Version classiqueVersion mobile

Souvenirs des Îles Marquises, 1887-1888

 | 
Alfred Testard de Marans

Noms de lieux et de personnes

Texte intégral

1Atea. Divinité qui naquit de l’obscurité dans laquelle était Tanaoa. Elle se manifeste par la puissance de son éclat et personnifie la Lumière du jour. Atea est tantôt une divinité masculine, parfois identifiée au Père Céleste, tantôt féminine et dans ce cas considérée comme l’épouse de Papa. Elle aurait engendré le son, Ono. L’alliance de ces deux derniers dieux brisa l’immensité de l’Obscurité, du Froid et du Silence d’où surgit l’Aurore. Selon une tradition de Nuku Hiva, Atea et sa femme Atanua vinrent de Vavau (ce nom est en particulier celui de l’île principale d’un petit archipel montagneux formant le groupe nord de l’archipel des Tonga).

2Atuona (Hiva Oa). Grande caldeira de la côte Sud fractionnée en plusieurs vallées. Quatre tribus l’occupaient à la fin du xixe siècle : Te Aai, Naiki, Papua ou Papua ei et Taupa. En 1882, elle comptait 372 habitants et 402 en 1897, dont 23 étrangers. Après 1893, l’évêché des Marquises s’y installa provisoirement, de même que le représentant de l’État français et un petit noyau administratif, de 1904 jusqu’en 1940. Atuona, dernier séjour de Gauguin (1901-1903), est actuellement le centre administratif et commercial des îles du groupe Sud.

3Baudichon, Mgr Joseph Paul (1812-1882). Premier vicaire apostolique des Marquises. Membre de la congrégation des Sacrés-Cœurs de Picpus, il arrive le 3 février 1839 à Vaitahu (Tahuata), avec cinq autres missionnaires, sur la goélette anglaise The Friend. En avril 1842, il accueille Dupetit-Thouars et lui sert d’interprète auprès de Iotete. Il est nommé évêque en décembre 1845 et quitte les Marquises en 1848.

4Cabri, Jean-Baptiste dit Joseph Kabris (1780-1822). Né à Bordeaux en 1780, il s’embarque à quatorze ans sur un navire corsaire de l’Etat : le Dumouriez. Capturé par les Anglais, emprisonné à Portsmouth, il embarqua sur un baleinier anglais en mai 1795 ; la même année, il déserta, ou fit naufrage, à Tahuata où il fut accueilli par les Ahoutinne [Ahutini] ; il épousa Vaimaïki, fille de chef. Tahuata fut ravagée par des conflits et Cabri quitta l’île le 21 février 1799. Le London le débarqua à Nuku Hiva le 7 mars 1799. Il y épousa une fille de Quaitenouiy [Keatonui] dont il eut deux enfants et résida dans une vallée de la côte sud-est qui pourrait être Ho’oumi ; Keatonui s’y trouve allié aux Bevvatonne (peut-être Piu Ua Tongi). Du 6 au 17 mai 1804, il servit de guide et d’interprète à Langsdorff qui remarque qu’il avait pratiquement oublié l’usage de sa propre langue. Il se trouve à bord de la Nadiejda lors de son départ et quitte l’archipel malgré lui, tant l’équipage était préoccupé par les manœuvres ! Il décède en France le 23 septembre 1822. Il tentait de survivre sur les foires en montrant ses tatouages. Son portrait en pied, gravé par Orlovski d’après Tilesius, fut publié par le naturaliste allemand de l’expédition : Langsdorff.

5CEA. Commissariat à l’Énergie Atomique.

6Chastanié. Lieutenant de marine, nommé Résident de mai 1875 à mars 1879.

7Dordillon, Mgr René Ildefonse (1808-1888). Arrivé aux Marquises en 1846, il en devint l’évêque en 1855 et y demeura toute sa vie. Passionné par sa mission, le pays et ses habitants, il fit œuvre non seulement d’évangélisation mais aussi de développement. Auteur de nombreuses publications sur la culture marquisienne et en particulier de grammaires et de dictionnaires, il favorisa l’élevage et l’introduction de nombreuses plantes dont la vanille, diverses variétés de bananiers, etc. « Son influence sur les indigènes était souveraine. Ils le considéraient comme le plus grand des hommes... Parmi toutes les classes et toutes les races, on se souvient avec affection et respect de ce vieillard aimable, fin et enjoué » (Stevenson in O’Reilly, 1962).

8Duff. Navire affrété par la London Missionary Society, en vue de l’évangélisation des îles nouvellement découvertes. De passage aux Marquises en juin 1797, au temps du chef Teinae, le capitaine J. Wilson, devait déposer deux missionnaires à Tahuata. Seul Crook y restera, unique Européen dans l’archipel. Les conflits lui firent rapidement gagner le Nord, plus calme.

9Dupetit-Thouars. Plusieurs membres de cette famille se distinguent en Polynésie au cours du xixe siècle : Louis-Marie, un botaniste, et son neveu l’amiral Abel-Aubert (1793-1864), engagé comme mousse à onze ans. En 1834, il commande un navire stationnaire dans les Mers du Sud et, entre 1836 et 1839, effectue un voyage autour du monde sur la Vénus. Il passe aux Marquises dont il souligne l’intérêt et y dépose les missionnaires J. Desvault et L. Borgella. En 1842, sur la Reine Blanche, il assure la prise de possession de l’archipel. En 1880, la « pacification » de Hiva Oa sera l’œuvre de l’amiral Bergasse Dupetit-Thouars (1832-1890), commandant en chef de la division navale du Pacifique.

10Eiao (52 km2 ; altitude 577 m). Île du groupe Nord découverte par Ingraham en 1791. Son occupation fut sans doute intermittente en raison du manque d’eau. Lors du passage du révérend F. W. Christian en 1894, elle n’était pas habitée mais on lui dit qu’elle l’avait été par les Tua metaki. En 1927, deux colons avaient obtenu l’exploitation de l’île en concession ; les familles marquisiennes chargées d’y travailler y furent oubliées et se virent obligées de construire un radeau pour rejoindre la côte nord de Nuku Hiva. En 1962 le journaliste Georges de Caunes y fit une courte expérience d’isolement relatif.

