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    Presses universitaires du Septentrion
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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral 4.1. Approches initiales de la notion de dispositif4.2. Des indices de contiguïté matérielle4.3. Le générique de l’émission : une symbolisation de la rencontre4.4. Un processus de sélections enchâssées4.5. Un dispositif de renouvellement de l’offre de participation4.6. A propos de la question des flux thématiques4.7. Limites d’une approche thématique4.8. Flux thématiques : premières observations quantitatives4.9. Quelques éléments autour d’une « représentativité proportionnelle »4.10. Niveaux d’articulation interne 1 : le dispositif interdiscursif4.11. Niveaux d’articulation interne 2 : le dispositif interlocutif Notes de bas de page

    Quand la télévision donne la parole au public

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    Table des matières

    Chapitre 4. La médiation à la télévision : dispositifs matériels et symboliques

    p. 103-128

    Texte intégral 4.1. Approches initiales de la notion de dispositif4.2. Des indices de contiguïté matérielle4.3. Le générique de l’émission : une symbolisation de la rencontre4.4. Un processus de sélections enchâssées4.5. Un dispositif de renouvellement de l’offre de participation4.6. A propos de la question des flux thématiques4.7. Limites d’une approche thématique4.8. Flux thématiques : premières observations quantitatives4.9. Quelques éléments autour d’une « représentativité proportionnelle »4.10. Niveaux d’articulation interne 1 : le dispositif interdiscursif4.11. Niveaux d’articulation interne 2 : le dispositif interlocutif Notes de bas de page

    Texte intégral

    4.1. Approches initiales de la notion de dispositif

    1Envisager les modes de réaction des téléspectateurs, c’est d’abord tenter de situer les cadres dans lesquels ils peuvent venir prendre place. On a vu, dans le chapitre précédent, les types d’intentionnalités, externes et internes à la chaîne, qui ont pu présider à la volonté de mettre en place une démarche de médiation de l’information sur France 2. On voudrait à présent examiner les “dispositifs” selon lesquels une émission comme L’Hebdo du Médiateur se programme et s’effectue. C’est dire, d’emblée, que la compréhension de ce qui se situe en amont de l’émission semble déterminant pour l’analyse de ce qui s’opère dans la médiation. C’est dire, parallèlement, que la caractérisation des différents niveaux de dispositifs apparaît, à ce stade, fondatrice pour fixer les modes d’analyse ultérieurs sur ces différents niveaux.

    2Sans doute est-il important de préciser, sur ce plan, que l’acception de la notion de dispositif recouvre des dimensions aussi bien matérielles que symboliques : si, à la télévision, le dispositif peut être conçu – et perçu – comme un « opérateur symbolique intervenant comme structure d’encadrement de l’intention communicative de telle ou telle production télévisuelle » (Lochard, 1999, 147), on pourra saisir cette intentionnalité au travers des dimensions plus purement matérielles et technologiques qui contribuent à l’exprimer. Ceci ne saurait pour autant signifier que ces dimensions “concrètes” du dispositif surdéterminent une opération de médiation dont on a pu déjà largement entr’aperçevoir la dimension discursive fondamentale – et qui guide l’ensemble de ce travail. Il paraît néanmoins légitime – et éclairant – de saisir ce qui vient « encadrer » ce niveau interne du dispositif médiationnel qu’est l’échange discursif au sein de la médiation.

    3En ce sens, après avoir situé au cours du chapitre précédent ce qui, dans la célèbre définition foucaldienne de la notion de dispositif1, se situe du côté de l’institutionnel et des visées qui l’animent, on souhaiterait à présent mettre en perspective certains des éléments qui permettent de tracer, dans l’hétérogénéité apparente d’une telle configuration, les réseaux de sens assurant une identité particulière au moment télévisuel spécifique désigné – et signifié au téléspectateur – comme « médiation ». Occasion de voir, sans doute, que si certaines dimensions sont particulièrement explicites – voire explicitées – dans la mise en scène de la médiation, d’autres apparaissent davantage en filigrane d’une démarche sans être pour autant moins significatives de ce qui vient fonder – et parfois justifier – la médiation.

    4On pourra ainsi observer que le dispositif de la médiation est étroitement articulé au dispositif de l’information en même temps qu’il s’en écarte suffisamment pour rendre possible ce que l’information ne permettait pas : le dépassement de son caractère unidirectionnel par l’existence d’un retour sur l’information délivrée dont on a vu précédemment qu’il s’intégrait à une dimension stratégique de développement de la chaîne publique. Comment ces deux dispositifs sont-ils mis en dialogue par une démarche et une émission qui tentent de signifier la “rencontre” de l’information et de sa réception ? Comment l’articulation de l’un et de l’autre est-elle mise en évidence dans une symbolique, mais aussi dans des matérialités, qui désignent une sorte de translation de l’acte d’informer à l’activité consistant à questionner l’acte d’informer ?

    5Il semble que l’articulation dont il s’agit est d’abord perceptible par un certain nombre d’indices de contiguïté que l’on pourra observer sur plusieurs plans :

    • dans le passage du journal télévisé à l’émission de médiation (niveaux d’articulation externe 1) : ces indices pourront être immédiatement apparents dans la logique d’enchaînement des émissions2 ou moins immédiatement apparents dans le processus conduisant du journal télévisé à sa médiation dans L’Hebdo du Médiateur3,

    • dans la présentation de l’émission mais aussi dans ses modes de clôture (niveaux d’articulation externe 2)4,

    • dans l’amorce, par le médiateur, de telle séquence extraite d’un journal télévisé mise en discussion ou dans son articulation à tel propos la commentant (niveaux d’articulation interne 1 et 2)5.

    4.2. Des indices de contiguïté matérielle

    6La vocation de l’émission à être un élément de prolongement de l’information dispensée par la chaîne est marquée par un certain nombre de facteurs matériels qui signifient la relation étroite entretenue par L’Hebdo du Médiateur avec les journaux télévisés qu’elle vient commenter.

    7Ces facteurs sont de plusieurs natures mais tous soulignent le lien particulier qui unit les deux émissions :

    • sur le plan temporel, L’Hebdo du Médiateur arrive dans la suite directe du journal télévisé de 13 heures du samedi. On observera, d’une part, que la clôture du journal télévisé est, en même temps, l’occasion, pour la présentatrice des éditions des journaux télévisés du week-end, de lancer l’émission qui suit, prenant ainsi en charge la transition entre présentation de l’information et présentation de la médiation. D’autre part, on pourra constater que nul écran publicitaire ne vient s’intercaler entre le journal télévisé et L’Hebdo du Médiateur, le caractère de filiation entre ces deux moments se trouvant ainsi renforcé. L’absence de césure temporelle généralement marquée par l’insertion de séquences publicitaires et/ou autopromotionnelles de la chaîne (ou du groupe France Télévisions) entre programmes de natures différentes est ce qui vient confirmer le lien étroit et comme “naturel” qui unit les deux émissions,

    • un autre élément vient compléter ce caractère de filiation entre les deux émissions : le lieu unique à partir duquel elles sont émises. Le studio de présentation du journal télévisé est, en effet, aussi le lieu de présentation de L’Hebdo du Médiateur. Il suffit d’un changement de plan de la caméra vers une autre des faces du triangle qui sert de table à la présentatrice et au médiateur pour passer du journal à l’émission de médiation. Ce changement de plan permet, dans un lieu unique contribuant à la filiation identitaire, de spécifier néanmoins le passage à un moment particulier du traitement de l’actualité qui, quoique connecté à ce qui précède, en propose un angle de prise “sous une autre face”. C’est sans doute ce qui permet de dire que le studio considéré comme « tête de réseau » (Moeglin, 1986) d’un dispositif complexe d’élaboration et de diffusion de l’information devient ici autre chose que cette tour de contrôle de l’information qu’il est dans le dispositif du journal télévisé. Il se transforme en espace de débat faisant retour sur l’information préalablement diffusée depuis ce studio. En ce sens, il peut apparaître comme la variante spatiale du déplacement discursif qu’opère la médiation par rapport à l’information : à la dimension méta-informationnelle de la médiation correspondrait cet espace particulier du méta-studio, opérant comme une boucle rétroactive sur la parole de l’information émanant de ce même studio.

    8Ces deux composantes, temporelle et spatiale, s’additionnent pour figurer le passage, sans hiatus particulier, entre le journal et l’émission qui y trouve son origine. Le plan large et quelque peu surplombant de la table du studio, regroupant la présentatrice, le médiateur et les invités du jour apparaît alors comme un élément à la fois matériel et symbolique permettant la transition – récurrente chaque samedi – entre les deux émissions.

    4.3. Le générique de l’émission : une symbolisation de la rencontre

    9Ce passage souple entre le journal télévisé de 13 heures et l’émission de médiation est également assuré par l’élément de transition symbolique qu’est le générique de l’émission.

    10Dans un premier temps, l’écran est séparé en deux moitiés verticales : l’une claire, à gauche, dans laquelle se succèdent des images ; l’autre sombre, à droite, de laquelle proviennent des unités lexicales ou des syntagmes pouvant correspondre à des “cadres thématiques”6 développés dans l’émission.

    11Sur la partie gauche, apparaissent à l’écran successivement des images dont certaines peuvent être reconnues, malgré leur défilement rapide, comme des images issues de reportages ; d’autres ne viennent manifestement que signifier l’acte d’élaboration de l’information que l’émission viendra questionner7. En superposition de ces images, et issues de la droite de l’écran, viennent donc s’inscrire puis disparaître à gauche ces inscriptions parfois réduites à de simples substantifs, parfois étendues jusqu’à une phrase simple8.

