Chapitre 13 - La recherche-action : un processus d’analyse et de transformation sociale pour l’accès à l’alimentation durable
p. 201-214
Note de l’éditeur
Texte intégral
1La recherche-action est basée sur la participation et la coopération des habitants, des acteurs « de terrain » et des chercheurs pour produire collectivement des connaissances et des pratiques sociales. Appliquée aux enjeux d’accès à une alimentation durable en situation de précarité, la recherche-action s’avère un outil pertinent pour contribuer à l’émancipation des personnes invisibilisées.
2Historiquement, la recherche-action émerge après la seconde guerre mondiale, avec l’idée que les sciences humaines et sociales peuvent jouer un rôle pour répondre aux questions sociétales. Son émergence se situe notamment aux États-Unis et en France. Aux États-Unis, avec la philosophie pragmatiste (William James et James Dewey) qui s’appuie sur le principe d’expérimentation (la valeur d’une théorie est fonction de son efficacité pratique) et avec la psychosociologie (Kurt Lewin), via des dispositifs expérimentaux d’observations et d’analyse comparative des comportements collectifs (notamment en termes d’habitudes alimentaires). En France, c’est au sortir de la guerre qu’elle émerge avec l’analyse institutionnelle, notamment avec Henri Desroche, sociologue, pédagogue et spécialiste des coopératives, qui fonde le bureau d’études coopératives et communautaires en 1953. Alexia Morvan (2013), dans son article de définition de la recherche-action, retrace cette histoire et montre la coexistence de deux modèles distincts. Pour elle, ce qui fonde l’unité des démarches de recherche-action est « qu’elles considèrent l’expérience, l’action (ou l’activité) comme source de connaissance et assument une posture d’engagement du chercheur dans la transformation de la réalité (ou d’efficacité pratique de la recherche) ». Elle invite ensuite à différencier, au sein de la recherche-action, des démarches qui relèvent d’une recherche-action appliquée et d’autres qui relèvent d’une recherche-action participative (ou recherche impliquée). Les premières visent à produire un savoir utile dans l’action, sans nécessairement remettre en cause la différence de statut, au regard de la production des connaissances, entre le chercheur (avec son savoir théorique) et les autres participants (les praticiens avec leurs savoirs pratiques). Les secondes contestent, au contraire, la frontière entre théorie et pratique et remettent en cause le pouvoir du chercheur et son statut de seul producteur des savoirs légitimes. La recherche-action porte en elle la capacité d’agir sur les rapports sociaux (de classes, de genres, etc.) et sur les dynamiques de justice sociale et de démocratie. Elle possède ainsi une dimension fondamentalement politique, dont Alexia Morvan situe les origines, dans l’« analyse institutionnelle », un courant de recherche en sciences humaines et sociales, principalement en sociologie, qui s’est construit en France à partir des années 1960. Ce courant s’intéresse aux processus par lesquels les rapports de pouvoir et les règles de la vie collective sont normalisés au point qu’ils vont de soi et ne sont plus questionnés, mais aussi aux processus de changement et de prise de conscience de ces règles et rapports de pouvoir, dans une visée critique et émancipatrice. L’analyse institutionnelle est en effet née d’interventions sur des terrains de critiques sociales : « ces travaux ont en commun de créer des cadres de collaboration entre chercheurs et groupes concernés avec le souci que ces derniers fassent autorité sur le devenir des situations à partir des connaissances produites sur celles-ci […] ce modèle défend l’implication des acteurs [dans le] processus de production des connaissances, mais aussi sa finalité de transformation sociale. Il s’accompagne de la reconnaissance de la fonction politique de toute recherche en sciences sociales » (Morvan, 2013). La recherche-action connaît aujourd’hui de multiples usages, mais « son utilisation reste suspecte dans les sciences humaines dites nobles du fait de l’implication reconnue du chercheur », élément auquel s’ajoute un questionnement sur la scientificité d’une recherche menée avec des praticiens et en partie par eux. L’implication du chercheur, doublée de la portée transformatrice de la recherche-action, soulève plusieurs enjeux quant aux risques d’instrumentalisation, d’asymétries de légitimité entre savoirs académiques et profanes, de co-production inégalitaire des savoirs et de répartition des « bénéfices » des connaissances produites. Ces enjeux doivent conduire à interroger en permanence, pour les ajuster, les manières de poser, de concevoir, d’animer, et de réaliser une recherche-action.
3Dans le champ de la sociologie académique, la recherche-action possède des affinités avec la méthode d’intervention sociologique développée par Alain Touraine (1978) dans son ouvrage La voix et le regard. Cette méthode a introduit une posture du sociologue rompant « avec la posture traditionnelle et académique de la neutralité axiologique qui attend du sociologue qu’il se tienne en retrait et se contente d’enregistrer des opinions et des témoignages » (Cousin et Rui, 2010). Celle-ci renvoie cependant plus à l’étude des mouvements sociaux qu’à un objectif de transformation sociale, qui est l’une des perspectives de la recherche-action.
