1 Cf. p. 125 et sq. de cette étude.

2 Nous citons ce passage du « Discours de la Méthode » aux forts relents utilitaristes : « Car elles [les notions de physique] m’ont fait voir qu’il est possible de parvenir à des connaissances qui soient fort utiles à la vie, et qu’au lieu de cette philosophie spéculative qu’on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle, connaissant la force et les actions du feu, de l’eau, de l’air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature ». R. DESCARTES, Discours de la Méthode, VIe partie, A.T., Tome VI, pp. 61-62.

3 Nous verrons tout au long de ce travail que la science du XVI^e au XVIII^e siècle fut tout aussi bien la racine, l’instrument et l’aboutissement de la révolution moderne et de la nouvelle conception du monde. Pour ce qui est de la science comme instrument du pouvoir de l’homme, on pourra se référer à l’adage « scientia propter potentiam » et à sa défense par Francis Bacon. L’objectif de ce dernier sera la conception d’une science qui se déprendrait d’une nature abordée comme totalité signifiante au profit d’un ensemble de faits, et accéderait par là à la productivité, l’opérativité détrônant la notion d’une science comme fin en soi.

4 R. LENOBLE, Histoire de l’idée de nature, Albin Michel, Paris, 1969, pp. 310-311.

5 R. DESCARTES, Discours de la Méthode, Ière partie, A.T., VI, p. 7.

6 R. LENOBLE, op. cit., p. 314.

7 F. HÖLDERLIN, Hypérion, (« Poésie »), Paris, Gallimard, 1965 (trad. P. Jaccottet), p. 204.

8 En se centrant sur la notion de mouvement, Jan Marejko a très simplement explicité ce lien entre l’oubli et le rejet de Dieu et l’éclatement de la nature : « Dans la physique moderne, l’absence d’un premier moteur a conduit les esprits à placer la source du mouvement dans chaque particule de la matière ». J. MAREJKO, Cosmologie et politique. L’influence de la révolution scientifique sur la formation des régimes politiques modernes, L’Age d’homme, Lausanne, 1989, p. 29.

9 R. LENOBLE, op. cit, p. 327.

10 GALILÉE, Sidereus Nuncius, cité par A. KOYRÉ, Du monde clos à l’univers infini, (trad. Raïssa Tar), Paris, Gallimard, 1988, p. 118.

11 Y compris jusqu’au jansénisme.

12 En 1277 encore, certaines propositions thomistes, et non des moindres, furent condamnées par l’Eglise.

13 R. LENOBLE, op. cit., p. 224. A propos de l’acosmisme gnostique et de ses traits existentialistes, cf. H. JONAS, La Religion Gnostique. Le message du Dieu étranger et les débuts du christianisme, (trad. de L. Evrard), Paris, Flammarion, 1978, pp. 417-442. Sur la Gnose en général, cf. H.-C. PUECH, En quête de la Gnose. I. La Gnose et le temps. II. Sur l’évangile selon Thomas, (Bibliothèque des sciences humaines), Paris, Gallimard, 1978.

14 Cf. à ce propos M.D. CHENU, La théologie au douzième siècle, Paris, Vrin, 1966, pp. 19-51 et pp. 244-251.

15 Nous ne discuterons pas ici, bien entendu, du jansénisme de Pascal. Notons simplement ceci : le fait que Pascal ait indiscutablement marqué sa différence par rapport à Port-Royal ne saurait réduire à néant les liens augustiniens qui les unissent, pas plus qu’il ne saurait justifier une interprétation thomiste de la pensée de l’auteur des « Provinciales », n’en déplaise à Maurice Blondel (Cf. Le jansénisme et l’anti-jansénisme de Pascal, in Etudes sur Pascal, (troisième centenaire de la naissance de Pascal), Paris, Librairie Armand Collin, 1923, pp. 129-163).

16 SAINTE-BEUVE, Port-Royal, Tome I, Pléiade, Paris, Gallimard, 1971, p. 261.

17 SAINTE-BEUVE, Port-Royal, Tome I, Pléiade, Paris, Gallimard, 1971, p. 263.

18 Nous y reviendrons dans la III^e partie de cette étude.

19 R. LENOBLE, op. cit., p. 326.

20 R. LENOBLE, op. cit., p. 321.

21 R. LENOBLE, op. cit., p. 323.

22 Il ne faudrait pas négliger cette origine, parmi d’autres, de l’acosmisme pascalien.

23 PASCAL, Mémorial, in Œuvres Complètes, (L’Intégrale), Paris, Le Seuil, 1963, p. 618. Les Pensées seront citées d’après l’édition de Louis Lafuma dans le même recueil.