    12Ces images et ces mots/syntagmes en circulation esquissent 6 ensembles, chaque mot ou syntagme venant “rencontrer” une ou plusieurs images selon l’organisation suivante :

    1. une jeune femme au téléphone / « vous avez montré… » (b), « journalistes » (n)9

    2. un personnage saisi dans un mouvement de fuite10 puis des pompiers et des véhicules en feu / « l’hebdo », « violence » (o)

    3. le décollage d’une navette spatiale puis un sous-marin / « nucléaire » (o), « justice »

    4. un enfant africain décharné / « images », « pas d’accord » (n)

    5. des écoliers levant la main, un sprint à l’arrivée d’une course cycliste / « SPORTS » (o), « éducation » (b)

    6. des médecins pourvus de leur masque de soin, une personne alitée, des véhicules de l’ONU / « pourquoi ? », « le Médiateur » (o), « actualité » (b)

    13Sur le fond noir, à droite, à deux reprises, viennent s’inscrire ce que l’on peut imaginer être des extraits de courriers adressés au médiateur : le premier, parallèlement à la séquence 3, le second, en prolongement de la séquence 6. Ils s’inscrivent progressivement à l’écran, comme les extraits des courriers des téléspectateurs cités dans l’émission : leur très faible lisibilité, due à une apparition rapide et à leur très petite taille de caractères, semble signaler qu’au-delà du contenu, c’est le geste d’écrire qui est désigné comme acte justifiant le principe de l’émission. Si, par le biais d’une lecture atypique – s’arrêtant sur des images faites, au contraire, pour imposer leur flux rapide – on décrypte ces traces, ce sont les deux formules suivantes qui apparaissent :

    • « je ne souscris pas du tout à l’expression d’une opinion personnelle lors d’un journal télévisé, qui n’est pas un débat et dont la mission est la relation la plus juste possible d’informations auprès du public »,

    • « j’attends la réponse à ces questions avec la plus grande impartialité. Merci ».

    14Autant dire deux assertions dont le caractère prototypique, en termes d’attentes de la part du téléspectateur, pourra être vérifié ensuite et fonctionne, ici, comme une sorte de critique “générique”, valant pour de nombreuses variations sur ce même axe critique.

    15Au terme de ce premier niveau descriptif du générique, on voit donc que ce qu’une telle séquence inscrit, au seuil de l’émission, est de l’ordre d’une « projection emblématique de l’univers à venir » (Mouchon, 1992, 17) : à propos de discours médiatiques, correspondant à des rubriques (« sports ») ou à des spécialités dans des rubriques (« nucléaire », « justice », « éducation »…) et dont l’un des moyens d’expression privilégié à la télévision est notamment l’usage – et le choix – d’images (à travers celles, emblématiques, qui sont ici montrées), quels discours critiques du public sont repérables (« vous avez montré… », « pas d’accord », « pourquoi ? ») et quelles voies de réflexion propose-t-on pour tenter de les prendre en compte (« l’hebdo », « le médiateur ») ?

    16Il semble alors que la deuxième partie de ce générique constitue, en quelque sorte, la scénarisation de ce dernier aspect : deux personnages arrivent simultanément, en plein écran, à la rencontre l’un de l’autre et se tendent la main. Cette poignée de main, vue de profil, esquisse la forme d’un M qui se trouve ensuite figurée par la graphie même de la lettre, pourvue à trois reprises, dans le défilement des images, d’un double point symbolisant les têtes des acteurs entrant en médiation. Ce M redevient par la suite la rencontre des acteurs se serrant la main et qui, en fin de générique, arrive en superposition du visage du médiateur11. Pendant ce temps, la formule « le Médiateur » apparaît en bas de l’image tandis qu’une ligne bleue issue de la droite de l’écran vient “rencontrer” une ligne pointillée venant de la gauche, sur un fond d’écran segmenté en deux parties, l’une orange, à gauche, l’autre bleue, à droite.

    17Ce qu’une telle mise en scène donne à voir et à comprendre, c’est, au total, la réalisation d’une double rencontre :

    • celle que l’émission rend possible, physiquement et argumentativement pourrait-on dire, entre un ou plusieurs représentants du public et un ou plusieurs journaliste(s), rédacteur(s) en chef…

    • celle que l’émission présuppose et qui a réuni, à un moment donné, un public de téléspectateurs et un journal télévisé, cette “rencontre” étant susceptible d’avoir généré un avis pouvant devenir la base de la rencontre-en-médiation.

    18On voit donc que ce rite introductif qu’est le générique entretient, au-delà de son caractère de présentation, une relation avec le dispositif d’amont de l’information et le dispositif d’aval de la médiation à propos de cette information12. « Balise dans (le) flux » (Soulages, 1992, 29) des discours de l’information, le générique signale conjointement l’alimentation de la médiation à ce flux d’images et de mots dont elle procède ; en même temps, il marque le passage à un autre rythme, plus réflexif, correspondant à cette rencontre et à ce dialogue sur l’acte d’informer13.

    19Ceci ne l’empêche pas, toutefois, d’avoir cette scansion particulière qui caractérise beaucoup de génériques : le caractère pulsatif de ces « images-fragments » (Vernier, 1988) participe, en effet, de la gestion d’un autre flux – celui des téléspectateurs du journal que l’on tente ainsi d’accrocher vers ce que l’on présente comme la suite, somme toute, naturelle du journal que l’on vient de regarder. Le caractère tout aussi scandé de la séquence sonore qui accompagne ces images vise, d’ailleurs, le même effet.

    4.4. Un processus de sélections enchâssées

    20Si le dispositif de l’information est l’amont du dispositif de la médiation, il y a sans doute un intérêt à saisir de quelles étapes antérieures l’information reçue par le téléspectateur est la résultante. Ce qui peut correspondre, globalement, à deux questions principales :

    • de quelles opérations – internes ou externes à la rédaction – le matériau informatif diffusé, auquel le téléspectateur pourra réagir, est-il le résultat ?

    • comment prendre en compte la démarche qui aboutit, pour chaque édition de L’Hebdo du Médiateur, à la formulation d’un ou de plusieurs “thèmes”14 ?

    21Il apparaît, de ce point de vue, que le fait de voir figurer tel ou tel problème comme “thème” de l’émission est le résultat d’une quadruple sélection :

    • 1 La condition première d’apparition de ce problème dans L’Hebdo du Médiateur est d’abord que celui-ci soit relié à un reportage diffusé lors d’un journal télévisé ou d’une émission d’information dépendant de la rédaction de France 2 : il est donc, à ce titre, la résultante d’une opération de sélection qui a abouti au nombre limité de sujets susceptibles de figurer dans le cadre particulier de traitement qu’est le journal télévisé ou dans celui, non moins spécifique, qu’est une émission de reportages. Les critères au nom desquels a pu s’opérer cette sélection parmi l’ensemble des sujets potentiellement traitables par la rédaction ne constituent naturellement pas une donnée visible dans l’information produite mais apparaissent, en filigrane de certaines des remarques envoyées par les téléspectateurs, comme une conscience d’un gate-keeping télévisuel dont les choix sont contestés.

    • 2 Le deuxième niveau de sélection est celui opéré par le téléspectateur qui, parmi l’ensemble des reportages diffusés, repère le traitement d’un sujet comme posant un certain nombre de questions. Dans le matériau diffusé, il opère par conséquent un resserrement complémentaire, de nature réactive, qui focalise sur un segment particulier d’un continuum informatif qui est l’ensemble des reportages de la semaine pour l’ensemble des éditions. On ne perdra pas de vue par conséquent que la critique du téléspectateur est nécessairement inscrite dans le cadre prédéterminé du premier niveau de sélection : ce que le téléspectateur critique est nécessairement situé dans l’agenda médiatique de ce dont il est amené à penser quelque chose.

    • 3 A partir de ce matériau réactif, le médiateur met en œuvre un troisième niveau de sélection qui consiste à traiter un “thème” particulier parmi l’ensemble de ceux qui ont occasionné des remarques de la part des téléspectateurs : ce “thème” devient alors objet central de débat entre journaliste(s) et téléspectateur(s) – sans qu’il soit, dans certains cas, exclusif d’autres “thèmes”. On notera que ce choix est susceptible, lorsque l’on regarde une telle émission, d’apparaître comme le seul niveau auquel s’exerce une sélection parmi un courrier qu’on peut imaginer abondant. Ce serait ignorer les démarches de sélection-en-amont qui conditionnent ce troisième niveau.

    • 4 Parmi l’ensemble des courriers porteurs d’observations sur le “thème” sélectionné, le médiateur fera, en dernière instance, les sélections de messages contenant des appréciations susceptibles de « refléter » une opinion suffisamment récurrente pour être rendue publique. Ceci s’accompagnera de la sélection de propos – pouvant aller jusqu’à la simple phrase – qui, dans les courriers reçus, sont porteurs de ce qui est estimé être un sentiment de réception commun ressortant globalement du courrier sur le “thème” considéré.

    22On le voit, la façon dont une question arrive en débat dans une émission comme L’Hebdo du Médiateur est le résultat de strates qui, pour invisibles qu’elles soient au téléspectateur, conditionnent ses réactions à l’information et les objets sur lesquels elles peuvent s’exercer. Ces réactions pourront témoigner, comme on le verra, de niveaux de conscience et de connaissance extrêmement variés du processus informatif. Il n’empêche toutefois qu’ainsi enchâssés, ces différents niveaux de sélection constitutifs de l’information et des réactions à son propos font partie intégrante d’un acte de médiation dont une analyse attentive ne peut ignorer certains des signes de “reflux” dans les discours des journalistes aussi bien que des téléspectateurs : souvent explicites lorsqu’ils seront convoqués par les journalistes pour défendre leurs pratiques au nom d’une « nécessaire sélection », plus implicites lorsqu’ils apparaîtront comme éléments de certaines incompréhensions de la part des téléspectateurs à propos des choix journalistiques opérés.