4Selon Yves Bonny, si la recherche-action est une notion « vague, que ce soit quant au sens à donner au trait d’union ou quant à la conception même des termes mis en relation », c’est parce que, historiquement, ses « contextes d’émergence sont on ne peut plus variés : contextes académiques, mais aussi contextes militants, de management social, de formation, de développement personnel ou professionnel, de démarches participatives ». Ainsi, la recherche-action « peut être abordée en tant que méthode scientifique par certains, associée ou non à des visées très directement opérationnelles, de type résolution de problème. Elle peut viser à formaliser, dans une perspective de transmission et de diffusion, des orientations d’action et d’organisation jugées pertinentes dans un milieu de pratique donné, tel que l’éducation populaire […]. Elle peut s’inscrire plutôt dans une entreprise de conscientisation à l’égard de certaines formes d’oppression et de mobilisation politique, orientée vers le développement du pouvoir d’agir et la transformation sociale. Elle peut relever de perspectives stratégiques de type technocratique ou, au contraire, de dynamiques participatives et coopératives » (Bonny, 2014, p. 1). Bonny montre par ailleurs que la recherche-action peut être abordée de deux points de vue qui s’articulent : premièrement, une recherche à partir de l’action, c’est-à-dire prenant pour objet d’étude une pratique (professionnelle, militante, etc.) ou certaines caractéristiques d’un milieu de la pratique ; deuxièmement, une recherche en vue de l’action, c’est-à-dire se donnant explicitement pour visée de produire des connaissances directement en prise sur des finalités pratiques. Les connaissances produites par la recherche-action, connaissances « décontextualisables » et connaissances « actionnables », sont cumulables, mais peuvent entrer en tension. Celle-ci peut se révéler stimulante si elle est explicitée, sans quoi elle risque de générer conflits et malentendus dans le cadre de recherches partenariales.
5La dimension participative et coopérative abordée par Bonny désigne la mise en relation et l’implication de l’ensemble des parties prenantes liées au sujet abordé, en premier lieu les « premiers concernés ». La notion de coopération entend rassembler différents éléments : la participation des premiers concernés, la mise en commun des ressources, l’implication du chercheur, le croisement des savoirs, la recherche de relations égalitaires et non concurrentielles entre les parties et les savoirs, la recherche de partage des bénéfices.
6Le programme de recherche, dont deux cas d’application sont exposés dans ce chapitre, s’inscrit dans une recherche-action dite « coopérative », qui vise la co-production de connaissances, le renforcement des capacités et de la puissance d’agir, la transformation des rapports sociaux et le renforcement de la démocratie (Maurel, 2010). Par ailleurs, cette recherche-action s’attache à un principe d’expérimentation reposant sur l’idée que les sciences humaines ne se tiennent pas à distance des enjeux sociaux et politiques, en référence aux travaux du sociologue Pascal Nicolas-Le Strat. Selon lui, la sociologie « investit expressément [ces enjeux] en s’associant aux expérimentations dans lesquelles s’aventurent les collectifs en vue d’une transformation émancipatrice des formes de vie et d’activité » (Nicolas-Le Strat, 2013, p. 9). Dans une logique de résistance et de transformation sociale, il s’agit d’opposer au modèle majoritaire de la recherche des pratiques différentes, qui articulent les enjeux politiques avec les expériences de vie et d’activité, et redonnent de la valeur à l’expérience. Expérimenter, selon Nicolas-Le Strat, c’est introduire une perturbation dans une routine. Cette perturbation va réengager les acteurs et produire potentiellement une dynamique constituante, génératrice d’autres rapports sociaux. Ce qu’il nomme la « recherche en situation d’expérimentation […] revêt une portée à la fois critique, en assumant autant que nécessaire son engagement oppositionnel, et contributive en apportant sa pierre à ces mobilisations collectives en quête et en conquête d’une plus grande autonomie de vie » (Nicolas-Le Strat, 2013, p. 10). La notion d’expérimentation renvoie donc plus à la manière dont les chercheurs et chercheuses sont en capacité de s’associer aux expérimentations sociales en y apportant leur contribution spécifique, qu’à des dispositifs expérimentaux d’observations et d’analyse tels que développés par Kurt Lewin, même si, comme nous le verrons, les deux peuvent parfois se mêler.
7Les exemples qui suivent montrent la manière dont la recherche-action peut être utilisée, en liaison avec des expérimentations, pour traiter le sujet de la précarité alimentaire, travailler le dépassement des dispositifs et pratiques d’aide alimentaire, questionner l’égalité d’accès à l’alimentation durable65 et la conciliation entre enjeux écologiques et de justice sociale. Elle est appréhendée en tant que démarche capable à la fois de produire des connaissances et des pratiques sociales, et de contribuer à des dynamiques d’émancipation et de transformation sociale.
Recherche-action et accès à l’alimentation durable
8La recherche-action s’intéresse particulièrement à « des mondes invisibles ou peu reconnus » (Morvan, 2013) ou, pour le dire autrement, à des mondes subalternes ou des publics en situation de domination. C’est pourquoi elle est particulièrement développée et pertinente sur des questions qui touchent aux inégalités sociales d’accès à des aliments de qualité durable. En effet, ces aliments (par exemple biologiques ou issus de circuits courts) sont en général plus chers. Ils sont plus consommés par les catégories sociales les plus aisées et les plus instruites. Ainsi, ces aliments, pourtant réputés meilleurs pour l’environnement et pour la santé, sont difficilement accessibles pour les plus pauvres et ils sont quasiment absents de l’aide alimentaire.
