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    Plan détaillé Texte intégral La prise en compte du point de vue des enfants en débat La place des enfants en pratique Bibliographie Notes de bas de page Auteurs

    Méthodes d'investigation de l'alimentation et des mangeurs

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Chapitre 11 - Les enquêtes sociologiques auprès des jeunes mangeurs : enjeux méthodologiques et épistémologiques

    Anne Dupuy et Géraldine Comoretto

    p. 171-182

    Note de l’éditeur

    doi:10.35690/978-2-7592-3347-2/c11

    Texte intégral Bibliographie Notes de bas de page Auteurs

    Texte intégral

    1Comme l’alimentation, l’enfance est un objet dont la sociologie s’est emparée tardivement. Le regard porté sur les socialisations est riche d’enseignement pour comprendre la construction sociale des normes et pratiques alimentaires. Ce chapitre présente les enjeux spécifiques à l’enquête sociologique quantitative et qualitative auprès de jeunes mangeurs. Des cas d’applications tirés de recherches des autrices illustrent le propos.

    2Penser épistémologiquement et méthodologiquement l’enfance, les enfants, en sociologie, n’a pas toujours été une évidence. Le statut spécifique de l’enfance conduit-il à repenser les catégories conceptuelles classiques et les types d’investigation méthodologique de la sociologie ? Cette question préalable a guidé la construction de ce chapitre.

    3Avec le développement, depuis une vingtaine d’années, d’un encadrement normatif de l’alimentation axé sur la médicalisation58, la recherche a de plus en plus porté son regard sur divers publics ciblés par les programmes. Parmi eux, les enfants et les adolescents. Ces fronts de recherche ont contribué au développement du dialogue entre les disciplines. Si l’enfance a été l’objet par excellence de la psychologie, c’est de l’anthropologie que provient l’essentiel des appareillages méthodologiques qualitatifs utilisés par les sociologues sur le terrain. L’étude des pratiques et consommations alimentaires enfantines ne fait pas appel à une méthode d’enquête à proprement parler, mais plutôt à une palette de méthodologies, dont il serait difficile de rendre compte ici. Le point de vue défendu dans ce chapitre consiste à se saisir de la spécificité enfantine en méthodologie d’enquêtes alimentaires, précisément parce qu’elle pose un certain nombre de questions de recherche aux sociologues et de défis dans la conception des méthodes.

    4La première partie présente une synthèse des débats relatifs à la place des enfants dans les enquêtes pour en pointer les enjeux épistémologiques et méthodologiques. Cette partie rend compte du dépassement de l’invisibilité enfantine dans les travaux sociologiques pour en fixer quelques cadres théoriques issus de la sociologie de l’enfance et de la socialisation. Elle interroge également ce que le contexte favorable à la montée de l’éthique de la recherche et de la protection des données personnelles fait à ces débats, en insistant sur la formalisation des données et la standardisation déontologique que ce contexte produit. Enfin, elle évoque ce que la sociologie, ses postures épistémologiques et méthodologiques, peut apporter aux disciplines connexes.

    5La seconde partie s’intéresse à la pratique méthodologique permettant de saisir le(s) point(s) de vue de l’enfant. Deux exemples tirés de terrains de recherche issus de nos travaux sont proposés. Le premier, depuis la sociologie de l’alimentation, montre comment il est possible d’adapter les études quantitatives du fait alimentaire qui sont conduites auprès des adultes pour pallier l’invisibilité statistique des enfants. Le second, depuis la sociologie de l’enfance, est une ethnographie au long cours inspirée de l’anthropologie, sur les repas et petits repas scolaires, mêlée à des entretiens entre pairs, et entre enfants et parents.

    La prise en compte du point de vue des enfants en débat

    Enfance et alimentation : genèse de deux « petits objets » de la sociologie

    6L’enfance partage avec l’objet alimentation une imbrication du biologique, du psychologique et du sociologique mettant à mal l’autonomie du social chère au fondateur de la sociologie en France, émile Durkheim, héritage expliquant les difficultés à y porter un regard sociologique.

    7En France, la structuration de deux champs de recherche sociologique sur l’alimentation et l’enfance ne se produit pas sans débat (Poulain, 2017 ; Sirota, 2019 ; Lahire, 2019), tandis que, sur la scène européenne et internationale, les dissensions sont moins vives. L’émergence de la sociologie de l’enfance comme celle de la sociologie de l’alimentation s’enracine dans deux mouvements distincts et complémentaires. Le premier correspond à une tradition anglo-saxonne, les childhood studies et les food studies, qui privilégient des approches pluridisciplinaires centrées sur l’objet. Le second s’inscrit dans une tradition française, ancrée disciplinairement, qui favorise les tensions paradigmatiques sur ces deux objets à l’intérieur de la sociologie.

