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Chapitre 6. La réception au tamis de la médiation : sur quelques limitations d’une approche des publics et de leurs discours dans L’Hebdo du Médiateur
p. 159-172
Texte intégral
6.1. La prise en compte de la réception dans la médiation : écueils initiaux et orientations
1La prise en compte du discours critique des téléspectateurs sur l’information délivrée par France 2 expose celui qui s’y intéresse sur une certaine durée à l’obstacle immédiat de l’éclatement des perspectives selon lesquelles on peut l’appréhender. Cet éclatement, on ne s’en étonnera pas, est lui-même lié à la grande disparité thématique des occasions de réagir auxquelles le téléspectateur est soumis au long d’une année d’actualité télévisée1 ; il est, par ailleurs, associé également aux modes divers de réaction potentielle sur une même question. L’approche d’un tel matériau nécessite par conséquent quelques mises au point liminaires qui seront déclinées dans ce chapitre.
2Il ne saurait s’agir ici de faire une recension des traditions de recherche en matière d’analyse de la réception ; en même temps, on ne peut faire l’économie de ce qui, dans ces multiples lignées, peut se révéler utile pour positionner les questions que laissent apparaître les remarques des téléspectateurs.
3On envisage donc de préciser, dans ce qui suit, un certain nombre de perspectives en rapport avec les dimensions prioritairement discursives mises en relief dans l’approche proposée. Ceci passe notamment par l’identification du caractère public de ces remarques et de ce que cela implique à l’égard du téléspectateur. Il semble alors légitime de considérer la forme de représentation du téléspectateur que cela engage et d’envisager les images de publics qui se trouvent ainsi figurées.
4C’est sur cette base, reliable par bien des aspects aux diverses théories de la réception élaborées depuis plusieurs décennies, que pourront ensuite être appréhendés les propos effectivement produits par les téléspectateurs. Un tel cadrage apparaît, en tout cas, comme l’une des voies susceptibles de “pré-organiser” un matériau offrant la double résistance de son caractère foisonnant dans l’ensemble des aspects critiques développés et de la polysémie de chaque remarque prise isolément.
6.2. La réception : un phénomène fondamentalement discursif
5La question de la réception de l’information télévisée que laisse apparaître, en filigrane, une émission comme L’Hebdo du Médiateur est celle de l’accès à la façon dont les gens, face à leur écran, réagissent à telle ou telle image ou à tel ou tel élément verbal l’accompagnant. Avoir accès directement à la réception que les téléspectateurs ont de ces discours – iconiques et verbaux – qui figurent l’information d’un jour donné sur une chaîne comme France 2 est l’objectif d’une émission qui a d’abord une vocation d’éclairage des pratiques et des logiques téléspectatorielles de “compréhension2” des informations qu’elle diffuse.
6On doit néanmoins s’interroger d’emblée sur les modes d’accès à cette réception : peut-on jamais identifier la réception-comme-pratique autrement que par le biais du discours qui tente de l’expliciter ? Peut-on imaginer une approche de la réception qui pourrait faire l’économie du commentaire du sujet sur ce qu’il estime avoir été sa réception ?
7De telles questions ont un intérêt avant tout heuristique : elles permettent d’immédiatement identifier que les phénomènes de réception ne sont accessibles que par le biais du discours explicitant qui leur donne forme et sens. Y compris pour le sujet lui-même vis-à-vis de sa propre réception : mettre en mots et en sens ses modes de réaction face à une information est une voie somme toute assez courante pour en réaliser ses propres modes de compréhension – qu’ils soient spontanés ou plus distanciés. A fortiori pour le téléspectateur d’une telle émission, la réception d’une information par telle partie du public de la chaîne ne sera identifiable que sous la forme du discours adopté pour en rendre compte. La réception-comme-pratique ne peut donc être que l’inférence opérée à partir du discours qui en fait état : ce n’est qu’à partir de ce qui est dit de la médiatisation d’une occurrence événementielle donnée dans le discours critique d’un téléspectateur que l’on peut en inférer que sa réception de cette médiatisation a été ceci ou cela.
