Chapitre 3. Vertiges de la pseudonymie
p. 53-66
Extrait
1La pratique avérée du pseudonyme peut être considérée comme immémoriale. Homère, déjà, pourrait n’avoir été qu’un nom générique. Et il est frappant que cet usage (comme le remarquait déjà Genette 1987 : 57) soit essentiellement réservé aux hommes et femmes de lettres (ainsi, il est vrai, qu’aux acteurs et actrices) ; les peintres et les compositeurs, en particulier, n’en usent qu’exceptionnellement, signe qu’il se joue là sans doute quelque chose de spécifique à l’écriture (et à sa performance), comme si celle-ci exposait bien plus crûment que la musique ou les arts plastiques, la vie intime de celui ou de celle qui la pratique. Jusqu’à quel point le pseudonyme obéit-il à des stratégies complotistes ? C’est ce que ce chapitre, en tentant d’en dresser une petite typologie, cherchera à cerner.
L’usage valorisant
2Il est peu probable que Marcabru (« Marchebrun »), Cercamon (« Cherche-monde ») ou Rutebeuf (« Rude bœuf ») aient été les noms de baptême des poètes médiévaux auxquels i
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