George Sand journaliste
|Première partie. Les postures de l’engagement journalistique
« Une polémique vraiment fraternelle1 » ?
Communication et espace public chez George Sand
Texte intégral
- 1 L’expression provient du texte de Sand, « Réponse à diverses objections », publié dans L’Éclaireur (...)
- 2 Nicole Arnaud-Duc, « Les contradictions du droit », Histoire des femmes, Le xixe siècle, dir. Genev (...)
- 3 Jacques Guilhaumou et Martine Lapied, « L’action politique des femmes pendant la Révolution françai (...)
- 4 Voir Alain Corbin, Jacqueline Lalouette et Michèle Riot-Sarcey, Femmes dans la Cité 1815-1870, Pari (...)
1Avec les révolutions bourgeoises du xixe siècle, et la Révolution de 1789 au premier chef, les femmes et les Françaises de toutes classes sociales font l’expérience de « la cité interdite2 ». Dans son article intitulé « Sur l’admission des femmes au droit de cité », publié le 3 juillet 1790 dans le Journal de la Société de 1789, Condorcet dénonçait la suprématie du sujet individuel de l’universalisme patriarcal et analysait l’exclusion civique des femmes et des hommes de couleur comme une tyrannie en ce qu’elle viole le principe de l’égalité des droits. La Révolution des droits naturels dessine pourtant un nouvel espace de réciprocité et de radicalité politique dont les femmes profitent pour inventer des formes de résistance à la démocratie exclusive. Bien qu’exclues des droits civiques, les femmes de 1789 participent néanmoins à l’événement révolutionnaire : en dépit de leur statut minoritaire, elles « jouent un rôle dans l’espace public malgré une division traditionnelle des tâches qui voudrait les cantonner dans l’espace privé3 ». Dès 1789, les formes d’intervention politique des femmes à la scène révolutionnaire sont en effet légion : elles s’impliquent en tant qu’actrices sur la scène politique et présentent leurs revendications auprès des nouvelles autorités ; elles soutiennent de manière collective les rituels de la nouvelle culture civique à Paris par leur activité dans les clubs mixtes ou féminins et leur participation aux mobilisations patriotiques. À l’automne 1793, la participation active des femmes à la citoyenneté révolutionnaire se solde toutefois par leur exclusion radicale hors des sphères publiques et politiques. Si, dans leur grande majorité, les femmes du xixe siècle intérioriseront cette exclusion comme un véritable interdit, certaines, plus minoritaires, dont Sand, le contourneront en faisant appel à différents types de médiations et de tactiques d’évitement, dont le droit de pétition, la participation à la presse périodique et à de multiples formes d’association communautaire4.
- 5 Voir Michèle Hecquet, Contrats et Symboles. Essai sur l’idéalisme de Sand. Thèse de doctorat d’État (...)
- 6 Comme le rappelait Shoshana Felman, « Le discours polémique (propositions préliminaires pour une th (...)
- 7 Michèle Hecquet, op. cit., p. 69.
2C’est comme un exercice de la citoyenneté et une forme nouvelle d’action politique que j’étudierai ici quelques textes polémiques que Sand écrit pour la presse sous la monarchie de Juillet. Une forme d’action politique, précisons-le, qui se refuse à être soumission au fait accompli et aux rapports de force imposés par une classe dirigeante sous couvert de juste milieu ; une forme d’action qui rejette violences et conflits fratricides, dans le respect de la solidarité humaine ; en bref, « une polémique vraiment fraternelle », pour reprendre l’expression sandienne. Je soutiendrai ici que l’écriture polémique dans la presse offre à Sand une manière de changer la sphère publique et ses règles du jeu plutôt que de revendiquer l’exercice du pouvoir. La période choisie couvre surtout les années 1843-1844, notamment l’épisode médiatique de Fanchette et quelques textes parus dans L’Éclaireur de l’Indre par la suite. Comme à son habitude, Sand y pratique une « écriture adressée5 » ; elle brigue également une magistrature de la parole et démontre une profonde compréhension du rôle essentiel que la presse joue dans le renouvellement du discours politique et dans les mutations de l’espace public. De plus, la polémique telle que Sand l’utilise est surtout un acte et un faire, et pas seulement un dire, un discours6 ; et le journal donne un lectorat élargi et une résonance performative, inconnue jusqu’alors, à cette guerre symbolique que reste la polémique, malgré le choix sandien affichée de la fraternité. L’avènement de la civilisation du journal change donc la donne de l’opinion publique et offre à une femme de lettres telle que Sand l’occasion de satisfaire sur un terrain autre que l’œuvre littéraire non seulement son désir d’intervention morale et sociale, mais également sa jouissance de la lutte symbolique qu’implique le discours polémique. Se situant aux frontières de l’écrit et de l’oral, de la presse et de l’éloquence, du droit et de la morale, Sand polémiste se montre plus que jamais « poète de l’indignation », selon l’expression de Michèle Hecquet7.
Histoire des femmes, espace public et journal
- 8 Joan B. Landes, Women and the Public Sphere in the Age ofthe French Révolution, Ithaca et Londres, (...)
