1 Nous remercions ici tous ceux qui, de près ou de loin, ont accepté de relire et de commenter ce travail, en particulier Michèle Fogel, Chantal Petillon, Matthieu de Oliveira et Nicolas Schapira.
2 « Une entrée peu ordinaire dans une longue dynastie et une grande série d’archives d’entreprise : 44 AQ, Archives de Neuflize », Entreprises et histoire, 2007/3, n° 48, p. 109-114, article reproduit ci-dessous, p. 35-46.
3 Ce texte avait déjà eu un parcours assez erratique dont il est impossible de retracer avec une entière précision le cheminement. Mais toujours est-il qu’il avait été remis « quelque temps après son mariage, en 1930, par son beau-père » à Henri Costa de Beauregard qui en publia un « résumé » accompagné d’illustrations dans Commerce et conviction, Firmin-Didot, 1964, « avant de remettre ce manuscrit à son légitime propriétaire », s. p.
4 Ces documents sont conservés aux Archives nationales du monde du travail (ANMT), à Roubaix, sous les cotes 44 AQ 1 à 5. Comme beaucoup de grands fonds familiaux et entrepreneuriaux, l’histoire des dépôts des archives de Neuflize dans des fonds publics s’est faite en plusieurs épisodes : premier dépôt de la Banque de Neuflize aux AN sous la côte 44 AQ entre 1951 et 1955, complété par un supplément en 1971 ; puis second dépôt en 2003 aux ANMT qui reçurent en cette même année le fonds de la Banque de Neuflize, Schlumberger, Mallet, Demachy. Mais Jean-Louis de Neuflize avait soustrait des AN toute une série de « vieux papiers » de famille qu’il confia ensuite à Gérard Gayot et c’est finalement l’historien qui restitua « aux Archives du monde du travail ce que Jean-Louis de Neuflize (lui) avait si généreusement confié »…
5 « Dispersion et concentration de la draperie sedanaise au xviiie siècle : l’entreprise des Poupart de Neuflize », Revue du Nord, tome 61, n° 240, janvier-mars 1979, p. 127-148, republié dans ce volume p. 47-67.
6 Pierre Deyon, Le mercantilisme, Paris, Flammarion, « Question d’histoire », 1971.
7 « Le Second Empire drapier des Neuflize à Sedan (1800-1830) », Histoire, économie et société, 1986, 5e, année, n° 1, p. 103-123, republié dans ce volume p. 69-92.
8 Gérard Gayot, « La longue insolence des tondeurs de draps dans la manufacture de Sedan au XVIIIe siècle », Revue du Nord, LXIII, 248, janvier-mars 1981, p. 105-134.
9 Les conflits familiaux larvés qui couvaient entre André I et son gendre Gilles Robert Lemoine Desmares vont éclater au grand jour après la mort du beau-père et engendrer de long procès entre André II et sa mère d’une part, sa sœur et son beau-frère d’autre part. Un nombre important de documents produits par les deux parties au cours de cette affaire sont consultables aux ANMT. Quelques factums ont été publiés (cf. note 15 ci-dessous), tandis que d’autres documents ont été retrouvés dans les papiers de Gérard Gayot (Bibliothèque Georges Lefebvre, Université de Lille 3, classement en cours).
10 Gérard Gayot, Les draps de Sedan, 1646-1870, Paris, Éd. de l’EHESS-Terres Ardennaises, 1998, p. 410 et suiv.
11 Bertrand Gille, La banque et le crédit en France de 1815 à 1848, Paris, PUF, 1959, p. 320 et Louis Marie Lomüller, Guillaume Ternaux, 1763-1833, créateur de la première intégration industrielle française, Paris, Éd. de la Cabro d’Or, 1978.
