix des mots du témoin qui se fait aussi en fonction du champ lexical que possède le témoin au moment de l’entretien afin de verbaliser, exprimer sur demande du chercheur ses pensées, ses souvenirs, ses interprétations. Tous ces facteurs sont susceptibles de peser sur le contenu final du témoignage. Si un ou plusieurs de ces facteurs sont amenés à être modifiés, le contenu du témoignage en tant que tel peut également connaître des modifications sensibles.

23 Entretien du 27 novembre 2013.

24 Ancêtre de la LCR, la Ligue Communiste, fondée en avril 1969, est la conséquence de la fusion organique entre le Parti Communiste Internationaliste et la Jeunesse Communiste Révolutionnaire, deux groupements politiques dissous à la suite du décret du 12 juin 1968. L’organisation trotskiste, forte de plusieurs milliers de militants et sympathisants organisés, essentiellement implantée dans la jeunesse scolarisée, fut dissoute par décret daté du 28 juin 1973 à la suite des fortes violences politiques qui sont survenues dans la sphère partagée en réaction à la tenue du meeting de l’organisation Ordre Nouveau (ON) à la Mutualité à Paris le 21 janvier 1973.

25 Entretien du 13 octobre 2012.

26 Dominique Veillon, « La seconde guerre mondiale à travers les sources orales », art. cit., p. 55.

27 Florence Descamps, L’Historien, l’archiviste et le magnétophone. De la constitution de la source orale à son exploitation, Comité pour l’histoire économique et financière, 2001, p. 561.

28 C’est le cas notamment de Dominique Veillon qui à partir de témoignages de résistants entre 1946 et 1985, chercha à comprendre à travers les décennies les évolutions qu’ont pu subir cette multitude de mémoires particulières toutes reliées à un passé commun, celui « des années noires » et à saisir les interactions entre elles et la mémoire collective du groupe des résistants et de l’ensemble français. Dominique Veillon, « La seconde guerre mondiale à travers les sources orales », art. cit.