    8Entre ces deux mouvements, les débats opposent schématiquement, d’une part, des recherches préoccupées de dialogue entre les disciplines (par exemple, pour l’alimentation, entre la nutrition, l’épidémiologie et le monde médical ; pour l’enfance, entre la psychologie et la pédiatrie) ; et, d’autre part, des recherches qui tentent d’appréhender les points de vue de, sur et par l’enfant/l’alimentation, en considérant l’objet étudié à la fois comme un lieu de lecture d’un monde social dans lequel il s’insère et comme un lieu où il est possible d’appréhender le social en construction.

    9Si ces deux mouvements sont en tension, l’accès de l’enfance et de l’alimentation au statut d’objets sociologiques légitimes depuis une vingtaine d’années favorise aujourd’hui des postures d’échange dépassant ces clivages.

    Une pluralité de dispositifs pour investiguer l’alimentation enfantine

    10Les appareillages méthodologiques pour étudier spécifiquement les publics enfantins s’avèrent d’une grande diversité. La pratique sociologique, plus ouverte que par le passé, est moins attachée à des postures paradigmatiques et aux techniques d’enquêtes privilégiées par celles-ci. Les sociologues manient plus volontiers qu’auparavant un grand nombre d’outils. Ils participent ainsi à produire un point de vue des/sur les enfants/l’alimentation depuis la mobilisation d’approches qualitatives largement répandues dans les usages. Ils permettent ainsi de décrire des pratiques et d’analyser le sens qui leur est donné selon leurs contextes de production comme à maintenir l’invisibilisation statistique des enfants et de leurs points de vue, y compris dans les enquêtes alimentaires, les parents étant interrogés pour répondre aux questions sur l’alimentation de leur enfant. Si l’intérêt pour les pratiques quotidiennes en contexte va croissant, il autorise l’émergence de cette troisième voie, laquelle favorise le dialogue entre les approches à l’intérieur de la sociologie et entre les disciplines. Elle met au jour les articulations possibles entre capacités d’agir et déterminismes sociaux, différenciations sociales et pensée développementale suivant différents stades.

    11Le choix de la méthodologie de recherche doit s’appuyer sur la définition explicite de ce qu’est un enfant, en tenant compte de son âge, de son statut d’enfant, des modèles d’enfance et de la manière dont ces différents aspects sont construits socialement dans le contexte de l’étude. Deux références méthodologiques s’imposent ici. La première présente les points nécessaires à appréhender pour concevoir un appareillage méthodologique en adoptant une focale infanto-centrée (Danic et al., 2006). Grâce à une réflexion sur la construction des âges de l’enfant et sur la relation enquêté/enquêteur, cet ouvrage permet de dépasser les impensés de la recherche et les stéréotypes qui leur sont parfois associés (par exemple, l’enfant perroquet, l’enfant naïf, l’enfant immature, l’enfant menteur). Cet ouvrage souligne comment chaque chercheur travaillant sur cette population doit s’attacher à définir ce que signifie l’enfance. Ce faisant, il contribue à la réflexion scientifique sur les découpages des âges de la vie. Le déni des modèles d’enfance construits historiquement, le primat d’un modèle abstrait, universel, ethnocentré de l’enfant, pensé depuis la psychologie et donnant l’illusion d’une certaine homogénéité de l’enfance, les âges, pensés comme des réalités naturelles et non façonnées socialement et culturellement, sont autant d’ouvertures réflexives apportées par cet ouvrage.

    12Une seconde référence propose des dispositifs concrets pour la mise en œuvre d’enquêtes alimentaires chez les enfants en s’appuyant sur le registre ludique auquel les auteurs les associent (Lalanne et Tibère, 2012). S’inspirant davantage du format « guide méthodologique » par l’introduction de conseils puisés dans les méthodes visuelles (dessins, images) et ludiques (jeux), cet article permet une entrée concrète et stimulante sur une conception ludique de la relation aux enfants dans la pratique du terrain.

    La place des enfants selon les contextes

    13Sonder la place des enfants en contextes, c’est questionner l’engagement du sociologue dans le travail de terrain, plus particulièrement ici, en relation avec les enquêtés. Enquêter auprès des enfants c’est, dans le contexte occidental, se heurter à des problèmes déontologiques relatifs au recueil de la parole d’enfants mineurs qui implique des consentements éclairés des enfants et des adultes formalisés par des autorisations parentales voire institutionnelles (écoles ou associations sportives par exemple, voire institutions de tutelle pour les enfants placés à l’assistance publique). Ce contexte de recueil de données oriente plutôt les recherches vers le milieu familial, les autres milieux sociaux étant des terrains plus compliqués à négocier pour le chercheur. Cependant, comme nous le verrons, les terrains extra-familiaux, plus particulièrement dans le contexte scolaire, sont envisageables.