12 G. Gayot, Les draps…, op. cit., p. 410.
13 Citons, pour l’exemple, cinq publications qui ont fait date, l’une pour son caractère pionnier, Philippe Joutard, Agricol Perdigier : Mémoires d’un compagnon, Paris, UGE, 1964 ; les autres, pour leur date d’édition, au tournant des années 1970-1980 puisque, en l’espace de cinq ans, paraissent Alain Lottin, Chavatte, ouvrier lillois. Un contemporain de Louis XIV, Paris, Flammarion, 1979 ; Madeleine Foisil, Le sire de Gouberville, Paris, Aubier-Montaigne, 1981 ; Jean-Marie Goulemot, Mémoires de Valentin Jamerey-Duval. Enfance et éducation d’un paysan au XVIIIe siècle, Paris, Le Sycomore, 1981 ; Daniel Roche, Journal de ma vie. Jacques-Louis Ménétra, compagnon vitrier au XVIIIe siècle, Paris, Albin Michel, 1982. Aujourd’hui, cette liste s’est largement étoffée et les publications relatives aux écritures de soi sont fort nombreuses. On renverra, par commodité, à la communication de Nicole Lemaître et Sylvie Mouysset, « Entre mémoire et histoire. Écriture ordinaire et émergence de l’individu », http://crhm.univ-paris1.fr/textes/publications/Pub_LEMAITRE_2011_582.pdf. Précisons toutefois que ce lien renvoie à une bibliographie qui, quoique substantielle, demeure incomplète et, par force, datée. Rappelons au demeurant que Gérard Gayot a contribué à l’édition et la présentation d’un texte remarquable : Gérard Gayot et Jean-Pierre Marby, Parcours singulier d’un homme ordinaire. Le livre de raison de Ponce Millet, natif de Doux, en Champagne, domestique et colporteur (1673-1725), Société d’Études Ardennaises, Cahiers d’Études Ardennaises, 1999, n° 18.
14 Pierre-Jean Dubief (éd.), Les écritures de l’intime. La correspondance et le journal, Paris, Champion, 2000, p. 7 à 12.
15 Voir notamment, Mémoire à consulter pour Mme la bonne Vve de Neuflize et M. le bon de Neuflize fils contre M. et Mme Le Moine Desmares (Signé : J.-P. Delahaye père.), Paris, 1819 et la requête contre les descendants des créditeurs d’André II par sa sœur : Conclusions motivées pour Anne-Marie-Amicie Poupart de Neuflize, épouse de Giles-Robert-Pierre Lemoine des Mares, et son mari qui l’autorise, appelants, Contre les héritiers de Jacques Laffitte, les héritiers de Pierre-Urbain Sartoris, Jean-Louis Greffulhe, tant en son nom personnel qu’au nom et comme Tuteur de ses enfants mineurs, intimés, et contre Marguerite-Jeanne-Zélia Poupart de Neuflize, majeure, héritière, sous bénéfice d’inventaire, de Jean-Abraham-André Poupart de Neuflise [sic], son frère, aussi intimée [Signé : Dommanget, avocat ; Jacquemaire, avoué, Metz, 1844]. Le mari d’Amicie convertit ses enfants au catholicisme, sans doute une horreur supplémentaire aux yeux de la famille de Neuflize. Mais cela rendit possible le mariage de sa fille, Constance, avec Eugène Ier Schneider cf. G. Gayot, Les draps…, op. cit., p. 431 et Louis Bergeron, Les Schneider, Le Creusot. Une famille, une entreprise, une ville (1836-1960), Paris, Fayard, 1995 notamment p. 146-167.
16 Sur l’importance de ces mémoires judiciaires, qui sortent du strict cercle des cours de justice dans la seconde moitié du XVIIIe siècle cf. Sarah Maza, Vies privées, affaires publiques. Les causes célèbres de la France prérévolutionnaire, trad. de l’américain par C. Beslon, P. E. Dauzat, Paris, Fayard, 1997. Sur la puissance de ce modèle dans le premier XIXe siècle cf. Damien Zanone, Écrire son temps. Les Mémoires en France de 1815 à 1848, Lyon, PUL, 2006, p. 67-68.
17 Cf. Illustration p. 163. Cet auteur ne peut être André III, décédé en 1868. Son fils, Jean Frédéric André, baron lui aussi, est né en 1850.
18 p. 171.
19 Avant cela, le texte relate également le mariage des deux rédactrices juste avant la mort de leur père, grâce à la perspicacité de belles-mères (Mmes Jules de Bammeville douairière et André Rivet) qui « désiraient de préférence pour leur fils les avantages d’une éducation solide et les agréments personnels » à une fortune matérielle désormais considérablement diminuée, si ce n’est inexistante.