24 Quoique ces efforts n’eussent jamais été déclarés.

25 Ce sera l’enjeu d’une longue polémique qui opposera les newtoniens (surtout représentés par le Dr. Samuel Clarke) et Leibniz (pour une fois aux côtés des cartésiens).

26 Ce n’est qu’à partir de Descartes que Nicolas de Cues sera considéré comme un précurseur des théories infinitistes de l’univers, surtout en raison de son inclination pour l’homogénéisation de l’espace.

27 A. KOYRÉ, op. cit., p. 37.
Palingenius : écrivain du XVIe siècle, auteur du Zodiacus Vitae, publié en 1534.

28 Zodiacus Vitae, liv. XII, « Les Poissons », p. 499. Cité par A. KOYRÉ, op. cit., p. 41.

29 G. Bruno est le premier à affirmer l’infinité de l’Univers, en étendue et en richesse, et, corrélativement, l’homogénéité de l’espace. Il ne représente pas pour autant l’archétype de l’esprit moderne. Sa conception du monde est encore « vitaliste et magique » (A. KOYRÉ, op. cit., p. 78).

30 Il s’agit là d’une lecture un peu forcée de la part de Descartes.

31 Lettre à Chanut du 6 juin 1647, A.T., Tome V, p. 51.

32 P. MAGNARD, Nature et Histoire dans l’Apologétique de Pascal, Paris, Société des Belles Lettres, 1975, p. 13. Cet ouvrage vient d’être réédité sous le titre Pascal. La clé du chiffre, (Philosophie Européenne), Paris, Editions Universitaires, 1991.

33 En effet, le qualificatif « infini » semble bien devoir être réservé à Dieu puisqu’il implique pour celui-ci l’être, et même l’être nécessaire.

34 A. KOYRÉ, op. cit., p. 155.

35 P. MAGNARD, op. cit., p. 13.

36 A. KOYRÉ, op. cit., p. 66.

37 J. KEPLER, De Stella Nova in Pede Serpentarii (Prague, 1606), Cap. XXI, pp. 687 sq. Cité par A. KOYRÉ, op. cit., p. 84.

38 J. MAREJKO, op. cit., p. 85.

39 Contrairement à la conception ancienne du monde pour laquelle, comme on le sait, le centre occupé par la terre était un lieu de changement, de corruption et de génération, par opposition au mouvement des corps célestes, dont la circularité était la plus proche de l’immutabilité du premier moteur.

40 A. KOYRÉ, op. cit., p. 55.

41 Ibid.

42 Cette conception est relativement proche de celle de Palingenius (Cf. p. 35), bien connue de Digges.

43 N’en déduisons pas pour autant que la pensée de Bruno (dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle ne brille pas par sa cohérence) soit l’exemple-type du projet moderne. L’aspect animiste de sa vision du monde est, de ce point de vue, un obstacle majeur. Cf. note 29, p. 35.

44 Sans doute pouvait-il trouver, dans le foisonnement de ses conceptions, des garanties face aux excès de la modernité.

45 De l’infinito universo e mundi, p. 390. Cité par A. KOYRÉ, op. cit., p. 77.

46 Il semble que ce problème était pour lui insoluble.

47 A. KOYRÉ, op. cit., p. 128.

48 R. DESCARTES, Principes de la Philosophie, Seconde Partie, § 21, A.T. IX, p. 74.

49 A propos de la distinction entre infini et indéfini à laquelle Descartes sacrifie ou feint de sacrifier, Cf. les pp. 36-37 de cette étude et A. KOYRÉ, op. cit., p. 133 et 59.

50 R. DESCARTES, Principes de la Philosophie, Seconde Partie, § 22, A.T. IX, p. 75.

51 Cf. le thème de la création continuée.

52 J. MAREJKO, Cosmologie et Politique, op. cit., Ch. II : le Principe d’inertie, pp. 33 à 57.

53 Dans l’optique cartésienne.

54 J. MAREJKO, op. cit., p. 49.