    14Au cours de la collecte, la présence d’au moins un adulte à proximité ou la mise en œuvre de dispositifs permettant de recueillir la parole et les gestes des enfants (enquête dans des espaces ouverts, vitrés et non clos) facilitent l’accès au terrain dans le respect des règles de déontologie de la pratique sociologique, même si le chercheur doit être attentif à ce que l’éducateur et les effets que sa présence produit sur les échanges ne prennent pas le dessus. Dans la pratique sociologique il s’agit également d’instaurer la confiance auprès des parents (qui peuvent craindre le jugement du chercheur sur leurs pratiques éducatives) et auprès des enfants pour que ces derniers comprennent pourquoi l’adulte vient apprendre d’eux (ce qui s’apparente à une inversion de la relation verticale au savoir et de dépendance avec les adultes).

    15L’éthique de la recherche est liée aux conditions de réalisation des enquêtes comme aux interactions que les chercheurs nouent avec les personnes étudiées. Ces questions d’éthique sont aujourd’hui devenues incontournables, y compris en sciences sociales. Un règlement européen sur la protection des données personnelles (RGPD) régule désormais la conformité juridique et potentiellement éthique des recherches ; les grandes institutions de recherche se sont dotées de comités éthiques et les revues exigent de plus en plus souvent des preuves de conformité. Cette mise en conformité des protocoles de collecte implique de définir en amont les méthodes de recueil de la parole des enfants et de l’observation de leurs pratiques, pour les faire valider. Cette évaluation participe ainsi, incidemment, à privilégier des formats hypothético-déductifs au détriment des approches inductives ou inspirées de la grounded-theory. Ainsi, la production scientifique s’en trouve transformée. En obligeant les chercheurs à énoncer l’ensemble des critères, domaines et variables étudiées, ce cadrage facilite néanmoins, selon nous, l’imposition d’une troisième voie dans les recherches en alimentation chez l’enfant. Il pousse les chercheurs à anticiper les conditions d’un dialogue possible ou les réponses aux exigences des évaluateurs (des projets ou articles soumis) dont la discipline ou la visée paradigmatique peut varier de la leur, plutôt qu’à s’y adapter a posteriori.

    Apports de la méthode pour les disciplines connexes

    16Questionner les apports de la méthode pour les disciplines connexes revient ici à discuter des apports d’une discipline, la sociologie. « Pour définir la sociologie, il convient de partir à la fois de son objet et de sa pratique. Son objet renvoie à l’homme social ou à l’homme socialisé. […] Il ne peut y avoir de savoir sociologique indépendamment des techniques mises en œuvre pour y accéder. Autrement dit, le sociologue ne se contente pas d’avoir des idées sur la société. Il réalise des enquêtes et entend mettre les théories générales à l’épreuve de la réalité empirique qu’il observe et interprète. Ses conclusions résultent d’un processus maîtrisé d’administration de la preuve » (Paugam, 2012, p. 1-2).

    17La rigueur scientifique, l’engagement sur le terrain et la visée particulièrement critique et réflexive qui construisent l’expérience du sociologue dans ses enquêtes sont des apports fondamentaux de la discipline pour les domaines connexes. Le débat engagé par André Turmel en sociologie de l’enfance avec la psychologie du développement illustre parfaitement cet apport concernant la normalisation de l’enfance. Cette dernière résulte des mesures physiques et psychiques imposées aux enfants, lesquelles sont pensées en termes maturationnistes, et fixent des étapes de développement contribuant à organiser socialement la croissance, l’avancée en âge et le corps en transformation (Turmel, 2008). Appliqué à l’alimentation, cet apport a été remobilisé pour dialoguer, avec les psychologues du goût et les nutritionnistes, de la notion de néophobie alimentaire, largement répandue dans ces disciplines, laquelle est pensée en processus maturationniste, développemental et universel (Dupuy et al., 2021).

    La place des enfants en pratique

    18Les techniques d’enquête sociologique permettent d’étudier les comportements alimentaires des enfants. Nous présenterons deux exemples d’enquêtes au sein de deux instances de socialisation primaire différentes : le milieu familial et le milieu scolaire. Chaque enquête combine plusieurs méthodes d’investigation auprès des jeunes mangeurs.

    L’enquête statistique

    19Accéder au point de vue des enfants tout en prenant en considération l’influence de leur environnement implique de combiner plusieurs méthodes d’enquête. Ce premier exemple est celui d’une recherche sur la place du plaisir dans la socialisation des enfants et des adolescents (Dupuy, 2013).

    20Des entretiens individuels, des discussions de groupes, des observations ont été menés dans des familles et des écoles dans l’objectif de combiner les points de vue et de révéler les processus de différenciations sociales dans la construction des dispositions au plaisir alimentaire au sein de la famille et parmi les amis. Cette approche, inspirée du travail du sociologue Bernard Lahire, a permis de mettre au jour la diversité des dispositions au plaisir, leurs origines sociales et la manière dont ces dispositions pouvaient être actualisées ou inhibées selon les contextes sociaux. Pour croiser les points de vue, des entretiens collectifs avec plusieurs membres d’une même fratrie ou d’un même groupe de pairs, ainsi que d’autres réunissant des enfants, leurs parents et grands-parents ont également été réalisés. Simultanément, une enquête quantitative a été conduite auprès de 2 528 individus, dont 1 002 âgés de 7 à 17 ans. Cette enquête par questionnaire est originale en ce qu’elle a consisté à interroger directement des enfants et adolescents, contrairement aux usages classiques des enquêtes d’épidémiologie nutritionnelle, qui interroge généralement les parents au sujet de l’alimentation de leurs enfants59.