8Les phénomènes de réception sont donc des phénomènes qui par nature réclament la médiation du langage : pour être perceptible dans une émission où elle est le propos central, la réception a besoin de s’exprimer dans des termes qui non seulement rendent compte de réactions à une information mais aussi du travail qu’a pu être cette réception. A l’offre discursive qu’est l’actualité télévisée répond une autre offre discursive qui est la réception de cette actualité par un téléspectateur – qui pourra d’ailleurs, dans certains cas, décider de se présenter comme porteur d’une parole collective. Ce sont donc aussi des figurations de publics – plus ou moins larges – que pourront venir exprimer ces réactions au-delà de ce qu’elles viennent commenter, nuancer, contester…
9On voudrait en tout cas insister sur le fait que ces réactions ont une double caractéristique : elles sont – du côté du téléspectateur – la résultante du choix de les rendre publiques et – du côté de France 2 – la résultante d’un autre choix qui est la décision de les publier :
la conversion d’une réception privée en réception publique est un choix qui engage celui qui décide de faire part, hors de son cercle propre, de ses réactions à l’information. Outre la forme d’engagement que cela peut signifier, cela révèle le choix de formes discursives pour porter cet engagement. Le caractère volontaire de ces réactions permet en tout cas d’entrevoir qu’on ne saurait confondre la réception comme « décision de réagir publiquement » avec la réception envisagée plus largement comme tentative de mettre à jour les réactions de téléspectateurs en dehors de toute décision de publicisation de celles-ci par le sujet. Cela a tendance à montrer qu’une partie du public entend ne pas être simplement ce « tiers symbolisant », cette instance capable de nourrir des attentes relatives au format typique d’un genre qui serait ici le journal télévisé et à son « bon déroulement3 » (Relieu, Brock, 1995). Ce public est, dans l’interstice ouvert par l’émission, la frange active d’un public qui saisit l’occasion de prendre figure concrète – mais en aucun cas totale – pour exprimer ses réactions à l’information diffusée, transposant du même coup la figure du tiers vers un médiateur assurant les régulations nécessaires entre le public4 et les journalistes de la chaîne. Ce public, en même temps, n’est qu’une face publique, à un moment donné, d’un public beaucoup plus large et excédant par bien des façons les modes de réactions publicisés. On ne saurait donc entendre ici la notion de public qu’au pluriel – comme le corpus des adresses critiques à la chaîne le montrera,
la décision par la chaîne de rendre publiques ces réactions – ou, du moins, une partie d’entre elles – est un aspect qui doit permettre de préciser ce qu’il faut entendre par réception dans le contexte spécifique de l’émission. Dès lors qu’il y a apparition à l’écran d’une critique émanant d’un téléspectateur, on peut estimer que la publicisation de cette critique modifie le “cadre communicationnel5” de celle-ci. Ce qui s’exprimait au nom d’une réception individuelle devient, selon le principe réaffirmé de la représentativité des propos publicisés, une parole portant au-delà d’elle-même un sentiment collectif. La forme discursive adoptée pour ne signifier, dans la plupart des cas, qu’une perception singulière se trouve investie d’un sens qui, par l’écho qu’on en donne, est censé correspondre à une collectivité d’opinion sur un problème de médiatisation – ou ce qui est ressenti comme tel. La visibilité qu’acquiert une réaction ainsi “haussée” dans l’agenda critique dont l’émission entretient la mise à jour régulière est aussi ce qui en autorise la mise en débat ; et c’est bien cette mise en débat entre téléspectateurs et journalistes de tel ou tel point de vue estimé représentatif qui permet de saisir les formes de controverses relativement typées dont la réception est l’objet dans une émission de médiation sur l’information comme celle-ci. Ceci oriente donc vers l’observation des formes de justification que les participants à de tels débats mobilisent dans de telles circonstances – depuis la justification de celui dont le reportage est mis sur la sellette et publiquement exposé à des démarches d’explicitation de ses pratiques professionnelles jusqu’à celle du téléspectateur tentant de signifier au nom de quoi il réagit de cette façon plutôt que d’une autre. Dans un cas comme dans l’autre, le caractère souvent très focalisé de tels débats sur des points pouvant apparaître comme particulièrement localisés à telle question singulière affleurant dans l’actualité de tel moment particulier est potentiellement porteur des enjeux essentiels de la réception. Sans doute est-ce par le “jointoiement” de ces détails sur lesquels les téléspectateurs s’arrêtent que quelques pans communs des modes de réception qu’ils mobilisent pour donner sens à l’actualité – par delà les images et les mots qui leur en sont délivrés – peuvent être identifiés.
10C’est, au total, la rencontre de ces deux volontés et de ces deux décisions de publicisation qui configure le discours de la réception dans L’Hebdo du Médiateur : décision d’émettre un avis rendant compte de la façon dont on a pu recevoir une information et de donner forme publique à ce qui souvent reste au stade de ressenti individuel d’un côté, décision de faire apparaître une/ quelques réactions symboliques d’une réception collective de l’autre.
6.3. Audience et réception : un public doublement saisi
11Au long de ces deux dernières décennies, durant lesquelles la diversification de l’offre télévisuelle et multimédia s’est sensiblement accrue, la façon dominante d’envisager la question de la réception, sur le terrain professionnel de l’audiovisuel, a été de la formuler en termes essentiellement quantitatifs : volumes de public, durées de “consommation”, fréquences et régularités de pratiques de certains programmes ont été les dimensions privilégiées par des chaînes qui – dans un système concurrentiel où l’enjeu de faire valoir la possibilité d’exposition de volumes significatifs de publics à des annonceurs contribuant au financement des chaînes est déterminant – ont généralement estimé ces données comme indispensables à leur pilotage stratégique6. Dans une telle logique, le public se trouve en quelque sorte réduit à « n’être qu’un marché » (Proulx, 1998, 193), à être pris sous l’angle de sa solvabilité et de son potentiel de consommation, comme donnée chiffrée négociable au sein de pratiques liées à la socio-économie du marché publicitaire et des clients de ce marché.