- 9 Jürgen Habermas, L’Espace public (1re édition française, 1978), Paris, Payot, 2008, p. viii.
- 10 Ibid.
- 11 Joan B. Landes, op. cit., p. 3.
- 12 Michelle Perrot, Femmes publiques, Paris, Les Éditions Textuel, 1997, p. 8.
- 13 Ibid., p. 12.
- 14 Ibid., p. 7.
3Dans une préface écrite pour la réédition en 1990 de son ouvrage sur la constitution de l’espace public bourgeois, Habermas a répondu aux critiques de l’historienne américaine Joan B. Landes qui lui avait reproché de ne pas prendre en compte la relation des femmes et du féminisme à la formation de la sphère publique8. Habermas reconnaît ainsi que « l’exclusion des femmes a été un élément constitutif de la sphère publique politique, au sens où celle-ci n’était pas seulement dominée par les hommes de façon contingente mais déterminée, dans sa structure et son rapport à la sphère privée, selon un critère sexuel9 ». Pour Habermas, l’exclusion des femmes se différencie de celle des hommes défavorisés en ce qu’elle joua « un rôle constitutif dans la formation des structures de la sphère publique10 ». Dans le champ du féminisme français, de nombreux travaux ont permis de considérer les rapports entre femme, modernité et publicité sous un jour nouveau, et donc de mieux comprendre la part des femmes à l’aménagement de l’espace public. Joan B. Landes, dans son ouvrage sur les femmes et la sphère publique à l’époque de la révolution française, publié en 1988, ne relevait pour l’expression anglo-saxonne de « public woman » que les acceptions de « prostituée », de « roturière » ou de « femme vulgaire11 ». Presque dix ans après, dans Femmes publiques (1997), Michelle Perrot met également en valeur la dissymétrie sexuée des valeurs attachées à la publicité, mais la corrige aussitôt lorsqu’elle retrace les parcours de femmes qui participent à la sphère publique moderne dans le champ d’action et de loisir qu’est la ville12. Elle suit ainsi les femmes « dans la cité, dans la nation, aux prises avec une citoyenneté sociale et politique qu’on leur interdit, qui se dérobe, mais qu’elles investissent progressivement13 ». Dans cette optique, la notion de sphère publique se différencie de la sphère privée de la domesticité et de la famille et désigne d’une part, l’espace de la Cité, « l’ensemble, juridique ou coutumier, des droits et des devoirs qui dessinent une citoyenneté », et d’autre part, « les liens qui tissent et qui font l’opinion publique14 ».
- 15 Voir à ce propos Corinne Saminadayar-Perrin, Les Discours du journal : rhétorique et médias au xixe(...)
4De Sand à Séverine, les bornes qui circonscrivent le champ d’action des femmes reculent, tout comme évoluent les frontières des sexes et des classes sociales dans l’espace social, physique et politique de la cité moderne. Et dans ces mutations profondes, la presse a joué un rôle déterminant, que l’on peut mesurer en étudiant quelques textes sandiens. De plus, l’examen de la nouvelle ère médiatique et de l’espace public de la parole éclaire l’histoire des rapports entre femmes et éloquence, et leur investissement de la rhétorique. Deux phénomènes contradictoires, bien étudiés par Corinne Saminadayar-Perrin, caractérisent en effet la presse française du xixe siècle : d’un côté, l’invention, par le journal, d’un nouveau dispositif communicationnel, séparé des anciens modèles oratoires ; de l’autre, la prégnance du caractère rhétorique dans les pratiques périodiques et dans les manières de concevoir la communication15. À quoi s’ajoute la participation croissante des femmes à la presse, qu’elle soit petite presse, presse féminine, presse périodique ou presse de localité. Autant de facettes qui dessinent une histoire beaucoup plus fine des rapports des femmes à l’espace public des discours et du journalisme.
5S’il va de soi d’évoquer la grande éloquence de la tribune pour les journalistes qui sont aussi hommes politiques, tels Lamartine ou Émile de Girardin, en raison de leur formation dans les humanités et de leur statut de détenteurs d’une parole publique, la référence n’est pas aussi simple en ce qui concerne la collaboration sandienne à la presse. Sand ne partage pas vraiment la culture classique de ses camarades littéraires ou politiques. On se rappelle les conseils de Rollinat père au jeune collégien déguisé : « croyez-moi, faites vos études classiques »... De surcroît, en tant que femme, Sand n’a pas pour habitude de mener la lutte oratoire des parlementaires. Pourtant, dans plusieurs textes journalistiques, elle met en œuvre un héritage de la parole éloquente tout en le fondant dans des dispositifs novateurs liés à la fiction, au dialogue, à l’enquête et au genre épistolaire. La triple interrogation sur la responsabilité de la parole et de l’écrit, sur le principe même de publicité, comme médiateur entre la société et l’État, et sur les droits de la personne humaine fait de son propos journalistique non seulement une mise en spectacle médiatique de la parole polémique, mais également un jalon important dans la création des pratiques nouvelles de communication qu’exige l’espace public moderne.