    Spécificités de l’enquête par questionnaire auprès de jeunes mangeurs

    21Cette enquête quantitative avait des particularités. Tout d’abord, les durées des questionnaires ont été conçues différemment pour les enfants (30 minutes) et les adultes (40 minutes). Ensuite, l’enquête a été construite de manière à garder la trace des « unités familiales » des jeunes mangeurs (n = 1 002) et de leurs parents (n = 624), eux aussi questionnés. La population enfantine interrogée était entre autres composée de 374 fratries. Les questions ont été posées par des enquêteurs au sein des foyers, en interrogeant séparément enfant(s) et parent(s) comme frères et sœurs. Enfin, elle a été réalisée en face-à-face, au domicile des enquêtés, dans cinq grandes régions de la France métropolitaine.

    22L’interrogation en face-à-face et au domicile des enquêtés est probablement la méthode la plus fiable et la plus riche car elle offre la possibilité de creuser certaines questions sur le mode de l’entretien semi-directif (e.g. la reconstruction des journées alimentaires avec des outils d’anamnèse) et parce qu’elle rend envisageable des questionnements plus complexes. Cependant, ce type de dispositif est très coûteux, du fait du déplacement in situ de nombreux enquêteurs sur un large territoire. Il est aussi chronophage, car il s’appuie sur des questionnaires différenciés et implique une importante formation des enquêteurs : les manuels d’enquête et les sessions de formation sont impératifs (annexe 1). Cette préparation permet aux enquêteurs de s’approprier les objectifs des questions, de les adapter au jeune public par un travail de traduction, le recours au tutoiement et de comprendre la nécessité de ne pas imposer son point de vue. Pour les enquêteurs, la complexité assez inhabituelle de cette enquête, ainsi que sa finalité « recherche » ont été globalement perçues comme gratifiantes, valorisant leur rôle. La formation des enquêteurs comportait deux points centraux : la mise en garde contre toute forme de jugement de valeur face aux réponses apportées ; la préparation à ne pas anticiper et à ne pas proposer de réponses dans les questions ouvertes. Face à des enfants, dans une relation adulte-enfant forcément dissymétrique, il leur était ainsi demandé de plutôt accompagner les réponses, parfois hésitantes, en s’appuyant sur des procédés habituels dans les techniques d’entretiens semi-directifs telles que les relances « mot à mot » des propos des enfants.

    Le principe de standardisation à l’œuvre dans l’enquête par questionnaire

    23Le principe de standardisation est au fondement de cette méthodologie comparative et causale, laquelle vise à restituer des différences sociales selon l’âge, le sexe ou encore la position sociale. En général, ce principe prend effet sur la forme du questionnaire (homogénéisation des conditions de passation, consignes, indications, recommandations, ordres des items) comme sur le fond (types de questions et modalités de réponses). Cette exigence de standardisation pose problème lorsqu’on s’adresse à un public aussi hétérogène que des enfants et des adultes, le questionnaire des enfants devant répondre à une exigence de similarité pour comparer les réponses données par des enquêtés différents tout en étant adapté à certaines particularités mentionnées précédemment.

    24Ce travail d’homogénéisation des questionnaires ayant pour objectif de favoriser des comparaisons inter- et intragénérationnelles sur tous les items (les enfants avec leur parent ; les enfants entre eux dans le cadre des fratries), ainsi que des comparaisons dynamiques sur les comportements alimentaires (ce corpus ajouté aux données des enquêtes antérieures menées par Poulain, 2001), la standardisation a été opérée à deux niveaux :

    • en général avec l’adoption d’une posture infanto-centrée pour les formulations des trois questionnaires ;

    • et plus spécifiquement, pour le questionnaire « enfant », avec la suppression de questions lorsqu’elles étaient non comprises ou pour répondre à un impératif (scientifique concernant l’attention, et économique) de réduction dans la durée de passation, puis avec l’usage du tutoiement par l’enquêteur dans la formulation des questions (annexe 1).

    25Pour se conformer à ce principe de standardisation, le travail de construction du questionnaire s’est effectué par le repérage et la sélection de questions dans des enquêtes antérieures relatives aux comportements alimentaires d’adultes60 ou aux styles éducatifs dans l’alimentation qu’il a fallu transposer en des questions compréhensibles pour des enfants, ainsi que par l’élaboration de questions originales relatives au plaisir alimentaire. Ce travail a été possible dans sa correspondance étroite avec l’enquête qualitative et des phases de tests des diverses versions du questionnaire auprès des publics concernés, notamment pour les choix des mots afin de limiter les éventuelles différences d’interprétation des questions et des réponses. Cette phase de test a permis d’abandonner l’adossement des questions relatives à la composition des repas à une banque de dessins d’items (entrée, plat garni, dessert par exemple) prévus initialement dans le dispositif de collecte, laquelle générait des effets d’imposition dans les réponses des enfants.