9Cette approche induit un questionnement sur les situations de précarité alimentaire, sur les pratiques alimentaires corrélées aux conditions de vie, sur les modes d’accès à l’alimentation, sur les modèles et dispositifs de solidarité et de protection sociale, sur la durabilité des systèmes alimentaires, et in fine sur le droit à l’alimentation et la démocratie alimentaire (Paturel et Ndiaye, 2020) qui s’articule aux enjeux de justice sociale (Fraser, 2014) et d’émancipation (Maurel, 2010). L’apport de la recherche-action sur les questions alimentaires concerne, dans les cas présentés dans ce chapitre, sa dimension politique. Elle vise à saisir des pratiques en mouvements, tout en cherchant à les outiller et potentiellement à les renforcer pour favoriser l’égalité d’accès à une alimentation durable. À cette fin, l’observation et la connaissance fine des pratiques alimentaires constituent un socle indispensable au processus de recherche-action.
10Différents programmes de recherche-action se sont intéressés ces dernières années à la question de l’accès des personnes en situation de précarité à l’alimentation durable, s’inscrivant en creux dans une approche critique du système d’aide alimentaire sur différents plans : nutrition et qualité de l’alimentation, dignité et citoyenneté des personnes, durabilité des systèmes alimentaires et protection sociale des personnes vulnérables. De nombreuses expériences de recherche ont été conduites aux États-Unis autour de la justice alimentaire et de l’agriculture urbaine, ou au Québec autour des systèmes alimentaires territoriaux et de la lutte contre la pauvreté. En Belgique, une recherche-action réalisée en « co-création », intitulée Solenprim66, a été conduite par des organisations d’aide alimentaire, une plateforme d’achats solidaire et la Fédération des services sociaux. En France, nous pouvons citer les travaux de l’unité de recherche Innovation, à Montpellier, autour des circuits-courts et de la cohésion sociale, ou de l’approvisionnement en fruits et légumes locaux des Restos du cœur de l’Hérault (Paturel, Le Velly, 2014) ; la recherche-action Accessible, menée par le réseau national des Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural (Civam)67 ; la recherche-action Formes urbaines et gouvernance alimentaire (Frugal)68, qui porte sur l’analyse des enjeux systémiques liés à l’approvisionnement alimentaire de métropoles du Grand Ouest français et de Rhône-Alpes.
11Dans la suite de ce chapitre, nous présenterons une recherche-action menée par le Laboratoire d’étude et de recherche sur l’intervention sociale (Léris)69 et le réseau Initiatives pour une agriculture citoyenne et territoriale (InPACT) en Occitanie depuis 2019, intitulée « L’alimentation des personnes en situation de précarité : de l’assignation à l’émancipation. Co-construire des tiers-lieux de solidarité et de transition alimentaire ».
12Ce projet, conçu selon les principes de la recherche-action dite coopérative, s’intéresse simultanément à plusieurs dimensions de l’alimentation (sociale, environnementale, économique, politique notamment), et adopte une démarche de recherche « à partir de l’action » et « en vue de l’action » (Bonny, 2014). Il met l’accent sur les enjeux démocratiques de l’accès à l’alimentation (Scherer, 2018).
13Sur le principe d’une recherche à partir de l’action, elle vise à observer, analyser et prendre en compte les dimensions suivantes, à l’échelle territoriale :
-
les pratiques alimentaires des personnes en situation de précarité et à petit budget : modes et lieux d’approvisionnement, choix et possibilités de consommation (en lien avec les enjeux de budget, de santé, de culture…), fabrication des repas et équipement disponibles, socialisation autour de l’alimentation ;
-
les pratiques et dispositifs de solidarité alimentaire : pratiques professionnelles et bénévoles d’intervention sociale en lien avec l’accès à l’alimentation, types de produits proposés et modes d’approvisionnement des lieux de solidarité alimentaire, dispositifs publics et privés pour fournir et distribuer l’alimentation, pratiques d’entraide informelle ;
-
l’identification des politiques publiques alimentaires et d’action sociale, et leur potentiel rapprochement ;
-
l’identification des acteurs composant les systèmes alimentaires territorialisés (SAT)70, notamment en termes de production.
14Cette recherche-action ne met pas l’accent sur une observation quantitative des pratiques sociales liées à l’alimentation. En cela, ses résultats ne sont pas généralisables à l’échelle d’une population plus grande selon un principe de représentativité statistique. Elle s’appuie plutôt sur les données existantes dans la littérature, qu’elle met en résonance avec les données qualitatives issues du terrain, ainsi qu’avec l’expression des personnes impliquées dans le processus et le partage de leurs expériences vécues et de leurs pratiques. Ce partage d’expériences constitue à la fois une base pour le processus d’action collective inhérent à la recherche-action coopérative et un socle de données pour le travail de recherche et la compréhension des processus de changement liés aux actions mises en place.
15Sur le principe d’une recherche en vue de l’action, « c’est-à-dire se donnant explicitement pour visée de produire des connaissances directement en prise sur des finalités pratiques » (Bonny, 2014), elle vise à observer, analyser et outiller les mouvements ou changements suivants :
-
la transformation des pratiques alimentaires vers plus de sécurité, de qualité, de durabilité ;
-
la progression de l’accès à l’alimentation durable pour « tous » ;
-
la transformation des pratiques de solidarité alimentaire vers des pratiques plus émancipatrices ;
-
la transformation des pratiques des acteurs du système alimentaire vers plus de coopérations territoriales au bénéfice de la durabilité ;
-
la politisation de l’alimentation et les dynamiques de démocratie alimentaire ;
-
la recherche d’articulation entre expériences des personnes concernées, initiatives citoyennes, acteurs associatifs et privés, et politiques publiques, dans une logique de co-construction de l’action publique.
