Entre citation et devenir  : noms verbaux d’Hélène Cixous

Joana Masó

doi:10.4000/books.puv.2558

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Entre citation et devenir : noms verbaux d’Hélène Cixous

Joana Masó

p. 39-52

Extrait

1Une étrange logique du nom dans l’œuvre d’Hélène Cixous semble nouer secrètement la scène de nomination originaire que l’écrivain élabore à partir de la figure du jardin biblique et le mouvement de la via negativa, que Jacques Derrida a pensé comme l’un des gestes de la déconstruction. Lorsqu’un nom est donné dans l’écriture cixousienne, celui-ci rappelle à la fois l’acte premier par lequel le mot parvient à être assigné à une chose, ainsi que cette « forme négative » ou aporia, écrit Derrida dans Apories, dans laquelle on ne nomme qu’en contournant ce qui s’y trouve dit. Cet entrelacement d’une certaine voie affirmative qui annonce des assignations ou des attributions qui lient le mot à la chose, et d’une tournure aporétique qui nie toute possibilité d’affirmer ou de poser, se trouve au cœur de la pratique cixousienne de la nomination.

2« Ce que je dis n’est jamais ce que je dis mais autre chose ¹. » Cette citation de Clarice Lispector que Roni Horn imprime dans le sol de c

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Présentation

Marie-Dominique Garnier et Joana Masó

1 Hélène Cixous, « Faire voir le jamaisvu » dans Roni Horn, Rings of Lispector (Água viva), Londres, Hauser & Wirth Steidl, 2004, p. 15.

2 Jacques Derrida, Sauf le nom, Galilée, Paris, 1993, p. 31.

3 Ibid., p. 45 : « la théologie négative veut dire très peu, à peu près rien, peut-être autre chose que quelque chose ».

4 Ibid.

5 Hélène Cixous, « Faire voir le jamaisvu », op. cit., p. 48 et p. 67.

6 Ibid., p. 12.

7 Clarice Lispector, A Paixão segundo G.H., Madrid, Paris, Mexique, Buenos Aires, São Paulo, Rio de Janeiro, Lima, Edições Unesco, 1996. La Passion selon G.H., trad. fr. Claude Farny, Paris, Des femmes, 1978, p. 119.

8 Jacques Derrida, Sauf le nom, op. cit., p. 67.

9 Hélène Cixous, « Faire voir le jamaisvu », op. cit., p. 15.

10 Marcel Proust, À la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe, vol. IV, Paris, Gallimard, 1988, p. 56-57. Cf. le passage précédent : « Enfin d’un coup le nom vint tout entier : “Madame d’Arpajon”. J’ai tort de dire qu’il vint, car il ne m’apparut pas, je crois, dans une propulsion de lui-même […] Dans ce grand ‘cache-cache’ qui se joue dans la mémoire quand on veut retrouver un nom, il n’y a pas une série d’approximations graduées. On ne voit rien puis tout d’un coup apparaît le nom exact et fort différent de ce qu’on croyait deviner. Ce n’est pas lui qui est venu à nous. Non, je crois plutôt qu’au fur et à mesure que nous vivons, nous passons notre temps à nous éloigner de la zone où un nom est distinct. »

11 Hélène Cixous, « Faire voir le jamaisvu », op. cit., p. 21.

12 Jacques Derrida, H.C. pour la vie, c’est-à-dire…, Paris, Galilée, 2002, p. 86.

13 Jacques Derrida, Sauf le nom, op. cit., p. 31.

14 Jacques Derrida, Prégnances. Quatre lavis de Colette Deblé, Mont-de-Marsant, L’Atelier de Brisants, 2004, p. 21-22.

15 Hélène Cixous, Manhattan, les lettres de mon père, Paris, Galilée, 2002, p. 9.

16 Hélène Cixous, Le Voisin de zéro. Sam Beckett, Paris, Galilée, 2007, p. 12.

17 Hélène Cixous, Manhattan, les lettres de mon père, op. cit., p. 108.

18 Hélène Cixous, Le Voisin de zéro. Sam Beckett, op. cit., p. 22-23.

19 Jacques Derrida, H.C. pour la vie, c’est-à-dire…, op. cit., p. 72 et p. 110.

20 Émile Benveniste, Problèmes de linguistique générale I, Paris, Gallimard, 1966, p. 153.

21 Jacques Derrida, H.C. pour la vie, c’est à dire…, op. cit., p. 128.

22 Jacques Derrida, « La différance », dans Marges de la philosophie, Paris, Minuit, 1972, p. 9.

23 Ibid., p. 20 et p. 25.

24 Hélène Cixous, Si près, Paris, Galilée, 2007 p. 22.

25 Jacques Derrida, L’Écriture et la différence, Paris, Seuil, 1967, p. 104.

26 Hélène Cixous, Un vrai jardin, Paris, Des femmes, 1971, p. 12.

27 Hélène Cixous, Un vrai jardin, Paris, Des femmes, 1971, p. 14.

28 Ibid., p. 21, p. 28-29, p. 30, p. 23, p. 29, p. 20.

29 Jacques Derrida, H.C. pour la vie, c’est-à-dire…, op. cit., p. 17-19.

30 Ibid., p. 75.

31 Hélène Cixous, Un vrai jardin, op. cit., p. 36, p. 18, p. 26, p. 16.

32 Jacques Derrida, Mémoires d’aveugle, op. cit., p. 61 (je souligne).

33 Mara Negrón, « Au jardin c’était la guerre », dans Marta Segarra (dir.), Expressions maghrébines, vol. 2, nº 2, 2003, p. 42.

34 Hélène Cixous, Un vrai jardin, op. cit., p. 34.

35 Jacques Derrida, Glas, Paris, Galilée, p. 256-257, 279 ; « La loi du genre », Parages, Paris, Galilée, p. 143 ; Points de suspension, Paris, Galilée, p. 33.

36 Hélène Cixous, Un vrai jardin, op. cit., p. 15, p. 38.

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