11Eri Vaekehu, Elisabeth ou Eritapeta (1869-1901). Fille de Stanislas Moana Tini, chef de Taiohae (Nuku Hiva), qui fut nommée en 1880, par la France, chef de Vaitahu (Tahuata) pour mettre fin aux troubles qui secouaient l’île et faire pièce au chef de Hapatoni qui briguait cette charge.

12Fatu Hiva (80 km2). Île la plus au sud de l’archipel, constituée de deux volcans emboîtés. Les baies habitées sont à l’Ouest : Hanavave, ou baie des Vierges, et Omoa. En 1872, cette île, la plus petite des six îles habitées, était la seconde la plus peuplée de l’archipel avec 1060 habitants.

13Fatu Huku, Fatuhu’u, Hatuhuku (1 km2 ; 359 m. d’altitude). Îlot au nord-est de Hiva Oa ; les habitants de la côte nord de Hiva Oa s’y rendaient pour y chercher des os et des plumes d’oiseaux. Elle fut autrefois habitée.

14Fenua Enata (Marquises Sud), Henua Enana (Marquises Nord) : la Terre des Hommes. Noms donnés à l’archipel par les Marquisiens depuis sa définition occidentale en tant qu’archipel. Les Marquises comptent moins de trente vallées habitées et environ 9 000 habitants dont la moitié âgés de moins de 20 ans.

15Gallet, Gustave (1850-1926). Nommé directeur de l’Intérieur en 1895 à la tête des Établissements Français de l’Océanie, il assura ensuite des fonctions de gouverneur par intérim du 1er avril 1896 au 31 janvier 1897.

16François de Paule, père —. Voir Baudichon.

17Ha’amau, « Hamau » (Hiva Oa). Nom d’une tribu de Hanahehe et Hanamate au xixe siècle. Les Ha’amau se réclamaient de Pane, ancêtre de la branche cadette qui s’opposait traditionnellement, comme à Nuku Hiva, à la branche issue du frère aîné, Nuku. Lors de conflits, ils semblent s’allier aux Etu oho de Hanapa’aoa, Moea, Motu’ua, Hanahi et Nahoe et aux Moea de Hekeani et Hanaupe. À l’occasion de la pacification d’Hiva Oa, le plateau Ha’amau fut confisqué puis exploité par diverses sociétés auxquelles il fut concédé.

18« Haapa », Hapa’a (Nuku Hiva). Important groupe de tribus aux sept vallées, « e hitu o kaavai ». Ils étaient innombrables dit la tradition, qui en compte « plusieurs fois 4 000, Hapa’a oe mano nui». Leur territoire, situé entre Taiohae et Taipivai, faisait d’eux les alliés des Tei’i. Ceci était particulièrement vrai du ramage Naiki qui entretenait des liens familiaux avec la famille du chef principal de Taiohae, Keatonui. En conflit permanent avec leur voisin Taïpi, ils avaient soin d’entretenir leur terrible réputation. C’est chez les Hapa’a qu’espérait déserter l’écrivain H. Melville, qui arriva en fait chez les Taïpi. En 1872, les Hapa’a n’étaient plus que 50 ; Lorsque K. von den Steinen fit halte aux Marquises en 1897, presque tous avaient disparu.

19Hakahau (Ua Pou). Actuellement, vallée principale située sur la côte nord, occupée autrefois par les Naiki. À la fin du xixe siècle, la vallée politiquement la plus importante de l’île était Hakamoui, proche de Hakahau. Nommée « vallée des chefs », cette dernière fut occupée par six clans et l’on y trouve encore les vestiges de l’un des plus grands paepae de l’archipel : le Paepae Menaha du roi Heato.

20Hakaui ou Hakahui (Nuku Hiva). Importante vallée de la côte sud-ouest, proche de Taiohae ; avec la vallée voisine de Hakatea elle s’ouvre sur une baie fermée qui offre un bon ancrage. En 1804, elle fut bapitsée Baie Tschitschagoff par les Russes. Ce territoire était occupé à la fin du xixe siècle par quatre clans : Kahee, Namouaii, Taioa et Tuu oho. Les Taioa sont fréquemment cités par les premiers visiteurs de l’île car des liens familiaux les unissaient au chef Keatonui. En dehors de l’iconographie de l’expédition de Cook en 1775, les portraits exécutés en 1804 sont les plus anciens documents sur les remarquables tatouages des membres importants de ces clans. La dernière femme tatouée dans le « style de Nuku Hiva », dont W. Handy reproduisit les tatouages, était une « princesse » Kahee, petite fille de la reine Vaekehu de Taiohae.

21Hanahehe (Hiva Oa). Vallée de la zone Pepane, branche cadette des tribus de Hiva Oa. Voisine de Hanatea, elle s’ouvre sur la côte sud, à l’est d’Hanamate. Occupée par les Ha’amau et les Kaieto, elle comptait 110 habitants en 1882 et 124 en 1897.

22Hanahi (Hiva Oa). Vallée à l’est de Hanapa’aoa, sur la côte nord-est, dans la zone Pepane. Habitée par les Pu vai, Ati pae, Tioaei, et peut-être les Etu oho, elle comptait 55 habitants en 1882 et 17 en 1897.

23Hanaïapa (Hiva Oa). Vallée de la côte Nord, à l’ouest de Hanatekua (pl. XII). Elle fut habitée successivement, ou simultanément, par des tribus se rattachant à la branche cadette Pepane de Hiva Oa : Atimoho, Haai à l’intérieur des terres, Mahanui, Mautona, Namouaii, Poukua et Ua Ivi vers la mer. Selon Claverie, de passage peu après les incidents de 1880, « A Anaïapa...On se sent...plus près de l’état sauvage qu’à Nuku Hiva....L’art du tatouage y est porté à ses dernières limites ; ils sont tatoués de la tête aux pieds ». En 1882, 173 personnes y habitaient et 148 en 1897, dont 2 étrangers.

