1964. L’avion et le CEP
p. 124-138
Texte intégral

95. Pirae. Le bâtiment de l’Etat-Major du C.E.P. dans un nouveau quartier résidentiel. (Photo E.C.P. – Armées).
1En 1962, la France à la suite des accords d’Évian, ne pouvant plus utiliser les centres d’expérimentation du Sahara, décide de transporter en Polynésie les essais thermonucléaires prévus. On avait, en effet, reconnu en haut lieu que les îles Tuamotu, seules parmi tous les pays de souveraineté française, offraient de vastes espaces pratiquement inhabités propres à l’exécution des expériences en cours.
2Cette décision allait marquer profondément l’histoire de la Polynésie et donner un essor imprévu à son développement. Après dix ans, économistes et sociologues ont déjà signalé quelle extraordinaire impulsion la présence du Centre d’Expérimentation du Pacifique avait apporté au territoire, et aussi le « choc » – poussée en avant et traumatisme – causé à ses populations.
3En ce qui concerne l’aviation, le CEP vaudra à Tahiti des présences et des spectacles pour le moins inattendus. Et si, dans les années 20, la Polynésie avait attendu longtemps pour voir dans son ciel des plus lourds que l’air, on peut dire que dans les années 60, elle a été singulièrement favorisée et a pu rattraper tous les complexes de sa jeunesse aérienne. Elle va recevoir la visite d’appareils fort modernes qui y exécuteront leurs plus brillantes démonstrations.
4Ainsi donc, en 1964, l’amiral Jacques Thabaud s’installe à Papeete qui sera le premier commandant du CEP. Autour de lui, à Tahiti, sont répartis les services. A 900 kilomètres plus loin vers l’est, à Hao, on équipe une base avancée, comportant des installations techniques et une base aérienne opérationnelle avec un aérodrome de classe internationale : une piste de 3 400 m, des hectares de parkings et de hangars, ainsi que toutes les installations techniques nécessaires à l’accueil des unités aériennes et les avions en transit. Enfin, à Mururoa et à Fangataufa s’organisent les sites de tir, à 1 200 kilomètres de Papeete. Les deux îles comportent des pistes : 2 000 m à Mururoa, 1 800 m à Fangataufa.
5Il est assez difficile d’obtenir des renseignements bien circonstanciés sur l’appareillage aérien de ces bases. Par ailleurs, la situation varie certainement d’année en année. Il y aura plus d’activités au début de l’installation qu’une fois les choses en train ; et un rythme de circulation plus intense au cours des campagnes de tir. Tout de même, en gros, et en prenant l’année 1970 pour référence, on peut dire que le CEP disposera à poste fixe en Polynésie d’une flotte aérienne de transport, composée de cinq DC 61, de deux Bréguet2 et d’un Mystère XX3. Il possède également des avions de liaison : trois Cessna4 et trois Catalina ; enfin des hélicoptères, dix Alouettes II5 et quatre Alouettes III6.
QUELQUES TERRAINS INSTALLÉS PAR LE C.E.P.

96. La piste d’atterrissage de Hao. La base arrière des sites. Un aérodrome de classe internationale. (Photo E.C. Armées).

97. La piste de Mururoa avec le TCD Ouragan au fond à gauche. (Photo E.C. Armées).

98. La piste et la passe de Fangataufa. La plus au sud des îles occupées par le C.E.P.
6Lors des campagnes de tir, le matériel aérien se gonfle et comprend en outre six Vautours7 lanceurs d’engins, six Neptunes P2 V78 de l’Aéronavale pour la surveillance de la zone d’expérimentation, et cinq Superfrelons9 pour la récupération et le transport des prélèvements.
7Ce parc suppose un approvisionnement en carburant et des ateliers de contrôle et de réparation.
8C’est le service des essences de l’armée qui a charge de la mise en place et du stockage de l’essence et de la kérosène destinée aux avions. D’après une source maritime, la campagne de 1968 aurait demandé, en ce qui concerne l’aviation, 31 millions de litres de combustible : 15 000 m3 d’essence et 16 000 m3 de kérosène. D’importants dispositifs de stockage assurent la régularité des approvisionnements.
9Ce sont les ateliers de la base de Hao qui entretiennent les appareils de l’Armée de l’air et de l’Aéronavale. À la suite d’un contrat passé avec l’U.T.A., ce sont les services de cette compagnie, à Papeete, qui se chargent des révisions à faire, en ce qui concerne les avions de transport. L’entretien des DC 8F10 des liaisons avec la France est assuré par l’UTA, mais à Paris.
10En 1968, les liaisons aériennes du CEP avaient assuré le transport de 20 500 passagers, avec 760 t de frêt.