12Dans une conception audimétrique de ce type, « la prédominance du modèle quantitatif, imposant sa marque à l’objet qu’il prétend mesurer » (Le Grignou, 2003, 62) a tendance à provoquer un certain nombre d’effets d’indistinction sur ce qui peut différencier, dans des perspectives moins “sommatives”, un public d’un autre. Le fait que la quantification opère, dans un tel modèle, par critères permettant d’agglomérer des données – dans des logiques dictées de l’extérieur par des marchés sur lesquels, à l’aide de ces outils, on tente de se positionner – plutôt que dans une logique de différenciation permettant de mieux comprendre les spécificités de consommation télévisuelle de certaines composantes de cette audience apparaît comme un obstacle à la compréhension des publics. C’est en ce sens que l’on peut dire, avec D. Dayan (2000, 433), que « les audiences masquent les publics ».
13Corrélativement, l’étude de ces audiences et les « parts » selon lesquelles (on voudrait qu’) elles se répartissent reposent sur une conception où toute pratique n’entrant pas dans la logique segmentée des découpages permettant de décomposer l’audience est hors de propos c’est-à-dire hors de l’objectif classificatoire a priori. Le « plaisir d’être un public » et la « volonté de se reconnaître en lui », parce qu’ils ne s’inscrivent guère dans les frontières stables et définies des indices de répartition de l’audience, constituent des éléments d’un discours indicible du public, en totale incompatibilité avec des mesures quantitatives d’audience ; ce qui conduit à partager le constat de S. Chalvon-Demersay (1998, 50) selon lequel « la connaissance des publics est de moins en moins dépendante de leur intervention directe ». Dit autrement, ce qui était supposé être la voie vers l’“expression” d’une réception de ce qu’un téléspectateur peut regarder à la télévision – et choisir d’apprécier, de rejeter, de tolérer… – est justement ce qui l’enferme dans le cadre d’indices et de catégorisations empêchant l’expression véritable et l’explicitation des choix opérés.
14Dans ce cadre, tout discours relatif au public est un discours sur le public, produit à partir des résultats que les techniques de mesure d’audience ont permis de mettre à jour ; le discours du public, lui – c’est-à-dire le métadiscours qu’il tient lui-même sur sa pratique et le sens qu’il lui donne – a alors toutes les chances d’être inaudible parce qu’inintégrable dans de quelconques mesures et même inaperçu comme une façon de révéler l’existence de publics.
15Avec l’introduction de la médiation7, tant des programmes que de l’information, à France Télévisions, c’est une évolution vers des formes qualitatives de prise en compte de la réception qui se met en place8. Le téléspectateur n’est plus strictement réduit à une logique, souvent binaire, de réaction à ce qui lui est proposé : regarder ou ne pas regarder, accepter ou refuser le programme/le traitement de l’information qu’on lui livre. Le modèle de prise en compte du téléspectateur et de son discours sur lequel repose la médiation est sous-tendu par le principe d’une participation qui l’envisage non comme en situation d’absorber – ou de ne pas absorber – une offre mais comme un négociateur de celle-ci. Si cette “négociation” a certes des limites et si le modèle qui l’inspire n’est pas sans avoir quelque parenté avec certaines visées d’audience qui ne se déclarent pas forcément comme telles9, elle permet, pour le moins, de s’éloigner d’une conception où recevoir l’information se limiterait à simplement émettre un « accusé de réception » (Proulx, 1998) de celle-ci ; elle esquisse notamment des possibilités de se porter en « accusateur » éventuel des “principes” selon lesquels elle est faite10 et de laisser apparaître à quel point l’éventail des significations attribuables à une information, à un programme est ouvert.
16Cela ne saurait signifier pour autant que la participation du téléspectateur à l’évaluation de ce qui est diffusé par la chaîne correspond à un pouvoir effectif du public, susceptible d’avoir des effets directs sur la façon de médiatiser ou de concevoir des programmes11. C’est davantage dans la reconnaissance symbolique du pouvoir de juger du téléspectateur et dans la décision non moins symbolique de lui reconnaître une place légitime dans le processus de l’information que la médiation constitue une tout autre façon d’aborder le public que celle sur laquelle reposent les études d’audience12. La visée, dans la médiation, n’est plus, comme dans les mesures d’audience, un acteur tiers – le secteur publicitaire – auquel le public serait soumis pour l’optimisation de stratégies commerciales ; elle est dans la relation au public lui-même et l’identification réciproque, par le public et les journalistes, des façons de recevoir les conceptions et les discours de l’autre. Ces modes d’identification ne sauraient guère entrer dans des grilles a priori et c’est, sans nul doute, dans la distinction mais aussi le recoupement progressifs des modes de réaction de chacun que ces discours peuvent signifier ce qu’est la réception – bien au-delà des logiques quantificatrices des mesures d’audience.