20 Ce dernier texte est ici publié, p. 177, pour montrer combien, au sein de cette famille, il existe un renchaînement des pratiques d’écritures familiales. Notons que Jean-Frédéric André, fils d’André III, régent de la banque de France à partir de 1902, est décédé en 1928.
21 La publication faite à l’occasion du centenaire de la Banque ne comporte cependant aucune trace de l’écrit d’André II Poupart de Neuflize, l’essentiel étant centré sur la famille André et la banque cf. De Neuflize & Cie : 1667-1925 : notice historique publiée à l’occasion du cent vingt-cinquième anniversaire de l’Établissement à Paris de leur maison de banque, Paris, 1926. L’origine de la Banque est donc ici rattachée à l’installation à Gênes de David André, né à Nîmes en 1626, qui développe dans la capitale ligure des activités de négoce et de banque. G. Gayot rappelle cette « pieuse fiction », selon le mot de H. Lüthy, dans la note 19 de son article « Une entrée peu ordinaire… » ci-dessous, p. 46.
22 Il ne dit rien d’un éventuel voyage au Portugal, mais au contraire ne parle des laines de ce pays que par supposition cf. p. 236-7. Or, attiré par les potentialités des laines de ce pays, il y a bien effectué, aux dires de ses filles, un voyage en 1835 cf. p. 236-7.
23 L’expression est empruntée à Philippe Artières et Dominique Kalifa, « Histoire et archives de soi », Sociétés et représentations, CREDHESS, n° 13, Paris, Publication de la Sorbonne, 2002, p. 12.
24 Voir Jean-Claude Daumas, Gérard Gayot, Philippe Minard et Didier Terrier, « L’outillage mental des acteurs de l’économie », Réalités industrielles, Annales des Mines, février 2009, p. 5-6.
25 Ces propos viennent sous la plume d’André II Poupart lorsqu’il présente l’ordre dans lequel il va énoncer ses « recommandations » (ici p. 199).
26 Jean-Louis Jeannelle, Écrire ses Mémoires au XXe siècle, Paris, Gallimard, 2008, p. 13
27 L’expression est de D. Zanone, Écrire son temps…, op. cit., p. 16.
28 D. Zanone, Écrire son temps…, op. cit., p. 107.
29 Georges Gusdord, Les Écritures du moi. Lignes de vie, Paris, O. Jacob, 1991, p. 241 ; D. Zanone, Écrire…, op. cit., p. 113-114.
30 Selon la définition qu’en donne Philippe Lejeune dans l’ensemble de ses travaux, dont Le pacte autobiographique, Paris, Seuil, 1996 (nouvelle édition augmentée).
31 Ce processus menant à l’émancipation d’un moi privé par rapport à un moi public s’inscrit, en quelque sorte, dans une préhistoire de l’autobiographie qui s’inscrit dans le temps long, du XVIe au XIXe siècle. Se reporter à Rolf Wintermeyer (études réunies par), Moi public et moi privé dans les mémoires et les écrits autobiographiques du XVIIe siècle à nos jours, Mont-Saint-Aignan, PURH, 2008.
32 Cf. la lettre qu’il écrit à Arnold Dethier le 23 septembre 1833, ici publiée p. 246.
33 Jean-Pierre Hirsch, Les deux rêves du commerce. Entreprise et institution dans la région lilloise (1780-1860), Paris, Éd. de l’EHESS, 1991, p. 67.
34 En effet, lors des grands conflits sociaux du milieu du XVIIIe siècle (1748 et 1750), s’affrontent non seulement ouvriers tondeurs et fabricants, mais aussi fabricants entre eux : une partie de ceux-ci, menés par les protestants, oeuvrent pour une manufacture dynamique détachée des obligations traditionnelles ; les autres, où l’on retrouve une majorité de catholiques, dénoncent chez leurs confrères la volonté de « gains sordides et mal entendus » cf. G. Gayot, Les draps de Sedan… op. cit.
35 C’est le titre d’un ouvrage d’Annie Salmon publié à Paris, La Découverte, 2007.
36 Gérard Gayot et Marc Scheidecker, Les protestants de Sedan au XVIIIe siècle : le peuple et les manufacturiers, Paris, H. Champion, 2003, p. 188-191.