24Hanamate (Hiva Oa). Vallée à l’est de Punaei, sur la côte sud, dans la zone Ha’amau. Habitée par des clans se réclamant de la branche cadette Pepane, les Hiapo et les Tapa’i, elle comptait 119 habitants en 1882 et 85 en 1897, dont 2 étrangers. Concédée au début du xxe siècle à la Compagnie coloniale de l’Océanie, elle est à présent déserte.

25Hanamenu (Hiva Oa). Vallée de la côte nord-ouest de Hiva Oa célébrée dans de nombreux récits du xixe siècle ; elle était alors occupée par les Pi’ina (ou Pikina). Melville l’évoque dans Omoo, ainsi que son chef principal Noomai ; en 1842, Radiguet fit le portrait de ses chefs Opehue, Tohetohue et Totika. Elle comptait 87 habitants en 1872, 52 en 1882, et 39 en 1897. Nombre de trésors familiaux (objets de parure, armes, etc.) collectés dans les nombreuses niches funéraires des hautes falaises fermant la vallée, ont enrichi les collections du monde entier.

26Hanapa’aoa, « Baie des Cétacés » (Hiva Oa). Vallée de la côte nord de Hiva Oa s’ouvrant largement face à Fatu Huku à laquelle elle est traditionnellement liée. Habitée par les Etu oho et les Te hau tumu nui elle était, en 1872, la quatrième vallée la plus peuplée de l’archipel avec 302 habitants ; en 1882, ils étaient 163 et 116 en 1897, dont un étranger.

27Hanatekua ou Hanatikuua (Hiva Oa). Vallée au centre-nord de la côte, occupée par les Tafati, 48 en 1882 et 42 en 1897. Cette zone montagneuse, à l’est de Hanaïapa, fait partie des vallées rattachées à la branche cadette, Pepane, de Hiva Oa.

28Hanatetena (Tahuata). Vallée de la côte est. Au début de l’occupation française son chef Ta’aka, également chef de Ha’aoipu, se heurta aux Français et aux missionnaires. En 1847, il entre en guerre contre les Ati kua de Hanateio comptant dans leurs rangs Panao, évoqué par Alfred Testard pour un exemple de bravoure lors des accrochages de Vaitahu. Vainqueur, Ta’aka fait incendier les cases des vallées qui s’étaient opposées à lui, mais il épargne à peu près Hapatoni où il souhaite s’installer. En 1872, cette vaste vallée compte 56 habitants, 57 en 1882, 26 en 1897. Actuellement, la densité de sa population reste faible.

29Hanauaua (Hiva Oa). Vallée de la côte ouest, montagneuse et plutôt désertique. Rattachée au groupe aîné des tribus se réclamant de Nuku, elle était occupée en 1845, par les Mohuta alors dirigés par une cheffesse. En 1882, il y avait 36 habitants, 20 en 1897.

30Hanaupe (Hiva Oa). Vallée de la côte sud, avant la pointe de Mata fenua adossée, avec les vallées de Hekeani, Hatua et Ooa, à la grande vallée de Puamau. Hanaupe était occupée à la fin du xixe siècle par les Kua i te oho et par les Moea dont les chefs étaient en conflit aux alentours de 1860. Il y avait 100 habitants en 1882 et 162 en 1897. En 1872, la petite vallée voisine, Ooa, était la troisième la plus peuplée de l’archipel (481 habitants) ; elle n’est jamais évoquée.

31Hanavave (Fatu Hiva). Vallée de la côte nord-ouest. Elle s’étire en longueur au pied d’aiguilles impressionnantes. Elle était occupée par quatre clans : les Evaeva, Moota, Kua i te oho et Ati panu. Leur grand prêtre : Tau’apaiani fut la dernière personne à avoir été divinisée dans l’archipel. Il y avait, en 1872, 290 personnes qui y résidaient mais à la suite de conflits, en 1877, les habitants furent vaincus et pourchassés tandis que les maisons, arbres à pain et cocotiers étaient brûlés. En 1882, elle totalisait pourtant encore 133 habitants et 248 en 1897, dont 9 étrangers.

32Hapa’a cf. Ha’apa.

33Hapatoni (Tahuata). Petite vallée de la côte ouest, autrefois importante politiquement. Les guerres menées à la fin du xviiie siècle par Teinae, secondé par le Hawaïen Tama, entraînèrent l’éviction totale de tribus dont les « Tuppohhe », remplacés dans la vallée par les Ahu tini, alliés des Hemma ; depuis la fin du xviiie siècle, les chefs de Vaitahu eurent plaisir à y séjourner. Elle était habitée à la fin du xixe siècle par les Tai uoho et Iotete y fut assigné à résidence. Pour effacer de longues années de conflits, la « reine » Eri Vaekehu y fit aménager une chaussée en bord de mer jusqu’à Vaitahu, afin d’unir dans un travail solidaire les différentes tribus de l’île. Cette chaussée est encore soigneusement entretenue par les habitants de la vallée, dont elle est une des fiertés.

34Hart, John (1836-1900). En 1872, ce colon américain né à Londres acheta à un pasteur hawaiien, Haputa, ses premières terres à Hiva Oa dans la Baie des Traîtres (Tahauku). Il en augmenta la superficie jusqu’à 800 hectares et y développa des plantations. Il fit paître du bétail sur le plateau des Ha’amau, au fond des vallées de Tahahuku et de Punaei. En 1873, deux de ses travailleurs sont tués par des Marquisiens ; son magasin et la maison de son gérant Robert Stewart, sont pillés. Ses difficultés cessèrent momentanément lorsqu’il épousa Teata, une beauté Ha’amau. En 1877, ses plantations furent complètement détruites par un tsunami. Une puissante société allemande, la Société Commerciale de l’Océanie, finit par l’absorber en 1895. Il s’installa ensuite à Atimaono, à Tahiti. Cf. Bibliographie : T’serstevens, 1952.