6.4. Téléspectateur actif et formes réactives adoptées
17L’hypothèse consistant à penser qu’une information n’est pas forcément reçue comme elle a été conçue est, sous l’apparente évidence d’une telle formulation, une piste fondatrice non seulement de l’existence mais aussi de l’intérêt de la médiation de l’information. Envisager l’information comme autre chose qu’un strict apport de connaissances sur le monde à un sujet censé les ignorer apparaît comme une conception de l’information qui n’est pas sans validité auprès de certains journalistes et qui, en même temps, bouscule certaines des conceptions de base du journalisme. De cet écart entre ce que le journaliste pense avoir montré ou avoir dit et ce que le téléspectateur en perçoit, en comprend et en accepte, il y a les composantes multiples de la réception-comme-activité : c’est-à-dire, bien au-delà du décodage d’un sens préconstruit, le travail interprétatif du téléspectateur réinvestissant dans le discours médiatique des éléments d’appréhension et de compréhension du phénomène médiatisé propres à une “lecture” singulière de celui-ci13.
18On voit bien, en tout cas, que la représentation implicite du téléspectateur sur laquelle repose la proposition de médiation de France Télévisions est celle d’un téléspectateur actif – ou du moins supposé-agissant, à de nombreux niveaux, vis-à-vis de l’information qui lui est donnée.
19C’est donc d’une représentation du téléspectateur envisagé comme passif et vulnérable aux stratégies des médias que l’on s’éloigne avec la médiation. Il faut sans doute se rappeler, à cet égard, que la représentation d’un public passif, généralement associée à une vision massive et indifférenciée de celui-ci, est une conception qui, si elle a pu – voire peut encore – avoir cours dans le monde professionnel de l’audiovisuel, et notamment dans le secteur journalistique de celui-ci, a aussi été une caractéristique implicite de certains travaux scientifiques concevant les médias comme avant tout destinés à des « masses »14. La question de l’usage15 des médias doit par conséquent s’affiner en question de l’usage des informations dispensées par un média spécifique comme l’est France 2 – ou comme voudraient que le soient encore davantage certaines parties de son public. Les façons dont le public des téléspectateurs est susceptible de faire usage de ces informations sont dès lors révélatrices d’une activité interprétative s’exerçant à leur propos. Et ce sont bien les formes diverses de cette activité qu’il s’agit, dans la médiation, de mettre à jour et de confronter. Encore faut-il ne pas omettre de considérer tout ce qui conditionne cette activité interprétative avant la médiation et dans la médiation.
20Si l’exposition aux médias et à leurs messages est, ainsi qu’a pu le montrer P. Lazarsfeld (1944), une exposition sélective16, il apparaît que l’activité interprétative à laquelle on soumet les messages auxquels on s’est exposé est, elle aussi, sélective. On peut raisonnablement penser que l’identité individuelle et sociale du téléspectateur et les valeurs auxquelles il adhère contribuent à structurer le regard qu’il porte sur l’information. Les systèmes de valeurs dans lesquels il s’inscrit et les types de discours circulant socialement qui véhiculent ces valeurs constituent le cadre à partir duquel il va appréhender le discours de l’information qui lui est soumis et face auquel il va exercer un double choix : celui de s’y exposer et celui d’éventuellement y réagir.
21Ces réactions, bien au-delà de simples manifestations épidermiques, signifient la volonté de mettre en avant un certain nombre de croyances et de valeurs qui pourront être significatives à différents niveaux, dont on pourra constater qu’ils ne sont pas toujours étroitement liés – comme on pourrait s’y attendre – aux phénomènes de médiatisation.
22Saisissant l’occasion de l’évocation d’un problème social lors d’un reportage télévisé, certaines remarques seront ainsi, en quelque sorte, très peu “média-centrées” et laisseront apparaître un usage, pour ainsi dire, dérivé de l’émission consistant à focaliser non sur les modalités et les enjeux de la médiatisation du problème mais sur le problème lui-même.
23Dans la plupart des cas, néanmoins, ce seront bien les difficultés soulevées par le traitement médiatique de tel ou tel problème qui constitueront le cœur du discours réactif et du débat qui s’ensuivra ; ce qui n’empêchera pas un tel débat d’offrir, dans un certain nombre de cas, quelques échappées extra-médiatiques vers les valeurs et les croyances qui ont généré la critique, faisant refluer la question médiatique vers les questions sociales qui, au fond, agitent les téléspectateurs et motivent fondamentalement leur prise de parole.