    4.5. Un dispositif de renouvellement de l’offre de participation

    23La médiation est donc, dans sa face la plus visible, l’opération qui, en définitive, met en confrontation, dans le studio d’habitude dévolu à la présentation du journal télévisé, des avis de téléspectateurs sur le traitement de l’information et les réponses que les journalistes concernés sont susceptibles d’y apporter. S’il s’agit là du cœur d’une émission qui se veut délibérative – et où l’ouverture au débat est fréquemment réaffirmée – on se doit de signaler ici que sa double frontière participe de la même logique :

    • nous avons vu combien sa présentation et le générique qui la symbolise soulignent cette ouverture au dialogue,

    • de la même façon, la clôture de l’émission réaffirme ce même principe.

    24En effet, le médiateur conclut de manière quasi-rituelle chaque numéro de l’émission par une adresse au téléspectateur qui consiste à l’inviter à réagir à l’information diffusée par France 2. Le changement de plan énonciatif – on ne s’adresse plus, dans le cadre du débat engagé, au téléspectateur sur le plateau mais, dans le cadre du débat futur, au téléspectateur face à son écran – trouve alors sa correspondance dans un changement de plan interlocutif15 : c’est à chacun d’entre nous, potentiels invités de l’émission, que la proposition s’adresse. C’est donc dans la logique d’une offre systématiquement renouvelée que la symbolique de l’ouverture se réalimente chaque semaine. En ce sens, chaque clôture d’émission est d’abord l’ouverture de la suivante, dans un tuilage récurrent dont la marque matérielle la plus affirmée est la répétition systématique de la double adresse, postale et électronique. Façon d’offrir à chacun, dans la multiplicité du lien proposé, l’occasion de trouver sa propre voie d’expression.

    4.6. A propos de la question des flux thématiques

    25Avant d’apparaître comme thèmes16 de certaines émissions, les observations des téléspectateurs et les questions qu’ils posent constituent d’abord des flux plus ou moins abondants, parvenant par ces divers vecteurs, au médiateur. Les quotidiens évoqués antérieurement et le rapport publié annuellement par le médiateur17 font état d’une augmentation particulièrement sensible du volume de courrier entre la création de l’émission et le moment auquel a été clos le corpus de travail. La centaine de lettres ou d’e-mails reçue mensuellement par D. Épelbaum18 lors des débuts de l’émission est devenue, trois ans plus tard, un volume moyen d’environ 1600 e-mails et 250 lettres par mois – ayant pu atteindre un rapport de 4000 à 400 dans le mois qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001 sur le territoire américain19. Si l’on pourra ultérieurement observer les types de problèmes que soulèvent les téléspectateurs quant à la médiatisation télévisuelle de ces attentats20, on peut sans doute dès à présent tenter de situer certains des chiffres correspondant à des volumes thématiques répartis sur la période concernée.

    26Il est nécessaire de préciser ici que la segmentation thématique apparaissant dans le tableau ci-dessous est celle sur la base de laquelle s’est effectuée, de façon interne à la chaîne, l’observation de la répartition des flux de courrier sur les questions touchant à l’information21. Cette segmentation sera utile dans un premier temps pour établir un certain nombre de rapports entre les volumes de courriers parvenus à France 2 sur un thème donné et le nombre d’émissions22 ayant traité de ce même thème. Il sera ainsi possible de faire apparaître des corrélations instructives sur la question de la représentativité du courrier abordée au cours du chapitre précédent, en nuançant certaines des dimensions disqualifiantes a priori qu’accordent parfois les journalistes au courrier des téléspectateurs.

    27Si la réponse à la question de la représentativité de ce courrier par rapport à une “opinion publique” qui serait celle de l’ensemble des téléspectateurs de France 2 – regardant l’information diffusée par la chaîne – est quelque chose d’inatteignable23, celle de la représentativité du volume d’émissions accordé à tel thème par rapport au volume de courrier reçu sur ce thème est, par contre, quelque chose qui est susceptible de témoigner d’une légitimité de la sélection opérée dans la programmation thématique de l’émission. Il s’agirait ici, en quelque sorte, de l’étude d’une représentativité proportionnelle des choix thématiques de l’émission comparée aux choix critiques des téléspectateurs décidant de faire part à France 2 de leurs observations en matière de traitement informatif.

    4.7. Limites d’une approche thématique

    28On voudrait néanmoins – et avant même de proposer ce “tableau de répartition thématique” – fixer les limites dans lesquelles il s’inscrit, l’objectif d’une telle démarche étant de distinguer des éléments de quantification des discours critiques adressés à France 2 tout en nous mettant en situation – ainsi que le lecteur – de nuancer les conclusions que l’on peut en tirer.

    29Observons tout d’abord que la catégorisation thématique proposée, dans son rapport annuel, par le médiateur de l’information de France 2 est une démarche taxinomique dont on pourra s’étonner du caractère fortement hétérogène, tant dans la constitution des catégories que dans ce que chacune d’elle vient intégrer. On pourra voir là le signe de ce que l’on considère parfois comme le « foisonnement de l’actualité » ou même comme une pratique professionnelle observable par n’importe quel téléspectateur un tant soit peu attentif à la façon dont le journalisme télévisé, fréquemment, rapproche des occurrences événementielles disjointes – localement ou temporellement – dans un même reportage de journal télévisé et, plus encore, dans un reportage de magazine d’information. Cette opération de « thématisation » dont F. James a pu montrer le caractère essentiel dans la démarche journalistique télévisuelle « mettant en relation reportages et interviews sur des situations variées et rendant (ainsi) les faits pensables » (1991, 117), est notamment ce qui participe à la configuration des questions sociales transversales comme, par exemple, celle des « banlieues » dont H. Boyer et G. Lochard (1998) ont analysé la structuration progressive et le rôle qu’y a joué la télévision, par les phénomènes de mise en émergence et de cristallisation auxquels elle a pu contribuer, mais aussi par les formes d’amalgame qu’elle a implicitement – et parfois explicitement – rendu possibles.

    30Cette démarche de thématisation, dont on voit qu’elle participe activement, et régulièrement, de la conception de nombreux reportages et émissions, est prise, dans la compartimentation récapitulative que propose le médiateur de l’information de France 2, sur un versant résultatif, en aval de la diffusion de ces séquences. Façon de reproduire “en réception” ce qui s’opère donc aussi, et d’abord, “en production” ; façon également de poser les bases de ce qui, dans cette façon de classer, est déjà peut-être significatif de critiques relatives non pas tant à tel ou tel point pris isolément mais au traitement télévisuel de l’actualité considéré sur un mode beaucoup plus transversal.

    31On peut par conséquent s’étonner, comme certains téléspectateurs pourront le faire observer, de certains rapprochements internes à certains reportages. On peut tout autant moduler la légitimité de certains-reportages-objets-de-critiques à se retrouver dans la même catégorie thématique ; on peut enfin s’interroger sur les formes que cette hétérogénéité peut prendre et sur ce que les mailles d’un tel “filet taxinomique” laissent échapper comme dimensions transversales pourtant apparentes aux yeux d’un téléspectateur régulier de l’émission.

    32C’est sur ce dernier point qu’il semble important, dans cette phase de cadrage, d’insister. Les catégories thématiques constituées dans ce rapport de médiation relèvent aussi bien de l’actualité externe à la chaîne que de l’actualité qui lui est propre, comme la question des « changements de présentateurs » ; aussi bien de ce qui pourrait s’apparenter à une rubrique – « sports », par exemple… – que ce qui ressortit à une occurrence événementielle particulière, comme « les attentats du 11 septembre 2001 » ; aussi bien ce qui peut apparaître comme un moment spécifique d’une actualité plus large – « l’incarcération de Jean-Christophe Mitterrand » – que cette actualité prise dans sa plus large extension – « Israël et les territoires palestiniens24 », par exemple…

    33On pourra constater, au demeurant, que certaines catégories fonctionnent par juxtaposition de ce qui pourrait être des sous-rubriques – « justice, insécurité… » au sein d’une rubrique “société” – et absorbent, par conséquent, des types de remarques dont le classement dans une catégorie unique est contestable.

    34Sur un autre plan, certaines éditions de L’Hebdo du Médiateur ne peuvent guère trouver leur place dans une telle classification : où ranger l’émission du 23 juin 2001 dont le thème principal concerne les supposés trucages d’images de la lune prises par la NASA lors des missions Apollo ? Où classer celle du 28 avril évoquant, secondairement, certaines « contradictions de l’information » à propos d’un « crash aérien » aux Antilles ?

    35Une telle catégorisation laisse, par ailleurs, inapparentes des dimensions plus transversales du discours critique des téléspectateurs sur l’information diffusée par France 2 : il en est ainsi, par exemple, de ce que l’on dénonce, de façon récurrente, comme étant une « violence des images » ou, sur un autre plan, du reproche de « parisianisme » adressé à la rédaction de la chaîne. C’est dire, par conséquent, que les cadres thématiques fixés par un tel tableau sont parcourus de failles ou de lignes de partage qui, au-delà des thèmes, tracent des récurrences inter-thématiques qu’il sera important de prendre en compte pour analyser les discours critiques des téléspectateurs.

    36Soulignons enfin, par-delà ces critiques transversales, un autre fil moins apparent encore dans un tel tableau, qui mériterait sans doute d’être pris en compte sur cette question des thèmes au sein de la médiation : en quoi peut-on observer, dans certains cas, une critique sur la médiatisation d’un problème, en quoi, dans d’autres cas, les courriers – comme décentrés par rapport à l’objet de l’émission – s’attachent-ils davantage au problème lui-même, en dehors de la façon dont France 2 a pu le traiter ?