Polémique, politique et philosophie
- 16 Corr., t. XXIV, p. 174. Dans le cadre limité de cette étude, je n’enquêterai pas sur la question ph (...)
- 17 Pour tous ces points, je renvoie à l’excellente présentation de Michelle Perrot, PP, notamment p. 1 (...)
6L’anecdote est bien connue : lorsque l’éditeur Michel Lévy propose à Sand un volume intitulé Politique et philosophie, elle lui répond le 7 janvier 1875 : « J’ai changé le titre de Politique et Philosophie en celui de Polémique parce que je n’ai pas fait de politique proprement dite16. » Et dans ce volume, elle ne souhaite nullement inclure les Bulletins de la République. La dénégation rétrospective étonne, mais la mise en avant de la parole polémique éclaire sur le regard que Sand jette, à la fin de sa vie, sur sa participation au discours et à l’action politiques, et sur son rapport à la philosophie. Sous la Troisième République, le pays légal s’est certes élargi avec la pratique du suffrage universel masculin, mais il n’inclut toujours pas les femmes. La situation est bien différente dans les années 1830 et 1840, période de suffrage censitaire durant laquelle Sand effectue une prise de conscience politique. Son engagement dans le journalisme engagé montre qu’elle comprend la nécessité de construire un nouvel espace public afin de pallier les insuffisances des institutions politiques, sociales et culturelles. Appartenant à un groupe social exclu du pays légal en raison de la seule identité sexuée de ses membres, Sand se solidarise avec les classes populaires dont elle veut affirmer le double statut de sujet politique et d’agent culturel. Dans les années 1840, la rupture avec la Revue des deux mondes, l’engagement dans la Revue indépendante, puis la création de L’Éclaireur de l’Indre marquent autant d’étapes de l’investissement de Sand dans l’aventure du journalisme politique17.
- 18 Dans Le Dictionnaire de l’Académie française, 6e édition de 1832-1835, le terme est ainsi décrit : (...)
- 19 PP, p. 189.
- 20 PP, p. 190.
- 21 PP, p. 194.
- 22 PP, p. 195.
- 23 Ibid.
- 24 Ibid.
7Revenons sur la substitution aux deux catégories de la philosophie et de la politique du terme générique de « polémique » pour rassembler les textes qui témoignent de la participation sandienne au journalisme engagé. Dans sa « Réponse à diverses objections », publiée le 6 décembre 1844 dans L’Éclaireur de l’Indre, Sand oppose deux usages de la polémique correspondant aux deux acceptions du terme : le débat, dispute intellectuelle ou philosophique, qui s’accomplit par écrit ; le conflit d’opinions qui vire à la manifestation d’hostilité (et proche du terme grec de πολεμιϰός, polémikôs, qui concerne la guerre)18. Dans le premier cas, pour Sand, il est clair que la polémique sert de médiation à la spéculation philosophique, ce qui signifie pour elle recherche de la vérité et unité de la politique et de la morale. Prenant d’abord son cas particulier de « questionneur hardi19 » ou de « discoureur solitaire », selon l’image que donnent d’elle ses détracteurs20, Sand remercie les journalistes de province qui ont critiqué les positions sur la politique et le socialisme qu’elle avait publiées dans L’Éclaireur de l’Indre du 15 au 29 novembre 1844 : « Quelques organes de la presse démocrate nous ont fait l’honneur de nous répondre et de nous contredire. Nous les en remercions du fond du cœur et nous nous applaudissons maintenant d’avoir servi d’occasions à cette polémique21. » Après l’éloge appuyé d’une presse de province indépendante, elle défend de manière plus générale le rôle de la polémique dans le débat d’idées et la communication publique des opinions : « Nous croyons donc fort utile que, par une polémique vraiment fraternelle, les journaux démocratiques de la France départementale s’éclairent mutuellement à l’aide de sincères explications et cimentent ainsi une indissoluble union22. » Dans le second usage, dont l’énoncé intervient juste après cette citation, le terme de polémique ressortit davantage à l’hostilité, à l’amertume, à la démesure et à l’humiliation de l’adversaire par lesquelles les hommes au pouvoir, opposés aux « doctrines démocratiques », cherchent à conforter leur puissance et à réduire au silence leurs antagonistes : « Laissons à la politique du pouvoir la haine dans les luttes, l’injure dans la polémique et la vanité vindicative dans les passagères et sournoises réconciliations23. » Sand souhaite donc utiliser la polémique autrement, comme une « lutte courtoise », un exercice de la contradiction qui respecte les normes de la politesse, de la bienséance et de l’objectivité ; elle veut que la contradiction se fasse avec « calme, bienveillance et sincérité24 », ce qui contredit bien sûr la nature même de la polémique, laquelle fonctionne presque toujours en opposition aux normes acceptées de la civilité. Mais est-il si facile de séparer le débat du combat, la « polémique vraiment fraternelle » de la mise à mort symbolique ?
