1 Jean-Paul Sartre, Œuvres romanesques, éd. Michel Contat et Michel Rybalka, Paris, Gallimard, 1981, p. 58.
2 Georges Perec, La Vie mode d’emploi, Paris, Hachette Littératures, 2000, p. 311.
3 J’en évoquais un autre, plus haut, dans le prologue.
4 Henri Michaux, Œuvres complètes, éd. Raymond Bellour (avec Ysé Tran), Paris, Gallimard, 1998-2004, vol. I, p. 625-626 pour toutes ces citations.
5 Ibid., p. 626.
6 Pour reprendre les termes d’un autre titre de Michaux.
7 Henri Michaux, Œuvres complètes, op. cit., vol. I, p. cxiii.
8 Qui permet la coexistence très commentée de ces deux répliques dans le scénario de Marguerite Duras : « Tu n’as rien vu à Hiroshima »/« J’ai tout vu » (Hiroshima mon amour, Paris, Gallimard, 1960, p. 22).
9 Henri Michaux, Œuvres complètes, op. cit., vol. I, p. 626. Plume voyage, en somme, fatalement, faute de pouvoir nulle part se reposer. Dysphorie de la posture du voyageur que Sartre énonçait de même, quoique sur un mode moins parodique, dans La Reine Albemarle ou le Dernier Touriste : « Marcher pour marcher, comme le touriste : faute d’avoir le droit de s’asseoir. » (Paris, Gallimard, 1991, p. 90).
10 L’exotisme décrivait, pour Jean-Marc Moura, on l’a déjà cité, « l’imagination de l’être-là-bas, l’essentiel résidant […] dans le trait d’union qui rassemble [les termes de l’expression] » (La Littérature des lointains. Histoire de l’exotisme européen au xxe siècle, Paris, Honoré Champion, 1998, p. 261).
11 Jean-François Lyotard, Le Postmodernisme expliqué aux enfants. Correspondance 1982-1985, Paris, Galilée, 1986, p. 124.
12 Fondation Cartier, novembre 2008-mars 2009. Voir le catalogue de l’exposition : Terre natale. Ailleurs commence ici, Commissaire général Hervé Chandès, Paris, Fondation Cartier pour l’art contemporain, 2008.
13 Voir l’essai de Marc Augé, « Paysages planétaires » : « D’un côté, donc, les non-lieux de l’abondance (aéroports, autoroutes, supermarchés). De l’autre, les non-lieux de la misère, tantôt refuges (lorsqu’ils accueillent, comme en Afrique, les foules qui fuient le massacre et la répression), tantôt prisons (lorsqu’on y enferme ceux qui ont posé le pied sur la terre promise), et toujours à la fois refuges et prisons, objets simultanément du contrôle policier et de l’assistance humanitaire. Qu’ont en commun ces deux types de non-lieux ? Plus qu’il n’y paraît peut-être. Car c’est évidemment aux points de passage d’un monde à l’autre que se mettent en place les mécanismes de défense : les aéroports, les grands axes routiers, les ports. En outre, ce sont les moyens de transport les plus caractéristiques de notre époque (les avions et leurs trains d’atterrissage, les gros poids lourds et leurs containers) qui peuvent être aux clandestins un véhicule et une cachette. Les aéroports ont leurs salles de rétention et les expulsés sont évacués par avion de ligne ou par charter. Les points de passage ont une importance stratégique. C’est là que se déploient les moyens de surveillance les plus perfectionnés, mais c’est par là aussi, à la jonction des deux mondes, que passent les touristes. Épris d’exotisme, de sable, de soleil ou de sexe, ils s’empressent de rejoindre les pays qu’essaient de fuir les migrants. Ces deux mouvements de sens inverse (le tourisme et la migration) se croisent et s’ignorent. Lorsqu’on surprend le spectacle d’un couple occidental sous son parasol en train de se détendre en contemplant la mer à deux pas d’un cadavre échoué sur la plage, on se dit qu’il est horriblement emblématique de notre époque » (Terre natale, op. cit., p. 277).
14 Paul Virilio, « Stop Eject », dans Terre natale, op. cit., p. 184. On craint que ces chiffres ne soient déjà dépassés.
15 Ibid., p. 194.
16 Marc Augé, dans Terre natale, op. cit., p. 284.
17 Michel Agier, dans Terre natale, op. cit., p. 244 : « La frontière est partout où un indésirable est identifié et doit être gardé à l’écart, “maintenu” puis “éloigné” ».
18 Ibid., p. 276. En 2007, il y avait, estime-t-on, 16 millions de réfugiés au monde, et 25 millions de personnes déracinées pour diverses raisons à l’intérieur même de leur pays d’origine. Le statut de réfugié dans certains camps, par exemple ceux de Palestiniens en situation d’asile depuis plus de 60 ans, est devenu héréditaire (voir Terre natale, op. cit., p. 259). On pensera aussi ici au sort de Khady dans la dernière nouvelle des Trois femmes puissantes de Marie Ndiaye (Paris, Gallimard, 2009).
19 « Les camps du xxie siècle : Couloirs, sas et frontières de l’exil intérieur » dans Terre natale, op. cit., p. 238.
20 Jean-Luc Nancy, Tombe de sommeil, Paris, Galilée, 2007, p. 72-73.
21 Ibid., p. 73-74.
22 Ibid., p. 72.
23 Mathias Énard, Zone, Paris, Actes Sud, 2008.
24 Du prière d’insérer d’Espèces d’espaces, Paris, Galilée, 2000, cité plus haut.
25 Voir Terre natale, op. cit., p. 256.
26 Éric Chevillard, La Nébuleuse du crabe, Paris, Minuit, 1993, p. 69-70.
27 Henri Michaux, Œuvres complètes, op. cit., vol. I, p. 97.
28 Ibid., p. 94.