16Ces différentes questions sont travaillées à l’échelle des groupes engagés et des territoires d’expérimentations. Cette échelle « micro » ne renvoie pas à un manque d’envergure de la recherche. Au contraire, l’échelle « micro » permet d’accéder à toute l’intensité des changements de l’expérience produits par la recherche-action, ainsi qu’aux processus de multiplication et de dissémination. En cela, l’échelle « micro » permet d’opérer une « montée en latéralité », par opposition à une « montée en généralité » susceptible de se heurter « à des formes de théorisation ou d’idéologisation verticales et globalisantes » (Nicolas-Le Strat 2013). Les résultats d’un tel dispositif de recherche-action sont donc particulièrement situés, socialement parlant, sans pour autant que cela constitue un frein à leur valeur scientifique, qui dépendra surtout du dispositif de recherche mis en place.
Points de vigilance et limites de la recherche-action
17La recherche-action dite coopérative pose des questions de méthode et de posture du chercheur qui nécessitent un travail réflexif permanent. Tout d’abord, qui pose la question de départ ? Et pourquoi ? D’où émergent le questionnement de recherche et sa formulation, dans une dynamique qui concerne différentes parties prenantes : chercheurs, acteurs et personnes impliquées, personnes concernées, institution, etc. ? Le risque est d’imposer une problématique « par le haut », parfois par effet d’opportunité, sans se poser la question de la manière dont les premiers concernés abordent le sujet, ce qui entrerait en contradiction avec l’esprit même de la recherche-action. Ce point de départ peut se révéler bloquant pour le processus de recherche s’il n’est pas explicité et discuté. L’enjeu est la co-construction d’une problématique à partir d’une thématique, via les contributions singulières des différentes parties prenantes, notamment les savoirs expérientiels, par exemple ceux des personnes en situation de précarité. Par ailleurs, la recherche-action repose sur les deux dynamiques distinctes à partir de et en vue de l’action, qui peuvent se trouver en tension, notamment par rapport au changement visé : jusqu’où le processus de recherche-action est-il porteur d’une intention de changement (au risque de l’instrumentalisation) ? À qui appartient cette intention ? Comment est-elle ou non partagée par les différentes parties prenantes ? Comment s’articule-elle avec le processus de co-production des savoirs et des pratiques ? Cela questionne la posture du chercheur et son périmètre d’intervention, dans un aller-retour entre investissement dans l’action et distanciation vis-à-vis de l’action, ce qui implique un réajustement permanent du rôle du chercheur et son adaptation aux différents contextes. Le dispositif de recherche lui-même est questionné. Lorsque plusieurs chercheurs y participent, ils peuvent par exemple tenir chacun des rôles différents, les uns plus engagés dans l’action, les autres plus distanciés. La valeur scientifique des résultats est intimement liée à ces réajustements permanents, ainsi qu’à leur explicitation. Une autre question centrale est celle des statuts des parties prenantes réelles (participant physiquement à la recherche) et symboliques (qui n’y participent pas physiquement, mais qui sont convoqués par les participants) au sein de la recherche-action : quelle est, notamment, la capacité des uns et des autres, y compris les chercheurs, à réinterroger leurs savoirs, à identifier leurs apports et à reformuler les hypothèses tout au long du processus. Enfin, pour les « personnes concernées » participant à un processus de recherche-action, celui-ci peut se révéler très impliquant, voire « invasif », ce qui crée une asymétrie, notamment en termes de rémunération, vis-à-vis des autres parties prenantes. Le statut des « personnes concernées » est un point d’attention particulièrement important dans une recherche-action dite coopérative, puisqu’ils sont susceptibles d’être tour à tour bénéficiaires, acteurs, enquêtés et analystes, ce qui nécessite la mise en place de dispositifs permettant de supporter cette complexité et les changements de rôles. Se posera également la question de la répartition des bénéfices du dispositif : à qui « profite » le travail collectif ? Qui en retire quoi ? La question se pose autant sur le plan matériel que symbolique, politique et de reconnaissance (gains financiers, effet sur une trajectoire de vie, acquisition de nouvelles compétences, accès à un nouveau droit, un travail, reconnaissance sociale, évolution professionnelle, visibilité, etc.).
Contribution de la recherche-action à une approche holistique de l’alimentation
18La recherche-action dite coopérative étant fondamentalement ouverte à la multiplicité des rôles et des points de vue, elle l’est également à la pluridisciplinarité. Elle engage des processus de recherche à partir des personnes concernées et au sein de démarches d’expérimentations situées, susceptibles d’intéresser, de concerner et de recourir à différentes disciplines. L’accès pour tous à l’alimentation durable, par exemple, soulève des questions relatives aux freins économiques, aux conditions et pratiques de vie (logement, équipement, matériel, milieux de vie…), à la mobilité, aux paysages alimentaires de proximité, à l’accès à l’information (nutrition, saisonnalité, santé…), aux dimensions sociales et culturelles (niveau d’éducation, structure familiale, culture d’origine, normes et valeurs qui influent sur les goûts alimentaires…), aux compétences psycho-sociales (représentations, préférences…). Ces questions invitent, en fonction des ressources disponibles, à réunir sociologie, anthropologie, économie, géographie, nutrition, psycho-sociologie au sein de la recherche-action. De plus, les dispositifs de solidarité et de démocratie alimentaires, qui se situent à la croisée des initiatives citoyennes, de l’action associative et des politiques publiques, invitent à faire participer les sciences de gestion, les sciences économiques et les sciences politiques. Ainsi, de nombreux savoirs disciplinaires et leurs représentants peuvent être invités à participer à un processus de recherche-action sur l’accès à l’alimentation durable, ce processus permettant de produire des résultats appropriables par ces différentes disciplines. La dimension holistique s’impose en quelque sorte d’elle-même. Elle procède de l’objectif de co-production des savoirs avec les personnes concernées, dont l’expérience est elle-même multidimensionnelle, et non découpée par les disciplines : un dispositif de recherche-action bien conçu ne peut faire l’impasse sur la multi-dimensionnalité de ses questions et de son objet, et doit en tirer les conséquences en termes de pluridisciplinarité.