35Hatiheu (Nuku Hiva). Grande vallée de la côte nord, dominée à l’ouest par de pittoresques pitons de basalte déchiquetés. Cinq importantes tribus Taïpi, s’y étaient installées : les Ati kea, les Ati puku, les Puhi oho, les Tapa tea et les Tuu oho. Hatiheu et Anaho, la vallée voisine, furent les lieux de séjour préférés de l’écrivain R. L. Stevenson.

36Hatua, « Hoatua » ou Atua (Hiva Oa). Tribus de la côte sud occupant, au xixe siècle, les vallées de Hanaupe, Hekeani et Puamau.

37Hatutu, Hatuta’a ou Fetu Uhu (4 km2 ; 420 m d’altitude). Îlot voisin de Eiao au nord des Marquises. Difficile d’accès, il ne fut jamais habité et constitue une réserve pour la végétation et les oiseaux de mer : hirondelles de mer, frégates, noddis bruns et fauvettes à long bec.

38Hekeau (Hiva Oa). Vallée de la côte sud-est, voisine de Hatua et de Hanaupe. Occupée autrefois par les Moea et, au xixe siècle, par les Atikea, les Te aai et les Tiaha, tribus rattachés à la branche cadette de Hiva Oa. La vallée comptait 46 habitants en 1882, 86 en 1897.

39Hina. Divinité majeure de la mythologie polynésienne, personnifiant la lumière. Femme ou fille du dieu créateur Tanaoa, elle participa à la création du monde.

40Hiva Oa (320 km2 ; 1 000 m d’altitude). Île principale du groupe Sud. En 1872, l’île comptait 21 vallées habitées. Aux fêtes du 1er janvier 1881 « Les hommes... étaient entièrement nus, à l’exception d’une ceinture en tapa, blanche ou rouge, se terminant par une longue queue garnie de nœuds. Ils avaient le corps huilé et peint en jaune et portaient, comme ornement, qui des touffes de plumes noires aux pieds et aux mains, qui des chevelures humaines. Ils avaient au cou des colliers de graines rouges ou des dents de cachalot et étaient tous presqu’entièrement tatoués. » (Claverie, 1894).

41Hohoï (Ua Pou). Vallée à l’extrémité sud de l’île, voisine de celle de Haka’ohoka, habitée jusqu’à la fin du xixe siècle par les Tavaka.

42Honu ou « Honoo ». Chef de Vaitahu (Tahuata), dont Hodges fit le portrait lors du passage de Cook en 1774. Ce chef eut douze enfants de son épouse « Tuhheane » (Tuhi Ani). Lorsque le Duff passa, en 1797, Honu était décédé entre temps de mort naturelle.

43Iotete. Grand chef de Tahuata, à la veille de l’installation française. « Le roi de Tahuata était un Canaque de haute taille et d’un embonpoint florissant. Sa peau, envahie par le tatouage, était entièrement bleue » (M. Radiguet, 1860).

44Ivaiva ou « Les Deux Jumelles » (Tahuata). Vallée de la côte nord-ouest, formée de deux vallons : Ivaiva nui et Ivaiva iti. Occupée par les Anae ; en 1882 il y avait là 10 personnes, 11 en 1897, dont 8 étrangers.

45Keatonui, Kiatonui ou Gattanewa. Un des principaux chefs de Taiohae, (Nuku Hiva), à la fin du xviiie siècle et au début du xixe. Il appartenait à la classe des « prêtres » ou maîtres-spécialistes et par ses alliances familiales, étendait son influence sur la moitié de l’île. En 1798, il avait entre quarante et cinquante ans et serait mort vers 1818.

46Kekela, James Hunnewell (1824-1904). Missionnaire hawaïen envoyé aux Marquises par l’American Board of Commissioners for Foreign Missions, en même temps que son confrère et compatriote Samuel Kauwealoha, les Révérends Benjamin Parker, James Bicknell et les teachers Isaia Kaiwi et Lota Kuaihelani. La mission américaine se chargeait, depuis un accord survenu avec la London Missionary Society en 1832, de l’évangélisation du groupe Sud de l’archipel tandis que la mission anglaise se consacrait au groupe Nord. Ils arrivèrent le 26 août 1854 à Hanavave (Fatu Hiva), à la demande du chef Matunui. Après avoir quitté le climat belliqueux de Tahuata J. Kekela resta longtemps avec sa famille à Puamau (Hiva Oa). Lincoln salua son courage lors du sauvetage du second du baleinier Congress, en 1864. La Mission le rapatria à Hawai’i en 1899. Une partie de sa famille est restée aux Marquises.

47Kermel de –. Lieutenant de vaisseau, commandant de Taiohae du 3 novembre 1858 au 24 août 1860 puis Résident du 25 août 1860 au 1er août 1863.

48Langomazino, Joseph (1820-1885). Ouvrier forgeron devenu avocat ; impliqué dans la vie politique française jusqu’en 1850, il fut déporté avec ses compagnons à la suite du « Complot de Lyon » contre Louis-Napoléon Bonaparte. En 1854, leur peine fut commuée en dix ans de bannissement. Ayant choisi de demeurer à Tahiti, il y fit carrière. Il est l’auteur du code « Langomazino », recueil de textes administratifs et juridiques.

49La Richerie, Eugène Gaultier de — (1820-1886). Nommé commandant particulier en Océanie le 25 juin 1858, commissaire impérial par intérim en novembre 1858, puis à titre définitif de janvier 1859 au 12 octobre 1864. Esprit moderne et dynamique, à l’origine de mesures importantes pour la vie économique et sociale du Territoire. Il encourage l’enseignement, crée un impôt local mais aussi ouvre, à partir de 1860, la Polynésie française à l’Amérique du Nord par des liaisons maritimes régulières. Il encourage les plantations et la commercialisation de l’huile de coco ou du coton ; pour cela il décide de la création du cadastre. Il favorise également l’immigration chinoise et veille à la protection des insulaires contre les raids des négriers péruviens.

