Préface à la seconde édition
p. 9-10
Texte intégral
1Dans cette nouvelle édition de la Moralité du droit, les quatre premiers chapitres ont été réédités dans leur version originale, avec l’une ou l’autre correction mineure. Le seul changement au niveau du contenu consiste donc en l’ajout d’un cinquième et dernier chapitre intitulé : « Une réponse aux critiques ».
2Le fait que les quatre premiers chapitres soient restés pratiquement inchangés n’implique pas qu’ils m’offraient entièrement satisfaction, que ce soit au niveau de la forme ou du fond. Cela indique simplement que je n’ai pas poussé suffisamment la réflexion relative aux idées qu’ils contiennent pour entreprendre une reformulation substantielle des opinions que j’ai exprimées pour la première fois lors des conférences de 1963. Cela signifie également que, fondamentalement, je maintiens la position que j’y défendais.
3J’espère que ce nouveau chapitre ne sera pas uniquement reçu comme un exercice polémique. Durant de nombreuses décennies, la philosophie du droit a été dominée par la tradition d’Austin, Gray, Holmes et Kelsen. La place centrale occupée par leur conception générale du droit ne signifie pas qu’elle a toujours convaincu ; même ses adhérents ont souvent affiché un certain inconfort face à certaines de ses implications. Dans le nouveau chapitre de ce livre, je pense avoir mieux articulé qu’auparavant mes propres insatisfactions à l’égard du positivisme juridique analytique. J’en suis profondément redevable à mes détracteurs, et particulièrement à H. L. A. Hart, Ronald Dworkin et Marshall Cohen. Si leurs critiques n’ont pas toujours été formulées avec douceur, elles n’en ont pas pour autant été obscurcies par les réflexes d’auto-défense que l’on trouve souvent dans les attaques polémiques. En dévoilant les prémisses fondamentales de leur pensée, ils m’ont aidé à en faire de même avec la mienne.
4Dès lors que les auteurs férus d’anthropologie et de sociologie du droit ont trouvé un certain intérêt à la première édition de ce livre, il est utile de faire une suggestion à ceux qui, partant de centres d’intérêts similaires, l’abordent pour la première fois. Je leur propose de commencer par lire les chapitres II et IV, dans cet ordre, en passant dans un premier temps les autres chapitres. Cette façon d’appréhender ce livre leur permettra de percevoir la valeur que celui-ci pourrait avoir pour leurs centres d’intérêt, tout en leur offrant quelque notion des différences fondamentales de point de vue qui divisent les juristes lorsqu’ils définissent leur objet d’étude.
5Pour conclure, je voudrais exprimer ma gratitude à Martha Anne Ellis, ma secrétaire, et à Ruth D. Kaufman, des Presses de l’Université de Yale, pour leur contribution à ce livre (et à ma tranquillité d’esprit). Leur diligence et leur perspicacité ont largement soustrait à mes préoccupations les détails chronophages et anxiogènes qui accompagnent toujours la conversion d’un manuscrit en sa forme imprimée définitive.
Auteur
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Lon Luvois Fuller
Lon Luvois Fuller (1902-1978) est un philosophe du droit américain, qui a été professeur à Harvard et est notamment connu pour son débat avec le positiviste H. L. A. Hart.
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