Exemples d’application
19La recherche-action « L’alimentation des personnes en situation de précarité : de l’assignation à l’émancipation. Co-construire des tiers-lieux de solidarité et de transition alimentaire », menée par le Léris et le réseau InPACT de 2019 à 2021 en Occitanie, s’est intéressé à six expérimentations collectives de dispositifs de solidarité alimentaire axés sur la qualité de l’alimentation et l’exercice de la citoyenneté. Ces dispositifs ont impliqué des personnes en situation de précarité, des bénévoles et des salariés d’associations. Un tiers-lieu alimentaire est défini comme un espace coopératif reposant sur le principe d’acteur-bénéficiaire et sur une mixité d’activités et de modes d’actions, relatifs aux quatre grandes activités du système alimentaire – produire, transformer, distribuer, consommer –, à celles de l’éducation populaire – conscientiser, agir ensemble, transformer – et à celles de l’intervention sociale – accueillir, mobiliser, impliquer, accompagner –.
20La problématique de cette recherche-action est la suivante : « Comment la mise en place de tiers-lieux de solidarité et de transition alimentaire peut activer des nouvelles formes de relations sur un territoire, permettant la création de liens sociaux et de solidarité, le soutien aux productions agricoles locales et durables, l’accès des personnes en situation de précarité à une alimentation choisie et qualitative, et l’évolution des pratiques alimentaires de tous vers plus de durabilité ? Comment développer conjointement une approche territoriale du système alimentaire, et une démarche de développement social partant des premiers concernés, qui soient vectrices de reconnaissance et d’émancipation, et qui permettent d’articuler dynamique démocratique, justice sociale et durabilité ? » (Léris, 2019).
21Trois grandes hypothèses structurent le programme :
-
le développement d’une approche territoriale, partenariale et systémique de l’accès à l’alimentation permet de créer de nouvelles opportunités d’accès à une alimentation choisie et qualitative pour les personnes précaires, dans la perspective du droit à l’alimentation ;
-
la mise en œuvre d’une intervention sociale basée sur le développement du pouvoir d’agir, notamment via le développement de savoirs et savoir-faire, favorise l’autonomie et l’émancipation en termes d’accès à l’alimentation ;
-
la mise en place de modèles d’organisation coopératifs favorise le développement de rapports sociaux égalitaires et solidaires, et de dynamiques de démocratie alimentaire.
22L’équipe du Léris a construit un dispositif basé sur la mise en place et l’accompagnement d’un groupe-projet par territoire, des temps de rencontre et de réflexion entre les groupes et avec des chercheurs, et la mobilisation des méthodes des sciences sociales : observations, entretiens individuels et collectifs et organisation de forums destinés à la restitution publique. Tout au long du programme, les groupes-projet ont été invités à utiliser différents outils de production de connaissances, notamment des enquêtes participatives sur les pratiques et aspirations alimentaires auprès d’habitants du quartier, de personnes accueillies à l’aide alimentaire et d’agriculteurs locaux ; des ateliers de cartographie sur les ressources du territoire mobilisables dans le projet ; des ateliers sur le repérage des compétences des personnes impliquées et des compétences nécessaires aux tiers-lieux, des ateliers de co-conception du dispositif ; des temps de travail dédié à la co-construction du projet, etc.
23L’expérience de deux des groupes engagés dans la recherche-action nous permet de préciser et d’interroger la méthode. Le premier est un collectif d’habitants situé dans un quartier en partie prioritaire, caractérisé par les faibles ressources économiques de ses habitants, mais avec une mixité sociale. Ce collectif se mobilise pour créer un café-épicerie-cuisine solidaire autour de l’alimentation durable (produits en vrac, groupement d’achats de produits frais en circuits-courts et de proximité, promotion de pratiques alimentaires saines, cuisine collective, etc.) et de la convivialité, du lien social, de l’insertion. Le deuxième est un groupe de bénévoles, dont certains ont l’expérience de la précarité, d’une grande association de solidarité animant un lieu d’accueil social et d’épicerie solidaire, situé en centre-ville et accueillant des personnes en grande précarité. Le groupe s’est mobilisé pour faire évoluer son action vers ce qui est désigné comme « un accès digne à une alimentation de qualité pour tous » avec deux axes principaux : promouvoir et proposer une alimentation de qualité et permettre aux personnes en situation de précarité de s’impliquer dans les actions pour développer leur pouvoir d’agir.