- 25 Voir Ruth Amossy, chapitre 2, « L’ethos oratoire ou la mise en scène de l’orateur », L’Argumentatio (...)
- 26 PP, p. 189.
- 27 PP, p. 189.
- 28 PP, p. 194.
- 29 PP, p. 195-196.
8Ce qui frappe toutefois le plus, dans la défense sandienne de cette « polémique fraternelle », c’est l’image de soi que recrée Sand dans le discours, à savoir l’ethos, qui est moyen de preuve dans la rhétorique aristotélicienne25. D’une part, elle se réfère aux données extra-textuelles relatives à sa personnalité, bien connues des lecteurs de journaux en 1844, et affiche ainsi son sexe féminin : « Le pseudonyme qui voile le sexe n’est un mystère pour aucun de ceux qui accordent quelque attention à nos écrits26. » D’autre part, Sand retravaille ces données prédiscursives et construit un personnage de polémiste philosophe en jouant sur une double appartenance au peuple et au sexe féminin. Ces deux groupes sociaux ne reçoivent qu’une « éducation incomplète », qui fait justement naître en eux le désir de « demander et de chercher la science27 ». Cette double posture, liée à un manque commun d’instruction, sert à légitimer sa prise de parole et sa recherche du savoir. Sand justifie également sa prise de parole en montrant comment elle a dépassé malgré elle une scénographie familière : « Nous pensions nous adresser seulement à nos concitoyens du Berry, et ne soulever entre eux que des discussions et des réflexions du coin de feu. Nous n’avons pas eu l’ambition d’endoctriner la presse départementale28 [...]. » Ayant de fait largement dépassé la causerie autour de la table familiale ou du foyer, et donc la scène de paroles qui modelait son rapport initial à ses allocutaires, pour atteindre les sommets de la spéculation philosophique, Sand continue néanmoins à se peindre modestement, comme extérieure à l’espace public de la communication : « Nous autres qui vivons confinés dans une sorte d’isolement social, relégués que nous sommes pour la plupart dans les soins du ménage ou dans les travaux de l’atelier29 [...]. »
9Les tensions sont donc nombreuses entre les visées de la polémique, l’ethos prédiscursif de l’écrivain(e) journaliste et la mise en scène de soi dans le discours politique, sous la forme d’une femme à l’habitus intellectuel défaillant. Pour mieux étudier la polémiste en action, on se penchera à présent sur la brochure de Fanchette, qui montre comment Sand commence par investir le discours journalistique par la mise en récit et la fiction, avec l’invention d’un personnage de laboureur au parler vrai, et l’activation d’une scénographie de l’intime (la correspondance privée, axée sur la relation personnelle), puis dépasse ces deux stratégies par un nouveau dispositif énonciatif, qui consacre cette fois la prise en charge de la parole polémique et la plongée dans l’argumentation politique.
Politique et polémique : le cas de Fanchette
- 30 Marie-Ève Thérenty, « “Songez que je n’ai aucune des conditions du journalisme...”. Poétique journa (...)
- 31 PP, p. 86.
- 32 Rappelons à ce propos la lettre de Sand à Madame Tastu, en date du 21 février 1841 : « moi [...] tê (...)
10Marie-Ève Thérenty a ainsi montré que l’association « de la romancière idéaliste et engagée et du support médiatique crée une écriture journalistique marquée par la polémique, la fiction et le lyrisme30 ». Est à cet égard révélateur l’épisode de Fanchette, jeune fille arriérée mentale, privée de parole, de sens moral et d’intelligence, que les soeurs de l’hospice de la Châtre avaient fait abandonner sur la grand-route. Scandalisée par le silence de l’institution légale et juridique qui ne poursuit pas les coupables ayant violé le droit à la vie de la jeune fille, Sand se plonge « dans la politique jusqu’au cou », comme elle l’écrit à Maurice Sand le 17 novembre 1843. Épisode numéro un : elle publie dans la Revue indépendante du 25 octobre 1843 un texte fictif sur ce fait divers berrichon : Fanchette, lettre de Blaise Bonnin à Claude Germain. Dans cette lettre, elle met en scène la prise de parole argumentée d’un campagnard supposé « illettré », mais qui sait écrire ; la valeur de sa parole (fictive) est soutenue par la communication de Sand, signée de son nom, au rédacteur en chef de la Revue indépendante. Sand authentifie donc par sa signature d’écrivain célèbre une fiction qui expose, comme l’écrivait Voltaire lors de l’affaire Calas, cette « vérité qui importe au genre humain ». Épisode numéro deux : dans une courte lettre adressée au directeur de la Revue indépendante, le jeune Procureur du Roi de la Châtre met en cause la véracité des faits rapportés par Sand. L’auteure change alors sa première scénographie énonciative en s’engageant, cette fois, comme sujet « responsable » et en sollicitant un triple mode d’argumentation : le genre judiciaire, le genre délibératif, le genre épidictique. Pratiquant le droit de réponse dans la Revue indépendante du 25 novembre 1843, elle fait sa part à l’inventio en fournissant preuves extrinsèques et preuves intrinsèques, tout en analysant les informations liées à l’affaire Fanchette. De plus, très attentive non seulement à la charge juridique de son allocutaire avoué, mais également aux émotions de son public, elle recourt aux arguments affectifs en utilisant fortement le pathos : elle accuse ainsi le procureur du Roi, les coupables et les complices du crime « d’innocenticide31 » ; elle loue le jeune médecin de l’hospice et le député-maire de la Châtre ; elle blâme le personnel des hospices ; l’infâme voltairien est même représenté, dans l’affaire Fanchette, par la sœur supérieure de l’hospice, qui aurait donné les instructions de perdre la pauvre « idiote32 ». Enfin, Sand n’oublie pas le rôle de l’ethos en donnant de l’auteur du discours une image susceptible de susciter la bienveillance de son destinataire et de son public : elle joue sur la modestie et l’ignorance typiques de son statut de femme, mais fait constamment appel au bon sens, comme son paysan fictif.
