1 Michel Houellebecq, H. P. Lovecraft, dans Houellebecq 1991-2000, Paris, Flammarion, « Mille & une pages », 2016, p. 17.
2 Id., La Possibilité d’une île, dans Houellebecq 2001-2010, Paris, Flammarion, « Mille & une pages », 2017, p. 374.
3 Jacques Dubois, Les Romanciers du réel. De Balzac à Simenon, Paris, Seuil, 2000.
4 Alain Badiou, « L’autonomie du processus esthétique », Cahiers marxistes-léninistes, n° 12-13, 1966.
5 Michel Houellebecq, La Carte et le Territoire, dans Houellebecq 2001-2010, op. cit., p. 1201.
6 Ibid., p. 1387, cité par Bernard Maris, Houellebecq économiste, Paris, Flammarion, 2014, p. 33, avec une erreur d’interprétation puisqu’il attribue à Hélène un propos qui émanerait plutôt de son époux.
7 Maris n’a pas forcément tort de prendre les propos de tel personnage, de tel narrateur à la première personne, pour des propos de l’auteur lui-même : il n’y a pas lieu d’être obsédé par la mort de l’auteur. L’idéologie de Michel Thomas, dit Houellebecq, exprimée dans ses entretiens et billets d’humeur, est en effet très semblable à celle de la plupart de ses personnages : antilibérale, antiféministe, athée islamophobe, pessimiste, etc. L’idée de Badiou en effet était de conceptualiser des énoncés littéraires susceptibles d’avoir une efficace idéologique en dehors du cadre littéraire, et nous en avons là un exemple, qu’il conviendrait d’étayer par des études de réception. Cf. Jérôme Meizoz, « Le roman et l’inacceptable : polémiques autour de Plateforme », Études de lettres, n° 3-4, décembre 2003.
8 Michel Houellebecq, Les Particules élémentaires, dans Houellebecq 1991-2000, op. cit., p. 572.
9 Ibid., p. 664.
10 Michel Houellebecq, La Carte et le Territoire, op.cit., p. 1338.
11 Id., Plateforme, dans Houellebecq 2001-2010, op. cit., p. 254.
12 Voir le passage sur les larves de hanneton dans Balzac, Les Paysans, Paris, Gallimard, « Folio », 1975, p. 389-391.
13 Le passage sur la mouche dans Michel Houellebecq, La Carte et le Territoire, op. cit., p. 1335-1336 est copié de l’article Wikipédia « Mouche domestique » [consulté le 11 mars 2018]. Les passages scientifiques ont par conséquent ce style Wikipédia excessivement neutralisé que même les ouvrages de vulgarisation n’ont pas.
14 Par exemple, ibid., p. 1107.
15 C’est aussi, d’un point de vue plus formaliste, ce que pointe Giusi Alessandra Falco, « Houellebecq o il romanzo in forma di saggio cinico », dans La giostra dei sentimenti, Macerata, Quodlibet, 2015, en montrant la contamination du roman par les formes littéraires propres à l’essai, [en ligne] https://books.openedition.org/quodlibet/357?lang=fr [consulté le 22 mars 2021].
16 Michel Houellebecq, La Carte et le Territoire, op. cit., p. 1208.
17 Id., Interventions, dans Houellebecq 2001-2010, op. cit., p. 962.
18 La cinquantième leçon du cours est lue par Michel dans Plateforme, ibid., p. 180.
19 Pour plusieurs sociologues, dont Norbert Elias, il faut noter que, malgré l’ambition d’établir une continuité entre les différentes sciences, Auguste Comte serait le premier à séparer la sociologie des sciences physiques (notamment la biologie) et à lui conférer une autonomie relative. Voir Norbert Elias, Qu’est-ce que la sociologie ? [1970], La Tour d’Aigues, Éditions de l’aube, 1991, p. 48-51. Néanmoins, les textes de Comte eux-mêmes nous ont semblé ambigus en la matière, et par ailleurs, l’usage qu’en fait Houellebecq tirerait davantage du côté de la continuité stricte entre les sciences physiques et sociales. Je remercie au passage M. Guillaume Fondu pour m’avoir signalé cette nuance.
20 Voir « L’absurdité créatrice », dans Michel Houellebecq, Interventions, op. cit., p. 891-900. Je remercie M. Sina Badiei, pour m’avoir confirmé et expliqué les points communs entre le positivisme et l’interprétation de Copenhague.
21 C’est notamment le reproche que Mona Chollet adresse à Plateforme, non sans un certain idéalisme et optimisme psychologique. Voir Mona Chollet, La Tyrannie de la réalité, Paris, Calmann-Lévy, 2004, p. 151-164.
22 Michel Houellebecq, Soumission [2015], Paris, Flammarion, « J’ai lu », 2016, p. 178.
23 C’est une des sept caractéristiques soulignées par Philippe Hamon, « Un discours contraint », repris dans Gérard Genette et Tzvetan Todorov (dir.), Littérature et réalité, Paris, Seuil, « Points Essais », p. 132.
24 Cela est frappant notamment dans les cas où le conflit pourrait donner lieu à l’opposition de deux types sociaux, ainsi le meurtre du père du héros au début de Plateforme, qui n’inspire qu’une réflexion sur les moutons : « Eux aussi étaient stupides, […] mais aucune réaction violente n’était programmée dans leurs gènes », Michel Houellebecq, Plateforme, op. cit., p. 29.
25 Professionnelle dans Extension du domaine de la lutte, affective et professionnelle dans Plateforme et Soumission, affective dans Les Particules élémentaires, La Possibilité d’une île et La Carte et le Territoire.
26 C’est une interrogation que Comte soulève dans la cinquantième leçon de son Cours de philosophie positive. Selon lui le primat des facultés intellectuelles sur les facultés affectives conduirait à l’idiotisme, les facultés affectives étant à l’origine de nos instincts sociaux. Voir Auguste Comte, Cours de philosophie positive, leçons 46-51, éd. Michel Bourdeau, Laurent Clauzade et Frédéric Dupin, Paris, Hermann, 2012.
27 Michel Houellebecq, La Possibilité d’une île, op. cit., p. 472-473.
28 Id., « La question pédophile », dans Interventions, op. cit., p. 967-972.
29 Herbert Marcuse a déjà souligné les possibilités critiques d’une psychologie freudienne étiologique, contre l’aspect managérial du béhaviorisme. Voir Herbert Marcuse, L’Homme unidimensionnel [1964], Paris, Minuit, 1968, p. 132-144.
30 Gérard Genette, Figures III, Paris, Seuil, 1972, p. 133-138. On pourrait aussi considérer qu’il y a là, comme chez Proust, coïncidence entre le temps du récit et le temps de la narration, parce que celui-ci colle à l’intériorité du personnage. L’effet reste cependant identique : on a l’impression d’un ralentissement dérangeant, là où l’on attendrait une ellipse de ces débats intérieurs.
31 Michel Houellebecq, Plateforme, op. cit., p. 18.
32 Sur l’influence de Comte sur Houellebecq, une mise au point générale est fournie par David Jérôme, « “Auguste Comte toi-même !” – Michel Houellebecq et le positivisme », dans Sabine Wesemael et Bruno Viard, L’Unité de l’œuvre de Michel Houellebecq, Paris, Classiques Garnier, « Rencontres », 2013, p. 137-148. L’auteur semble parfois dupe de l’ambition sociologique de Houellebecq et de la fiction d’objectivité produite par les romans. Il insiste également sur la dimension utopique de l’œuvre romanesque (qui imaginerait des expérimentations positivistes à grande échelle).