50La Roncière, Emile de – (1803-1874). Succède à la Richerie jusqu’au 25 novembre 1869. Il poursuit son œuvre sur le plan économique, et engage deux réformes importantes : l’une juridique, tend à étendre les codes de lois métropolitains aux habitants du Protectorat et le retour, temporaire, à une forme d’autonomie interne.

51Le Solide. Navire de 320 tonneaux, équipé pour le commerce des peaux, commandé par Etienne Marchand (commandant en second Prosper Chanal, chirurgien Claude Roblet). En vue du groupe Sud le 12 juin 1791, le 14 dans la baie de Vaitahu ensuite dans d’autres baies de Tahuata. Il quitta l’île le 20 en direction du nord-ouest et aperçut le 21 l’île de Ua Pou et ses îlots. Il y débarqua et en prit pacifiquement possession le mercredi 22 juin. En quittant l’île dans la soirée, il aperçut Nuku Hiva et Eiao.

52La Zélée. Corvette de la Marine affectée de 1837 à 1840 à la Station des Mers australes sous le commandementdu capitaine de vaisseau L. F. M. de Roquemaurel. Elle fit partie de l’expédition commandée par le commandant Dumont d’Urville, sur l’Astrolabe, qui fit escale en 1838 aux Marquises et établit de bons contacts avec Iotete chef de Vaitahu, à Tahuata.

53London Missionary Society ou L.M.S., Société Missionnaire de Londres. Cette société, créée en 1795, réunissait diverses obédiences protestantes : méthodiste, presbytérienne, calviniste... dans le but de convertir les peuples des régions païennes et en particulier celles de Polynésie. En 1796-97, trente missionnaires s’embarquèrent à bord du Duff, pour la plupart des paysans et des artisans, et quatre pasteurs dont W. P. Crook. Cf. J. Guiart, 2000, pages 164-180.

54Maheono. Ce jeune homme, neveu de Iotete, avait entre 20 et 30 ans, selon Radiguet, au moment de la prise de possession des Marquises par la France. Il était chef de Hanatetena et ikoa – ami de nom – du père picpucien Joseph P. Baudichon. Proclamé « roi » de Tahuata, à la place de son oncle, il fut baptisé en 1844 mais il déçut rapidement l’espoir des missionnaires. À l’origine des conflits, assassinats et autres événements navrants qui se succédèrent jusqu’en 1847, il fut alors vaincu par une coalition de chefs de Tahuata. Banni à perpétuité ainsi que son fils adoptif, Teapu, il revint, quelques années plus tard, comme chef des Ha’amau de la vallée de Ututehe (Hiva Oa). Il y fut capturé en avril 1880 par trois guerriers Pahatai, de la vallée de Puamau, et décapité. Sa tête fut offerte aux dieux sur une petite structure proche du piton Toe’a, en marge du me’ae I’ipona à Puamau, dont parle Alfred Testard.

55Mahoï. Ce nom, pour désigner une tribu, n’apparaît pas aux Marquises, mais divers rapprochement sont possibles. À la fin du xixe siècle, Christian obtient, pour le groupe dominant à Puamau, le nom de Pahatai (Delmas écrit Pa’ahatai) et apprend qu’il en existe deux autres. Linton (1925) mentionne, à propos des auteurs de tikis de la vallée, le nom de Mahoe putiu, ce qui range ceux-ci parmi les sculpteurs talentueux de l’archipel. Il faut souligner la relative homophonie entre ce nom et celui de la vallée voisine : Nahoe dont Putio est le grand héros. Enfin en 1929, Rollin note, à propos d’une intervention du Résident Eggiman en 1874 à Puamau, qu’un conflit avait alors éclaté entre deux tribus : les Mavai et les Hatua !

56Matunui. Ce chef de Fatu Hiva s’était rendu en 1853 à Lahaina, île de Maui à Hawai’i, pour demander la venue de missionnaires protestants de l’American Board of Commissioners for Foreign Missions ; cf. Kekela.

57Moana. Cf. Te Moana.

58Moana Tini. Stanislas, dit Taniha, fils du chef principal de Taiohae, Te Moana et de Apekua, sœur de Vaekehu. Au décès de sa mère, il fut adopté par cette dernière devenue la seconde épouse de Te Moana. Époux de la princesse Sabine, Tahiautooho de son nom marquisien, il eut deux filles : Marianne, princesse de Hakaui, et Elisabeth, Eritapeta Vaekehu, cheffesse de Vaitahu et reine de Tahuata. Il prit part, en juin 1880, à la répression de la révolte de Hiva Oa. D’après Claverie, Stanislas serait né vers 1841 ; il mourut en 1893. Claverie le décrit comme « toujours strictement vêtu à l’européenne, ce qui n’empêch(ait) pas qu’il soit, comme ses sujets, complètement tatoué, à l’exception des mains et du visage ». Pierre Loti fit un croquis des tatouages de son torse. Le futur gouverneur Petit nous renseigne sur le coût de cette opération « Stanislas a donné 100 piastres au maître tatoueur-...soit 500 francs... On se fait tatouer pour être beau et pour plaire, me disait un jour Stanislas ».

59Motane ou Mohotani, etc. Petite île habitée autrefois par les Moi a Tiu et concédée en 1927 à la Compagnie coloniale de l’Océanie, également installée à Hanamate (Hiva Oa), pour y cultiver du café, du coton ainsi que des cocotiers et d’y faire l’élevage de bœufs et de moutons.

60Motapu ou Motopu (Tahuata). Vallée bien arrosée, bordée de sable blanc, comme quelques autres de Tahuata, ce qui est rare sur l’archipel. Le clan cité à son propos est appelé tantôt Te Uavai, tantôt Uavau. Il y avait 56 habitants en 1882 et 59 en 1897 ; elle est bien peuplée actuellement.

61Motu iti et Motu nui ou « Les Deux Frères » (Nuku Hiva). Deux îlots rocheux de 40 m d’altitude, à l’entrée de la baie de Taiohae. Ils portent également les noms de Sentinelles et de Kikimai, pour l’un d’eux.