24Dans la première expérience, la dimension très collective du projet, liée à une mobilisation de proximité à l’échelle d’un quartier et aux différentes portes d’entrée proposées vers le projet et vers l’alimentation durable (café, groupement d’achats, cuisine, four à pain, etc.) a produit une forme d’organisation horizontale (répartie en commissions thématiques) et autonome, qui nécessite une forte implication des membres et leur confère un fort pouvoir décisionnel. Dans ce projet, l’élaboration de critères de qualité pour le choix des produits alimentaires (charte) a par exemple fait l’objet d’un long travail commun, engageant ainsi une dynamique de démocratie alimentaire. L’implication immédiate de personnes bénéficiant de la solidarité alimentaire, dès les premiers pas de l’association et notamment du groupement d’achats, a ancré la démarche dans une dynamique ascendante, qui permet de partir des besoins et des aspirations des personnes concernées. L’ouverture du projet à un public mixte (précaire et non précaire) fait vivre le principe d’acteur-bénéficiaire propre aux tiers-lieux, apportant une vision de la solidarité plus ancrée dans la réciprocité que dans le rapport aidant/aidé. La forte implication que demande un tel projet pour les habitants et l’absence de structure de soutien « institutionnalisée » ont fait apparaître des limites et rendu nécessaire une réflexion et des ajustements pour ancrer cette dynamique dans le temps, assurer une forme de régularité (au regard des problématiques des foyers précaires) sans essouffler les acteurs du projet.
25Dans la deuxième expérience, des paniers solidaires – paniers hebdomadaires de fruits et légumes locaux proposés aux familles en situation de précarité – ont été mis en place comme solution pour pallier la fermeture temporaire du lieu ordinairement occupé par le groupe. Cette seconde expérience a été moins productive à ce jour en termes de dynamique de démocratie alimentaire et de développement de forme d’organisation collective et participative, puisqu’elle a maintenu une distribution alimentaire plus classique. En revanche, cette action a engagé un changement de pratiques pour l’association sous plusieurs aspects : la mise à disposition régulière de fruits et légumes de qualité a produit des changements de pratiques alimentaires chez les personnes accueillies (manger plus de légumes, découvrir et cuisiner de nouveaux produits, etc.) ; les liens créés avec le producteur et le lieu de production (visites, pique-niques, ateliers cuisine) ont développé la sensibilité et la prise de conscience de l’ensemble des participants (bénévoles et personnes accueillies) sur les enjeux agricoles et alimentaires ; le dialogue engagé avec les personnes accueillies autour de la distribution des paniers a permis de mieux connaître leurs pratiques et besoins, favorisant la constitution d’un groupe de travail participatif pérenne, voué à devenir le groupe de pilotage du futur tiers-lieu.
26Ces deux processus existaient déjà indépendamment de la recherche-action, mais se sont appuyés sur l’accompagnement qu’elle propose. Plusieurs membres de chacun des groupes ont participé aux espaces de réflexion mis en place par la recherche-action, contribuant ainsi au travail de co-production de la recherche, au-delà de leur appartenance au « terrain observé ».
27Dans les deux cas, ce qui a été expérimenté et construit relève de plusieurs registres : les modes de sensibilisation et de mobilisation des habitants et des personnes concernées par la précarité autour de la question alimentaire ; les choix d’actions (groupement d’achats, jardin partagé, cuisine de rue, four à pain mobile, épicerie avec double tarif, cantine participative, ateliers divers, repas etc.) ; les choix de produits alimentaires ; la recherche de fournisseurs, la logistique, la tarification ; les critères d’accès à l’alimentation solidaire ; les modes d’organisation collective et de prise de décision (organisation horizontale, participation des personnes en situation de précarité, mise en place de commissions thématiques, groupe de pilotage, conseil d’administration collégial, etc.).
28Le travail de recherche-action a permis d’outiller ce processus de conception collective et d’en identifier les enseignements. Ceux-ci portent à la fois sur les effets de ces processus du point de vue des différentes parties prenantes et sur une modélisation méthodologique pour la construction d’un tiers-lieu de solidarité et de transition alimentaire. Les résultats portent notamment sur ce qui permet de lever les freins à l’accès à l’alimentation de qualité durable : le « faire ensemble », la coopération multi-acteurs, le financement des denrées, les liens et les partenariats entre producteurs et consommateurs, le partage de connaissances, l’articulation entre dynamique de tiers-lieu et politiques publiques et la manière dont ces expériences locales interpellent et contribuent à l’élaboration de nouvelles politiques. Ils portent aussi sur l’utilité sociale de ces tiers-lieux en termes de sécurité alimentaire, de santé, de lien social, de cohésion sociale à l’échelle d’un quartier, d’insertion professionnelle, de soutien au développement d’une activité agricole, mais aussi de développement de savoirs et compétences, notamment les compétences liées à l’action collective et les connaissances du système alimentaire et de ses enjeux. Cette recherche-action, qui est toujours en cours, a ainsi permis de produire des résultats sur les questions de démocratie et de justice alimentaires.