11Dans les différents textes qui forment la brochure de Fanchette dans son ensemble, Sand se montre donc sensible aux nouveaux pouvoirs que donne le journal, qui ouvre un espace de parole alternatif à la femme politiquement engagée et à son campagnard faussement illettré et qui sait manipuler la rhétorique. Pouvoir de l’éloquence et pouvoir de la presse se conjuguent pour créer un espace culturel légitime pour ceux qui sont exclus à la fois du pays légal et de la culture de l’élite. Douée d’un extraordinaire sens de la controverse, Sand se livre à une expérimentation réussie et détourne systématiquement tous les codes de la parole publique, politique ou juridique lorsqu’elle intègre de nouveaux acteurs dans le débat public.
- 33 PP, p. 70.
- 34 PP, p. 75.
- 35 Ibid.
12Dès l’épisode de Fanchette et la première lettre de Blaise Bonnin, Sand journaliste polémique se montre plus que jamais tendue vers la persuasion et la parole adressée à l’autre, qu’il faut certes informer, mais aussi convaincre, toucher, convertir. Son personnage fictif de laboureur écrivant à son parrain exerce déjà un sacerdoce quasiment spirituel, tout en faisant preuve de raison. Biaise Bonnin a la part facile, puisqu’il s’adresse à son oncle, qui veut bien entendre son histoire et accepter sa logique. S’il commence par rendre grâce à Dieu et à parler des récoltes, du vin et du vécu paysan, il se porte rapidement sur les droits de l’homme et la dignité de la personne humaine lorsqu’il décrit la piètre héroïne d’un malheureux fait divers local. Autre absolu de l’être humain moral, parlant, raisonnant, capable de communiquer, la jeune Fanchette est un simple « ça », quasi déshumanisé, incapable de communication. Si le langage articulé est le propre de l’homme et le distingue des bêtes, Blaise Bonnin comprend aussi qu’il se trouve au fondement de tout l’édifice social, y compris les lois, la justice, le fonctionnement de l’état, la capacité des individus à raisonner et à engager leur personne. C’est justement en défendant un être privé de parole et de communication avec autrui que Biaise Bonnin remet en question les fondements mêmes des institutions et s’insurge contre les injustices. Le paysan renverse en effet la logique de marginalisation en réintégrant le « ça » dans le droit comme dans le fait de l’existence : « Si ça n’a pas mérité la mort, ça a donc droit à la vie ? Suivez mon idée, parrain. C’est-à-dire, ça a droit à du pain, à des habits, à un couvert, à des soins, à la charité, pour tout dire33. » Comme Sand le fera directement dans les autres textes qu’elle signe de son nom, lors de l’affaire Fanchette, son personnage de paysan épistolier fait bon usage de la rhétorique épidictique et du genre judiciaire : il loue le médecin de l’hospice et le maire qui veut la « réparation de la justice34 » ; il raconte la manière dont on utilise le goût de Fanchette pour la messe afin de l’attirer dans un piège et de la perdre dans la nuit ; il accuse les institutions et les honnêtes gens qui ne bougent pas, une fois l’injustice commise et constatée : « Puisqu’il n’y a pas de justice pour eux, à la bonne heure ; mais on ne peut pas nous empêcher de blâmer, et, mordienne ! je blâmerai jusqu’à mon dernier jour ceux qui feront perdre un enfant comme un chien35. »
- 36 PP, p. 78-79.
- 37 PP, p. 80.