    37Si ne sont situées ici que les limites essentielles d’une telle thématisation, celles-ci permettent néanmoins de fixer, dans une utile répartition par volumes, les principes de relativisation que l’on peut lui appliquer. Elles n’excluent pas pour autant une vision un tant soit peu longitudinale du corpus ; en ce sens, et malgré ces limites, une telle vision apparaît susceptible de contribuer à construire le regard analytique que l’on peut porter sur une telle émission25.

    Tableau 2 - Répartition thématique du corpus d’émissions 9 12 2000 / 8 12 2001) (Notes en fin de tableau)

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    a. – La notion d’“amorçage thématique” désigne la façon dont la réflexion sur un thème donné est lancée par le médiateur en situation de présentation dans une édition de L’Hebdo du Médiateur.
    b. – Entre parenthèses figure le nombre de fois où le thème constitue le thème principal de l’émission (caractères romains), traité au début de celle-ci. Les caractères italiques signalent, eux, un traitement secondaire.
    c. – Les chiffres figurant entre crochets indiquent le rapport entre le nombre de messages reçus et le nombre d’émissions où le thème apparaît (cf, sur ce point, le sous-chapitre 4.9.).
    d. – Pour les colonnes 3 et 4, figurent en caractères romains les thèmes qui, en termes d’ordre d’apparition et d’extension de traitement, peuvent être considérés comme “principaux” et, en caractères italiques, ceux qui n’apparaissent que secondairement et avec une extension de traitement moindre.
    e. – La critique concerne les pratiques d’interviewer du présentateur du journal télévisé de 20 heures ; l’objet sur lequel elle s’exerce – « la grève des cliniques » – aurait toutefois pu ne pas rendre illégitime un classement dans « Conflits sociaux ».
    f. – Suivant que l’on considère l’agent de l’acte réalisé ou le lieu et le contexte dans lesquels cet acte prend place, un tel sujet est thématiquement classable également dans « Israël et les territoires palestiniens ».
    g. – On pourrait considérer que la constitution d’un tel thème n’est qu’une variation de traitement dans la catégorie « Politique »…
    h. – … Tout comme le particularisme d’un thème comme celui-ci n’en fait, en principe, qu’une variante de la catégorie « Affaires de droite et de gauche »…

    4.8. Flux thématiques : premières observations quantitatives

    38Si l’on envisage, dans un premier temps, le flux de messages des téléspectateurs sur chaque thème – indépendamment du nombre d’émissions qui leur sera accordé – on peut faire une première série de constats :

    • les événements internationaux – les attentats du 11 septembre 2001 et leurs conséquences, la médiatisation de la question israélo-palestinienne – occupent, à eux seuls, plus de la moitié du volume total du courrier reçu26 (9500 messages sur un total de 17710),

    • un deuxième ensemble de réactions (au-delà du volume d’un millier de messages reçus) concerne des questions nationales de nature sociale mais aussi une actualité plus interne à la chaîne elle-même, autour d’un de ses moments particulièrement symboliques : le changement de présentateur des journaux télévisés,

    • un troisième ensemble, plus disparate encore (pour des volumes allant de 1000 à 400 messages reçus) laisse apparaître plusieurs tendances significatives :

      1. les questions de l’exactitude et du respect des normes dans l’usage de la langue constituent des centres de préoccupation importants du téléspectateur, régulièrement réaffirmés dans les courriers qui parviennent à la chaîne,

      2. les questions politiques (même si l’on y adjoint les courriers relatifs aux « affaires » et à l’incarcération de Jean-Christophe Mitterrand) ne génèrent pas un volume significatif, ce que vient traduire une position relativement basse dans ce tableau,

    • un quatrième ensemble, regroupant des volumes de réactions très limités (de 160 à 60 messages), met surtout en évidence que ce qui, sur le terrain politique, occasionne un “suivi27” régulier des médias – susceptible de contribuer à leur structuration comme « affaires » – ne suscite que peu d’attention critique de la part des téléspectateurs.

    39Ces premiers constats bruts, strictement liés aux volumes de réaction des téléspectateurs, laissent apparaître :

    • des phénomènes de convergence entre l’importance médiatique, en volume et en durée de traitement, accordée à un événement comme les attentats du 11 septembre 2001 et l’importance parallèle en termes de volume de réactions des téléspectateurs lisible à travers la quantité considérable de messages adressés à la chaîne,

    • tout aussi bien que des phénomènes de divergence entre le traitement en « affaires » de certaines questions politiques – qui présuppose un travail d’événementialisation constitutif de la “montée en affaire” (Noyer, 1994) – et une relative faiblesse des réactions sur ce type de question.

    40Les volumes de traitement et le degré d’extension de telles questions dans les journaux télévisés de France 2 nous manquent28, naturellement, pour pouvoir affirmer de façon assurée le second point. On peut néanmoins lire dans la faiblesse relative des volumes de réaction en matière politique un indice potentiel29 de l’écart existant entre l’ordre d’importance accordé à ces questions par les médias et celui, plus mesuré, que lui attribuent les téléspectateurs.

    41Il n’est sans doute pas inutile de remarquer, par ailleurs, que ce qui est censé toucher plus directement le téléspectateur, dans sa vie ou son environnement proche – les conflits sociaux mais aussi, naturellement, l’environnement… – ne fait pas partie de ce qui mobilise prioritairement le téléspectateur dans ses modes de réactions critiques. C’est, au contraire, sur des questions d’actualité internationale qu’il a tendance à se mobiliser davantage, comme le montre le volume considérable de réactions aux attentats du 11 septembre 2001 – en réponse, certes, à un événement de caractère exceptionnel – mais aussi sur des événements plus extensifs, comme le conflit israélo-palestinien.

    4.9. Quelques éléments autour d’une « représentativité proportionnelle »

    42En observant à présent le rapport entre les volumes de messages reçus sur tel ou tel thème et le nombre d’émissions dans lesquelles il apparaît, on peut tenter d’envisager si la fréquence d’apparition de ce thème dans L’Hebdo du Médiateur est représentative de la fréquence de réaction à son propos dans le courrier.

    43De ce point de vue, un premier effet de lecture immédiat du tableau proposé ci-dessus mérite, d’emblée, d’être abordé : si l’on peut avoir l’impression, en tant que téléspectateur, d’un traitement très important, dans l’émission de médiation, de l’actualité liée aux attentats du 11 septembre 2001, force est de considérer que, par rapport au volume de courrier reçu, il s’agit du thème qui est proportionnellement le moins bien traité (1/875).

    44Inversement, ce qui génère le flux de courrier le plus limité – « L’incarcération de Jean-Christophe Mitterrand » – est ce qui bénéficie du traitement proportionnel le plus important (1/60). On peut sans doute retrouver là un indice de divergence de priorités qui, sur un terrain politique où le potentiel de polémique opposant les acteurs est généralement élevé et produit une médiatisation récurrente au fil des épisodes de tension30, sépare les téléspectateurs des journalistes : ceci se traduit par des quantités très limitées de réactions qui, lorsqu’elles existent, soulignent ce type d’écart31.

    45On remarquera que, dans la première moitié de ce tableau, deux ensembles thématiques bénéficient d’un “traitement proportionnel” relativement important :

    • un premier ensemble, « justice, criminalité, insécurité, pédophilie », rassemble un certain nombre de séquences d’émissions où le point commun est la réaction à une forme d’écart – ou, du moins, ce que le téléspectateur, à la suite souvent du journaliste, estime tel – par rapport à un certain nombre de comportements ou de pratiques socialement attendus : violences urbaines, crimes, consommation de produits illicites…

    • un second ensemble a trait aux fautes de diverses natures32 – orthographiques, géographiques… – observables lors des journaux télévisés ou des magazines et auxquelles les téléspectateurs, ou du moins certains d’entre eux, consacrent une attention semblable à celle qu’accordent certains lecteurs de la presse à la correction de leurs journaux.

    46Dans les deux cas, c’est la question de la norme qui apparaît comme sous-jacente à de telles réactions : normes comportementales-sociales dont le dépassement – notamment sous la forme récurrente des diverses violences – occasionne le traitement médiatique, généralement attentif à de tels écarts, mais aussi les réactions fréquemment indignées des téléspectateurs, tant à l’égard de ces actes eux-mêmes que de la façon de les médiatiser ; normes langagières dont on enregistre les diverses formes d’irrespect, signifiant par là même que l’on fait du journaliste – notamment lorsqu’il travaille au sein du service public – le “dépositaire” de ces normes et le garant de leur bonne mise en oeuvre.

    47Dans d’autres cas, comme l’ensemble thématique « vache folle, fièvre aphteuse, sécurité alimentaire » où, comme on peut le remarquer, la dimension “sécuritaire” réapparaît et sur une base quantitative équivalente à l’ensemble « justice, criminalité, insécurité, pédophilie33 », le problème de cette représentativité par rapport au courrier reçu se pose différemment : en effet, contrairement aux ensembles thématiques précédents qui s’étalaient sur l’intégralité de l’année traitée, celui-ci, qui dans notre corpus se limite d’ailleurs à l’événementialité « fièvre aphteuse », a une extension d’un mois seulement, ce qui permet de mettre en évidence que le nombre d’émissions limité sur ce thème (3) ne l’est pas tant par le volume de réactions reçues que par sa concentration dans le temps et l’extension limitée de son traitement dans les journaux télévisés de la chaîne.