62Nahoe (orthographe habituelle) (Hiva Oa). Vallée de la côte nord-est, voisine de Eiaone et proche de Puamau, occupée autrefois par les Putio (ou Putiu). 47 personnes y résidaient en 1882 et 43 en 1897.

63Naiki. Une des plus fameuses tribus des Marquises, dispersée à travers tout l’archipel. Se réclamant des branches aînées de Nuku Hiva et Hiva Oa, elle est présente à Ua Pou et Ua Huka. Le me’ae I’ipona, de Puamau lui est associé comme lieu de mémoire — me’ae — d’une guerre féroce où ils furent défaits. La tradition veut que l’histoire de l’île ait alors basculé, les Naiki quittant la côte nord pour le sud de l’île, Atuona.

64Nuku Hiva (330 km2, sommets de plus de 1 000 m). Île principale du groupe Nord ; sa côte sud offre de belles baies profondes : Taiohae, Hakahui et Taïpivai tandis qu’au nord s’ouvrent celles de A’akapa, Hatiheu et Anaho. Rapidement privilégiée pour cette raison par les navires de passage : dès 1813, Porter remarqua les qualités de la baie de Taiohae (ancienne bouche de cratère) pour y abriter ses prises britanniques. Les troupes de Dupetit-Thouars y débarquent en 1842. En 1863, une terrible épidémie de variole décime sa population. Nuku Hiva, qui s’est lentement relevée dans la seconde moitié du xxe siècle, se veut le dynamique chef-lieu administratif et politique de l’archipel.

65Omoa ou O’omoa (Fatu Hiva). Vallée de la côte sud-ouest, occupée autrefois par les Anainoa. Elle comptait 249 habitants en 1882 et 110 en 1897, dont 3 étrangers. Actuellement la principale vallée de l’île.

66Pahatai ou Pa’ahatai. Clan de Puamau, à Hiva Oa qui, à la suite des multiples déchirements de la fin du xixe siècle, est resté seul dans cette vaste vallée. Les Pahatai étaient les ennemis traditionnels des Naiki qu’ils chassèrent de cette partie de l’île, avant la fin du xviiie, en s’unissant aux clans de la côte nord-est dans une guerre mémorable dont fut vainqueur Takai’i ; ce dernier est immortalisé par le plus imposant des tikis du site de I’ipona.

67Pakoko. Guerrier estimé, chef de Hava’o, vallée au fond de la baie de Taiohae (Nuku Hiva). Caillet, le décrit ainsi : « (C’) était un vieillard à la figure fière, il paraissait très âgé, d’une taille élevée et d’une constitution nerveuse, sa barbe blanche faisait paraître sa figure martiale plus imposante... Son tatouage compliqué était très élégant par les dessins qui rappelaient ses ancêtres, la noblesse de son sang et ses faits d’armes» (Caillet, 1918). À la suite de désordres survenus à Taiohae en 1845, il se rendit ; condamné à mort, son attitude, à ses derniers instants, lui valut l’admiration de tous : « Il salua de son éventail d’un kaoha énergique et s’offensa de ce qu’on voulut lui bander les yeux. On lui épargna cette humiliation et il fit face au peloton. Il tomba, frappé de dix balles, le Vendredi saint 1845. » (Delmas, 1929).

68Puamau (Hiva Oa). Cette vallée de la côte nord-est, occupée par huit clans : Naiki, Pahatai, Mahoe, Te Mavai, Moe hau, Pou hau, Hatua, fut un centre culturel aux monuments nombreux et imposants (pl. XI). Puamau abrite quelques uns des plus beaux tikis de l’archipel. Fin 1856, une chapelle fut construite pour 9 convertis et 104 catéchumènes ; fin 1857 des calvinistes venant d’Hawaii : Brignel, accompagné de l’Hawaiien Kekela s’installèrent, accueillis par le chef Tahutete. Les luttes qui opposèrent les clans entre eux, ou à d’autres, sont bien connues à partir de 1875 ; au début d’avril 1880, Maheono est la dernière victime, sacrifiée à Puamau. En 1872, cette riche vallée, la plus peuplée des Marquises, comptait 632 habitants (avant Atuona : 551 habitants) ; elle compte actuellement environ 200 personnes.

69Porter, David (1780-1843). Cet officier de marine américain pénètre dans le Pacifique à bord de l’Essex lors du conflit qui oppose son pays aux Britanniques, de 1812 à 1814. Il a ordre d’y protéger ses compatriotes des baleiniers anglais et entreprend une guerre de course. En 1813, il choisit la baie de Taiohae (Nuku Hiva) pour y abriter les 3 baleiniers. La présence de 5 navires occidentaux se répercute à terre. En effet, c’était alors la guerre entre les Taïpi et les Hapa’a, alliés aux Tei’i. Ces derniers grâce à l’appui de Porter furent victorieux des Taipi de la Baie du Contrôleur : Taipivaï. Quelques semaines après le départ de Porter, l’Anglais Wilson, installé depuis longtemps dans l’île, suscita une révolte contre les Américains. En partant, Porter lègua au pays des porcs et des chèvres.

70Pritchard, révérend George (1796-1883). Pasteur de la London Missionary Society (L.M.S.) et consul anglais en poste à Papeete. En 1829 sur l’Olive Branch, il effectue une tournée aux Marquises ; il y est accompagné du révérend Simpson. Célèbre par « L’affaire Pritchard », il fut à l’origine de l’éviction, par la reine Pomare, des pères picpuciens Laval et Caret (1836) ; son active opposition à la présence française conduisit, après le Protectorat (mars 1843) et à la prise de possession par Dupetit-Thouars (novembre 1843), à sa brève incarcération (mars 1844) et à sa mutation aux Samoa.

71Punaei (Hiva Oa). Première baie, après Atuona, en allant vers l’Est. Elle était habitée par les Hiapo, de même qu’Hanamate.

72Resolution. Ancien navire charbonnier de 462 tonneaux, transformé en aviso, armé pour le deuxième et troisième voyages de James Cook.