13Dans sa communication au rédacteur en chef de la Revue Indépendante, Sand se fait bien plus que le relais de « deux campagnards illettrés » dont elle aurait corrigé, nous dit-elle, les fautes d’orthographe et favorisé la « publicité » que réclame leur correspondance privée. Elle vise surtout à créer l’événement et à alerter l’opinion publique puisque ni Le Siècle ni Le National n’ont donné à ce fait divers la couverture qu’il mérite : l’un par censure, l’autre par la faiblesse de l’entrefilet accordé à l’affaire. Le clivage entre les préoccupations provinciales et les intérêts des quotidiens parisiens ; les dangers de la publication berrichonne, pour ses amis impliqués dans l’espace public local : autant d’arguments qui soutiennent la position d’« éditeur responsable » qu’assume à présent Sand, qui refait également l’enquête pour soutenir son action en faveur de Fanchette. De plus, en tant que femme exclue du domaine politique, elle reçoit la fonction de médiateur neutre, à même d’assurer la transmission publique des faits et des préjudices : « Je suis tellement en dehors des partis, les conservateurs et les fonctionnaires me sont tellement inconnus ; je suis si étranger, en un mot, à toute amertume, à toute discussion, à tout ressentiment36 [...]. » Se donnant une mission de conscience morale collective, Sand exerce un magistère éthique tout en rappelant qu’elle n’a pas officiellement « mandat pour le faire37 ». En bref, la fiction de Biaise Bonnin et de sa parole adressée voile à peine le masque de Sand, qui dénonce en termes lyriques et indignés la prostitution enfantine à la fin de sa communication au Rédacteur en chef de La Revue Indépendante.
- 38 PP, p. 84.
- 39 Ibid., Marie-Ève Thérenty a brillamment démontré la manière dont Sand renforce la fictionnalisation (...)
- 40 PP, p. 85.
- 41 Ibid.
14Mais c’est finalement la lettre du Procureur du Roi de la Châtre au directeur de la Revue indépendante qui relance la polémique, en provoquant le droit de réponse de Sand, qui s’adresse cette fois directement à celui qui ne veut pas l’entendre, et lui envoie une véritable déclaration de guerre. Ce dernier avait engagé sa bonne foi et sa conscience professionnelle, en déclarant : « Telle est l’exacte vérité, appuyée sur pièces justificatives, dont je déclare publiquement me porter garant38. » Appuyée sur cette vérité des faits et sur l’exposé des démarches juridiques effectuées, il en appelait à la « conscience » de celle qui s’était fait, selon lui, « l’éditeur responsable d’un roman39 ». Dans sa réponse fleuve, véritable lettre ouverte au Procureur et acte d’accusation, elle prend son interlocuteur à partie et déploie toutes les ressources de l’éloquence, du lyrisme et d’une argumentation raisonnée. Celui qu’elle peint comme « jeune magistrat », qui plus est « compatriote », avait utilisé une arme fort sandienne : l’appel au tribunal de la conscience morale, mais sans toutefois faire de l’auteur son interlocutrice directe. Sand retourne cette arme contre lui : « Mon Dieu, que faites-vous là ! Vous faites appel à la conscience, et vous mettez à nu le fond de la vôtre, et vous me forcez d’y jeter un regard sévère, moi qui eusse voulu n’y supposer que des torts, sinon pardonnables, du moins réparables40 [...]. » Puis elle transforme aussitôt tout le processus de communication en tribunal où vont s’affronter deux orateurs. Mais, soulignons-le, le débat vire alors au combat, et c’est l’adversaire qui reçoit la culpabilité de ce désir de tuer métaphorique, comme l’indiquent les expressions guerrières employées par Sand (« arène », « armes », « champ clos ») : « Vous voilà descendu sur une arène où je ne vous vois pas sans chagrin faire vos premières armes pour une si triste cause. Vous provoquez de nouvelles explications devant le public ; vous m’appelez en champ clos par un démenti que je ne puis pas accepter ; non qu’il m’atteigne, non qu’il me blesse, mais parce que l’on ne peut pas reculer quand on s’est mis sur la trace de la vérité41. »
- 42 PP, p. 92.
- 43 PP, p. 97.
- 44 PP, p. 101.
15La plaidoirie de Sand retourne quelque peu les cartes de la joute judiciaire puisqu’elle fait un véritable réquisitoire contre le Procureur du Roi, refait l’enquête, analyse les dépositions des témoins, délibère sur les motifs, cherche les preuves à conviction ; bref, elle refait toute l’instruction pour montrer combien le non-lieu prononcé par le tribunal est infondé. Mais elle n’oublie jamais la position d’interlocuteur et de censeur dans laquelle elle a placé le jeune magistrat, constamment apostrophé par une Sand transformée en avocat et voix de la conscience : « Eh ! vous le savez ! vous savez bien que nous ne sommes pas des hypocrites ; vous savez bien que nous n’aimons pas plus que vous le scandale inutile ; vous savez bien que l’écrivain qui vous répond n’a jamais fait de déclamation contre les personnes, ni d’opposition, ni de politique en un mot42 » (p. 92). Elle transforme sa réponse fleuve en acte d’accusation sur l’incurie du magistrat qu’elle veut convertir à la vérité43, et à qui elle finit par demander de nouvelles preuves, pour relancer à nouveau la communication : « éclairez-nous, daignez fournir vos preuves, nous ne demandons pas mieux que de nous y rendre, si elles sont bonnes44 ».
- 45 Comme me l’a suggéré Corinne Saminadayar-Perrin, Sand prend ici la posture d’Antigone face aux lois (...)
- 46 PP, p. 99.
- 47 Ibid.
- 48 PP, p. 100.