    L’enquête ethnographique

    26Ce second exemple d’enquête auprès de jeunes publics est celui d’une recherche menée sur les aspects sociaux des repas entre enfants à l’école élémentaire (Comoretto, 2015), qui s’appuyait sur un dispositif méthodologique complexe empruntant des outils à la sociologie, l’ethnologie et l’anthropologie.

    27L’enquête s’est déroulée sur deux années scolaires dans trois écoles élémentaires de la région parisienne. Les établissements scolaires ont été choisis de façon à varier les milieux sociaux. Des entretiens semi-directifs ont été conduits au domicile familial auprès de parents. Les surveillants, animateurs socioculturels et agents de restauration qui encadrent les élèves lors des repas ont également été interrogés. Mais la partie du protocole méthodologique qui nous intéresse dans ce chapitre est celle des investigations menées exclusivement avec et auprès des enfants, dans le cadre périscolaire des repas à la cantine et du goûter à l’étude du soir. L’enjeu est ici de mettre en lumière ce choix de placer les enfants au cœur du dispositif et de les faire participer de manière active à l’enquête.

    28La particularité de cette recherche tient au fait que nous souhaitions étudier les pratiques alimentaires des enfants à l’école sans pour autant nous intéresser directement à ce qu’ils mangent. Nos observations reposaient sur le caractère social des prises alimentaires en cadre scolaire et ce qu’elles nous apprennent de la transmission de dispositions sociales et du rôle des pairs dans la construction sociale des enfants.

    29Pour observer les sociabilités enfantines au prisme des repas à l’école, le choix de réaliser une enquête qualitative, résolument inscrite dans une démarche ethnographique et empirique, s’est vite imposé. Comment envisager autrement que par la présence récurrente du chercheur sur le terrain l’observation des pratiques alimentaires des élèves, répartis par tablées dans la cantine ou par petits groupes dans la cour de récréation et évoluant au rythme des amitiés et des inimitiés enfantines ? Nous nous sommes immergée dans ce quotidien enfantin en nous efforçant de nous rendre le plus souvent et le plus régulièrement possible dans les écoles lors des repas.

    30Deux postures ont été adoptées pour nous approcher au plus près des interactions enfantines. La première, inspirée de ce que William Corsaro (1997) nomme « reactive method », consiste en un maintien à distance de l’enquêtrice lors des premiers jours d’observation, à la cantine comme lors du goûter, afin d’offrir la possibilité aux enfants d’être seuls décideurs du moment auquel ils allaient (ou non) entrer en contact avec l’observateur. La seconde approche renvoie à la notion de « least-adult child » développée par Nancy Mandell (1988). C’est en passant du temps auprès des enfants, en partageant leurs activités régulièrement et en leur accordant de l’intérêt que les diverses barrières qui séparent les enfants et l’adulte pourront s’abaisser. C’est en se montrant le « moins adulte possible », en adoptant les pratiques des enfants sans essayer ni de les diriger, ni de les contrôler, que le chercheur parvient à pénétrer pleinement l’univers enfantin. Pour notre part, nous avons fait tantôt le choix de l’observation à distance, tantôt celui de l’observation participante, en respectant néanmoins les limites imposées par les encadrants (en ne jouant pas avec les aliments à la cantine par exemple).

    Les observations à la cantine

    31Que l’on observe à distance ou que l’on opte pour une observation participante, la cantine scolaire constitue un terrain de recherche difficile à appréhender tant il est dense en termes d’interactions. Nous avons réalisé 200 heures d’observations dans les restaurants scolaires et partagé 65 repas à table avec les élèves. Pendant une partie du service, nous restions mobile dans le restaurant scolaire afin de varier les postes d’observation : d’une salle à l’autre, d’une table à l’autre, d’une interaction à l’autre. Pendant cette heure d’observation, nous prenions des notes dans notre journal de terrain tout en maintenant nos échanges avec les enfants et le personnel de la restauration scolaire. Il nous semblait difficile d’appliquer une grille d’observation stricte, dans la mesure où il n’est pas un jour où il se passe la même chose que la veille ou le lendemain, mais aussi car cela aurait impliqué de restreindre la focale sur un groupe d’acteurs ou un type de pratiques. Malgré tout, nous nous sommes attachée à dégager des constantes dans notre prise de notes dès les premiers jours d’observation tel que le placement à table des élèves selon leur âge et leur niveau (tableau 11.1).

    Tableau 11.1. Exemple de recension du placement à table (T) des élèves à la cantine.