24Le téléspectateur actif auquel une telle émission offre la parole est, comme on peut le pressentir, la figure croisée de toutes les identités qui le composent et qui peuvent être activées, selon leur opportunité propre, dans telle ou telle circonstance de contestation d’une information. On ne saurait donc séparer l’activité du téléspectateur des “postures” dans lesquelles elle est susceptible de se formuler et de se légitimer : en ce sens, le contenu critique du propos est inséparable des données situationnelles à partir desquelles il s’exprime – plus ou moins explicitement – et des identités sociales qui s’y trouvent convoquées.
6.5. L’activité téléspectatorielle comme résistance
25Le fait d’exprimer un désaccord quant à la façon dont une information a été traitée peut être globalement compris comme une forme de résistance du public au sens qu’une rédaction tend à conférer à cette information. Sous l’attitude d’opposition manifestée par tel ou tel téléspectateur, c’est bien une double revendication qui s’exprime implicitement :
le réel-référent ne saurait avoir de sens unique – celui que lui “donne” un journaliste, une rédaction – pas plus qu’univoque et donc susceptible de s’exprimer par la voix dominante d’une interprétation journalistique venant coiffer la voix multiple des acteurs sociaux s’exprimant sur ce référent,
le sens donné à ce réel-référent en production est susceptible d’être confronté à d’autres sens concurrents, élaborés en réception.
26On pourrait dire que L’Hebdo du Médiateur est, au fil de ses numéros, la réaffirmation constante, côté public, de ce double principe ; ce qui permet de vérifier que le sens d’une information, c’est d’abord « ce qu’en actualise la lecture » (Tétu, 1999, 1-10) du récepteur de celle-ci. Ainsi peut sans doute s’observer, à travers de nombreux exemples révélateurs de la variété des modes de réception adoptés, que la place prévue pour le destinataire17 de l’information dans le discours de l’actualité n’est pas forcément celle investie par le récepteur effectif18.
27La médiation est donc le croisement de deux opérations de lecture :
ce que le téléspectateur considère, chez le journaliste, comme une façon de lire le réel-référent et qu’il vient contester en s’adressant au médiateur,
ce que l’émission, par son dispositif, met en place, à savoir une lecture négociée19 du discours de l’information entre ceux qui la conçoivent et ceux qui la reçoivent. Ici, c’est la façon de lire adoptée par le journaliste en 1) qui est elle-même l’objet d’une lecture critique et donc d’une négociation entre les arguments des concepteurs de l’information et des récepteurs de celle-ci. Le discours évaluatif du téléspectateur sur le discours de l’information pourra alors, lui-même, être de deux ordres :
en conformité, en résonance avec le sens revendiqué par le journaliste. La forme la plus affirmée de cet accord pourra être la louange adressée à la rédaction ou des formes, plus ou moins modulées, de compliment. A d’autres occasions, un tel partage de conception pourra s’exprimer sous des formes plus concessives mais exprimant néanmoins une convergence entre les points de vue,
en opposition, en tension avec ce sens. Ces critiques pourront exprimer des formes oppositionnelles diverses : depuis la contestation du fait que l’on parle de quelque chose (principe de sélection20) jusqu’à celle condamnant les termes dans lesquels on en parle (mode de traitement) en passant par la mise en question du moment où il a été décidé que l’on en parlerait (type de hiérarchisation).
28Dans les deux cas – dont on ne s’étonnera pas que le second soit plus fréquent que le premier – s’expriment, au-delà des interventions ponctuelles sur tel ou tel cas particulier, des systèmes de croyances plus généraux, des adhésions à des discours interprétatifs préalables qui peuvent être considérés comme autant de formes d’interdiscours au sein du public. On pourra, en première approximation, distinguer deux axes principaux de répartition des remarques des téléspectateurs :
la représentation du pouvoir de l’information et la conception des effets qu’elle peut, selon eux, avoir : depuis les façons dont elle est supposée concerner – ou ne pas concerner – le public ou une partie de celui-ci jusqu’à celles où on envisage les conséquences qu’elle est susceptible d’avoir sur le public ou sur telle partie de celui-ci21,
la représentation de la nature de l’information : depuis les façons selon lesquelles le téléspectateur considère qu’il s’agit, selon lui, d’une information jusqu’à celles où il va dénier cette qualité au discours tenu par le journaliste.
29De l’un à l’autre et au travers de réactions qui, chez le téléspectateur, ont tendance à signifier que le premier surdétermine le second – la mesure des effets ressentis sur soi ou sur son environnement proche amenant fréquemment à contester la pertinence de la délivrance du discours de l’information et/ou la forme qui lui a été donnée – se déclinent les formes principales de résistance que les téléspectateurs mobilisent face aux journalistes. Dans ce mouvement se dessinent en creux, par conséquent, les valeurs fonctionnant comme étalon d’acceptabilité, chez le téléspectateur, de l’information délivrée par la chaîne.