    48Ceci permet, dès lors, de repérer qu’il y a en quelque sorte deux grands types de thèmes dans la catégorisation opérée par France 2 : ce que l’on pourrait appeler des “thèmes transversaux” – parmi lesquels on pourrait classer « Israël et les territoires palestiniens », « justice, criminalité, insécurité, pédophilie », « fautes… », « politique ». Ces thèmes se caractérisent par leur capacité à s’inscrire dans la durée et à se réalimenter, plus ou moins régulièrement, de remarques faites à propos d’occurrences événementielles différentes mais thématiquement joignables. La deuxième grande catégorie serait composée de “thèmes ponctuels” – où pourraient se ranger notamment « présentateur » mais aussi « vache folle, fièvre aphteuse, sécurité alimentaire34 », selon le cadre de traitement envisagé ci-dessus.

    49Cela montre, en tout cas, qu’on ne saurait surestimer cette question de la “représentativité proportionnelle” et la considérer comme un principe mécanique, opérable à partir de simples données quantitatives. Si le médiateur a, certes, à tenir compte du public-écrivant et des tendances majoritaires de réaction de ce public qui l’interpelle, il a aussi à prendre en compte le public global des téléspectateurs qui regardent l’émission – qui excède largement ce public-écrivant – et à créer une variété thématique suffisante pour ne pas lasser ce public et, même, contribuer à renforcer sa fidélisation. Comme toute émission inscrite dans la grille des programmes, L’Hebdo du Médiateur, en effet, n’échappe pas à la nécessité d’entretenir son attractivité35 par cette variation des sujets de débat même si celle-ci est partiellement contrainte par les flux de courriers parvenant au médiateur36. La surveillance dont fait l’objet cette émission, comme toutes les autres, en termes de courbe d’audience et de parts de marché, en est un des éléments de confirmation avéré. Et même si ce n’est naturellement pas par l’annonce du thème à venir – par définition impossible à annoncer37, lié qu’il est à l’actualité traitée et aux réactions qu’elle engendre – c’est en quelque sorte par un double « contrat » (Véron, 1985) que la relation à ce public hybride s’entretient chaque semaine :

    • sur un mode explicite, par l’offre renouvelée de participation au débat sur l’information de France 2 et la traduction télévisuelle qu’en est l’émission,

    • sur un mode plus implicite, par ce que l’émission peut laisser apparaître, au fil des semaines, comme dimensions multiples d’exploration des questions touchant à l’information.

    50C’est en raison de ce principe de variation que les thèmes les plus récurrents dans les réactions des téléspectateurs ont tendance à connaître la proportionnalité d’apparition la moins élevée : il était inenvisageable, bien sûr, que la presque moitié des réactions annuelles de téléspectateurs sur les attentats du 11 septembre 2001 et leurs conséquences entraînent six mois d’émission de médiation sur cette question ! C’est même, d’ailleurs, le reproche inverse qui, dans ce cas, est généralement formulé, dénonçant qu’un élément de l’actualité, si important soit-il estimé, vienne occulter tous les autres.

    51C’est donc en tant qu’émission spécifique, soumise à des dispositifs particuliers, que L’Hebdo du Médiateur doit être analysé. C’est aussi en tant qu’émission empruntant certaines de ses règles à d’autres types d’émissions qu’elle doit également être observée : qu’elle se structure selon certains agendas, qu’elle emprunte parfois au “modèle” des bêtisiers – comme on pourra l’observer ultérieurement – ne sont, dès lors, plus à prendre comme des choix mimétiques ou comme des formes d’accrochage à des formats en vogue mais comme des éléments d’un contrat à enjeux multiples dans la relation non pas à un public mais à plusieurs publics.

    4.10. Niveaux d’articulation interne 1 : le dispositif interdiscursif

    52La « parole sans réponse » (Nel, 1998, 73) de l’information télévisée devient, avec l’instauration de la médiation, une parole sur laquelle le téléspectateur peut désormais faire retour. En ce sens, la médiation contribue à la mise en œuvre d’une “audibilité” inédite : celle du téléspectateur exprimant les façons dont il reçoit cette information. Pour appréhender une telle mise en scène de la réception, une double question doit être posée :

    • comment cette parole et les discours qu’elle porte trouvent-ils à s’exprimer dans la configuration mise en place ?

    • comment s’articulent-ils aux autres paroles et discours, et quels agencements peut-on observer qui autorisent à parler de dispositif, à ce niveau ?

    53Au cœur d’une émission ouvrant au dialogue sur l’information, il est manifeste qu’un premier niveau de discours mobilisé sera le “discours-source38” sur lequel vient s’exercer le commentaire. La focalisation critique du téléspectateur sur tel ou tel reportage ou extrait de reportage génère une opération d’extraction au sein du matériau global qu’est le discours de l’information de la chaîne ; c’est cette double démarche d’extraction, par le téléspectateur et par la chaîne reproduisant ce segment pour le commenter publiquement dans l’émission, qui fonde la scène de la médiation dans l’émission.

    54Ce premier niveau relatif à la conception et à la diffusion de reportages d’actualité peut être considéré comme un niveau de “présentation39” dans le sens où il s’agit de la première offre de discours au téléspectateur, dans le cadre de l’information du journal télévisé. Ce premier niveau est déjà la résultante de sélections multiples et de « dispositifs compositionnels » (Nel, 1998) non moins nombreux qui articulent des images et des commentaires journalistiques, des séquences entre elles… Autant d’éléments qui pourront devenir objets de remarques téléspectatorielles susceptibles de faire accéder ce reportage, cette séquence à un deuxième niveau.

    55Le deuxième niveau concernant ce reportage est le moment où il est en quelque sorte “re-présenté” c’est-à-dire cité dans un autre cadre, celui de la médiation. Il devient alors autre chose qu’une offre d’information sur tel ou tel référent ; ainsi cité, il devient support d’une discussion portant sur tel ou tel aspect à propos duquel le téléspectateur exprime une forme de désaccord, plus ou moins affirmée.

    56La base d’une telle opération est donc une démarche citationnelle reproduisant, dans le cadre de la médiation, les propos et les images objets de discussion. C’est dans le repérage des segmentations et des focalisations au sein d’un double discours, verbal et iconique, ainsi rapporté dans l’émission de médiation que peut s’exercer un premier type de travail sur ce que l’on pourrait appeler les logiques distinctives40 des téléspectateurs en matière de critique de l’information télévisée. C’est aussi une façon de s’interroger sur ce qui, au sein de la médiation télévisuelle et de la part des journalistes, participe de mises en questions et de mises à distance d’images et de commentaires qu’on a soi-même produits. De la reproduction verbo-iconique aux opérations de paraphrase, de reformulation qui l’accompagnent, c’est une partie importante de ce dispositif interdiscursif qui se met en place.

    57On soulignera par ailleurs que cette forme spécifique de discours rapporté qu’est la reproduction d’images et de commentaires de reportages télévisés est rendue visible par des éléments d’un dispositif technique qui, dans la médiation, consiste en un fenêtrage particulier de la dimension visuelle : les images citées apparaissent à l’écran dans un encadrement correspondant aux couleurs dominantes du générique, qui matérialisent en quelque sorte ce niveau citationnel. Les indications de bas d’écran signalant l’édition du journal télévisé et la date de première diffusion du reportage viennent renforcer l’identification de ce niveau. L’objectif de médiation est, quant à lui, réaffirmé de façon systématique par cette sorte de petit médaillon figurant en haut à gauche de l’écran, comme dans le générique, la forme symbolique de la rencontre sous la forme stylisée de ces acteurs se serrant la main pour dessiner le M de médiation.

    58On pourra dès lors envisager comment, au-delà de cette nécessaire reproduction des éléments-supports du débat41, on peut retrouver diverses formes d’interdiscursivité dans l’opération qui aboutit à la médiation :

    • au sein du matériel discursif des reportages eux-mêmes dans le sens où ils sont fréquemment composés d’images rapportées qui pourront être, dans certains cas, identifiées et dénommées comme des images dites « d’archives » mais plus couramment encore, extraites de reportages antérieurs sans être identifiées comme telles. C’est cette dimension intertextuelle par laquelle on peut observer comment le texte télévisuel42 est constitué de textes préalables et de modalités de reprise de ceux-ci qui, dans certains cas, pourra apparaître comme l’ossature critique du discours du téléspectateur,

    • au sein du discours de la médiation lui-même dont l’énonciation – du téléspectateur faisant valoir ses positions sur telle ou telle question au journaliste qui lui répond – sera fréquemment traversée de multiples formes de rappel de paroles déjà tenues sur le même objet. Cette reproductibilité des discours, pris ici notamment dans leur dimension argumentative, pourra être observée comme un des éléments susceptibles de pouvoir caractériser la place centrale du médiateur.

    59Si cette dimension dialogique est envisageable comme un des éléments structurants de ce dispositif interdiscursif, il est nécessaire de l’appréhender sur un mode énonciatif permettant de “désintriquer” le « kaléidoscope des voix » (Mouillaud, Tétu, 1989) dont nombre d’énoncés de médiation se composent : l’observation des phénomènes de polyphonie énonciative devient dès lors un outil essentiel de compréhension des logiques de défense en public d’une option critique qui amènent un téléspectateur à prendre la parole ou un journaliste à y réagir. Ces différentes voix présentes dans le même propos du téléspectateur – ou du journaliste – constituent déjà une des formes du “débat” qui partage chaque acteur : des positions que l’on cite pour signifier une adhésion à celles que l’on mentionne pour montrer une prise de distance. Ce sont ces variétés de niveaux d’adhésion – ou de non-adhésion – à une façon de médiatiser qui permettent d’identifier comment les formes de qualification ou de disqualification du travail médiatique sont non seulement produites dans les opérations de reprise discursive mais aussi dans les distances qu’on signifie par rapport à elles.

