1 La Confédération paysanne est un des quatre syndicats agricoles français. Les trois autres organisations professionnelles sont la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), la Coordination rurale et le Mouvement de défense des exploitants familiaux (Modef). Les Jeunes agriculteurs (JA) – anciennement Centre national des jeunes agriculteurs (CNJA) – sont considérés comme la branche jeune de la FNSEA, rassemblant des agriculteurs de moins de 35 ans.

2 J’ai été présente quotidiennement à Bagnolet de novembre 2007 à février 2008, puis j’ai poursuivi les observations en assistant ponctuellement à des réunions et événements jusqu’en avril 2009.

3 Les animateurs sont les salariés de la CP, chacun d’entre eux est responsable de dossiers thématiques ou sectoriels (semences paysannes, animation syndicale, viandes bovine et ovine, lait, etc.). Je reviendrai sur leur rôle dans la production des positionnements syndicaux dans la deuxième partie du chapitre.

4 Pour une histoire de ces syndicats et de la CP, voir Rose-Marie Lagrave, « Les gauches syndicales (Modef, CNSTP, FNSP) », in Pierre Coulomb, et al. (dir.) Les Agriculteurs et la politique, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1990, p. 355-369 ; Jean-Philippe Martin, Histoire de la nouvelle gauche paysanne : des contestations des années 1960 à la Confédération paysanne, Paris, La Découverte, 2005 ; Ivan Bruneau, La Confédération paysanne : s’engager à « juste » distance, thèse de doctorat en science politique, Université Paris X-Nanterre, 2006.

5 La FNSEA-JA et apparentés obtiennent 55,57 % des suffrages, la Coordination rurale 20,49 %, la CP 18,54 %, le Modef 1,47 %, les listes d’union CP-Coordination rurale 1,26 %, celles de la CP-Modef 1,14 % et les divers 1,53 %.

6 Le choix de ce terme est important pour les militants qui différencient ainsi leur organisation de la FNSEA – qui a un président et des vice-présidents – et insistent sur la nature mandataire de cette fonction. Entre 2000 et 2003, la CP a trois porte-parole, puis deux entre 2004 et 2005. Cette mesure est prise à l’occasion de l’élection de José Bové au secrétariat national en 2000 pour limiter l’effet de personnification autour de ce militant et faciliter le travail de représentation à une période où les sollicitations extérieures vont croissantes.

7 Bien entendu, l’analyse de la division du travail syndical ne peut se satisfaire d’une simple reprise des règles formelles encadrant la répartition des pouvoirs entre les différentes instances. Il est indispensable d’examiner les usages qui en sont faits et qui peuvent modifier les équilibres internes.

8 La caractérisation des actions syndicales étant un enjeu de lutte symbolique entre syndicats adverses, ce terme est employé par les militants syndicaux afin de souligner le fait qu’ils ne détériorent ni ne détruisent de biens matériels.

9 Sur le répertoire d’action syndical de la CP, je me permets de renvoyer à l’ouvrage tiré de ma thèse. Voir Élise Roullaud, Contester l’Europe agricole. La Confédération paysanne à l’épreuve de la PAC, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2017.

10 En cela, cette étude s’inscrit dans la continuité des analyses menées par Didier Demazière et Patrick Le Lidec sur le travail politique. Voir Didier Demazière et Patrick Le Lidec (dir.), Les mondes du travail politique, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014.

11 Terme utilisé par plusieurs responsables syndicaux durant les entretiens.

12 Par exemple, carton « Comité national 1987-1992 », carton « Réforme PAC 92 n^o 1 », carton « PAC 1999, accord de Berlin, propositions de la Confédération paysanne, OMC ».

13 Notes du journal de terrain, le 08/01/2008.

14 En juin 1997, la tenue d’élections législatives anticipées à la suite de la décision du Président de la République, Jacques Chirac, de dissoudre l’Assemblée nationale est marquée par la victoire du Parti socialiste qui forme un gouvernement de « gauche plurielle ».

15 Compte-rendu de la réunion avec Louis Le Pensec du 27 juin 1997, dans La Lettre des paysans, n^o 98, 21 juin-4 juillet 1997, p. 10.