    1er service

    Filles

    Garçons

    Filles

    Garçons

    T1

    9

    0

    + animatrice

    T8

    5

    4

    + animatrice

    T2

    3

    6

    + animatrice

    T9

    2

    8

    T3

    3

    6

    T10

    0

    0

    T4

    5

    4

    + enquêtrice

    T11

    0

    0

    T5

    0

    0

    T12

    7

    1

    T6

    3

    6

    T13

    4

    6

    T7

    0

    0

    T14

    4

    4

    + animatrice

    Filles = 45

    Garçons = 45

    Total = 90

    32Dans les écoles proposant un service à table, nous passions la deuxième heure à table avec les enfants, nous partagions le même repas qu’eux, passant ainsi 45 minutes à table avec un groupe restreint d’élèves. Ce rôle plus participatif implique un travail de mémorisation, puis de retranscription des observations puisqu’il contraint le chercheur à délaisser, le temps du repas, son journal de terrain afin de prendre pleinement part aux interactions de table avec les enfants. Une fois le service fini, nous prenions soin de retranscrire au plus vite les informations recueillies.

    Les échanges de goûter à l’étude

    33L’observation d’une prise alimentaire comme le goûter à l’étude constitue un défi ethnographique pour le chercheur. En effet, les goûters se déroulent lors de l’étude surveillée, où les écoliers n’ont de contraintes physiques que celles qu’ils s’imposent, contrairement à ce qui se passe lors du déjeuner à la cantine. La prise alimentaire se déroulant le plus souvent dans la cour de récréation, les élèves peuvent décider de prendre leur goûter où ils le souhaitent et comme ils le souhaitent : assis, en marchant, en courant, en jouant. Ainsi, suivre entre cinquante et cent enfants en une demi-heure dans le vaste espace d’une cour de récréation nécessite une certaine rigueur méthodologique.

    34Si, lors des premières séances, nous nous sommes contentée d’observer la façon dont se déroulait la prise alimentaire en nous déplaçant au hasard dans la cour de récréation, il nous a rapidement fallu définir plus précisément ce sur quoi nous souhaitions enquêter – les transactions de goûter – et mettre en place une méthode minutieuse de collecte des données. Les recensions de goûter ont consisté à repérer les élèves présents le plus régulièrement à l’étude, soit trois ou quatre fois par semaine, afin de noter, lors de chaque séance d’observation, la composition exacte de leur goûter après échanges (tableau 11.2).

    Tableau 11.2 Exemple de recension de goûter.

    Grille des goûters recensés de Clothilde, CM2, école de milieu supérieur

    Jour 6

    1 pomme
    2 Savane

    Jour 7

    1 pomme
    2 Prince

    Jour 10

    1 Pom’potes bio
    5 mini-BN chocolat

    Jour 11

    1 Pom’potes bio
    1 barre chocolatée de Madeleine
    1 mini-tartelette fraise
    ½ mini-cake fraise de Léo

    Jour 12

    2 prunes
    6 mini-BN chocolat
    1 faux Petit écolier
    1/2 Pépito brownito de Léo
    1 Petit Cœur de Mathilde

    Jour 13

    2 prunes
    5 mini-BN chocolat
    ½ Pépito de Madeleine

    Jour 14

    Pain maison farine bio + Nutella
    2 carrés de Kinder Bueno white de Victorien
    1 beignet nature de Madeleine

    Jour 15

    1 Pom’potes bio
    Pain bio + Nutella bio
    1 gâteau à la fraise bio

    Jour 16

    1 Pom’potes bio
    3 tranches de pain de mie bio + nutella bio
    ½ Prince chocolat d’Audrey
    1 Carambar de Madeleine
    1 quille de Mammouth de Madeleine (reprise dans la poubelle)

    Jour 17

    1 Pom’potes bio
    3 tranches de pain de mie complet bio sans croûte + pâte à tartiner bio
    3 bâtonnets + Nutella de Madeleine

    Jour 18

    1 clémentine bio
    3 crêpes bio
    1 bonbon d’Oriane

    Jour 19

    1 Pom’potes bio
    1 morceau de baguette bio
    6 mini-BN chocolat

    Jour 20

    Raisin noir bio
    6 mini-BN chocolat

    Jour 21

    Pain fait maison
    1 Kinder surprise
    1 crêpe Whaou chocolat
    1 pomme (non mangée)

    Jour 22

    1 Pom’potes bio
    Pain fait maison
    1 Kinder surprise
    1 Napolitain de Madeleine
    1 bonbon de Madeleine

    Jour 23

    1 Pom’potes bio
    1 crêpe Whaou chocolat
    2 mini-BN chocolat

    Jour 24

    1 Pom’potes bio
    1 crêpe Whaou chocolat

    35Les prénoms des enfants cités dans le tableau sont des camarades de Clothilde ayant partagé avec elle une partie de leur propre goûter. Ces données qualitatives ont ensuite fait l’objet d’un traitement statistique afin, d’une part, de qualifier et de quantifier la composition des goûters selon l’origine sociale des élèves ; d’autre part, d’analyser les transactions non marchandes opérées dans la cour de récréation et de représenter graphiquement les réseaux de transactions. Ce passage d’un matériau qualitatif recueilli par observation à un usage quantitatif a suscité quelques obstacles lors du traitement et de l’analyse des données. La principale difficulté réside dans l’instabilité des bases de données. Bien que nous ayons pris le soin de sélectionner un échantillon d’élèves à suivre prioritairement, tous n’étaient pas systématiquement présents : nous obtenons donc des taux de présence lors des recensions très variables d’un élève à l’autre. Il nous a fallu tenir compte de ce biais dans l’analyse des transactions de goûters.

