La poésie, une parole d’archipel entre solitude et fraternité (en hommage à Tahar Djaout)
p. 27-34
Extrait
1Au cours des années 1960, l’étudiant que j’étais, comme tant d’autres du tiers-monde à l’époque, à la Sorbonne ou ailleurs dans Paris, n’avait qu’à descendre la pente depuis la Sorbonne pour se retrouver à la librairie Présence Africaine, grand centre culturel de tout ce tiers-monde présent dans la capitale, qui n’avait aucun autre lieu pour se rencontrer, sinon dans les cafés d’en face ou dans le restaurant chinois ou italien à proximité. Pendant des décennies, cette librairie a été un centre où convergeaient étudiants et intellectuels africains, antillais et d’ailleurs. C’est à travers ce lieu de rencontre, comme à travers la devanture de l’époque, qu’il est possible de saisir la richesse des littératures dites des « Suds » ou « francophones », qui avaient pour caractéristiques d’être un conglomérat de solitudes réunies, certes par la solidarité du combat politique mais, au-delà, par celle d’un combat d’émancipation. Car ce qui intéresse le poète, ce n’est pas la libération
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Pour la poésie
Poètes de langue française (XXe-XXIe siècle)
Corinne Blanchaud et Cyrille François (dir.)
2016