16Espace d’une joute verbale, la réponse sandienne est surtout un espace de tensions qui permet à l’écrivain d’adopter plusieurs positions d’énonciation et de jouer sur plusieurs tableaux : l’éloquence de la tribune, certes ; mais surtout, l’indignation de la femme touchée dans son identité de mère et de sœur, et donc la mise en scène répétée de la position de la femme par rapport aux lois inventées par les hommes45 ; enfin, la réflexion sur l’usage romanesque, mais qu’elle veut responsable, de la parole écrite. La mobilité des positions adoptées permet à Sand de défendre ce qui est conforme à la raison et de réfléchir sur le droit et la justice. On se rappelle sa célèbre question : « Sommes-nous en France ou en Russie46 ? » 11 semblerait que ce soit la deuxième hypothèse qui prime quand Sand expose non seulement toutes les preuves d’une justice non rendue, mais également la censure qui pèse sur la reproduction de la lettre de Biaise Bonnin : « c’était la reproduction d’un ouvrage déjà publié et non incriminé par le gouvernement47 », écrit-elle au Procureur du roi pour accuser finalement « l’âpreté du pouvoir à paralyser la presse48 ».
Polémique-théâtre
- 49 Shoshana Felman, « Le discours polémique... », article cité, p. 188.
17Dans son article sur le discours polémique à l’époque romantique, Shoshana Felman suggère que « la violence meurtrière est constitutive de la polémique », mais qu’elle ne peut avoir lieu que « dans un régime politique où le meurtre de l’adversaire est précisément proscrit par la loi, où l’opposition discursive est permise, où existe la liberté de parole, si relative soit-elle : la polémique est, en tant que telle, l’invention de la démocratie49 ». La « polémique vraiment fraternelle », qui, dans sa pratique sandienne, ne se distingue pas si facilement de sa jouissance meurtrière, est un exercice de la liberté et un acte profondément politique qui symbolise la performance d’une parole en régime démocratique. C’est là un acte et un faire d’autant plus subversifs qu’ils sont ceux d’une femme qui ne cache pas vraiment son statut de femme et qui entre dans une arène discursive où il s’agit, justement, de mener une guerre symbolique et de réduire au silence son adversaire, tout en convaincant un public de lecteurs. Tout comme le goût du dialogue, l’usage du discours polémique et du droit de réponse démontre l’importance de la structure théâtrale dans la pensée et l’écriture sandiennes.
- 50 Michèle Hecquet, Contrats et Symboles, op. cit., p. 26.
- 51 PP, p. 118.
18En faisant usage de la tribune journalistique pour défendre, par la polémique, les droits humains et la liberté d’une parole responsable, Sand fait preuve d’une extraordinaire inventivité dans l’usage de l’éloquence. Après la lettre de Blaise Bonnin, Sand publiera d’autres articles où elle emprunte une voix paysanne ou ouvrière fictive. Michèle Hecquet a ainsi montré que les articles de journaux testent « l’effet de voix, de rapports d’interlocution, de registres que les romans développeront et préciseront50 ». Mais dès l’affaire Fanchette, on est frappé, dans son usage de la presse et du discours polémique, par la force de son investissement dans l’espace public et de sa réflexion sur les lois et les droits humains. Si pour faire entendre la voix des humbles, elle refusera souvent la voie de la politique pour choisir celle du rêve, de la fiction et du lyrisme, les diverses positions médiatiques qu’elle adoptera montreront son souci de favoriser l’expression, comme elle l’écrit dans sa circulaire aux Fondateurs de L’Éclaireur de l’Indre, « d’une sincère et libre opinion publique dans nos provinces centrales51 ».
Notes
1 L’expression provient du texte de Sand, « Réponse à diverses objections », publié dans L’Éclaireur de l’Indre, le 6 décembre 1844. Ce texte est repris dans : George Sand, Politique et Polémiques (1843- 1850), présentation de Michelle Perrot, Paris, Imprimerie Nationale, 1997, p. 195. Je citerai cette édition des textes de Sand dans la réédition Belin de 2004.
2 Nicole Arnaud-Duc, « Les contradictions du droit », Histoire des femmes, Le xixe siècle, dir. Geneviève Fraisse et Michelle Perrot, Paris, Plon, 1991, p. 89. Voir aussi Michelle Perrot : « Femmes et création », Les Femmes dans l’espace public, dir. Christiane Veauvy, 1er éd. 2002, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, Le Fil d’Ariane (Université Paris 8, Saint-Denis), 2004, p. 36-37.
3 Jacques Guilhaumou et Martine Lapied, « L’action politique des femmes pendant la Révolution française », Encyclopédie politique et historique des femmes, dir. Christine Fauré, Paris, PUF, 1997, p. 139.
4 Voir Alain Corbin, Jacqueline Lalouette et Michèle Riot-Sarcey, Femmes dans la Cité 1815-1870, Paris, Créaphis, 1997.
5 Voir Michèle Hecquet, Contrats et Symboles. Essai sur l’idéalisme de Sand. Thèse de doctorat d’État, Université de Paris VII, direction : Nicole Mozet, juin 1990, p. 47.