    Une méthodologie adaptée aux enfants

    36Enquêter sur l’alimentation des enfants en cadre scolaire nécessite donc de définir comment observer, participer, retranscrire, compter et analyser les comportements enfantins autour de l’acte alimentaire. Il s’agit également d’instaurer des méthodes d’enquête adaptées au jeune public lorsque le terrain l’impose. L’approche ethnographique permet à la commensalité et à la convivialité qui émanent du partage des repas avec les élèves d’abaisser les frontières entre l’adulte et les enfants, et de s’approcher aux plus près des sociabilités enfantines.

    37Selon les écoles et les interlocuteurs, nous avons endossé une pluralité de rôles aux yeux des enquêtés. Les élèves nous ont tantôt perçue comme une étudiante, une inspectrice, une animatrice ou une « dame de cantine ». Si le statut de chercheur peut parler à certains enfants, celui de sociologue leur est inconnu. En choisissant de laisser les enfants venir vers nous, ils ont pu s’imaginer toutes sortes de scénarios en nous voyant prendre des notes dans notre journal de terrain. Les élèves des trois écoles n’ont pas réagi de la même façon à notre présence : ceux qui se sont le plus rapprochés de l’enquêtrice sont ceux avec qui la distance sociale et culturelle était la moins grande, à savoir les enfants issus des classes moyennes et supérieures. De ce point de vue, enquêter auprès d’enfances diverses suscite les mêmes problématiques pour le chercheur qu’une enquête auprès d’adultes issus de milieux sociaux distincts et nécessite d’adapter la relation d’enquête au public rencontré.

    38Paradoxalement, après avoir pris le temps de gagner la confiance des enfants, il nous a parfois fallu instaurer des barrières et apprendre à ne pas être trop proche des élèves, à diversifier les relations d’enquête lorsque la facilité nous poussait à aller vers ceux qui étaient le plus en demande d’interaction. Nous avons donc pris garde à ne pas toujours déjeuner avec les mêmes enfants, à demander aux garçons de nous accueillir à leur table et à interagir avec ceux qui se montraient les plus réticents. L’interconnaissance et l’aisance sur un terrain peuvent constituer tant un atout qu’un handicap pour le chercheur s’il n’opère pas un travail de distanciation suffisant, d’autant plus peut-être dans le cadre d’une relation avec de « petits enquêtés », avec lesquels la dimension affective est forte.

    39Pour conclure ce chapitre, les étapes d’élaboration entreprises pour la collecte de données font partie intégrante du processus de recherche. Malheureusement elles sont trop souvent absentes des écrits finaux qui tendent à faire disparaître les procédés mis en œuvre et les tâtonnements du chercheur au profit d’analyses abouties et lissées dans la restitution finale. Les restituer dans une analyse méthodologique participe pleinement en retour à un travail de mise à distance sur ses propres données et sur la manière dont on se les procure, puisque les cheminements suivis sont rarement en ligne droite. Ils font l’objet d’allers et retours entre la collecte, les lectures, le terrain et les questions principales de recherche. La non-évidence des enquêtes alimentaires auprès des enfants, pour toutes les raisons évoquées succinctement dans ce chapitre, invitent (si ce n’est contraignent) les chercheurs à combiner étroitement analyses méthodologiques et analyses sociologiques dans leurs raisonnements scientifiques.

    Bibliographie

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    Corsaro, W. A. (2015). The Sociology of Childhood. SAGE Publications, Inc. https://doi.org/10.4135/9781483399027
    Dupuy, A., Nicklaus, S., Schwartz, C., Goirand, S., & Tibère, L. (2021). Young Children’s Learning about Hunger and Satiety through the Lens of the Norms of Those Who Feed Them. MDPI AG. https://doi.org/10.3390/socsci10080292
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    Corsaro, William A. “The Sociology of Childhood”. []. SAGE Publications, Inc, 2015. doi:10.4135/9781483399027.
    Dupuy, Anne, Sophie Nicklaus, Camille Schwartz, Stéphanie Goirand, and Laurence Tibère. “Young Children’s Learning about Hunger and Satiety through the Lens of the Norms of Those Who Feed Them”. Social Sciences. MDPI AG, July 30, 2021. doi:10.3390/socsci10080292.
    Mandell, Nancy. “The Least-Adult Role in Studying Children”. Journal of Contemporary Ethnography. SAGE Publications, January 1988. doi:10.1177/0891241688164002.
    Corsaro, William A. The Sociology of Childhood. [], SAGE Publications, Inc., 2015. Crossref, https://doi.org/10.4135/9781483399027.
    Dupuy, Anne, et al. “Young Children’s Learning about Hunger and Satiety through the Lens of the Norms of Those Who Feed Them”. Social Sciences, vols. 10, nos. 8, MDPI AG, 30 July 2021, p. 292. Crossref, https://doi.org/10.3390/socsci10080292.
    Mandell, Nancy. “The Least-Adult Role in Studying Children”. Journal of Contemporary Ethnography, vols. 16, nos. 4, SAGE Publications, Jan. 1988, pp. 433-67. Crossref, https://doi.org/10.1177/0891241688164002.