29Pour conclure ce chapitre, nous soulignerons plusieurs enseignements tirés des cas d’application présentés, en termes de méthodologie et de déontologie de la recherche-action. Elles conduisent tout d’abord à mettre l’accent sur sa dimension fortement contextualisée. Le contexte d’application influe sur le processus tout en « faisant bouger » la méthode. Le point de départ du processus est déterminant : qui le lance et à quel stade sont impliquées les personnes concernées ? La portée transformatrice, notamment, en dépend. Deux types de dynamiques se côtoient dans les projets de tiers-lieux : une dynamique participative centrée sur les personnes concernées, les bénévoles ou les habitants, ainsi que sur leur appropriation des enjeux liés à l’alimentation durable et leur capacité à agir collectivement ; et une dynamique de conception et mise en œuvre de projets, portée par les structures associatives, notamment celles qui disposent de salariés, qui répondent à des appels à projet pour financer les actions et structurer le processus. Cette seconde dynamique, plus dépendante d’institutions existantes, de leurs temporalités et de leurs espaces, peut entrer en contradiction avec la dynamique participative ou communautaire. Si ce double mouvement est nécessaire à l’évolution des projets, il est important de rester vigilant à ce que la logique de projet ne prenne pas le pas sur la dynamique participative.
30Un autre point de vigilance concerne l’équilibre entre la dynamique sociale, portée par le groupe-projet, et l’intervention des chercheurs. Ces derniers doivent trouver le bon rapport entre « faire », « laisser faire » et « faire avec », pour ne pas imposer un rythme qui serait celui de la recherche-action, de ses financements et de ses livrables, tout en accompagnant les expérimentations. Les chercheurs doivent aussi veiller à ne pas rendre leur présence indispensable, car celle-ci a vocation à s’effacer dans la majorité des cas. Le degré d’intervention se négocie avec les participants. Ces derniers sont parfois en attente d’une implication plus forte, notamment en termes de gestion du projet, ce qui peut générer des insatisfactions ou des incompréhensions. Cette problématique est commune dans les pratiques d’organisation communautaire à visée émancipatrice, dans lesquelles les organisateurs sont amenés à s’effacer progressivement au profit des personnes concernées et de leur appropriation des processus d’action et de décision. À plusieurs reprises, les places et rôles de chacun ont ainsi dû être nommés et clarifiés. Cette clarification est d’autant plus nécessaire dans les cas où le rôle du chercheur est tenu par un praticien de l’organisation communautaire. Un travail de transmission des méthodes et des outils s’avère aussi nécessaire à la pérennisation des démarches. Une trop forte implication du chercheur peut induire un attachement à la réussite du projet, ce qui peut compliquer son travail d’analyse. La confrontation régulière des points de vue des différents participants et leur contribution au travail d’analyse permettent d’éviter cet écueil. Cependant, tous les participants ne peuvent s’impliquer de la même façon dans ce travail. Cela peut notamment s’avérer compliqué pour les personnes les plus éloignées du travail intellectuel. L’animation de temps de co-production de savoirs au sein des groupes et au rythme de l’émergence des questionnements permet de favoriser l’implication de tous.
31D’autres enseignements peuvent être tirés sur le plan d’une approche holistique de l’alimentation. Cette recherche-action a soulevé des questions de nutrition, de santé, de stratégies d’approvisionnement et de transformations de pratiques alimentaires. Le recrutement d’un stagiaire a permis de commencer à aborder ces questions. Des collaborations plus poussées avec des nutritionnistes sont envisageables pour approfondir leur traitement. Les résultats nourrissent par ailleurs l’approche critique de la participation et l’analyse des processus d’émancipation chères au Léris, et enrichissent les connaissances opérationnelles pour la création de tiers-lieux alimentaires, notamment autour des enjeux de cohésion et de mixité sociale. Les processus d’expérimentations ont aussi permis d’observer des dynamiques de démocratie alimentaire à une échelle micropolitique, celle des groupes engagés. Une observation prolongée à plus long terme permettrait d’analyser l’approfondissement de ces dynamiques, ainsi que leur éventuelle amplification et leur articulation avec les politiques publiques. L’approfondissement des observations est aussi souhaitable et envisageable pour mieux connaître les conditions d’émergence de systèmes alimentaires territorialisés durables et inclusifs. De nouvelles coopérations entre acteurs du système alimentaire territorialisé ont été favorisées par les expérimentations mises en place, qui ont par exemple offert un appui à l’installation ou au développement de projets agricoles. Mais les observations quant à la dynamique systémique engagée à l’échelle du territoire restent limitées. Une meilleure connaissance de cette dynamique systémique à l’échelle territoriale est nécessaire pour mieux comprendre les conditions d’une transition vers des systèmes alimentaires plus durables. Pour produire cette connaissance, la poursuite de programmes de recherche-action étendus à des initiatives plus nombreuses au sein du territoire s’avère nécessaire.
Bibliographie
Bonny Y., 2014. La recherche-action et la question de l’institution. Forum. Actualisation de la recherche-action et pertinence de la praxéologie, 142, 15-24. [En ligne] https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01638846 (dernière consultation le 30/08/2021).
Cousin O., Rui S., 2010. L’intervention sociologique. Histoire(s) et actualités d’une méthode, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 180 p. (coll. Didact Sociologie).
Fraser N., 2014. Qu’est-ce que la justice sociale ? Reconnaissance et redistribution. Paris, Édition La Découverte, 182 p., (coll. Sciences humaines et sociales).
Léris, 2019. L’alimentation des personnes en situation de précarité : de l’assignation à l’émancipation. Co-construire des tiers-lieux de solidarité et de transition alimentaire, Montpellier, Léris, 14 p. https://drapps-occitanie.fr/wp-content/uploads/2019/05/Recherche-action-LERIS-tiers-lieux.pdf (dernière consultation le 30/08/2021).
Maurel C., 2010. Éducation populaire et puissance d’agir. Les processus culturels de l’émancipation, Paris, L’Harmattan, 244 p. (coll. Le travail du social).