30C’est l’ajustement, par l’expression de ces formes de résistance, des valeurs dont le téléspectateur de France 2 est porteur et de celles usuellement défendues par le service public de télévision que la médiation de l’information tente de mettre en œuvre. La position critique du téléspectateur qui constitue le socle d’une telle émission s’intègre donc dans une dimension plus large où ce sont ces principes du service public qui fonctionnent comme système de référence – mais avec des usages argumentatifs variables, des téléspectateurs aux journalistes. Intégré à ce qui s’apparente à un observatoire de l’information et en situation de veille critique sur la qualité de cette information, le téléspectateur, en passant de la consultation/consommation de l’actualité télévisée aux postures d’analyste/évaluateur de celle-ci, est placé en situation d’exercer une forme d’influence sur la rédaction de la chaîne – ou du moins, d’en avoir le sentiment, comme compensation symbolique à l’influence ressentie des messages médiatiques sur lui-même ou ses proches.
6.6. Recevoir la réception de l’autre
31Si la médiation de l’information est, certes, la possibilité pour le téléspectateur d’exprimer la façon dont il a reçu une information, elle est aussi l’occasion, pour les journalistes de la chaîne, de dire comment ils reçoivent cette réception.
32Participer à cette émission lorsqu’on est journaliste, c’est d’emblée accepter d’occuper une double place :
celle de concepteur22 de l’information, prêt à élaborer un métadiscours sur le reportage discuté, ses conditions de production, les obstacles matériels rencontrés…
celle de répondant à la réception qu’a pu en avoir tel ou tel téléspectateur : réagir à ces réactions, c’est alors identifier ce qui les fonde et adopter, ici encore, les postures adaptées. En ce sens, les démarches de justification des pratiques dont on peut penser qu’elles constituent l’essentiel du discours des journalistes au cours de la médiation méritent d’être envisagées comme des stratégies de réponse mais aussi – et peut-être avant tout – comme des révélateurs des présupposés journalistiques en matière de conception de l’activité et des indicateurs des perceptions identitaires selon lesquelles les journalistes se considèrent comme groupe attaché à la défense de certaines valeurs qui les unissent.
33Lorsqu’on tente d’identifier le discours correspondant à la place de « répondant » qu’est donc amené à occuper le journaliste dans de telles circonstances, on peut constater que c’est l’opération même de “lecture” du réel qui, au fond, se trouve contestée – et notamment son fondement essentiel qui est la pluralité des lectures possibles.
34La défense, par les journalistes, d’une conception référentielle de l’information, se fondant sur des valeurs de reproduction et de fidélité au réel, apparaît alors, par sa régularité à propos de cas très divers, comme un trait caractéristique de la réception journalistique à la réception téléspectatorielle : la dimension interprétative est entièrement renvoyée du côté du public et la résistance journalistique aux discours oppositifs des téléspectateurs est fréquemment d’abord guidée par la réticence à considérer que la pratique du journalisme se situe aussi du côté de certaines formes interprétatives de la réalité. La volonté journalistique de “transparence” au réel est alors ce qui a tendance à gouverner la plupart des réponses, selon une double focalisation :
le rappel quasi-constant des conditions de production comme explication de ce qui est ressenti comme insuffisance de l’information,
la reformulation des principes guidant l’action et certains constats d’écarts – généralement perçus comme « dérapages » – par rapport à ces principes comme reconnaissance d’une anomalie, voire d’une faute venant renforcer le sens du principe.
35La question du discours échappe généralement à de tels modes de réponse, le sens étant considéré comme inscrit dans la réalité et non dans le regard qu’on porte sur elle ; il s’agit alors d’observer et d’analyser les obstacles ou les manquements qui, au sein de la pratique, ont pu empêcher d’accéder à cette transparence.
36Dans une telle conception, le discours n’est pas – ou rarement – considéré comme une difficulté propre à la construction du sens dans l’opération de médiatisation ; point aveugle du débat, le discours apparaît comme pouvant être idéalement adéquat au réel qu’il est censé désigner.
37Et c’est bien le fait que, dans la médiation, l’information ne soit plus unidirectionnelle mais renvoyée, dans sa compréhension, par ceux qui la reçoivent à ceux qui la conçoivent, qui permet d’éclairer les limites d’une conception du journalisme envisagé selon une logique d’enregistrement et de reproduction de l’univers référentiel.
38Il faut néanmoins souligner que cette “réception du discours de l’autre” ne saurait se limiter à ces formes externes que l’on considérera comme :
de premier niveau lorsque le téléspectateur réagit au discours de l’information de la chaîne,
de deuxième niveau lorsque le journaliste est amené, dans l’émission, à réagir aux réactions critiques du téléspectateur.