    Cette bibliographie a été enrichie de toutes les références bibliographiques automatiquement générées par Bilbo en utilisant Crossref.

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    Notes de bas de page

    58 Nous pensons notamment au PNNS (programme national nutrition santé) (2001-2005, 2006-2010, 2011-2015, 2019-2023) et au Guide Nutrition des enfants et des adolescents pour tous les parents (2004, réédité en 2019).

    59 Ce sont le cas par exemple pour les enquêtes Inca et Nutrinet.

    60 Ont donc été collectées sur ce même modèle (Poulain, 2001) des données de représentations, d’opinions, de comportements déclarés ou de comportements reconstruits. Des questions spécifiques à notre recherche se sont ajoutées, sur le thème du plaisir et sur celui des styles éducatifs.

    Auteurs

    • Anne Dupuy

      Université de Toulouse Jean Jaurès – ISTHIA, CERTOP – CNRS, France. Maîtresse de conférences en sociologie, responsable du master Sciences sociales appliquées à l’alimentation (SSAA) à l’ISTHIA, de l’axe de recherche Santé et Alimentation au CERTOP/UMR-CNRS 5044 et directrice adjointe du Groupement d’intérêt scientifique Bébé, Petite Enfance en Contextes.

    • Géraldine Comoretto

      Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, Printemps – CNRS, France. Elle travaille sur la socialisation et l’éducation des enfants et des jeunes au prisme de leurs pratiques alimentaires en milieu scolaire et familial. Elle est associée au laboratoire Printemps (UVSQ, CNRS UMR-8085) et au Centre Maurice Halbwachs (ENS, CNRS UMR-8097).

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    Table des matières

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    Anne Dupuy et Géraldine Comoretto

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    58 Nous pensons notamment au PNNS (programme national nutrition santé) (2001-2005, 2006-2010, 2011-2015, 2019-2023) et au Guide Nutrition des enfants et des adolescents pour tous les parents (2004, réédité en 2019).

    59 Ce sont le cas par exemple pour les enquêtes Inca et Nutrinet.

    60 Ont donc été collectées sur ce même modèle (Poulain, 2001) des données de représentations, d’opinions, de comportements déclarés ou de comportements reconstruits. Des questions spécifiques à notre recherche se sont ajoutées, sur le thème du plaisir et sur celui des styles éducatifs.

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    Dupuy, A., & Comoretto, G. (2021). Chapitre 11 - Les enquêtes sociologiques auprès des jeunes mangeurs : enjeux méthodologiques et épistémologiques. In O. Lepiller, T. Fournier, N. Bricas, & M. Figuié (éds.), Méthodes d’investigation de l’alimentation et des mangeurs. Versailles: Éditions Quæ. Consulté à l’adresse https://books.openedition.org/quae/41672
    Dupuy, Anne, et Géraldine Comoretto. « Chapitre 11 - Les enquêtes sociologiques auprès des jeunes mangeurs : enjeux méthodologiques et épistémologiques ». In Méthodes d’investigation de l’alimentation et des mangeurs, édité par Olivier Lepiller, Tristan Fournier, Nicolas Bricas, et Muriel Figuié. Versailles: Éditions Quæ, 2021. https://books.openedition.org/quae/41672.
    Dupuy, Anne, et Géraldine Comoretto. « Chapitre 11 - Les enquêtes sociologiques auprès des jeunes mangeurs : enjeux méthodologiques et épistémologiques ». Méthodes d’investigation de l’alimentation et des mangeurs, édité par Olivier Lepiller et al., Éditions Quæ, 2021, https://books.openedition.org/quae/41672.

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    Lepiller, O., Fournier, T., Bricas, N., & Figuié, M. (éds.). (2021). Méthodes d’investigation de l’alimentation et des mangeurs. Versailles: Éditions Quæ. Consulté à l’adresse https://books.openedition.org/quae/41462
    Lepiller, Olivier, Tristan Fournier, Nicolas Bricas, et Muriel Figuié, éd. Méthodes d’investigation de l’alimentation et des mangeurs. Versailles: Éditions Quæ, 2021. https://books.openedition.org/quae/41462.
    Lepiller, Olivier, et al., éditeurs. Méthodes d’investigation de l’alimentation et des mangeurs. Éditions Quæ, 2021, https://books.openedition.org/quae/41462.
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