Chapitre 6. La logique fatale de la guerre moderne et du capitalisme : l’exemple de la chimie

1Depuis la parution du livre de Christopher Clark, Les Somnambules1, le débat sur le déclenchement de la Première Guerre mondiale s’est à nouveau animé dans deux directions. Se pose la question, d’une part, de la responsabilité de la guerre, d’autre part, de manière liée, de sa nature. Si la guerre s’est déclenchée conformément aux plans, sa dynamique interne s’est développée à partir de la configuration d’origine. Au moins le déclencheur était prêt, suivait des objectifs précis et était en mesure de mobiliser les moyens correspondants pour leur mise en œuvre. Cette vision est aujourd’hui dominante dans l’historiographie, au moins depuis les années 1960. Selon cette vision, le Reich a déclenché la guerre volontairement avec des motivations impérialistes et a employé tous les moyens pour la gagner, mais il s’est trouvé dépassé par une coalition d’adversaires plus forte que lui, dont les objectifs et les intentions étaient en fin de compte accessoires. L’effondrement et les perte