16 Compte-rendu du comité national des 24 et 25 juin 1997, dans La lettre des paysans, ibid., p. 7.

17 Sur la cogestion, voir Pierre Muller, Le technocrate et le paysan : essai sur la politique française de modernisation de l’agriculture de 1945 à nos jours, Paris, Les éditions ouvrières, 1984 ; John T. S. Keeler, The Politics of Neocorporatism in France: Farmers, the State and Agricultural Policy-Making in the Fifth Republic, Oxford, Oxford University Press, 1987.

18 Entretien avec Jean, membre du comité national de la CP de 1987 à 1992 et du secrétariat national de 1989 à 1992, 27/08/2008.

19 La concurrence syndicale est également un facteur déterminant à l’investissement de la CGT dans le travail institutionnel, ses dirigeants le concevant « comme une nécessité pour contester plus efficacement le statut d’interlocuteur privilégié que revendique désormais la CFDT vis-à-vis du gouvernement et du patronat dans l’arène des négociations ». Voir Baptiste Giraud, « Négocier sous contrainte : les modalités d’appropriation du rôle de “partenaire social” par les représentants de la CGT », Relations industrielles, 2015, vol. 70, n^o 2, p. 306-326, p. 313.

20 Entretien avec Jean, membre du comité national de la CP de 1987 à 1992 et du secrétariat national de 1989 à 1992, 27/08/2008.

21 « Assemblée générale extraordinaire. Contribution du secrétariat national », dans La Lettre des paysans, numéro spécial, août 1992, p. 5.

22 Cette prime favorise les élevages dits « extensifs » en valorisant les prairies (qui nécessitent peu ou pas d’intrants chimiques) et en limitant la taille des troupeaux.

23 Louis Mermaz, ministre de l’Agriculture de 1990 à 1992.

24 Entretien avec Sabine, animatrice générale de la CP de 1989 à 2000, 04/07/2008.

25 Notes du journal de terrain, le 13/03/2008.

26 Compte-rendu du comité national des 20-22 octobre 1998 dans La Lettre des paysans, n^o 128, 2-27 novembre 1998, p. 4.

27 Déversement de terre pour effectuer des semis devant les Préfectures, installation de « mini-fermes » devant les locaux des députés, etc.

28 Compte-rendu du secrétariat national du 4 août 1998, dans La Lettre des paysans, n^o 123, 8-22 août 1998, p. 27.

29 Compte-rendu du secrétariat national du 6 octobre 1998, dans La Lettre des paysans, n^o 126, 10-30 octobre 1998, p. 10.

30 Les grèves, les manifestations ou encore les émeutes sont les sujets centraux des études sur les mobilisations collectives. Sur ces débats, voir Olivier Fillieule, « De l’objet de la définition à la définition de l’objet. De quoi traite finalement la sociologie des mouvements sociaux ? », Politique et Sociétés, vol. 28, n^o 1, 2009, p. 15-36.

31 Compte-rendu du secrétariat national du 18 novembre 1997, dans La Lettre des paysans, n^o 107, 18 au 28 novembre 1997, p. 7.

32 Office interprofessionnel des viandes, de l’élevage et de l’aviculture.

33 Établissements publics rattachés au ministère de l’Agriculture, les offices régulent le marché des productions agricoles.

34 Nom du magazine mensuel de la CP destiné au grand public.

35 Entretien avec Jean, membre du comité national de la CP de 1987 à 1992 et du secrétariat national de 1989 à 1992, 27/08/2008.

36 Au moment de l’enquête, un seul salarié avait été agriculteur avant de devenir animateur syndical. Néanmoins, son embauche au sein de la structure nationale ne correspond pas à une décharge mais à une réorientation professionnelle suite à l’arrêt de son activité agricole.

37 Entretien avec Martin, animateur à la CP de 1995 à 2007, 26/11/2008.

38 Entretien avec Bernard, membre du comité et du secrétariat national de la CP de 1990 à 1994, 01/07/2008.

39 Entretien avec Sabine, animatrice générale de la CP de 1989 à 2000, le 04/07/2008.

40 Tout comme la définition des « bonnes » pratiques syndicales, celle de l’agriculture paysanne est au centre de tensions entre militants et n’est pas l’objet de pratiques homogènes.

41 Je remercie vivement Yolaine Gassier et Baptiste Giraud pour leurs lectures et remarques stimulantes qui m’ont amenée à préciser mon propos et à explorer de nouveaux questionnements.