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Pour une approche transnationale de la résistance en général et des militaires en résistances en particulier

p. 31-48

Résumé

Jusqu’à présent, la résistance a été surtout étudiée dans un cadre national. Non sans raison, puisque les forces clandestines inscrivaient leur lutte à l’intérieur de leurs frontières et que leurs coopérations internationales demeurèrent l’exception plutôt que la règle. De même, si la légende avance que l’idée européenne est née sur les bords de la Tamise, un examen serré démontre qu’il n’en est rien, les pouvoirs en exil préférant, le plus souvent, défendre leurs intérêts nationaux plutôt que de jeter les bases d’une Europe nouvelle. En revanche, la Grande-Bretagne et les États-Unis, par le soutien accordé aux forces résistantes, construisirent bel bien leur action dans un cadre européen. Il est dès lors possible d’envisager une histoire transnationale de la résistance, en envisageant l’appui que donnèrent Londres et Washington, via leurs services secrets, leurs organes de propagande, ou la reconnaissance, offerte ou non, aux autorités politiques qui siégèrent, à partir de 1940, dans la capitale britannique.


Extrait

1Que l’histoire de la résistance, en France comme dans bien des pays frappés par la Seconde Guerre mondiale, se soit d’abord et avant tout construite dans un cadre national relève de l’évidence. Dès les lendemains de cet effroyable conflit, en effet, les États, appuyés par des entrepreneurs de mémoire, partis et associations notamment, eurent à cœur d’inscrire le combat pour la libération dans une geste patriotique. Pour conjurer les blessures de l’histoire, ils entendaient exalter le rôle des forces clandestines, ce qui les amena par contrecoup à ignorer le poids des collaborateurs et à minorer le rôle décisif joué par les armées anglo-américaines. « Dans le kaléidoscope des expériences de guerre, seule la résistance avait l’étoffe d’une épopée nationale. Être libéré est une expérience subie qui ne se prête guère à la célébration d’une autonomie retrouvée. La gratitude ne peut fonder une nouvelle identité nationale. Pour [la France, la Belgique et les Pays-Bas], glorifier la c

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