11L’amiral Storelli a laissé à l’usage des lecteurs de la Revue Maritime, en mai 1967, un récit de la campagne de la Force Alpha qu’il commandait lors de sa mission à Mururoa en 1966. À défaut de pouvoir consulter les journaux de bord et les rapports officiels actuellement inaccessibles, nous y puiserons, en y joignant les informations souvent recevables de la presse locale, quelques détails occasionnels sur les activités aériennes d’une telle opération11.
12Avant même la venue par voie maritime du groupe Alpha, Papeete, le 22 avril 1966, voit atterrir à Faaa, en vue de la campagne de tir, six Neptunes de la base de Nîmes. Ce sont des bimoteurs à hélices destinés aux reconnaissances maritimes.
13Le mardi 17 mai, ce sont quatre Vautours de l’escadron local qui arrivent à Papeete. « Les premiers chasseurs à réaction se posent à Faaa... Par un double bang, les Vautours ont fait leur entrée dans le ciel de Tahiti », titre la Dépêche. « Le capitaine Roger a franchi le mur du son et présenté un numéro de voltige », continue l’article, pendant (pie le Journal de Tahiti nous apprend qu’en entendant le bang : « Tiens, la bombe ! » disent les enfants... Ce n’était pas la bombe. Mais le franchissement du mur du son, le premier effectué à Tahiti.
14« Des Vautours dans le ciel de la Polynésie ! »... La belle merveille ! Saluons avec un peu de nostalgie cette date historique et passons au défilé du samedi 21 mai au cours duquel Vautours et Alizés12 dégagent en un « impeccable défilé », ponctués de « piqués magistraux » devant la population qui « admire ces acrobaties auxquelles nous avaient peu habitués nos DC 8 »13.

99. Le porte-avions Foch dans la baie de Vairao. 1968.

100. Vue rapprochée du porte-avions Foch au mouillage à Vairao. 1968. (Cl. Service photo, de la Marine).
15À peu près vers la même époque arrivent en Polynésie, accompagnés par un Boeing C 135 F14 ravitailleur en vol, deux Mirages IV15 porteurs d’un matériel secret et délicat qui ne pouvait risquer le survol de territoires habités. Ils ont effectué en un peu plus de 8 heures, assure la presse, le parcours de la Métropole à Tahiti.
16Ce brillant lever de rideau achevé, voici la grosse pièce du spectacle. Après soixante jours, dont cinquante à la mer, le porte-avions Foch sur lequel l’amiral Storelli a mis sa marque, mouille à Vairao le dimanche 22 mai 1966. La veille, « un de nos Alizés amenait à bord du Foch le commandant du Groupe Opérationnel des Expérimentations Nucléaires sous les ordres duquel nous venions de nous placer. Il assista aux exercices de la journée au cours de laquelle l’activité aérienne sur Papeete fut assez forte en raison notamment du défilé aérien sur Papeete organisé à la demande des autorités locales »16. Fêtes. Tamaara. Détente dans les centres d’accueil préparés pour les 3 500 marins du groupe Alpha au terme de leur long périple.
17Le 7 juin, on part reconnaître les sites pour une répétition générale. C’est une répétition de couturières : « À la demande des autorités locales, il avait été décidé d’embarquer d’abord sur le Foch, pour une sortie à la mer de la journée, des notabilités et personnalités auxquelles il convenait de montrer un porte-avions en activité. Environ 200 personnes prirent ainsi passage et assistèrent aux opérations aériennes qui leur furent commentées. Elles y portèrent le plus (en cours) grand intérêt ; pratiquement toutes voyaient un porte-avions pour la première fois. » « Carousel d’avions sur le porte-avions Foch », titre la Dépêche de Tahiti qui déclare : « Pour les invités du Foch, les aviateurs ont exécuté les manœuvres de tous les jours, pour eux le pain quotidien, pour nous un étonnant et exceptionnel spectacle de virtuosité, de précision, de technique, de discipline et de courage. » Et le lendemain, le journal présentait à ses 1 800 lecteurs une double page de photographies montrant les diverses opérations de catapultage et d’appontage.
18La journée fut hélas attristée par la perte d’un Etendard qui coûtait la vie à son pilote le Lieutenant de Vaisseau Giraud. Les passagers ne virent rien de l’accident... Le Foch rentra au mouillage en fin d’après-midi. Les obsèques du Lieutenant de Vaisseau Giraud, dont le corps avait été repêché et transporté à terre, eurent lieu le lendemain matin 8 juin à Papeete. Ce fut une cérémonie émouvante. »17.
19Pour autant que les informations fournies par la presse à Tahiti soient exactes, le Foch possédait à son bord 12 Alizés (Flotille 9 F) ; 12 Étendards18 (Flotille 15 F) et un groupement d’hélicoptères composé de 10 Sikorski (Flotille 31 F), 5 Alouettes II et 6 Alouettes III (Flotille 23 S)19.