39Des formes de réactions plus internes – au sens où elles restent encloses dans une même communauté discursive23 – doivent ici être signalées comme des déclinaisons qui, à l’intérieur de l’essentielle dimension externe qui fonde la médiation, sont instructives sur la façon dont des identités différenciées peuvent se discerner dans les façons de prendre la parole ou d’utiliser des arguments :
du côté du public, la façon dont certaines fractions du public reçoivent la réception d’autres fractions du public pourra être révélatrice des formes de partage interprétatif de la réception par le(s) public(s) des discours de l’information24 mais aussi des formes de tension, voire de lutte, qui opposent un public à un autre. On peut alors tenter d’explorer la voie selon laquelle une communauté discursive pourrait être composée de plusieurs communautés interprétatives, chacune se construisant dans l’adoption de positions semblables – ou comparables – par rapport à une même question de médiatisation et venant éventuellement s’opposer à d’autres positions,
du côté des journalistes, les discours adoptés par les journalistes présents sur le plateau de l’émission pour définir, expliciter, justifier leur activité pourront, par-delà les proximités de représentation qui s’en dégagent, être considérés comme des indices d’une identité sociale du journaliste en débat dans la communauté professionnelle elle-même – notamment sur des aspects comme celui de sa responsabilité sociale.
40Dans une telle configuration, le rôle du médiateur, consistant à solliciter de nouvelles strates métadiscursives visant à faire commenter, par le téléspectateur sur le plateau, les réactions journalistiques à la réception de l’information choisie comme point de départ du débat, apparaît comme celui qui assure in fine la circulation du discours dans l’ensemble de ces dimensions.
6.7. De la ponctualité réceptive aux traces d’une réception généralisable
41Comment, à partir de “réactions situées” – au sens où elles s’inscrivent dans le contexte spécifique de réception d’une information à un moment donné –, peut-on tenter de mettre en œuvre une typologie des modes de réaction des téléspectateurs à l’information que France 2 leur délivre ? Ceci signifie prendre en compte une série de difficultés et, d’emblée, poser les nécessaires éléments de relativisation du travail entrepris :
nulle garantie n’existe quant au fait que les réactions constatables à l’écran puissent être considérées comme un échantillon représentatif des réactions reçues et gérées en amont de l’émission hormis l’affirmation, réitérée par le médiateur, de cette représentativité, qui fonctionne alors comme un élément du contrat implicite entre le téléspectateur et l’émission,
la plupart des remarques critiques portant sur une information spécifique (ou un aspect spécifique de celle-ci) n’en sont pas moins polysémiques – et donc potentiellement intégrables à différents aspects d’un questionnement, lui-même large, sur la réception de l’information télévisée –,
le travail de catégorisation des types d’adresses critiques ne saurait par conséquent être thématique mais au contraire se voudrait suffisamment transversal pour laisser apparaître des attitudes critiques ayant certaines systématicités, quel que soit le thème par rapport auquel elles sont originellement exprimées.
42On privilégiera donc comme repérage des types de réactions, et des objets déclencheurs de celles-ci, ce que l’on a appelé le premier niveau externe : les réactions des téléspectateurs sélectionnées par le médiateur comme représentant des communautés interprétatives25 mais en les croisant d’un thème à un autre. Elles constitueront, par les types de convergences qu’elles laisseront apparaître dans le corpus des émissions et les paradigmes critiques qui s’en dégageront, la base d’analyse de ce qui a été appelé le second niveau, développant les contre-réactions journalistiques aux adresses critiques des téléspectateurs.
43Le fait qu’à cette double dimension externe puissent être associées – voire intriquées – ces sortes d’auto-regards, que l’on a décidé de considérer comme internes au public des téléspectateurs mais aussi au public que deviennent les journalistes observateurs et commentateurs de leur activité, montre bien que la médiation, même orientée vers l’autre, est aussi affaire de relation à soi – ou au public qu’on contribue à constituer. Cela montre aussi que la médiation, quoiqu’émergeant toujours à propos de questions spécifiques, doit être resituée selon les enjeux transversaux que ces spécificités laissent apparaître.
Notes de bas de page
1 On renverra, sur ce point, le lecteur au tableau 2 du chapitre 4.
2 Ces formes “compréhensives” multiples sont aussi bien des acceptations que des rejets, des désaccords que des accords, des dénonciations que des manifestations empathiques…
3 Les remarques concernant la hiérarchisation de l’information dans le journal télévisé semblent caractéristiques, de ce point de vue.
4 Et donc, en l’occurrence, pas seulement celui représenté, dans une émission donnée, par un certain type de réaction.
5 On pourra, sur ce type de problématique et notamment par rapport à la question des problèmes publics, se reporter aux stimulantes réflexions de Battegay (1992) et Battegay-Boubeker (1993).
6 Audience moyenne, audience cumulée, audience en entier, durée d’écoute individuelle et autres critères mobilisés dans ce type d’étude ont pour caractéristique commune de laisser apparaître des données d’exposition d’une audience, laissant à l’écart la relation, fondamentale, aux discours – produits dans les programmes et par ceux qui s’y sont trouvés exposés – qui permettent d’identifier des publics ou, du moins, des éléments de constitution et de reconnaissance de ceux-ci.
