Chapitre 5 : Doit-on châtier ?

« Je rêve l’équité, la vérité profonde,
L’amour qui veut, l’espoir qui luit, la foi qui fonde,
Et le peuple éclairé plutôt que châtié.
Je rêve la douceur, la bonté, la pitié,
Et le vaste pardon. De là ma solitude. »

L’Art d’être grand-père, XVIII,
« Que les petits liront quand ils seront grands »,
III, « Fraternité », vol. Poésie III, p. 855-856.

1Dès le début de son ouvrage, Paul Savey-Casard constatait que Victor Hugo était amené par la « théorie » de « la Pitié suprême » « à absorber la notion de Justice dans celle de pitié¹ » : de fait, la justice hugolienne repose sur une impossibilité de punir. Celle-ci constitue le point d’aboutissement de ses croyances les plus intimes et la conséquence logique de sa pensée. Punir relève d’une action qui suppose une autorité décidant du châtiment. L’extériorité (idéale) du juge se transforme, dans la perception que Hugo a de la réalité et de l’humanité, en une position de domination. Le juge et l’accusé deviennent rapidement un bourreau et un