Chapitre XI. Le vêtement et son corps

doi:10.4000/books.pusl.17574

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Chapitre XI. Le vêtement et son corps

p. 179-187

Extrait

11.1 La nudité du vêtement

1Nous considérerons d'abord les tableaux « Le Chemin de Damas » (35)(1966) et « Le Pèlerin » (36) (1966).

2Chacun des deux tableaux expose à droite la visibilité d’une même pensée d’habit. Nous y voyons la panoplie des vêtements masculins destinés à vêtir le haut du corps : chemise, col, cravate, veston, chapeau. A gauche, nous voyons le complément corporel de l’habit de droite : soit dans sa nudité totale - buste nu, tête nue, cheveux visibles-, soit dans sa nudité partielle habillée - seul est visible le fragment de visage que l’habit de droite laisse dé-couvert.

3Les deux images contestent le scénario familier du corps vêtu et montrent le scénario inverse, qui est le vêtement « en-corporé ». La conception familière du corps vêtu épouse le trajet instrumental de la fabrication vestimentaire : c’est l’habit qui, étant confectionné, est conçu en vue du corps, et non le corps en fonction de l’habit. Conception coutumière, qui règne sur les répertoires de

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113 C'est ce qui explique que la porte peut être fermée et ouverte à la fois, fermant la béance du mur (“fermée”) et trouée elle-même (“ouverte”). Il en va de même de la tenture, dont le drapé, s’il est ouvert-retiré de la fenêtre, est simultanément fermé-ramassé sur lui-même. Étant retirée, la tenture est à la fois ouverte (comme la porte ou le couvercle) et fermée (comme l’éventail ou le parapluie). Ces deux fermetures-ouvertures fournissent des objets typiquement magrittiens. autant la porte fermée mais ouvrant néanmoins sur l’extérieur par une déchirure intérieure (voir ci-après 13.2.5.) que l'écran fermant d'une tenture néanmoins ouverte (découpes de tentures ouvertes qui figurent dans de nombreuses mises en scène (voir 15.4.).

114 Le tableau “Le Paysage de Baucis” (1966) montre entre veston et chapeau d’un habit nu la présence flottante d’un visage - yeux, nez, bouche - dont la chair s’incruste dans le fond bleu sur lequel l’habit se détache. Le visage échappe à l’habit vide et coïncide pourtant avec la tête du corps dont l’habit expose l’absence...

115 Magritte avait déjà abordé ce propos dans une esquisse figurant dans une lettre à Bosmans ((1959) (LAB 98)). Le dessin montre une robe vide de son corps, accroupie, bras (sans mains) et genoux appuyés sur un plancher. Sous ce dessin, Magritte écrit : “Une robe qui implore”. D'autre part, Magritte avait eu dès 1943 “une idée de tableau nouvelle : une femme nue à côté d'une femme habillée de vêtements qui ont l’apparence de la chair (ou plutôt (...) : la femme habillée seule”) (1943) (DST 62). Faisant allusion à ce projet de tableau dans des lettres ultérieures. Magritte n'en retient que la version de la “femme seule” : “le tableau femme aux vêtements de chair” (1943) (DST 65), “la femme à la robe de chair” (1944) (DST 113) (avec croquis). Voir aussi la robe vide avec chapeau dont il est question à la fin du paragraphe 11.1. (LAB 428).

116 Le même corps-cercueil apparaît dans “La Belle Hérétique” (1963g), dans “Par une Belle Fin d’Après-Midi” (1964) (deux corps-cercueils assis el “conversants”) et dans plusieurs dessins ((BRD 82) et “Le Bon Vivant” (195 1d)).

117 Pour Magritte c’est cet esprit qui met dans l’image une profondeur qui n’y est pas, et qui par exemple “voit l’épaisseur du cigare” - qui pourtant n’est que minceur d’une pellicule de couleur.

118 Voir cette intégration c’est “voir la lune au-dessus de la tête d’un personnage” ((1955) (EC 141) (lettre à Colinet)). Et dans cette même lettre : “...j’ai eu une idée magnifique (...) lorsque je vous faisais remarquer il y a un an ou deux, qu’en se plaçant à certains endroits, la lune se trouvait exactement au-dessus d’une cheminée ou d’un arbre.” (1955) (EC 141).

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Ce livre est cité par

Jongen, René. (2002) Variations sur la question langagière. DOI: 10.4000/books.pusl.20440
Jongen, René-Marie. (1999) Magritte au risque de la sémiotique. DOI: 10.4000/books.pusl.19687
Roelens, Nathalie. (1999) Magritte au risque de la sémiotique. DOI: 10.4000/books.pusl.19678
Pisano, Jean-Baptiste. (2022) Pratiques artistiques et culturelles : jeux du réel et du virtuel entre plausible et incroyable. DOI: 10.4000/books.cths.16281
Jongen, René-Marie. (2002) Variations sur la question langagière. DOI: 10.4000/books.pusl.20434
Everaert-Desmedt, Nicole. (1999) Magritte au risque de la sémiotique. DOI: 10.4000/books.pusl.19636

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Référence numérique du chapitre

Jongen, R.-M. (1994). Chapitre XI. Le vêtement et son corps. In René Magritte ou la pensée imagée de l’invisible (1‑). Presses universitaires Saint-Louis Bruxelles. https://doi.org/10.4000/books.pusl.17640

Jongen, René-Marie. « Chapitre XI. Le vêtement et son corps ». In René Magritte ou la pensée imagée de l’invisible. Bruxelles: Presses universitaires Saint-Louis Bruxelles, 1994. https://doi.org/10.4000/books.pusl.17640.

Jongen, René-Marie. « Chapitre XI. Le vêtement et son corps ». René Magritte ou la pensée imagée de l’invisible, Presses universitaires Saint-Louis Bruxelles, 1994, https://doi.org/10.4000/books.pusl.17640.

Référence numérique du livre

Jongen, R.-M. (1994). René Magritte ou la pensée imagée de l’invisible (1‑). Presses universitaires Saint-Louis Bruxelles. https://doi.org/10.4000/books.pusl.17574

Jongen, René-Marie. René Magritte ou la pensée imagée de l’invisible. Bruxelles: Presses universitaires Saint-Louis Bruxelles, 1994. https://doi.org/10.4000/books.pusl.17574.

Jongen, René-Marie. René Magritte ou la pensée imagée de l’invisible. Presses universitaires Saint-Louis Bruxelles, 1994, https://doi.org/10.4000/books.pusl.17574.

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11.1 La nudité du vêtement

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