7 Et avec le développement conjoint de services interactifs permettant une large expression des avis des téléspectateurs.
8 On peut considérer, d’une certaine façon, qu’il s’agit d’un “retour” vers des formes pratiquées du temps de l’ORTF où le monopole de la télévision n’empêchait certes pas les professionnels du secteur de s’intéresser au nombre de téléspectateurs présents devant l’écran mais prenait en compte aussi – et sans doute avant tout – les dimensions qualitatives de leur satisfaction à l’égard d’un média qui était encore, à l’époque, dans sa phase de construction identitaire (Mehl, 1992).
9 On pourra signaler ici que le financement des chaînes publiques s’opère encore, en 2000-2001, à hauteur d’environ 30 % par la publicité et que L’Hebdo du Médiateur n’échappe pas lui-même à une surveillance attentive de l’évolution de ses parts de marché (entre 14,8 et 23,6 pour la période du corpus traité).
10 Et, au nombre des “principes” en question, on observera, dans le chapitre suivant, que « le soupçon de la recherche d’audience » est une sorte de constante de l’interdiscours des téléspectateurs que la médiation rend particulièrement audible.
11 L’entretien de la croyance selon laquelle les remarques des téléspectateurs sont susceptibles d’avoir certains effets indirects – par la médiation du médiateur auprès des responsables de la rédaction – est néanmoins un phénomène que l’on peut rappeler et dont on soulignera qu’il fonctionne aussi, du côté du téléspectateur, comme une stimulation de son engagement dans la démarche.
12 Ou le débat strictement intra-journalistique, comme le rappellera au cours de l’émission du 17 mars 2001 C. Guy, rédacteur en chef chargé de la formation des journalistes à France 2 : « Il y a un autre inconvénient à entreprendre nous-mêmes des débats éthiques : c’est que, d’une certaine façon, on se substitue à ce qui constitue la liberté essentielle du téléspectateur à savoir, porter un jugement, un jugement de valeur ou un jugement moral sur les événements et les situations qu’on leur rapporte. Donc il faut essayer de trouver une autre voie, si j’ose dire ».
13 On observera néanmoins ultérieurement que cette lecture est, dans bien des cas, l’expression singulière de perceptions, de compréhensions beaucoup plus collectives des phénomènes.
14 On peut penser ici notamment à certaines approches des industries culturelles dans la théorie critique.
15 Rappelons que l’école dite des « usages et gratifications » a joué un rôle important dans la démonstration d’une “activité” du public – mais sur des bases individualisantes et psychologisantes fortement centrées sur la satisfaction de besoins particuliers, laissant dans l’ombre un certain nombre de déterminants sociaux qu’il est sans doute essentiel de prendre en compte.
16 Ceci malgré les limites qu’il faudrait apporter à une telle notion dans un cas comme celui traité ici… On soulignera néanmoins que certaines critiques adressées au médiateur trouvent leur origine essentielle dans ce que l’on pourrait appeler une “exposition sélective non-maîtrisée”, comme l’illustrent les interventions récurrentes de téléspectateurs dénonçant le fait de ne pouvoir éloigner leurs enfants de l’écran lorsque des scènes violentes sont montrées lors d’un journal télévisé.
17 En tant que sujet idéal visé par le journaliste-émetteur et configuré comme « être de parole » (Charaudeau, 1998) dans le discours de l’information.
18 Entendu comme sujet interprétant.
19 Cet essai de distinction de modèles de lecture – négociée, oppositionnelle, conforme – s’inspire des propositions de S. Hall (1980) et D. Morley (1980) à propos de la réception des fictions télévisées mais nécessitera ultérieurement un certain nombre de précisions prenant en compte les spécificités de la réception du discours de l’information.
20 La question des agendas selon lesquels s’exercent des formes de contrainte sur l’activité journalistique est associée à de telles perspectives, même si sa formulation ne s’opère pas forcément dans ces termes.
21 Sur ces aspects, on renverra le lecteur au chapitre 9.
22 On ne différenciera pas, pour l’instant, ce qui, professionnellement, correspond à un certain nombre de tâches et d’activités différentes qui font de cette « conception » une production collective.
23 On considérera, à la suite de Charaudeau, Maingueneau (2002, 106), qu’une telle communauté se marque par « des savoirs de connaissance et de croyance dans lesquels ses membres se reconnaissent et dont témoignent les discours circulant dans le groupe social ».
24 Et notamment de celui des images, comme on le verra dans le chapitre 8.
25 Liées, comme on le verra dans le chapitre 10, à la constitution de “collectifs” de téléspectateurs se rejoignant dans des schèmes interprétatifs homogènes, liés à des croyances et à des discours dans lesquels ils (se) reconnaissent (en) une communauté.
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Quand la télévision donne la parole au public
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