    60En soubassement d’un tel dispositif, la dimension des représentations sociales en tant qu’« ensemble des croyances, connaissances, opinions qui sont produites et partagées par les individus d’un même groupe à l’égard d’un objet social donné » (Guimelli, 1999, 63) apparaît alors comme ce qui vient déclencher et motiver les diverses réactions des acteurs, téléspectateurs comme journalistes, chacun dans leur logique c’est-à-dire au sein du système de représentations qui leur est propre43. Elément de partage et de structuration d’une identité collective et des valeurs au nom desquelles elle se revendique, ce système de représentations sociales s’offre comme une des formes de l’interdiscours qui unifie la profession journalistique, notamment au sein de la télévision, mais aussi des téléspectateurs attachés à certaines représentations de ce que “doit ou devrait être” l’information. C’est le conflit de ces représentations, chez les uns et chez les autres, qui constitue le socle implicite des différends qui s’expriment dans la médiation quant à la nature et au rôle de l’information.

    4.11. Niveaux d’articulation interne 2 : le dispositif interlocutif

    61Appuyée sur les remarques des téléspectateurs, l’émission s’offre comme une scène de débat entre un ou plusieurs téléspectateurs porteurs d’opinions récurrentes dans les courriers reçus par la chaîne et un ou plusieurs journalistes concernés par ces opinions. C’est cette “scène de parole” et ses modes d’organisation que la notion de dispositif interlocutif a pour objectif de situer.

    62Ici, ce sont par conséquent les logiques de l’échange discursif et les rapports de places qu’elles peuvent traduire qui constituent la dimension prioritaire. De fait, cette sorte de permutation dans les places occupées par chacun est ce qui constitue la trame de départ d’une émission comme celle-ci :

    • celui qui habituellement est simple récepteur de l’information télévisée devient locuteur de sa réception,

    • celui qui d’ordinaire est auteur et – fréquemment – locuteur de l’acte d’information devient récepteur : récepteur de la réception par le téléspectateur de l’acte d’information qu’il a conçu.

    63La façon dont s’opèrent ces conversions de places et ce qu’elles révèlent des conceptions de l’information télévisée participent intimement de l’acte de médiation : ces retournements permettent de faire affleurer les places respectives originelles auxquelles chacun se situe et situe l’autre. C’est dans cet éclairage rétrospectif – par la médiation et les places que chacun y occupe – du système de places de l’information que se situe un des enjeux essentiels de la médiation.

    64Si le dispositif de la médiation s’appuie sur un certain nombre de “places attribuées” – être le représentant d’un type de critique, être le porte-parole d’un groupe professionnel… – on aura l’occasion de constater que les places effectivement occupées par les acteurs peuvent largement déborder ce système de « places corrélatives » (Flahault, 1978) en même temps qu’elles le révèlent.

    65Ce sont notamment par des dimensions de nature stratégique que, dans l’interaction, s’opèrent ces démarches qui touchent, conjointement, à la construction d’une relation et à la défense de points de vue. L’observation des prises de parole, de ce au nom de quoi on la prend – ou on vous la donne –, de la volonté de garder cette parole ou au contraire de la céder rapidement au cours de l’échange sont autant d’indices qui, par exemple, sont susceptibles de signifier ce qui se joue au-delà des contenus émis44.

    66L’analyse essentielle de ces rapports de places doit par conséquent prendre en compte ce qui se joue relationnellement dans les énoncés produits – et aussi souvent que cela sera possible, ce que cela exprime des stratégies des acteurs de l’échange dans la gestion de la relation à l’autre. Ceci sera susceptible de prendre un certain nombre de formes : anticipation des réponses que pourra faire l’interlocuteur, intégrant en quelque sorte sa réception potentielle en y répondant par avance ; alliances entre acteurs, implicitement contenues dans les discours…

    67La défense de positions, de croyances, de savoirs et la mobilisation d’arguments au service de cette défense ne sauraient donc se faire sans prendre en compte les dimensions principales de ces phénomènes interlocutifs où les questions d’image, de préservation des faces sont des questions non négligeables. C’est, en tout cas, dans la dimension mixte de ce double dispositif – interdiscursif et interlocutif – que se déploie le travail argumentatif des différents acteurs : double dispositif qui, lui-même, prend tout son sens dans le cadre des dispositifs matériels et symboliques antérieurement observés.

    68Ceci renvoie naturellement au rôle central du médiateur dans cette configuration, sur le plan de la distribution mais aussi de la circulation de cette parole. Médiateur entre l’information et sa réception, il l’est par conséquent entre ceux qui font cette information et ceux qui la regardent mais aussi entre les différents récepteurs de celle-ci et les différents rôles qu’ils assurent. Gestionnaire du “dialogue” entre les divers participants et les diverses modalités de réception qu’ils peuvent exprimer, il est celui par lequel une régulation des tours de parole s’opère. On nuancera toutefois la portée d’un tel rôle en précisant que :

    • d’une part, par-delà le médiateur, les paroles, fréquemment, se sollicitent l’une l’autre, en complément ou en affrontement, pouvant faire évoluer le débat vers des dimensions que le médiateur, à un moment donné, pourra être amené à recadrer,

    • d’autre part, le caractère “polylogal” de ces échanges est susceptible de conduire le médiateur à une place plus complexe que celle de tiers entre deux positions antagonistes.

    69C’est donc vers un nécessaire examen des formes d’ajustement opérées dans la médiation, et notamment des rôles et des places adoptés par le médiateur, que doit à présent s’orienter l’analyse.

    Notes de bas de page

    1 « Ensemble résolument hétérogène, comportant des discours, des institutions, des aménagements architecturaux, des décisions réglementaires, des lois, des mesures administratives, des énoncés scientifiques, des propositions philosophiques, morales, philanthropiques, bref : du dit aussi bien que du non-dit, voilà les éléments du dispositif. Le dispositif lui-même, c’est le réseau qu’on peut établir entre ces éléments » (Foucault, 1994, 299).

    2 On renverra le lecteur aux développements contenus dans les sous-chapitres 4.2.et 4.3.

    3 Ceci sera développé dans le sous-chapitre 4.4.

    4 Ces points seront abordés dans le sous-chapitre 4.5.

    5 On se reportera, à ce propos, aux sous-chapitres 4.10 et 11.

    6 Parfois rubriques, parfois composantes de rubriques, les mots ou syntagmes défilant à l’écran peuvent trouver dans ce désignant relativement large – “ce qui permet de catégoriser, par ensembles, ce de quoi on est amené à dire quelque chose” – un premier indice d’une taxinomie opérée par la médiation.

    7 C’est, du moins, ce que l’on peut inférer d’une image comme la première de la série susceptible de signifier, parmi d’autres potentialités de signification, la prise d’information dont les images suivantes constituent, en quelque sorte, certains des résultats.

    8 Elles seront mentionnées ci-dessous entre guillemets.

    9 Les indications entre parenthèses indiquent la couleur du fond de rectangle, circulant donc de droite à gauche, sur lequel viennent s’inscrire les mots ou syntagmes dont sont reproduits également le type – romain ou italique – et la taille – minuscule ou majuscule – (b) correspondant à bleu, (n) à noir, (o) à orange, l’absence d’indication signifiant que la mention ne s’inscrit sur aucun fond particulier.

    10 Ou, tout du moins, ce que l’on peut interpréter comme tel.

    11 C’est sans doute dans cette superposition de la rencontre de deux acteurs, en opposition initiale, au visage d’un “troisième homme” assurant la médiation que peut se lire, symboliquement, la logique ternaire de l’activité médiatrice soulignée plus haut.

    12 Ce qui pourra conduire la présentatrice du journal de 13 heures du week-end, Béatrice Schönberg, à peine disparue de l’écran, à y réapparaître – mais de façon citationnelle, cette fois, et comme mise en abîme dans l’opération de médiation.

    13 En ce sens, il traduit la double volonté exprimée par France Télévisions dès l’origine du projet et réaffirmée par Marc Tessier (2003, 188) en termes d’« état d’esprit » et de « dispositif » (« Nous avons tout d’abord posé un droit pour tout téléspectateur à obtenir une réponse lorsqu’il formule individuellement une critique ou pose une question. Ensuite, il y a un droit du téléspectateur à s’assurer que la télévision publique accepte un débat et un réexamen interne lorsque cela est nécessaire. Pour répondre à ces droits, la télévision publique doit avoir à la fois un certain état d’esprit mais aussi un dispositif. »).

    14 La plus grande prudence s’impose par rapport à l’usage d’un tel terme. On se contentera, pour l’instant, de pointer le fait que, dans la pratique de la médiation, l’usage de la notion de thème correspond à des opérations de sélection dans un matériau large, opérations dont on propose ici de décliner les strates.

    15 Qui participe, lui aussi, de la dimension énonciative, comme l’a montré E. Véron (1983) en traitant de l’axe y-y reliant le présentateur au téléspectateur du journal télévisé.

    16 On n’utilisera plus désormais, pour ne pas surcharger le texte, les guillemets de modalisation pour cette notion mais on maintiendra, pour chacun de ses emplois, les prudences déjà avancées dans l’usage de celle-ci.

    17 www.france2.fr. La logique contractuelle qui unit le service public de télévision et le téléspectateur qui contribue à le financer trouve ici une de ses formalisations.

    18 Libération, 3112 1998.

    19 Une telle augmentation laisse par ailleurs transparaître sous l’évidence d’un constat aisément observable – la mise à disposition du téléspectateur d’un moyen de faire connaître son opinion est une possibilité largement utilisée – des dimensions qui, même si elles débordent le cadre d’analyse fixé, mériteraient d’être explorées plus avant, notamment sur l’axe du rapport entre vecteur, papier ou électronique, utilisé avec le type de thème abordé, le degré de réactivité adopté, le mode de discours mobilisé… Des indications en ce sens apparaissent dans le travail récent d’A. Aubert (2007).