101. Vue aérienne du porte-avions Clemenceau. Alignés sur le pont, des Crusaders, des Alizés et des Etendards. Au pied de la tour de commandement, l’ouverture de l’ascenseur.

102. Patrouille d’Étendards de la Marine à l’assaut des montagnes de Tahiti. Contraste saisissant entre la statique du relief millénaire et la dynamique de l’invention humaine.
(Cl. Aéronautique navale. 1968).

103. Passage d’une patrouille d’Étendards au-dessus de leur porte-avions à l’ancre dans les parages de Vairao.

104. Lagon de Teahupoo au sud de la presqu’île de Taiarapu, Tahiti, lors du passage d’une patrouille d’Étendards dont les ombres se projettent sur le récif. 1968.
(Cl. Aéronautique navale)
20Ici se place l’épisode du Belmont, un navire américain équipé en vue de la recherche scientifique, qui rôdait dans les parages de Mururoa. L’amiral Storelli joua le jeu et, plutôt que d’ignorer ce voisin en mal de curiosité, convia son commandant à bord. Bien qu’avant vécu sur un porte-avions, celui-ci n’avait jamais été « treuillé par un hélicoptère et avait fort goûté cette première expérience. L’attitude implorante que prend par force la personne treuillée, les mains jointes sur le câble et le regard tourné vers le ciel l’avait, nous a-t-il conté, incité à faire une courte prière pour arriver à bon port »20.
21Après une escale à Tahiti, le 25 juin, le Foch retourne vers les sites pour la campagne d’expérimentation. La mission de la flotte était d’abord de s’assurer que la zone de tir et le volume aérien la recouvrant « étaient vides de tout intrus... Pour acquérir cette certitude, nous avions à effectuer des opérations d’exploration, de surveillance et de bouclage... La première opération consistait à nous assurer de l’absence de toute présence humaine dans les atolls, normalement inhabités, du Groupe des Actéons. C’était l’affaire de nos hélicoptères HSS ainsi que des Groupes de Débarquement... Le volume aérien était l’objet d’une surveillance constante par nos radars. Tout avion non identifié devait être reconnu par des Etendards du Foch, tenus en alerte. En fait, étant donné que les sites étaient très éloignés des trajets des grandes lignes de communication... nous n’eûmes jamais sur nos écrans d’autres échos que ceux de nos propres aéronefs ainsi que celui d’un certain avion américain, maintes fois reconnu, et très fidèle à son poste d’observation. Il se tenait d’ailleurs prudemment à limite de distance de sécurité »21.
22Une autre mission départie aux aviateurs était le contrôle et la récupération des retombées de particules radioactives ainsi que « la poursuite des nuages ». « Le Foch et les escorteurs d’escadre avaient la charge de guider les avions de l’Armée de l’Air effectuant des opérations au moment du tir. Le Forbin notamment avait en la matière une mission particulièrement délicate et exigeant une grande précision d’exécution. Chef d’un Groupe dénommé « Groupe Prélèvements », il était chargé de mener à bien les opérations tendant à obtenir et récupérer certains produits de l’explosion. »22.
23Aussitôt après le tir, des Etendards photographient la boule de feu et sont chargés de filmer le développement du champignon de l’explosion et du nuage radioactif. Ce sont alors les Vautours, normalement basés à Hao qui, quelques minutes après l’explosion traversent le nuage en tirant avec une précision qui a fait l’admiration des spécialistes, les Matra, engins air-air, dont les têtes contiennent des instruments de mesure qui s’imprègnent au passage des poussières et des gaz. Il s’agit alors d’aller les repérer – c’est le rôle des Alizés du Foch – et de les repêcher – c’est la tâche des hélicoptères23. « C’est ainsi (pie nos pilotes d’HSS – les Sikorski du Foch –, continue l’Amiral Storelli, devinrent virtuoses dans l’art de repêcher des objets à la surface de la mer par le moyen d’un ingénieux filet, sorte de chalut suspendu à l’extrémité d’un câble, et que nos pilotes d’Étendard réussirent dans des conditions quelque peu acrobatiques des photographies des explosions tout à fait remarquables.)24.