Morvan A., 2013. Recherche-action, in Casillo I., Fourniau J.-M., Neveu C., Lefebvre R., Blondiaux L., Salles D., Chateauraynaud F., Barbier R. (éd.), Dictionnaire critique et interdisciplinaire de la participation, Paris, GIS Démocratie et Participation. [En ligne] http://www.dicopart.fr/fr/dico/recherche-action (dernière consultation le 30/08/2021).
Nicolas-Le Strat P., 2013. Quand la sociologie entre dans l’action. La recherche en situation d’expérimentation sociale, artistique ou politique, Rennes, Éditions du commun, 232 p.
Paturel D., Ndiaye P., 2020. Le droit à l’alimentation en démocratie, Nîmes, Champ social Éditions, 242 p. (coll. Acteurs sociaux).
Paturel D., Le Velly R., 2014. Des circuits courts pour l’aide alimentaire ? Hybridation de régulations dans un marché expérimental en Languedoc-Roussillon. Review of Agricultural and Environmental Studies/Revue d’études en agriculture et environnement, 94 (4), 443-465. [En ligne] https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00932848/document (dernière consultation le 30/08/2021).
Rastoin J.-L., 2016. Les systèmes alimentaires territorialisés. Enjeux et stratégies de développement. Journal Resolis, 7, 12-15.
Scherer P., 2018. La solidarité alimentaire de proximité comme espace d’expérimentation démocratique et vecteur d’émancipation. Recherche-action au sein du Secours populaire français en Occitanie. Forum, 153, 28-34. [En ligne] https://www.cairn.info/revue-forum-2018-1-page-28.htm (dernière consultation le 30/08/2021).
Touraine A., 1978. La voix et le regard, Paris, Seuil, 309 p., (coll. Sociologie permanente).
Notes de bas de page
65 Par « alimentation durable », nous désignons une alimentation qui prend en compte des contraintes dont le respect permet d’assurer un accès pérenne à une alimentation de bonne qualité. Ces contraintes sont d’ordre environnemental, économique, socioculturel, sanitaire et politique. Une alimentation durable est une alimentation qui ne dégrade pas l’environnement, qui assure des revenus justes aux acteurs économiques, qui est adaptée aux identités et aux goûts des mangeurs, qui prend soin de la santé et sur laquelle les acteurs concernés peuvent exercer un pouvoir de décision. L’accès à une alimentation durable est un enjeu majeur des situations de précarité. Il soulève la question de la dignité, de l’égalité et du pouvoir d’agir.
66 Solidarité en primeur(s) : https://solenprimcom.files.wordpress.com (dernière consultation le 30/08/2021).
67 www.civam.org (dernière consultation le 30/08/2021).
68 https://projetfrugal.fr/ (dernière consultation le 30/08/2021).
69 Le Léris est une association loi 1901 qui regroupe des chercheurs en sciences sociales engagés dans des démarches de recherche-action et des travaux d’étude : www.leris.org (dernière consultation le 30/08/2021).
70 Un SAT est « ensemble de filières agroalimentaires répondant aux critères du développement durable, localisées dans un espace géographique de dimension régionale et coordonnées par une gouvernance territoriale » (Rastoin, 2016, p. 13).
Auteur
LERIS (Laboratoire d’étude et de recherche sur l’intervention sociale), Montpellier, France. Sociologue-intervenante, elle travaille en recherche-action sur la précarité alimentaire et les inégalités d’accès à l’alimentation durable.
Le texte seul est utilisable sous licence Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Paroles de chercheurs
Environnement et interdisciplinarité
Évelyne Brun, Jean-François Ponge et Jean-Claude Lefeuvre
2017
La question des échelles en sciences humaines et sociales
Sébastien Boulay et Sylvie Fanchette (dir.)
2019
Systèmes agraires et changement climatique au Sud
Les chemins de l'adaptation
Hubert Cochet, Olivier Ducourtieux et Nadège Garambois (dir.)
2019
Les terres agricoles face à l’urbanisation
De la donnée à l’action, quels rôles pour l’information ?
Roel Plant, Pierre Maurel, Éric Barbe et al. (dir.)
2018
Sociologie des changements de pratiques en agriculture
L’apport de l’étude des réseaux de dialogues entre pairs
Claude Compagnone
2019
Construire des politiques alimentaires urbaines
Concepts et démarches
Caroline Brand, Nicolas Bricas, Damien Conaré et al. (dir.)
2017
Services écosystémiques et protection des sols
Analyses juridiques et éclairages agronomiques
Carole Hermon (dir.)
2018
Manger en ville
Regards socio-anthropologiques d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie
Nicolas Bricas, Olivier Lepiller, Audrey Soula et al. (dir.)
2020
La santé globale au prisme de l'analyse des politiques publiques
Sébastien Gardon, Amandine Gautier et Gwenola Le Naour
2020
Agroforesterie et services écosystémiques en zone tropicale
Recherche de compromis entre services d’approvisionnement et autres services écosystémiques
Josiane Seghieri et Jean-Michel Harmand (dir.)
2019
Méthodes d'investigation de l'alimentation et des mangeurs
MIAM
Olivier Lepiller, Tristan Fournier, Nicolas Bricas et al. (dir.)
2021
Télédétection et modélisation spatiale
Applications à la surveillance et au contrôle des maladies liées aux moustiques
Annelise Tran, Eric Daudé et Thibault Catry (dir.)
2022