    20 On se reportera notamment aux chapitres 8, 9 et 10.

    21 Qui figurera en colonne gauche de ce tableau.

    22 Ou de parties d’émissions.

    23 Ou quasiment inatteignable. On signalera toutefois que France Télévisions a entrepris, en décembre 2003, des démarches visant à la mise en place d’un « baromètre qualitatif » sur les programmes (dont l’information et les magazines) diffusés par le groupe. Mis en avant par Marc Tessier comme outil stratégique au service du développement de France Télévisions, ce baromètre, appuyé sur des opérations de sondage d’un panel de 10 000 téléspectateurs français représentatifs de la population, vise, par questionnaires électroniques hebdomadaires, à mesurer les niveaux de satisfaction des téléspectateurs quant aux programmes du groupe et à contribuer à la fixation de critères de pilotage de France Télévisions. On pourra se reporter, pour davantage de précisions à l’article de Daniel Psenny dans Le Monde du 5 décembre 2003 : « France Télévisions se dote d’un baromètre pour mesurer la qualité de ses programmes ».
    On soulignera que, de façon quasi-concomitante à l’annonce de la mise en place de ce baromètre, était diffusée, le lundi 8 décembre 2003, sur France 5, une édition spéciale de l’émission « C dans l’air », d’un format exceptionnel de 90 minutes, sur le thème de l’utilisation de la redevance audiovisuelle, à laquelle participait Marc Tessier (émission dont la formule sera reprise, fin 2004, sur France 2, sous le titre « À quoi sert la redevance ? »)…

    24 La dénomination « territoires palestiniens » n’est pas sans soulever une série de questions relatives à la façon dont, dans l’information mais aussi dans sa médiation, on désigne les choses.

    25 L’enjeu de ce premier niveau d’observation est, naturellement, de permettre d’affiner le regard ultérieurement porté sur les démarches de positionnement critique des téléspectateurs à l’égard de l’information dispensée par la chaîne. Il rejoint par conséquent les dispositifs plus spécifiques abordés par la suite : dispositif interdiscursif et dispositif interlocutif (cf 4.10. et 4.11.).
    On rejoint par conséquent les positions réaffirmées par S. Proulx et É. Wolff (2001, 131) : loin de la visée épistémologique de l’« analyse de contenu » où les contenus des informations, considérés comme « stables et indépendants des récepteurs » sont a priori « pris pour acquis », ce sont « les interactions dynamiques qui lient ces messages aux téléspectateurs » qui, avant tout, peuvent permettre d’identifier, dans la médiation, ce qui est du ressort d’une réception en débat.

    26 Et avec une nette dominance du premier sur le second.

    27 Il serait sans doute nécessaire de largement nuancer cette notion de suivi dans la mesure où les médias, avec certains autres acteurs ou groupes sociaux, politiques, associatifs, syndicaux…, contribuent à la construction de l’agenda politique, structuré par le jeu de ces interactions. On pourra, sur ces questions, se reporter notamment à Bregman, 1996.

    28 Et dépassent le projet fixé dans ce travail.

    29 Et seulement potentiel.

    30 Episodes dont le caractère public laisse apparaître le fait que, fréquemment, les médias y jouent, au-delà de la mise en visibilité qu’ils permettent, un rôle quasi-structurant : par les prises de paroles qu’ils autorisent et même, souvent, stimulent.

    31 Sur le mode : « On se fout des voyages privés du président de la République lorsqu’il était maire de Paris… » (Pladoe, 8 9 01) ou « Une petite réflexion sur cette « GROSSE NOUVELLE » : Jospin aurait été trotskiste. Je n’en ai pour ma part rien à faire… » (David Trolan, 8 9 01). On soulignera, au passage, que l’utilisation des majuscules tout comme l’usage d’une syntaxe et d’un lexique plutôt caractéristiques de l’oral (« on se fout de…, rien à faire… ») sont des moyens de renforcer l’expression de cette divergence et d’y laisser transparaître l’émotion qu’on souhaite y mettre.

    32 Il est sans doute délicat de considérer ici qu’il s’agit d’un thème – même s’il est considéré comme tel dans le rapport du médiateur. Sa permanence dans le courrier des téléspectateurs, au cours de l’année étudiée mais aussi bien au-delà, en fait néanmoins un sujet qui mérite d’être observé comme un révélateur particulièrement significatif de la “veille” qu’entretient le téléspectateur par rapport au journal télévisé, par-delà la prise d’information qu’il en attend. On se reportera, sur ce point, au chapitre 7 (7.1.A. et 7.1.B.).

    33 1 200 messages dans le premier cas pour 1 300 dans le deuxième.

    34 On précisera que, dans un tel ensemble, viennent se mêler du “ponctuel” et du “transversal”, comme le traitement médiatique de la question dite de la « vache folle », par agglomération d’épisodes divers constitués en crise globale, l’a fréquemment démontré.

    35 P. Charaudeau (1997) a montré combien ce qui ressortait, selon lui, d’un « contrat de captation » méritait d’être attentivement pris en compte dans le domaine de l’information et, pourrait-on ajouter, de la médiation de l’information.

    36 On verra, par ailleurs, que cette variété dans les choix thématiques n’est qu’un des moyens de construction d’une variété qui, par exemple, s’exprimera également sur le plan des invités.

    37 Sauf cas particulier, inscrit dans l’agenda, comme la semaine de la presse à l’école, par exemple (émission du 10 mars 2001).

    38 Celui-ci s’alimentant, en amont, à un certain nombre d’autres discours-sources dont l’usage pourra être, dans certains cas, le point central de contestation chez le téléspectateur.

    39 Cette appellation traduit un moment de soumission d’une séquence informative à un public ; cela n’exclut nullement qu’une telle séquence soit composée de représentations sociales, ainsi qu’on le verra plus loin.

    40 Cette formule se voudrait significative d’une double distinction du téléspectateur : celle qui se matérialise par un choix critique au sein d’un matériau informatif étendu, celle par laquelle il marque une forme d’identité que cette critique permet de révéler, de produire publiquement – ainsi que les chapitres 9 et 10 le montreront.

    41 Qui n’est pas sans poser question, comme on le constatera, à propos de l’image, dans le sous-chapitre 8.3.

    42 Entendu dans son sens plurisémiotique.

    43 Systèmes qui peuvent se rejoindre sur un certain nombre de points.

    44 On précisera néanmoins que le dispositif technique du duplex, parfois utilisé pour l’intervention de certains téléspectateurs, peut avoir un certain nombre d’incidences (mauvaise compréhension de la question posée, temps de retard dans la réaction adoptée, difficulté à prendre place dans le débat et donc parole fortement tributaire d’une “autorisation” à pouvoir la prendre…) sur la nature de l’interlocution lorsqu’elle implique des personnes non rompues à la parole publique et aisément déstabilisables par de tels dispositifs.

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    1 « Ensemble résolument hétérogène, comportant des discours, des institutions, des aménagements architecturaux, des décisions réglementaires, des lois, des mesures administratives, des énoncés scientifiques, des propositions philosophiques, morales, philanthropiques, bref : du dit aussi bien que du non-dit, voilà les éléments du dispositif. Le dispositif lui-même, c’est le réseau qu’on peut établir entre ces éléments » (Foucault, 1994, 299).

    2 On renverra le lecteur aux développements contenus dans les sous-chapitres 4.2.et 4.3.

    3 Ceci sera développé dans le sous-chapitre 4.4.

    4 Ces points seront abordés dans le sous-chapitre 4.5.

    5 On se reportera, à ce propos, aux sous-chapitres 4.10 et 11.

    6 Parfois rubriques, parfois composantes de rubriques, les mots ou syntagmes défilant à l’écran peuvent trouver dans ce désignant relativement large – “ce qui permet de catégoriser, par ensembles, ce de quoi on est amené à dire quelque chose” – un premier indice d’une taxinomie opérée par la médiation.

    7 C’est, du moins, ce que l’on peut inférer d’une image comme la première de la série susceptible de signifier, parmi d’autres potentialités de signification, la prise d’information dont les images suivantes constituent, en quelque sorte, certains des résultats.

    8 Elles seront mentionnées ci-dessous entre guillemets.

    9 Les indications entre parenthèses indiquent la couleur du fond de rectangle, circulant donc de droite à gauche, sur lequel viennent s’inscrire les mots ou syntagmes dont sont reproduits également le type – romain ou italique – et la taille – minuscule ou majuscule – (b) correspondant à bleu, (n) à noir, (o) à orange, l’absence d’indication signifiant que la mention ne s’inscrit sur aucun fond particulier.

    10 Ou, tout du moins, ce que l’on peut interpréter comme tel.

    11 C’est sans doute dans cette superposition de la rencontre de deux acteurs, en opposition initiale, au visage d’un “troisième homme” assurant la médiation que peut se lire, symboliquement, la logique ternaire de l’activité médiatrice soulignée plus haut.

    12 Ce qui pourra conduire la présentatrice du journal de 13 heures du week-end, Béatrice Schönberg, à peine disparue de l’écran, à y réapparaître – mais de façon citationnelle, cette fois, et comme mise en abîme dans l’opération de médiation.

    13 En ce sens, il traduit la double volonté exprimée par France Télévisions dès l’origine du projet et réaffirmée par Marc Tessier (2003, 188) en termes d’« état d’esprit » et de « dispositif » (« Nous avons tout d’abord posé un droit pour tout téléspectateur à obtenir une réponse lorsqu’il formule individuellement une critique ou pose une question. Ensuite, il y a un droit du téléspectateur à s’assurer que la télévision publique accepte un débat et un réexamen interne lorsque cela est nécessaire. Pour répondre à ces droits, la télévision publique doit avoir à la fois un certain état d’esprit mais aussi un dispositif. »).