73Reine Blanche La –. Frégate de la marine nationale, sous le commandement du capitaine de vaisseau Alix sur laquelle étaient embarqués le contre-amiral Dupetit-Thouars et M. Radiguet, son secrétaire ; à Fatu Hiva le 26 avril 1842, à Taiohae le 31 mai 1842. Sur ce bateau furent emprisonnés les dix marins mutinés de la Lucy Ann, sur lequel Melville se trouvait, (la Julia dans son roman). La Lucy Ann était le 7 août 1842 à Nuku Hiva ; Melville et Toby signant à son bord le 9 août.

74Stewart, Ch. Chapelain du Vincennes qui rédigea un intéressant journal de l’expédition : A visit to the South Seas (1833).

75Ta’aoa (Hiva Oa). Vallée de la côte sud-ouest, remarquable par son étendue, sa beauté et son passé. À la fin du xviiie siècle, ses sept clans se rattachent à la branche aînée Nuku : Atipae, Moehau, Paima, Pikina, Tahunia, Tapaki (ou Tapaï) et Tiu. En 1882, 227 habitant en 1882, 266 en 1897, dont 5 étrangers.

76Tahauku ou Ta’ahauku (Hiva Oa) (pl. XII). Vallée de la côte sud-est, proche de Atuona ; sa baie profonde, appelée parfois Baie des traîtres, lui sert de port. La ligne de partage de l’île entre les tribus issues du frère aîné Nuku et du cadet Pane, passe à l’est de Tahauku, pour la partie Sud, et à l’est de Hanatekua, au Nord. Tahauku était occupée à la fin du xixe siècle par les Miti, également nom d’un chef de Vaitahu (Tahuata). En 1882, Tahauku comptait, 85 habitants; en 1897, ils étaient 35, dont 6 étrangers.

77Tahia. Première partie du prénom de nombreuses jeunes femmes marquisiennes, souvent traduite par « princesse » ; c’est l’équivalent de Teiki, début du prénom des premiers nés marquisiens et forme locale de Te Ariki, chef. La suite du nom, symbolique et poétique, se déroule parfois sur de nombreuses lignes ; elle comporte souvent le nom du clan dont la lignée est un des rameaux importants. Taheia est ainsi le nom rapporté par Radiguet pour la fille de Iotete ; ce nom témoigne de la faveur dont elle jouissait auprès de son père car ce prénom était donné à celle qui était choisie pour représenter les espoirs de la famille.

78Tahuata (61 km2 ; altitude 1 000 m). Île du groupe Sud séparée de Hiva Oa par le Canal du Bordelais, large de 3 km. Seule île de l’archipel bordée de formations coralliennes. Douze vallées étaient habitées à la fin du xixe siècle ; quatre le sont encore : Hanatetena, Hapatoni, Motopu et Vaitahu.

79Taiohae (Nuku Hiva). Baie de la capitale actuelle des Marquises, formée par la bouche d’un cratère où convergent huits vallées occupées, autrefois, par autant de tribus, dont les Tei’i. En 1792, Josiah Roberts y séjourna plus de quatre mois ; en 1798, Fanning y déposa le pasteur Crook et, en 1804, le Russe Krusenstern y rendit visite à Keatonui. En 1813, l’Américain Porter en fit une base d’opérations navales et y fortifia une colline, Madisonville, appelée plus tard Fort Collet. Les navires s’y relaieront car c’est une des meilleures baies de l’archipel. En 1842, la France y crée un centre administratif, militaire et religieux qui y restera jusqu’en 1904, date de son transfert momentané (1940) à Atuona (Hiva Oa). Elle se développe depuis aux dépens des autres vallées de l’île (pl. VIII).

80Taipivai (Nuku Hiva). Vaste vallée de la côte sud, rendue célèbre par le roman d’H. Melville (Typee, 1846). Arrosée par une des rares rivières permanentes de l’archipel, elle s’ouvre sur la baie du Contrôleur, ainsi que la vallée voisine, alliée, de Ho’oumi et celles, ennemies, des Hapa’a. La puissante alliance des clans issus de Taï-piinuiavaku s’étendait au nord jusqu’à A’akapa. Elle était redoutée par les tribus voisines, de la branche aînée issus de Te’iinuiahako plus familiers avec les Européens. Ces derniers leurs firent une réputation de cannibales, justifiée, mais à relativiser.

81Tama ou « Owheve ». Hawaïen de la fin xviiie siècle, tacticien des conquêtes entreprises à Tahuata par le chef Teinae, qui aboutirent à une redistribution des clans et à l’éviction totale de certains d’entre eux. Ce succès fit école ; désormais les déserteurs occidentaux, experts en maniement et en entretien d’armes aussi bien qu’en tactique de guerre, seront accueillis avec empressement. Ce thème devint le sujet d’articles ou de livres à succès (Melville, Coulter ou Leblanc pour les Marquises).

82Tanaoa. Divinité créatrice du monde, qui régnait sur un univers froid et obscur ; de son union avec la Lumière, Atea, naquit l’Aurore. Entretenant des liens privilégiés avec la mer et ses créatures, il était le patron des pêcheurs. Il s’agit de Tangaroa (Nouvelle-Zélande), Ta’aroa (Tahiti) : dieu suprême, créateur de l’univers et des autres dieux, le maître de l’Océan.

