La division spatiale des professions : un point aveugle de l’analyse sociologique ?

1Critiquant l’usage en sociologie de variables décontextualisées, le sociologue des professions Andrew Abbott déplorait récemment que « la sociologie contemporaine ne considère pas la localisation ni la dimension relationnelle comme des faits sociaux de première importance […] la plupart des articles de sociologie supposent des individus sans relations, qu’il s’agisse de travailleurs, d’entreprises ou d’associations. Ces individus sont des “unités d’analyse”, non des acteurs inscrits dans des relations sociales »1. Dans le même article, il plaidait en faveur du recours en sociologie à des méthodologies plus attentives au contexte spatial et temporel dans lequel se déroulent les phénomènes sociaux.

2Nul hasard si un tel constat est formulé par l’un des plus éminents représentants de la sociologie des professions, tant il est vrai que cet objet nécessite d’être replacé dans sa double dimension spatiale et temporelle. L’histoire comparée des professions2 montre à quel point les str