Chapitre 2. L’anonymat médiéval : une stratégie de brouillage ?
p. 31-52
Extrait
1Les écrivains du Moyen Âge signent rarement leurs œuvres et quand ils le font, il s’est presque toujours trouvé des érudits modernes pour mettre en doute l’authenticité de leur patronyme. Entre énigmes chiffrées, revendications de paternité invraisemblables et possibles pseudonymes, les stratégies auctoriales des scribes médiévaux s’avèrent multiples et divisent bien souvent la critique. Ce chapitre pourra donner l’impression d’entrer dans notre sujet par la petite porte. On verra cependant que, pour anodins que puissent paraître ces premiers exemples, ils nous conduisent insensiblement vers des questionnements qui sont au cœur des problématiques ici soulevées.
Les perplexités de la science
2Le dernier vers de La Chanson de Roland « Ci falt la geste que Turoldus declinet » condense à lui seul la plupart des problèmes qui se posent au médiéviste : que signifie « faillir » ? Se terminer, s’interrompre, manquer de copie ? Qui est Turold ? L’auteur, le copiste, le traducteur d’un t
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