83Te Moana ou Temoana, Charles (1821-1863). Petit-fils de Keatonui, chef principal de Taiohae au temps de l’occupation française (1842-1848). Cinq victimes furent sacrifiées à sa naissance. Il fut l’époux de Tahiaoko, dite Apekua, puis à la mort de celle-ci, de sa sœur Vaekehu que rencontra P. Loti. Stanislas Moanatini, ami du Résident Eyriaud Desvergnes, est son fils. Le 2 juin 1842, la France prenait possession du groupe Nord de l’archipel ; Caillet, le décrivit alors ainsi : « C’était un homme de taille moyenne pour ces pays, il était bien constitué, sa tête à l’expression ouverte et franche garnie d’une chevelure frisée... Il n’était tatoué que sur les reins ». En 1852, lors d’un bref « exil », il rencontra la reine Pomaré et comprit les avantages qu’il pourrait tirer de l’autorité royale. En 1853, il fut baptisé du prénom de Charles, en compagnie de Vaekehu et de soixante-deux autres Marquisiens, parents et alliés, le 29 juin 1853. Les tapu furent abolis à cette occasion. Te Moana ménagea l’entrée de son pays dans un monde nouveau avec intelligence; il mourut de pleurésie (1863), avant son épouse Vaekehu qui lui survécut jusqu’en 1901. Cuzent rapporte que : « Le roi (avait) en mémoire (un) voyage qu’il fit en Angleterre en 1837, à la suite d’une rébellion dont il se rendit coupable envers les trois chefs Hiou (ou Niehitu), Vavaï Nui et Pakoko ses parents. Il fut contraint de se réfugier sur un navire anglais le Royal Sovereign qui le conduisit à Londres (Central School of the Bible Society). Comme il était alors très jeune, on utilisa Temoana, pendant la traversée, en lui faisant laver la vaisselle.. on (l’)avait montré à Londres pour deux pences...ce roi n’aimait pas être questionné sur son voyage en Angleterre ».

84Thierry, Charles « de Ville d’Avray, baron de Thierry, chef souverain de la Nouvelle-Zélande ». Filleul de Charles X, né à Bruxelles en 1793. Élevé en partie en Grande-Bretagne, il fit connaissance à Cambridge (1820), de deux fils de chefs Maori. Il avait alors acheté, par l’intermédiaire d’une mission, des terres à Hokianga, en Nouvelle-Zélande, et décida de s’y rendre dans les années 1830. Il ne fit qu’un court séjour aux Marquises.

85Tiki. Époux de Hina mata one, généralement considéré comme père de la population marquisienne. « Représentant un ancêtre divinisé, plusieurs ancêtres glorieux réunis en une seule entité, ou la divinité elle-même, les grands tikis ne les incarnaient pas, car ils étaient devenus des atua, les esprits invisibles des dieux. Le thème du tiki sous tous ses aspects est au centre de l’esthétique marquisienne, alors même que celle-ci avait cessé d’être utilitaire et n’était plus liée au pouvoir des chefs et des prêtres...dans chaque archipel il avait forme particulière...Les Marquisiens lui ont donné sa forme immuable et pérenne, reconnaissable entre toutes, puisque seuls certains tikis des îles Cook ont un parenté formelle avec elle. Les tikis, dans leur nudité imposante, sont presque tous masculins...la déification glorifiait particulièrement des chefs ou des prêtres illustres. Certains, rarement, ont conservé leurs noms au cours du temps, comme Takai’i à Puamau (Hiva Oa). Les tikis marquisiens, étaient des témoins, jamais des idoles. » (A. et H. Lavondès, 1995).

86Timao ou Timau, également appelé Hinao. Fils que Iotete destinait à sa succession mais qui mourut jeune. Leur père s’était absolument opposé à ce que lui, ou ses frères, soient tatoués.

87Tohuetohue. Celui que Radiguet nomme Tohetehue était le chef le plus âgé de Hanamenu (Hiva Oa) en 1842. Radiguet fit son portrait ainsi que ceux de Opehue et de Totika.

88Tu. Divinité majeure du panthéon polynésien, considérée comme dieu de la guerre. Aux Marquises, lorsque des victimes étaient offertes aux dieux sur un me’ae « les cérémonies duraient sept jours pendant lesquels la tribu devaient observer certains usages...tous, durant cette période, étaient appelés du nom générique de Ati-Tu, peuple de Tu » (Delmas, 1927).

89Tupa. « Hercule » marquisien qui semble avoir été une divinité, tout particulièrement des Tei’i, à Nuku Hiva.

90Ua Huka (83 km2, altitude 854 m). Île du groupe Nord, au doux relief creusé de belles vallées, dont celle de Vaipaee. Les groupes qui y habitaient au xixe siècle ont été décrits dans divers journaux et revues, entre 1860 et 1920, par Th. Lawson, résident anglais. Ces groupes partagent des affinités avec ceux de la côte nord de Hiva Oa, située à plus de 100 km et avec ceux de la zone Taïpi de Nuku Hiva.

91Ua Pou (105 km2, altitude 1232 m). Île du groupe Nord, surnommée « l’île cathédrale » en raison de son relief hérissé de pitons ; ses côtes sont escarpées, bordées de récifs. Ses baies peu profondes sont impraticables pour les navires occidentaux : rares furent leurs visites dans les vallées de Hakahau, Hakamoui, Hoho’i sur la côte Est. C’est par la force de ses seuls alliés que le roi Heato, dans la première moitié du xixe siècle établit son autorité sur l’ensemble de l’île. Très durement frappée par la variole en 1863, l’île se releva lentement pour devenir la plus jeune et la plus peuplée de l’archipel ; ses chanteurs et groupes de danse du Motu Haka y sont réputés.

92Vaitahu (Tahuata). Vallée principale, appelée Madre de Dios par Quiros et Mendana et Resolution’s Bay par Cook. Occupée par les Hema, elle comptait 143 habitants en 1882 et 104 en 1897, dont 2 étrangers. Depuis Teinae les chefs de cette baie, tirant parti des facilités de son mouillage, ont contrôlé le commerce, notamment celui des armes.

93Vaekehu voir Eri Vaekehu et Moana Tini.

94Waitangi (Nouvelle-Zélande). Traité signé par les chefs maoris de Nouvelle-Zélande et le capitaine W. Hobson, représentant la Grande-Bretagne (février 1840) ; ce traité, obstacle à l’implantation française, conduisit la France à s’intaller aux Marquises, pour d’assurer des points de relâche à ses navires de commerce.

95Yotete. Iotete, chef de Vaitahu.

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

Cette publication numérique est issue d’un traitement automatique par reconnaissance optique de caractères.
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search