105. La Force Alpha dans le lagon de Mururoa. Au premier plan, reconnaissable à sa tour, le De Grasse, bateau-amiral d’où seront déclenchés les tirs. (Photo E.C.P. – Armées).

106. Hélicoptère Sikorski HSS.1 en position de départ sur le pont d’un navire. (Photo E.C.P. – Armées).
24Tout cela pour ne rien dire des activités de routine : transports des blessés, liaisons, hélioportage, service postal. « Le courrier fonctionna remarquablement. Grâce en soit rendue à la Poste Navale et à tous les responsables... A peine arrivés à Faaa, les sacs postaux étaient transférés dans le premier avion vers les sites où, soit nos Alizés, soit nos hélicoptères allaient les quérir. Il n’était pas rare de recevoir les journaux de France datés de 2 ou 3 jours. »25.
25C’est au cours de cette campagne (pie le Général de Gaulle, alors Président de la République, assista au 4e tir « Bételgeuse » sur le de Grasse, croiseur aérien sans hublots, et spécialement adapté pour le franchissement des nuages radioactifs.
26C’était la première fois qu’un chef d’état français en exercice accomplissait un tour du monde. L’avion présidentiel, un DC 8 de l’Escadron de transport 3/60 Esterel, matriculé F.RAFA, spécialement aménagé pour les longs voyages à l’étranger, était commandé par le capitaine Pointereau. Venant de Nouméa, il se posa à Faaa le mardi 6 septembre à 17 h 30. Le capitaine Pierre H. Decaillot était aux commandes. Le général passa le mercredi et le jeudi à Tahiti. Au cours de son séjour, deux hélicoptères du CEP s’en furent hisser une Croix de Lorraine au sommet de l’Orohena. Le vendredi 9, en fin de matinée, un DC 6 militaire conduisit en 3 heures de vol le général à Mururoa d’où il gagna le de Grasse. Le dimanche 11, le général assista au tir : plutôt une expérience de physique nucléaire qu’une explosion de caractère militaire. Après avoir rejoint Hao, il partait le lundi matin pour la Guadeloupe. Une nuit à Pointe-à-Pitre, et le général avait regagné l’Élysée26.

107. Le 6 septembre 1966, sur le parking militaire de Faaa, le gouverneur Jean Sicurani accueille à la descente de l’avion présidentiel le général de Gaulle en visite sur le territoire.

108. Une partie de l’aérodrome de Faaa est réservée à l’armée et regroupe les services du C.E.P.
(Cl. C.E.P. Presse).

109. À la suite de sa visite à Tahiti en septembre 1966, le général de Gaulle quitte Faaa pour les sites, en compagnie de Pierre Messmer.

110. Un Neptune P.2 V.7. en vol. (Cl. E.C.P. – Armées).
27L’activité aérienne de la Force Alpha, lors de la campagne de 1966, a été chiffrée. La statistique ci-jointe qui totalise 7 437 heures de vol dont 591 de vol de nuit ne concerne que la Force Alpha : le porte-avions Foch et ses escorteurs (Flotille). Nous ignorons quels furent les sorties exécutées par les appareils de la base.

