1 « L’espoir essentiel de voir s’évanouir l’état de contrainte anxieuse qui pesait sur l’Europe depuis tant d’années n’a pas été rempli […] Il semble cependant que l’expérience n’est pas suffisante. Quelques-uns placent leurs espoirs dans une reprise du carnage. On trouve qu’il n’y eut pas assez de détresse, de déceptions, pas assez de ruines ni de larmes ; pas assez de mutilés, d’aveugles, de veuves et d’orphelins. Il paraît que les difficultés de la paix font pâlir l’atrocité de la guerre, dont on voit cependant interdire çà et là les effrayantes images. » Paul Valéry, Regards sur le monde actuel, 1931, Librairie Stock, édition numérique, 2005, p. 61-62.

2 Julien Benda, La Trahison des clercs (1927), Paris, Grasset, 2003.

3 Henri Bergson, Les Deux Sources de la morale et de la religion (1932), Paris, Puf, 2003.

4 Thomas Mann, Considérations d’un apolitique (1918), Paris, Grasset, 1975, p. 35.

5 « Il est parfaitement évident qu’à ce Moyen Âge extraordinaire et grandiose, à ce Moyen Âge où il y avait une unité occidentale, une unité que l’on appelait la chrétienté catholique, ou plus simplement Rome, en face d’une autre chrétienté qui était la chrétienté de Byzance ; il est évident que cette unité occidentale s’est trouvée non seulement compromise, mais peu à peu détruite, que des frontières se sont élevées […] » Jean Renoir, Écrits (1926-1971), Paris, Ramsay, 2006, p. 91.

6 Henri Massis, Manifeste des intellectuels français pour la défense de l’Occident et la paix en Europe, 4 octobre 1935. Le manifeste est signé par des personnalités aussi différentes que le peintre Maurice Denis, le journaliste de la Jeune Droite Catholique, Jean de Fabrègues, et le philosophe chrétien Gabriel Marcel, tous deux fondateurs de la revue Civilisation en avril 1938, revue qui, au mois de juillet de la même année, sous la plume de Jean Daujat, soutenait une position spirituelle opposée à tous les matérialismes : « Anarchie et désordre de notre pauvre France usée de libéralisme et d’individualisme. Utilitarisme anglo-saxon et américanisme. Totalitarisme de la classe (communisme) et de la race (hitlérisme) ou de l’État (fascisme). De tous côtés un flot de barbarie déferle aujourd’hui sur le monde et menace d’engloutir notre civilisation. »

7 Jean Renoir, Écrits (1926-1971), op. cit., p. 112.

8 Jean Renoir, « À Carl Koch et Lotte Reiniger, 14 décembre 1947, Hollywood », in Lettres d’Amérique, Paris, Presses de la Renaissance, 1984, p. 301.

9 André Malraux, L’œuvre d’art, 1935, in Écrits sur l’art, I, Paris, Gallimard, La Pléiade, 2004, p. 1191.

10 André Malraux, L’Homme et sa Culture artistique, (1946), in Écrits sur l’art,I, op. cit., p. 1215.

11 Michel Leiris, « Faire-part », Un Génie sans piédestal et autres écrits sur Picasso, Fourbis, 1992, p. 34.

12 « En tout cas, lorsque je me permets de faire entendre un écho pessimiste, je pense surtout à cette civilisation à laquelle j’appartiens, et qui est la civilisation de la Renaissance. » Ces propos de Renoir éclairent le choix des œuvres qui composent son imagier. La politique des auteurs, Entretiens avec dix cinéastes, Éditions de l’Étoile-Cahiers du cinéma, 1984, p. 14.

13 Jean Renoir, Entretiens et propos, Paris, Cahiers du cinéma, 2005, p. 45.

14 « Je crois que la division des Temps modernes n’est pas une division arbitraire. Il est parfaitement évident que l’Empire romain qui, à mon avis, existe encore malgré bien des avatars, a subi sa plus grande défaite au xv^e siècle. Mais ce n’est pas parce que les Turcs ont pris Constantinople qu’il a subi cette défaite. C’est parce qu’un certain Luther a décidé que l’on pourrait prier dans sa propre langue au lieu de prier en latin. » On me permettra ici de corriger Jean Renoir : les 95 thèses du Disputatio pro declaratione virtutis indulgentiarum de Luther qui sont à l’origine de la crise réformée datent de 1517. Jean Renoir, « Causerie prononcée sur la demande de la Cinémathèque française au Congrès international de la recherche cinématographique le 31 octobre 1957 », Cahiers du cinéma n° 78, décembre 1957, in Jean Renoir Dits et Écrits, op. cit., p. 90.

15 Paul Valéry, « Note (ou L’Européen) », in Europes. De l’Antiquité au xx^e siècle, Paris, Éditions Robert Laffont, coll. Bouquins, 2000, p. 424.

16 André Bazin, Jean Renoir, op. cit., p. 59-60. Sur la position de Jean Renoir voir, Jean Renoir, Ma vie et mes films, op. cit., p. 146.

17 Jean Renoir, « Lettre à Aragon du 25 juin 1937 », in Correspondances 1913-1978, Paris, Plon, 1998, p. 46. Le 28 juillet 1937 la cour de justice de Paris rend son jugement : « Le film n’est, pas même en partie, un plagiat du livre de des Vallières. » Ibid., p. 58

18 André Malraux, « L’Homme et la Culture artistique », in Écrits sur l’art, I, op. cit., p. 1215.

19 André Malraux, « Les Voix du silence (1951), La Monnaie de l’absolu », in Écrits sur l’art, op. cit., p. 785.

20 « Écrire un poème après Auschwitz est barbare, et ce fait affecte même la connaissance qui explique pourquoi il est devenu impossible d’écrire aujourd’hui des poèmes. » Theodor W. Adorno, Prismes (1955), Paris, Payot, 1986, p. 26.

21 Jean Renoir, Ma vie et mes films, op. cit., p. 133.

22 André Malraux, L’homme et la culture tragique, op. cit., p. 1216.

23 Pascal Ory, « Le Crime de monsieur Lange », op. cit., p. 283.