    14 La plus grande prudence s’impose par rapport à l’usage d’un tel terme. On se contentera, pour l’instant, de pointer le fait que, dans la pratique de la médiation, l’usage de la notion de thème correspond à des opérations de sélection dans un matériau large, opérations dont on propose ici de décliner les strates.

    15 Qui participe, lui aussi, de la dimension énonciative, comme l’a montré E. Véron (1983) en traitant de l’axe y-y reliant le présentateur au téléspectateur du journal télévisé.

    16 On n’utilisera plus désormais, pour ne pas surcharger le texte, les guillemets de modalisation pour cette notion mais on maintiendra, pour chacun de ses emplois, les prudences déjà avancées dans l’usage de celle-ci.

    17 www.france2.fr. La logique contractuelle qui unit le service public de télévision et le téléspectateur qui contribue à le financer trouve ici une de ses formalisations.

    18 Libération, 3112 1998.

    19 Une telle augmentation laisse par ailleurs transparaître sous l’évidence d’un constat aisément observable – la mise à disposition du téléspectateur d’un moyen de faire connaître son opinion est une possibilité largement utilisée – des dimensions qui, même si elles débordent le cadre d’analyse fixé, mériteraient d’être explorées plus avant, notamment sur l’axe du rapport entre vecteur, papier ou électronique, utilisé avec le type de thème abordé, le degré de réactivité adopté, le mode de discours mobilisé… Des indications en ce sens apparaissent dans le travail récent d’A. Aubert (2007).

    20 On se reportera notamment aux chapitres 8, 9 et 10.

    21 Qui figurera en colonne gauche de ce tableau.

    22 Ou de parties d’émissions.

    23 Ou quasiment inatteignable. On signalera toutefois que France Télévisions a entrepris, en décembre 2003, des démarches visant à la mise en place d’un « baromètre qualitatif » sur les programmes (dont l’information et les magazines) diffusés par le groupe. Mis en avant par Marc Tessier comme outil stratégique au service du développement de France Télévisions, ce baromètre, appuyé sur des opérations de sondage d’un panel de 10 000 téléspectateurs français représentatifs de la population, vise, par questionnaires électroniques hebdomadaires, à mesurer les niveaux de satisfaction des téléspectateurs quant aux programmes du groupe et à contribuer à la fixation de critères de pilotage de France Télévisions. On pourra se reporter, pour davantage de précisions à l’article de Daniel Psenny dans Le Monde du 5 décembre 2003 : « France Télévisions se dote d’un baromètre pour mesurer la qualité de ses programmes ».
    On soulignera que, de façon quasi-concomitante à l’annonce de la mise en place de ce baromètre, était diffusée, le lundi 8 décembre 2003, sur France 5, une édition spéciale de l’émission « C dans l’air », d’un format exceptionnel de 90 minutes, sur le thème de l’utilisation de la redevance audiovisuelle, à laquelle participait Marc Tessier (émission dont la formule sera reprise, fin 2004, sur France 2, sous le titre « À quoi sert la redevance ? »)…

    24 La dénomination « territoires palestiniens » n’est pas sans soulever une série de questions relatives à la façon dont, dans l’information mais aussi dans sa médiation, on désigne les choses.

    25 L’enjeu de ce premier niveau d’observation est, naturellement, de permettre d’affiner le regard ultérieurement porté sur les démarches de positionnement critique des téléspectateurs à l’égard de l’information dispensée par la chaîne. Il rejoint par conséquent les dispositifs plus spécifiques abordés par la suite : dispositif interdiscursif et dispositif interlocutif (cf 4.10. et 4.11.).
    On rejoint par conséquent les positions réaffirmées par S. Proulx et É. Wolff (2001, 131) : loin de la visée épistémologique de l’« analyse de contenu » où les contenus des informations, considérés comme « stables et indépendants des récepteurs » sont a priori « pris pour acquis », ce sont « les interactions dynamiques qui lient ces messages aux téléspectateurs » qui, avant tout, peuvent permettre d’identifier, dans la médiation, ce qui est du ressort d’une réception en débat.

    26 Et avec une nette dominance du premier sur le second.

    27 Il serait sans doute nécessaire de largement nuancer cette notion de suivi dans la mesure où les médias, avec certains autres acteurs ou groupes sociaux, politiques, associatifs, syndicaux…, contribuent à la construction de l’agenda politique, structuré par le jeu de ces interactions. On pourra, sur ces questions, se reporter notamment à Bregman, 1996.

    28 Et dépassent le projet fixé dans ce travail.

    29 Et seulement potentiel.

    30 Episodes dont le caractère public laisse apparaître le fait que, fréquemment, les médias y jouent, au-delà de la mise en visibilité qu’ils permettent, un rôle quasi-structurant : par les prises de paroles qu’ils autorisent et même, souvent, stimulent.

    31 Sur le mode : « On se fout des voyages privés du président de la République lorsqu’il était maire de Paris… » (Pladoe, 8 9 01) ou « Une petite réflexion sur cette « GROSSE NOUVELLE » : Jospin aurait été trotskiste. Je n’en ai pour ma part rien à faire… » (David Trolan, 8 9 01). On soulignera, au passage, que l’utilisation des majuscules tout comme l’usage d’une syntaxe et d’un lexique plutôt caractéristiques de l’oral (« on se fout de…, rien à faire… ») sont des moyens de renforcer l’expression de cette divergence et d’y laisser transparaître l’émotion qu’on souhaite y mettre.

    32 Il est sans doute délicat de considérer ici qu’il s’agit d’un thème – même s’il est considéré comme tel dans le rapport du médiateur. Sa permanence dans le courrier des téléspectateurs, au cours de l’année étudiée mais aussi bien au-delà, en fait néanmoins un sujet qui mérite d’être observé comme un révélateur particulièrement significatif de la “veille” qu’entretient le téléspectateur par rapport au journal télévisé, par-delà la prise d’information qu’il en attend. On se reportera, sur ce point, au chapitre 7 (7.1.A. et 7.1.B.).

    33 1 200 messages dans le premier cas pour 1 300 dans le deuxième.

    34 On précisera que, dans un tel ensemble, viennent se mêler du “ponctuel” et du “transversal”, comme le traitement médiatique de la question dite de la « vache folle », par agglomération d’épisodes divers constitués en crise globale, l’a fréquemment démontré.

    35 P. Charaudeau (1997) a montré combien ce qui ressortait, selon lui, d’un « contrat de captation » méritait d’être attentivement pris en compte dans le domaine de l’information et, pourrait-on ajouter, de la médiation de l’information.

    36 On verra, par ailleurs, que cette variété dans les choix thématiques n’est qu’un des moyens de construction d’une variété qui, par exemple, s’exprimera également sur le plan des invités.

    37 Sauf cas particulier, inscrit dans l’agenda, comme la semaine de la presse à l’école, par exemple (émission du 10 mars 2001).

    38 Celui-ci s’alimentant, en amont, à un certain nombre d’autres discours-sources dont l’usage pourra être, dans certains cas, le point central de contestation chez le téléspectateur.

    39 Cette appellation traduit un moment de soumission d’une séquence informative à un public ; cela n’exclut nullement qu’une telle séquence soit composée de représentations sociales, ainsi qu’on le verra plus loin.

    40 Cette formule se voudrait significative d’une double distinction du téléspectateur : celle qui se matérialise par un choix critique au sein d’un matériau informatif étendu, celle par laquelle il marque une forme d’identité que cette critique permet de révéler, de produire publiquement – ainsi que les chapitres 9 et 10 le montreront.

    41 Qui n’est pas sans poser question, comme on le constatera, à propos de l’image, dans le sous-chapitre 8.3.

    42 Entendu dans son sens plurisémiotique.

    43 Systèmes qui peuvent se rejoindre sur un certain nombre de points.

    44 On précisera néanmoins que le dispositif technique du duplex, parfois utilisé pour l’intervention de certains téléspectateurs, peut avoir un certain nombre d’incidences (mauvaise compréhension de la question posée, temps de retard dans la réaction adoptée, difficulté à prendre place dans le débat et donc parole fortement tributaire d’une “autorisation” à pouvoir la prendre…) sur la nature de l’interlocution lorsqu’elle implique des personnes non rompues à la parole publique et aisément déstabilisables par de tels dispositifs.

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    Noyer, J. (2009). Chapitre 4. La médiation à la télévision : dispositifs matériels et symboliques. In Quand la télévision donne la parole au public. Villeneuve d’Ascq: Presses universitaires du Septentrion. https://doi.org/10.4000/books.septentrion.113373
    Noyer, Jacques. « Chapitre 4. La médiation à la télévision : dispositifs matériels et symboliques ». In Quand la télévision donne la parole au public. Villeneuve d’Ascq: Presses universitaires du Septentrion, 2009. doi:10.4000/books.septentrion.113373.
    Noyer, Jacques. « Chapitre 4. La médiation à la télévision : dispositifs matériels et symboliques ». Quand la télévision donne la parole au public, Presses universitaires du Septentrion, 2009, https://doi.org/10.4000/books.septentrion.113373.

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    Noyer, J. (2009). Quand la télévision donne la parole au public. Villeneuve d’Ascq: Presses universitaires du Septentrion. https://doi.org/10.4000/books.septentrion.113318
    Noyer, Jacques. Quand la télévision donne la parole au public. Villeneuve d’Ascq: Presses universitaires du Septentrion, 2009. doi:10.4000/books.septentrion.113318.
    Noyer, Jacques. Quand la télévision donne la parole au public. Presses universitaires du Septentrion, 2009, https://doi.org/10.4000/books.septentrion.113318.
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