28Toutes ces activités n’allaient du reste pas sans quelques accidents. Nous avons signalé celui du L. de V. Giraud qui, au retour d’un vol de groupe, percuta l’arrière de l’appareil placé devant lui et dont le siège éjectable n’avait pas fonctionné. Les journaux signalent un accident survenu le jeudi 16 juin à un Mirage IV atterrissant à Hao. Un mois plus tard, le 9 août, c’est un Piper Aztec appartenant à GAM 82 qui s’écrasait à Fangataufa, causant la mort de son pilote et de 5 membres du CEA-CEP. À la fin de juin 1972, un Boeing KC 135, avion d’observation météorologique se catastrophait à Hao. D’autres sans doute...

111. Au moment de quitter Faaa pour regagner la France, le porte-avions Foch fait ses adieux à la population. L’équipaqe groupé sur le pont dessine un vivant « Mauruuru ».
(Cl. E.C.P. – Armées).

112. Procédures de départ des avions de lignes quittant Tahiti-Faaa. L’éventail s’ouvre de Auckland à l’île de Pâques en passant par Honolulu et Acapulco.
Notes de bas de page
1 Le DC 6. Il s’agit d’un Douglas, à 4 moteurs Pratt et Whitney de 2 500 CV. Un appareil longtemps classique de transport : on peut y placer de 48 à 58 passagers. Envergure 32,20 m à 35,81 m selon les types ; longueur 30,66 m. Vitesse normale : 570 km/heure. Rayon d’action : 6 112 km. (Jane’s, 1959-1960).
2 Bréguet deux ponts ; type Sahara. Il s’agit d’une version militaire des avions du type Provence, longtemps utilisés par Air France. Ils sont équipés de 4 moteurs Pratt et Whitney de 2 400 CV. Outre le poste d’équipage conçu pour 4 ou 5 personnes, transporte 59 passagers au pont supérieur et 48 au pont inférieur. Ont été commandés en 1956. Envergure : 43 m ; longueur : 28,94 m ; hauteur : 9,91 m. Vitesse de croisière : 336 km/h. Rayon d’action : 4 700 km. Ces appareils ont été condamnés en 1971. (Jane’s, 1963-1964, p. 17).
3 Mystère 20. Il s’agit d’un avion léger de transport conduit par deux pilotes et pouvant contenir de 8 à 10 personnes. Il est construit par Dassault et l’Aérospatiale (Sud-Aviation). Comporte deux réacteurs de la General Electric CF 700. Air France et l’armée utilisent cet appareil pour l’entraînement des pilotes de ligne et ceux des Mirages. Envergure ; 16,30 m ; longueur : 17,15 m ; poids en ordre de marche : 8 500 kg ; vitesse normale : 750 km/h ; maximale : 862 km/h ; rayon d’action : 3 570 km. (Jame’s, 1971-72, p. 56-57).
4 CESSNA. Il s’agit vraisemblablement du L19, le Bird dog, un monoplan monomoteur, avion léger de reconnaissance et de liaison, qui fut fabriqué en grande série-3 000 appareils – aux États-Unis. Le gouvernement français en commandera 90. Cet appareil, muni d’un moteur Continental de 213 CV, a 10,9 m d’envergure ; 7,89 m de longueur. Il s’envole sur 15,25 m ; possède une vitesse de croisière de 166 km/h et un rayon d’action de 848 km. (Jane’s, 1959-1960, p. 265).
5 Alouette II. Ce type d’hélicoptère français, construit par l’Aérospatiale, vole depuis 1961. Il peut emporter, outre le pilote, trois passagers. C’est un appareil de liaisons, d’observation, de photographie. il est propulsé par un turbo-réacteur à 530 CV et comporte un rotor à trois pales articulées avec une petite hélice anti-couple placée à l’arrière du fuselage. Son poids, à vide, est de 890 kg, en charge, de 1 650 kg. Sa vitesse maxima est de 205 km/h ; sa vitesse ascensionnelle : 396 m/mn. Son plafond est de 3 300 m et son rayon d’action de 720 km avec 600 kg en charge. (Jane’s, 1971-72, p. 42 et Notice descriptive et de fonctionnement de l’hélicoptère à turbine Alouette II SE 3130, 1960).