6 Comme le rappelait Shoshana Felman, « Le discours polémique (propositions préliminaires pour une théorie de la polémique) », Cahiers de l’Association Internationale des études françaises n° 31, mai 1979, p. 192.
7 Michèle Hecquet, op. cit., p. 69.
8 Joan B. Landes, Women and the Public Sphere in the Age ofthe French Révolution, Ithaca et Londres, Cornell University Press, 1988, p. 5-8 ; p. 40-45.
9 Jürgen Habermas, L’Espace public (1re édition française, 1978), Paris, Payot, 2008, p. viii.
10 Ibid.
11 Joan B. Landes, op. cit., p. 3.
12 Michelle Perrot, Femmes publiques, Paris, Les Éditions Textuel, 1997, p. 8.
13 Ibid., p. 12.
14 Ibid., p. 7.
15 Voir à ce propos Corinne Saminadayar-Perrin, Les Discours du journal : rhétorique et médias au xixe siècle (1836-1885), Saint-Étienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 2007, p. 7.
16 Corr., t. XXIV, p. 174. Dans le cadre limité de cette étude, je n’enquêterai pas sur la question philosophique proprement dite. Le remplacement du terme de philosophie par celui de polémique reste à interroger. On pourra se reporter à la grande lettre à Charles Duvernet, datée du 27 décembre 1841. Dans cette lettre, Sand éclaire sa vision de la philosophie et ses rapports avec le journalisme. Corr., t. V, p. 535-547.
17 Pour tous ces points, je renvoie à l’excellente présentation de Michelle Perrot, PP, notamment p. 12-31 ; Bernard Hamon, 3e partie, « Les années Leroux, 1838-1847 », George Sand et la Politique, « cette vilaine chose... », Paris, L’Harmattan, 2001, p. 93-229.
18 Dans Le Dictionnaire de l’Académie française, 6e édition de 1832-1835, le terme est ainsi décrit : « POLÉMIQUE, adj. des deux genres. Qui appartient à la dispute. Il se dit Des disputes ou guerres par écrit, qui se font en matière de théologie, de politique, de littérature, etc. Ouvrage polémique. Traité polémique. Style polémique. Genre polémique. Ecrivain polémique. Il est aussi substantif féminin, et signifie, Dispute, querelle de plume. Il excelle dans la polémique. La polémique littéraire. »
19 PP, p. 189.
20 PP, p. 190.
21 PP, p. 194.
22 PP, p. 195.
23 Ibid.
24 Ibid.
25 Voir Ruth Amossy, chapitre 2, « L’ethos oratoire ou la mise en scène de l’orateur », L’Argumentation dans le discours, 2e éd., Paris, Armand Colin, 2006.
26 PP, p. 189.
27 PP, p. 189.
28 PP, p. 194.
29 PP, p. 195-196.
30 Marie-Ève Thérenty, « “Songez que je n’ai aucune des conditions du journalisme...”. Poétique journalistique de George Sand », dans George Sand, écritures et représentations, dir. Éric Bordas, Cazaubon, Eurédit, 2004, p. 210.
31 PP, p. 86.
32 Rappelons à ce propos la lettre de Sand à Madame Tastu, en date du 21 février 1841 : « moi [...] tête dure qui poursuit toujours un peu l’infâme avec nos pères du xviiie siècle dont la tâche n’est pas finie. » Corr., t. V, p. 239.
33 PP, p. 70.
34 PP, p. 75.
35 Ibid.
36 PP, p. 78-79.
37 PP, p. 80.
38 PP, p. 84.
39 Ibid., Marie-Ève Thérenty a brillamment démontré la manière dont Sand renforce la fictionnalisation de son propos, notamment par un usage systématique du métadiscours narratif et la référence à l’intertexte du roman-feuilleton, « Du roman-feuilleton au journal-fiction, enjeux de la fictionnalisation du journal au xixe siècle », Les Enseignements de la fiction, dir. Michel Braud, Béatrice Laville et Brigitte Louichon, Modernités, n° 23, 2006, p. 31. Elle cite la lettre de Sand à Sue, écrite vers le 20 avril, dans laquelle la romancière avoue sa difficulté à harmoniser plaidoyer et roman : « Toujours, quand je suis à l’œuvre le plaidoyer emporte le roman, ou le roman le plaidoyer », Corr, t. VI, p. 108.
40 PP, p. 85.
41 Ibid.
42 PP, p. 92.
43 PP, p. 97.
44 PP, p. 101.
45 Comme me l’a suggéré Corinne Saminadayar-Perrin, Sand prend ici la posture d’Antigone face aux lois écrites par les hommes. Je la remercie de cette remarque particulièrement pertinente.
46 PP, p. 99.
47 Ibid.
48 PP, p. 100.
49 Shoshana Felman, « Le discours polémique... », article cité, p. 188.
50 Michèle Hecquet, Contrats et Symboles, op. cit., p. 26.
51 PP, p. 118.
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