La foi dans le doute : Interroger Marcel Gauchet à partir d’Emmanuel Kant
p. 233-240
Extrait
Introduction
1Dans son opus magnum, Le désenchantement du monde (1985), Marcel Gauchet soutient que la religion, en tant que principe anthropologique structurant notre compréhension de l’univers, s’est épuisée. Si certaines églises ad hoc ont pu survivre à cette profonde transformation sociale, il reste que le phénomène religieux, compris comme régime de l’hétéronomie – à savoir, le régime de la soumission à un ordre imposé du dehors et à une dette incalculable à un Autre –, a été remplacé par un individualisme moderne émancipé de toute référence à l’extérieur. Accéléré par le christianisme, ce virage vers l’autonomie inclut dans son sillage la foi, qui se déplace de l’espace de la communauté vers l’intériorité. Croire, dans ce cas, n’est rien de moins qu’un « sentiment » contingent, nous dit Gauchet, qui viendrait adoucir les tourments existentiels d’une mort inévitable, une sorte de placébo contre le silence éternel d’un monde sans dieux.
2Ce texte souhaite interroger ce verdict,
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