6 Alouette III. Cet hélicoptère est une modification de l’Alouette II, dans le sens d’une cabine d’une plus grande capacité, d’une puissance plus élevée et de meilleures performances. C’est un appareil très populaire. Au 1er mai 1971, 928 étaient sortis des usines de l’Aérospatiale. Les forces armées françaises en utilisaient alors 143. Rotor analogue à celui de l’Alouette II. Réacteur de 870 CV. Il peut emmener un pilote et 6 passagers. Les versions militaires envisagent un armement avec mitrailleuse de 7,62 ou un canon de 20 mm. La version marine, destinée aux porte-avions, porte un crochet d’amarrage automatique, un treuil et aussi, en option, des appareils de détection et d’attaque, des lance-missiles ; des bombes. Poids à vide : 1 110 kg ; en charge : 2 200 kg. Vitesse maxima : 185 km/h ; vitesse ascensionnelle : 265 m/minute ; plafond : 3 300 m ; rayon d’action en charge au niveau de la mer : 480 km. (Jane’s, 1971-1972, p. 42-43).
7 Vautour IV N. Un bi-réacteur bi place construit par Sud-Aviation. Dans la version militaire, c’est un appareil utilisé à de nombreuses fins : bombardier (avec ravitaillement en vol) ; appui tactique ; avion de combat. La France en avait construit 140 pour elle-même à la fin de 1959. L’appareil possède deux réacteurs SNECMA, ayant chacun une poussée de 7 000 kg. Il pèse 21 000 kg à pleine charge. Il atteint 1 000 km/h à 1 300 m et en piqué, peut arriver à mach 1,20. Il a un rayon d’action de 2 500 km. (Jane’s, 1959-1960, p. 145).
8 Neptune, type P2 V7. Le Lookheed Neptune. Il s’agit d’un avion de patrouille à grand rayon d’action. Il est destiné aux surveillances maritimes et à la lutte anti-sous-marine. Il comporte pour cela un équipement électronique : radar, appareil de détection magnétique, installé dans le prolongement de la queue, etc... Existe aussi en version bombardier. Il demande un équipage de 12 hommes. Il s’agit d’un monoplan, muni de deux réacteurs Wright Turbo-Coum-pound dégageant une poussée de 1 540 kg chacun. Il a 31,65 m d’envergure ; 27,94 m de longueur ; un rayon d’action de 5 930 km. (Jane’s, 1963-64, p. 236).
9 Superfrelon SA 321 G. Un hydravion construit par l’Aéro-spatiale en collaboration de Sikorsky Aircraft. 17 appareils commandés en octobre 1965 par l’Aéronavale en une version anti-sous-marine destinée aux tâches des patrouilleurs attachés aux sous-marins atomiques. Ils sont installés à bord des porte-avions qui les utilisent avec un équipage de 5 personnes, en formation de 3 ou 4 appareils, l’un portant le matériel de détection (radars panoramiques, sonar, etc.). En version cargo ou transport, peut charger 27-30 passagers ou 5 t de cargaison, ou 15 civières avec deux infirmières. Comporte 3 turbo-réacteurs Turbomeca de 1 570 CV. Deux couplés pour le rotor principal à 6 pales, le troisième actionnant le rotor de queue, anti-couple à 5 pales. Réservoir de 3 975 I. Le train d’atterrissage n’est pas rétractable. Vitesse de croisière : 249 km/h ; vitesse ascensionnelle : 400 m/mn ; plafond : 3 150 m ; rayon d’action chargé : 620 km. (Jane’s, 1971-1972, p. 43-45).
10 DC 8 F. Il s’agit des Douglas classiques des compagnies de navigation aérienne. Un avion qui, outre un équipage de 4 personnes (capitaine, second, mécanicien, navigateur), emporte 59 passagers. Il possède 4 réacteurs Pratt & Whitney ayant chacun 8 172 kg de poussée. Il pèse, vide, 6 440 kg. Il atteint 932 km/h. (Jane’s, 1971-1972, p. 351).
