Conscience de l’histoire et lucidité pascalienne

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Conscience de l’histoire et lucidité pascalienne

p. 115-135

Extrait

1L’homme pascalien est un homme moderne. Sa situation est définie par l’âge historique qui l’accueille ou du moins le tolère. Seule la modernité comme époque de carence ontologique, menacée par le nihilisme, justifie l’effroi comme tonalité authentique de son rapport au monde, et donc de son existence en tant que telle. Se résoudre à l’effroi (tel qu’il est conçu dans les Pensées) ne prend tout son sens que eu égard à l’éclatement de la sphère cosmologique. Les analyses de Pascal en ce qu’elles ont de plus radical, de plus outré même, ne peuvent donc être la clef d’une compréhension ultime de la condition humaine universelle, dans la mesure où elles ressortissent à une détermination historique. Primus inter pares, Pascal prit en charge son époque. La conscience qu’il devait en avoir limitait la portée de ses fragments sur l’acosmisme dans le même temps qu’elle leur conférait tout leur poids.

2Mais est-il si évident que pour Pascal lui-même l’homme qui s’effraie est bien l’homme

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1 A. BÉGUIN, Pascal, Microcosme, Paris, Seuil, 1988, p. 66. On pourrait citer aussi la p. 106 : « La conscience chrétienne, au XVII^e siècle, et très particulièrement chez Pascal, est par définition, étrangère au sens de l’histoire ».

2 « Pascal semble n’avoir vraiment ignoré, de l’enseignement augustinien, que ce qui a trait à l’histoire ». A. BÉGUIN, op. cit., p. 72.

3 P. Magnard (op. cit., p. 266) propose une interprétation semblable de l’adjectif « éternel » dans le Fr. 201.

4 PASCAL, op. cit., p. 232.

5 Il y aurait beaucoup à dire sur les expériences que pratiqua Pascal au cours de ses recherches scientifiques. On l’a longtemps présenté comme un anti-cartésien et même un anti-moderne, soucieux de se plier empiriquement aux informations du monde sensible. Il convient aujourd’hui de nuancer fortement cette perspective. De nombreuses études ont démontré que Pascal recourait souvent à certaines pratiques relevant typiquement des « expérimentations » modernes. Il ne fut pas rare que, dans les faits, Pascal souscrivit au principe de l’anticipation de la « mens » sur la « res ». Cf. par exemple, A. KOYRÉ, Pascal savant, in Etudes d’histoire de la pensée scientifique, Paris, PUF, 1966.

6 PASCAL, Œuvres complètes, p. 232.

7 Remarquons au passage que le mouvement qui est au principe de cette adroite manipulation d’une théorie a priori opposée à l’apologie pascalienne, et par lequel la cécité se mue en clairvoyance, s’apparente au traitement réservé à l’imagination, tout d’abord décriée avant d’être prise en charge dans sa configuration ironique. (Cf. 2^e Chapitre de la 1^ère Partie de cette étude).

8 H. JONAS, op. cit., p. 419.

9 J. KEPLER, Opera Omnia, p. 688. Cité par A. KOYRÉ, Du monde clos à l’univers infini, p. 86.

10 Nous notions, à la p. 37, combien Kepler fut critique à l’égard de la modernité.

11 Cf. p. 69.

12 J. DONNE, Anatomy of the World, p. 202. Cité par K. PAPAIOANNOU, La consécration de l’histoire, p. 98.

13 A. KOYRÉ, Du monde clos à l’univers infini, p. 47.

14 R. DESCARTES, Lettre à Chanut, 6 juin 1647, A.T.V., p. 50 et sq.

15 Ibid., p. 51.

16 Cf. p. 36.

17 G. BRUNO, De l’infinito universo e mondi, p. 280. Cité par A. KOYRÉ, Du monde clos à l’univers infini, p. 67.

18 R. LENOBLE, op. cit., p. 313.

19 R. DESCARTES, Discours de la Méthode, V^e partie, A.T., Tome VI, p. 42.

20 « Descartes avait vu le danger <nous serions plus prudents : fort probablement n’en avait-il vu qu’un aspect>. En demandant à la métaphysique de la véracité divine de fonder la physique, il avait voulu prévenir les savants, déjà très nombreux de son temps et d’abord son ami Mersenne, de ne pas s’abandonner sans réfléchir à la découverte enfin possible de la Nature physique. La connaissance que nous avons d’elle dépend tout entière de l’esprit et la métaphysique sert de base à la physique, mais il est bien vrai que l’on oubliera vite cet avertissement ». R. LENOBLE, op. cit., p. 336.

21 R. LENOBLE, op. cit., pp. 316-317.

22 R. DESCARTES, lettre au P.*** de 1643 [ ?], A.T., Tome IV, p. 67.

23 R. LENOBLE, op. cit., p. 319.

24 Etant entendu que nous ne posons pas, dans le cadre de cette analyse, de distinction entre l’éthique et le moral.

25 Que l’on n’en déduise pas pour autant que l’aveuglement rationaliste découle uniquement de ce refus. Tout au plus les mécanistes se sont-ils ainsi fermé une porte. Mais en soi l’auto-thématisation que nous avons souligné dans les pages précédentes aurait dû suffire, y compris strictement en métaphysique ou en anthropologie. La question de l’inconséquence moderne reste donc bel et bien, à notre sens, une question ouverte.

L’ontologie acosmique

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Van Eynde, L. (1993). Conscience de l’histoire et lucidité pascalienne. In L’ontologie acosmique (1‑). Presses universitaires Saint-Louis Bruxelles. https://doi.org/10.4000/books.pusl.13671

Van Eynde, Laurent. « Conscience de l’histoire et lucidité pascalienne ». In L’ontologie acosmique. Bruxelles: Presses universitaires Saint-Louis Bruxelles, 1993. https://doi.org/10.4000/books.pusl.13671.

Van Eynde, Laurent. « Conscience de l’histoire et lucidité pascalienne ». L’ontologie acosmique, Presses universitaires Saint-Louis Bruxelles, 1993, https://doi.org/10.4000/books.pusl.13671.

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Van Eynde, L. (1993). L’ontologie acosmique (1‑). Presses universitaires Saint-Louis Bruxelles. https://doi.org/10.4000/books.pusl.13599

Van Eynde, Laurent. L’ontologie acosmique. Bruxelles: Presses universitaires Saint-Louis Bruxelles, 1993. https://doi.org/10.4000/books.pusl.13599.

Van Eynde, Laurent. L’ontologie acosmique. Presses universitaires Saint-Louis Bruxelles, 1993, https://doi.org/10.4000/books.pusl.13599.

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