37 Idem.
38 Nous renvoyons à ce propos à l’article de G. Gayot, « Le testament économique d’André de Neuflize, failli de haute lignée, 1836 », Entreprises et Histoire, 1995, n°9, p. 127-131
39 Cité par J.-P. Hirsch, Les deux rêves du commerce…, op. cit., p. 71 (le s est souligné par l’auteur). Pierre Lejeune avait tenté, en 1979, de faire un premier recensement des « autobiographies écrites par des commerçants, des industriels et des financiers au XIXe siècle à partir du Catalogue de l’Histoire de France, Bibliothèque impériale, 1965, t. IX, chap. 15 : Biographie française cf. « Autobiographie et histoire sociale au XIXe siècle », communication présentée à la décade de Cerisy sur L’autobiographie et l’individualisme en Occident, juillet 1979, cité in Pierre Lejeune, Je est un autre, Paris, Le Seuil, 1980, p. 253.
40 Gaston Motte, Motte-Bossut. Une époque, lettres de famille, 1817-1883, s. l. n. d., p. 635.
41 G. Gayot et M. Scheidecker, Les protestants de Sedan…, op. cit., p. 188.
42 G. Gayot, Les draps de Sedan…, op. cit., p. 410.
43 G. Gayot et M. Scheidecker, Les protestants de Sedan…, op. cit., p. 11.
44 Idem, p. 189.
45 Idem.
46 G. Gayot et J.-P. Marby, Parcours singulier d’un homme ordinaire… op. cit.
47 Gérard Gayot (dir.), Révolution en Ardenne, de l’Argonne au Namurois, Éditions Terres Ardennaises, 1989. Il avait également présenté assez rapidement ce qu’il appelait le « testament » dans « Le testament économique d’André de Neuflize, failli de haute lignée, 1836 », Entreprises et Histoire, n° 9, septembre 1995, p. 127-132., n° spécial, Dynasties d’entrepreneurs, François Crouzet, éd.
48 Ces fonds sont conservés aux ANMT, côtes 6J et 7J du fonds de la Banque de Neuflize.
49 Nous avons retrouvé ces lettres dans les dossiers personnels de Gérard Gayot, versés à la Bibliothèque Georges Lefebvre de l’Université de Lille 3, en cours de classement.
50 Pour une étude similaire, voir Burstin Haim, « Rubigny de Berteval, un tanneur parisien pendant la Révolution », Histoire, économie et société, 1993, 12e année, n° 1, « Entreprises et révolutions », p. 29-39.
51 AN, F12 661, Voyage d’un négociant françois dans les fabriques de Liège et de Limbourg, s.d. Gérard Gayot a fait de nombreuses allusions à ce voyage, voir notamment Gérard Gayot, “ Different uses of cloth samples in the manufactures of Elbeuf, Sedan and Verviers in the 18th century ”, communication au colloque Textile Sample Books Reassessed: Commerce, Communication and Culture, organisé par l’Université de Southampton et la School of Arts and Design, Winchester, 29-30 juin 2000, p. 1-3. Voir également Pierre Bertholet, « Les industries d’Aix-la Chapelle, Eupen, Hodimont, Maestricht, Monjoie, Stavelot-Malmédy, Verviers et leurs environs vus par un négociant français vers 1755 », Bulletin de la Société verviétoise d’archéologie et d’histoire, 61, 1980, p. 117-135.
52 Christian Jouhaud, Dinah Ribard et Nicolas Shapira, Histoire, Littérature, Témoignage, Paris, Gallimard, 2009, p. 342 et 344.
53 C’est pourquoi nous avons laissé in extenso dans les articles ici repris les longues citations de ces deux textes que Gérard Gayot n’a cessé de faire.
54 Voir C. Maitte, P. Minard, M. de Oliveira, La gloire de l’industrie. Faire de l’histoire avec Gérard Gayot, Rennes, PUR, « Histoire », 2012 et G. Gayot, Recueil d’articles (titre provisoire), à paraître courant 2014 aux Presses Universitaires de Valenciennes.