11 La Force Alpha – le groupe aéro-naval du Pacifique – avait été constituée par un Arrêté ministériel du 20 août 1965. L’amiral, nommé le 3 septembre, prend ses fonctions à Paris le 15, assisté d’un état-major. En février, il est à Toulon. Le groupe A est composé du porte-avions Foch, de trois escorteurs et d’un ravitailleur La Seine. Il joint la Polynésie par le Cap Horn. Le groupe B – quatre unités, – parti de Brest, gagne la Polynésie par Panama.
12 Bréguet Alizé. Un triplace fabriqué par Bréguet destiné à la lutte anti-sous-marine. L’armée française en commande 70 en 1959. Il est muni de turbo-propulseurs Rolls-Royce DART, 71 de 1 975 CV de poussée. Il a 15,60 m d’envergure, 13,60 m de long. Une vitesse maxima de 519 km/h. (Jane’s, 1963-64, p. 32).
13 Journal de Tahiti, 22 avril, et 16 et 23 mai 1966.
14 KC 135. Un Boeing 707 transformé. Fabriqué par Lockheed, et destiné au ravitaillement des avions en vol : un tanker aérien qui peut transvaser 13 600 litres à 571 km/h. (Jane’s, 1967-1968, p. 222).
15 Mirage IV. Cet avion, destiné au lancement des missiles air-terre, était en 1966 le plus rapide des avions opérationnels. Un biplace de bombardement supersonique à aile delta. Envergure : 11,84 m ; longueur : 32,45 m ; hauteur : 5,65 m. Rayon d’action : 3 200 km à mach 0,9 ; rayon qui peut être porté à 5 500 km avec un ravitailleur en vol. (Jane’s, 1970-1971, p. 60).
16 Amiral Storelli, Force Alpha et campagne d’expérimentation nucléaire, 1966. (Revue maritime, n° 243, p. 583).
17 Ibid., p. 589.
18 Étendard. Fabriqué par Dassault. C’est un monoplan monoplace monoréacteur. Il a été conçu pour les porte-avions d’après une version terrestre. Le Foch comptait 12 Étendards en deux versions : 8 Étendards IV M – avec un équipement électronique très poussé, pour les opérations d’attaque et d’interception ; 4 Étendards IV P – utilisés pour les missions de reconnaissance photographique. L’avion possède un réacteur, moteur SNECMA ATAR 8 de 4 400 kg de poussée. Il décolle à 300 km/h, atteint mach 1,1 en palier, 1,4 en piqué. Il a 9,60 m d’envergure et 14,40 m de longueur. Il est muni d’un siège à éjection et est armé, selon les versions, d’un canon de 30 mm avec des rockets, des missiles air-terre. L’Étendard ne sera utilisé à Tahiti qu’au cours des deux premières campagnes. (Jane’s, 1965-1966, p. 36-37).
19 Ces chiffres correspondent, à une Alouette près, aux chiffres fournis par les statistiques de l’Amiral Storelli dans son article et que nous redonnons plus bas. On peut donc les considérer comme « officiellement » exacts.
20 Ibid., p. 590.
21 Ibid., p. 591-592.
22 Ibid., p. 593.
23 Lazennec, Jean, Un tir, vu du de Crasse (Bulletin de liaison du Commissariat de la Marine, n° 3, août 1967, p. 142), et : Mururoa (Armée et Défense, Paris, janv. 1967, p. 12).
24 Storelli, ibid., p. 594 et 595.
25 Storelli, ibid., p. 594 et 595.
26 Je dois les renseignements concernant le voyage du général de Gaulle à la bienveillance du commandant Pierre H. Decaillot. Il a souri comme je lui montrais les coupures des journaux de Papeete, assurant que « moins de 8 heures après le tir, l’avion présidentiel survolait Mururoa où déjà les navires avaient regagné le lagon ». « Bien sûr que non ! Le DC 8 du général n’a pas traversé les nuages de la bombe au-dessus de Mururoa ! »
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Les derniers jours de la Troisième République à Tahiti, 1938-1940
Souvenirs d’un gouverneur
Jean Chastenet de Gery
1975